(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Description du corps, et de la vivacité de son esprit. Chapitre II. »
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(1660) Les Fables d’Esope Phrygien « LA VIE. D’ESOPE. PHRYGIEN. Tirée du Grec de Planudes, surnommé le Grand. — Description du corps, et de la vivacité de son esprit. Chapitre II. »

Description du corps, et de la vivacité de son esprit.
Chapitre II.

Esope ne fût pas seulement serf de condition, mais le plus difforme de tous les hommes de son temps. Car il avoit la teste poinctuë, le nez plat, le col court, les lévres grosses, et le teinct noir, d’où luy fust donné son nom, car Esope signifie le mesme qu’Ethiopien. Avecque cela il estoit ventru, bossu, tortu par les pieds, et possible plus laid que le Thersite d’Homere. Mais ce qu’il y avoit de pire en luy, c’estoit sa parole lente, sa voix casse, et la peine qu’il avoit à se faire entendre. Toutes lesquelles choses semblent avoir esté cause de sa servitude. Car c’eust esté merveille, si estant ainsi laid et difforme, il eust pû s’échapper d’une condition servile. Mais quelque imparfaict qu’il fust de corps, cela n’empeschoit pas, qu’il n’eust naturellement un esprit habile, et qui réüssissoit heureusement en toute sorte d’inventions.