
II▶.
Le Pot de terre et le Pot de fer.
Le Pot de fer proposa
Au Pot de terre un voyage.
Celuy-cy s’en excusa ;
Disant qu’il feroit que sage
De garder le coin du feu ;
Car il luy faloit si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris seroit cause.
Il n’en reviendroit morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matiere dure
Vous menace d’avanture,
Et du coup vous sauveray.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtez.
Clopin clopant comme ils peuvent,
L’un contre l’autre jettez,
Au moindre hoquet qu’ils treuvent.
Le pot de terre en souffre : il n’eut pas fait ◀cent pas
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu’il eût lieu de se plaindre.
Ne nous associons qu’avecque nos égaux ;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d’un de ces pots.