VIII.
Le Vieillard et l’Asne.
Un Vieillard sur son Asne apperçut en passant
Un Pré plein d’herbe et fleurissant.
Il y lâche sa beste, et le Grison se ruë
Au travers de l’herbe menuë,
Se veautrant, gratant et frotant,
Gambadant, chantant et broutant,
Et faisant mainte place nette.
L’ennemi▶ vient sur l’entrefaite.
Fuyons, dit alors le Vieillard.
Pourquoy ? répondit le paillard ;
Me fera-t-on porter double bast, double charge ?
Non pas, dit le Vieillard, qui prit d’abord le large.
Et que m’importe donc, dit l’Asne, à qui je sois ?
Sauvez-vous, et me laissez paistre :
Nôtre ◀ennemi c’est nôtre Maistre,
Je vous le dis en bon François.