(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVII. Du Renard, et du Loup. »
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(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LES FABLES D’ESOPE PHRYGIEN. — FABLE LXVII. Du Renard, et du Loup. »

FABLE LXVII.

Du Renard, et du Loup.

Le Renard tombé dans un puits, en danger d’estre noyé, pria le Loup, qui estoit en haut, de luy jetter une corde, pour le retirer de ce peril. « Pauvre malheureux ! », luy respondit le Loup, « comment t’es-tu laissé choir ? » « Ce n’est pas maintenant le temps de jaser », repliqua le Renard : « quand tu m’auras tiré d’icy, je te raconteray le tout par ordre ».

Discours sur la soixante-septiesme Fable.

Cette Allegorie n’a pas besoin d’explication, pour estre assez claire de soy-mesme. Car qu’y a-t’il de si extravagant, ou de si hors de saison, que de faire à son amy des demandes superfluës, sur le poinct d’une pressante necessité ? N’est-ce pas une impertinence plus cruelle qu’un assassinat, puis que non seulement on y fait perir celuy qu’on ayme, mais encore on le fait perir avecque langueur, au lieu de haster le temps de son secours, autant qu’il est possible à la diligence humaine. Mais je tomberois en la faute que je reprens en autruy, si par des paroles superfluës je m’arrestois d’avantage, ou à déduire, ou à prouver le sentiment de mon Autheur. Passons plustost à un autre Discours, puis que ceste verité est de soy-mesme plus manifeste que le jour.