
IV.
Les Oreilles du Liévre.
Un animal▶ cornu blessa de quelques coups
Le Lion, qui plein de couroux,
Pour ne plus tomber en la peine,
Bannit des lieux de son domaine
Toute beste portant des cornes à son front.
Chevres, Beliers, Taureaux aussi-tost délogerent,
Daims, et Cerfs de climat changerent ;
Chacun à s’en aller fut prompt.
Un Lievre appercevant l’ombre de ses oreilles,
Craignit que quelque Inquisiteur
N’allast interpreter à cornes leur longueur :
Ne les soûtinst en tout à des cornes pareilles.
Adieu voisin Grillon, dit-il, je pars d’icy ;
Mes oreilles enfin seroient cornes aussi ;
Et quand je les aurois plus courtes qu’une Autruche,
Je craindrois mesme encor. Le Grillon repartit :
Cornes cela ? Vous me prenez pour cruche ;
Ce sont oreilles que Dieu fit.
On les fera passer pour cornes,
Dit l’◀animal craintif, et cornes de Licornes.
J’auray beau protester ; mon dire et mes raisons
Iront aux petites Maisons.