
XII.
Le Soleil et les Grenoüilles.
Aux noces d’un Tyran tout le peuple en liesse
Noyoit son soucy dans les pots.
Esope seul▶ trouvoit que les gens estoient sots
De témoigner tant d’allegresse.
Le Soleil, disoit-il, eut dessein autrefois
De songer à l’Hymenée.
Aussi-tost on ouït d’une commune voix
Se plaindre de leur destinée
Les Citoyennes des Etangs.
Que ferons-nous, s’il lui vient des enfans ?
Dirent-elles au Sort, un ◀seul Soleil à peine
Se peut souffrir. Une demi-douzaine
Mettra la Mer à sec, et tous ses habitans.
Adieu joncs et marais : notre race est détruite.
Bien-tost on la verra reduite
À l’eau du Styx. Pour un pauvre Animal,
Grenoüilles, à mon sens, ne raisonnoient pas mal.