X.
Le Chameau, et les Bastons flotans.
Le premier qui vid un Chameau
S’enfuit à cet objet nouveau ;
Le second approcha ; le troisiéme osa faire
Un licou pour le Dromadaire.
L’accoûtumance ainsi nous rend tout familier.
Ce qui nous paroissoit terrible et singulier,
S’apprivoise avec nostre veuë,
Quand ce vient à la continuë.
Et puisque nous voicy tombez sur ce sujet :
On avoit mis des gens au guet,
Qui voyant sur les eaux de loin certain objet,
Ne pûrent s’empêcher de dire,
Que c’estoit un puissant navire.
Quelques momens aprés, l’objet devint brûlot,
Et puis nacelle, et puis balot ;
Enfin bâtons flotans sur l’onde.
J’en sçais beaucoup de par le monde
A qui cecy conviendroit bien :
De loin c’est quelque chose, et de prés ce n’est rien.