(1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 211 » p. 259
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(1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 211 » p. 259

Chambry 211

Λέων καὶ Προμηθεὺς καὶ ἐλέφας — Le lion, Prométhée et l’éléphant.

Λέων κατεμέμφετο Προμηθέα πολλάκις ὅτι μέγαν αὐτὸν ἔπλασε καὶ καλόν, καὶ τὴν μὲν γένυν ὥπλισε τοῖς ὀδοῦσι, τοὺς δὲ πόδας ἐκράτυνε τοῖς ὄνυξιν, ἐποίησέ τε τῶν ἄλλων θηρίων δυνατώτερον· « ὁ δὲ τοιοῦτος, ἔφασκε, τὸν ἀλεκτρυόνα φοϐοῦμαι. » Καὶ ὁ Προμηθεὺς ἔφη· « Τί με μάτην αἰτιᾷ ; τὰ γὰρ ἐμὰ πάντα ἔχεις ὅσα πλάττειν ἐδυνάμην· ἡ δέ σου ψυχὴ πρὸς τοῦτο μόνον μαλακίζεται. » Ἔκλαιεν οὖν ἑαυτὸν ὁ λέων καὶ τῆς δειλίας κατεμέμφετο καὶ τέλος ἀποθανεῖν ἤθελεν. Οὕτω δὲ γνώμης ἔχων ἐλέφαντι περιτυγχάνει, καὶ προσαγορεύσας εἱστήκει διαλεγόμενος, καὶ ὁρῶν διαπαντὸς τὰ ὦτα κινοῦντα· « Τί πάσχεις ; ἔφη, καὶ τί ποτε οὐδὲ μικρὸν ἀτρεμεῖ σου τὸ οὖς ; » Καὶ ὁ ἐλέφας, κατὰ τυχὴν περιπτάντος αὐτῷ κώνωπος· « Ὁρᾷς, ἔφη, τοῦτο τὸ βραχύ, τὸ βομϐοῦν ; ἢν εἰσδύνῃ μου <τῇ> τῆς ἀκοῆς ὁδῷ, τέθνηκα. » Καὶ ὁ λέων· « Τί οὖν ἔτι ἀποθνῄσκειν, ἔφη, με δεῖ τοσοῦτον ὄντα καὶ ἐλέφαντος εὐτυχέστερον ὅσῳ κρείττων κώνωπος ὁ ἀλεκτρυών ; »

Ὁρᾷς ὅσον ἰσχύος ὁ κώνωψ ἔχει, ὡς καὶ ἐλεφαντα φοϐεῖν.

Cod. Mb 90.

Le lion se plaignait souvent de Prométhée. Sans doute Prométhée l’avait fait grand et beau, il lui avait armé la mâchoire de dents et muni les pattes de griffes, il l’avait lait plus fort que tous les autres animaux ; « mais avec tout cela, ajoutait-il, j’ai peur du coq. » Prométhée lui répondit : « Pourquoi m’accuses-tu à la légère ? N’as-tu pas tous les avantages physiques que j’ai pu modeler ? Mais c’est ton âme qui faiblit à ce seul objet. » Le lion déplorait donc son sort et s’accusait de lâcheté ; à la fin il voulut en finir avec la vie. Il était dans ces dispositions, quand il rencontra l’éléphant ; il le salua et s’arrêta pour causer. Ayant remarqué qu’il remuait continuellement les oreilles : « Qu’as-tu, lui demanda-t-il » et pourquoi donc ton oreille ne saurait-elle rester tant soit peu sans bouger ? — Tu vois », répondit l’éléphant, tandis qu’un cousin voltigeait par hasard autour de lui, « tu vois cet être minuscule, qui bourdonne ; s’il pénètre dans le conduit de mon oreille, je suis mort. » Alors le lion se dit : « Qu’ai-je encore besoin de mourir, moi qui suis si puissant et qui surpasse en bonheur l’éléphant autant que le coq surpasse en force le cousin ? »

On voit que le cousin est assez fort pour faire peur même à l’éléphant.