(1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XV. L’Oiseleur, l’Autour et l’Aloüette. » p. 
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(1692) Fables choisies, mises en vers « Livre sixiéme. — XV. L’Oiseleur, l’Autour et l’Aloüette. » p. 

XV.

L’Oiseleur, l’Autour et l’Aloüette.

Les injustices des pervers
Servent souvent d’excuse aux nostres.
Telle est la loy de l’Univers.
Si tu veux qu’on t’épargne, épargne aussi les autres.
Un Manant au miroir prenoit des Oisillons.
Le fantôme brillant attire une Aloüette,
Aussi-tost un Autour planant sur les sillons,
Descend des airs, fond, et se jette
Sur celle qui chantoit, quoy que prés du tombeau.
Elle avoit évité la perfide machine,
Lors que se rencontrant sous la main de l’oiseau,
Elle sent son ongle maligne.
Pendant qu’à la plumer l’Autour est occupé,
Luy-mesme sous les rets demeure envelopé.
Oiseleur, laisse-moy, dit-il en son langage ;
Je ne t’ay jamais fait de mal.
L’Oiseleur repartit : Ce petit animal
T’en avoit-il fait davantage ?