(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIX. De la Fourmy, et de la Colombe. »
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(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXXIX. De la Fourmy, et de la Colombe. »

FABLE LXXIX.

De la Fourmy, et de la Colombe.

L’extréme soif qu’avoit la Fourmy, la fit décendre dans une fontaine, où quand elle voulut boire, elle y tomba par malheur. Alors une Colombe branchée fortuitement sur un arbre, qui panchoit sur l’eau, voyant la pauvre Fourmy en danger de mort, rompit incontinent avecque son bec un rameau de l’arbre, qu’elle laissa cheoir dans la fontaine ; et ainsi la Fourmy qui l’aborda, se preserva du danger d’estre noyée, et se mit en seureté. Sur ces entre-faites, voila survenir en ce mesme endroict, un cauteleux Oyseleur, qui dressa ses gluaux pour prendre la simple Colombe ; Ce qu’apperçevant la Fourmy, elle le mordit au pied de sorte que l’Oyseleur fût contrainct de laisser aller ses gluaux, surpris par la douleur que luy causa ceste picqueure ; Cependant la Colombe effrayée du bruit, s’envola soudain et ainsi elle eschappa du danger present.

Remarque sur la septante-neufviesme Fable.

Je ne mets aucune difference entre l’Allegorie de cette Fable, et celle de la seiziesme. C’est pourquoy je trouve à propos d’y renvoyer le Lecteur, apres l’avoir adverty que les bestes mesmes ne sont pas ingrattes des biens-faits receus, et qu’il n’est point de bon office qu’on puisse nommer perdu, soit qu’on en espere la recognoissance sur terre, soit qu’on l’attende infaillible du Ciel.