(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — En quel temps Esope composa ses Fables. Chapitre XXV. »
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(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — En quel temps Esope composa ses Fables. Chapitre XXV. »

En quel temps Esope composa ses Fables.
Chapitre XXV.

Ce fut en ce mesme temps qu’Esope composa ses Fables, qu’il laissa au Roy Cresus, et tient on qu’elles se monstrent encore aujourd’huy en sa Royale Maison de Lydie. La paix estant doncques faicte avecque les Samiens, il fut envoyé vers eux en qualité d’Ambassadeur du Roy de Lydie, qui luy donna des lettres, et le pouvoir d’en traicter. Cependant les Samiens voulant honorer son arrivée, s’en allerent au devant de lui avec des rameaux et des chapeaux de fleurs, qu’ils luy offrirent, faisant en outre à cause de luy des jeux solemnels, et des danses publiques, pour une marque de leur commune allegresse. Il leut devant eux les lettres du Roy, par lesquelles il leur fit voir, comme par une autre sorte de liberté, qu’il leur avoit obtenuë, celle qu’ils luy avoient donnée n’aguere, estoit abondamment recompensée. Depuis ayant quitté l’Isle de Samos, il se mit à voyager en diverses contrées, où tout son plaisir estoit de disputer avecque les Philosophes. Comme il s’en alloit ainsi par le monde, il arriva en Babilone, et y donna de si belles preuves de son sçavoir, qu’il se mit en faveur auprés du Roy Lycerus, qui le fit un des plus grands de sa Cour. Les Roys avoient en ce temps-là paix ensemble, et en ce commun repos ils se visitoient souvent par lettres, s’envoyant les uns aux autres des questions Sophistiques : Ce qu’ils faisoient à telle condition que ceux qui les pouvoient soudre, rendoient les autres leurs tributaires, selon qu’il estoit accordé entre eux : Comme au contraire, ceux qui n’y pouvoient respondre, payoient le tribut eux-mesmes. Ainsi Esope entendant fort bien tous les problesmes qu’on envoyoit au Roy Lycerus, luy en donnoit aussi-tost l’explication ; et par ce moyen, il le mettoit en grande estime de toutes parts. Avecque cela, il estoit cause, que ce mesme Prince reçevoit de grands tributs, pource qu’il envoyoit à son nom plusieurs questions aux autres Roys, qui ne les pouvoient decider.