IV.
Les deux Taureaux et une Grenoüille.
Deux Taureaux combattoient à qui possederoit
Une Genisse avec l’empire.
Une Grenoüille en soûpiroit.
Qu’avez-vous, se mit à luy dire
Quelqu’un du peuple croassant.
Et ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l’exil de l’un ; que l’autre le chassant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries ?
Il ne regnera plus sur l’herbe des prairies,
Viendra dans nos marais regner sur les roseaux ;
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantost l’une, et puis l’autre ; il faudra qu’on patisse
Du combat qu’a causé madame la Genisse.
Cette crainte estoit de bon sens.
L’un des Taureaux en leur demeure
S’alla cacher à leurs dépens,
Il en écrasoit vingt par heure.
Helas ! on voit que de tout temps
Les petits ont pati des sottises des grands.