(1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 19 » p. 8
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(1300) Fables anonymes grecques attribuées à Ésope (Ier-XIVe s.) « Chambry 19 » p. 8

Chambry 19

Αἴσωπος ἐν ναυπηγίῳ - Esope dans un chantier naval.

Αἴσωπος ὁ λογοποιὸς σχολὴν ἄγων εἰς ναυπήγιον εἰσῆλθε. Τῶν δὲ ναυπηγῶν σκωπτώντων τε αὐτὸν καὶ ἐκκαλουμένων εἰς ἀπόκρισιν, ὁ Αἴσωπος ἔλεγε τὸ παλαιὸν χάος καὶ ὕδωρ γενέσθαι, τὸν δὲ Δία βουλόμενον καὶ τὸ τῆς γῆς στοιχεῖον ἀναδεῖξαι παραινέσαι αὐτῇ ὅπως ἐπὶ τρὶς ἐκροφήσῃ τὴν θάλασσαν. Κἀκείνη ἀρξαμένη τὸ μὲν πρῶτον τὰ ὄρη ἐξέφηνεν, ἐκ δευτέρου δὲ ἐκροφήσασα καὶ τὰ πεδία ἀπεγύμνωσεν· « ἐὰν δὲ δόξῃ αὐτῇ καὶ τὸ τρίτον ἐκπιεῖν τὸ ὕδωρ, ἄχρηστος ὑμῶν ἡ τέχνη γενήσεται. »

Ὁ λόγος δηλοῖ ὁτι οἱ τοὺς κρείττονας χλευάζοντες λανθάνουσι μείζονας ἑαυτοῖς τὰς ἀνίας ἐξ αὐτῶν ἐπισπώμενοι.

Codd. Pa 18 Pb 8 Pd 9 Pe 13 Mb 44.

Un jour Esope le fabuliste étant de loisir entra dans un chantier de construction navale. Les ouvriers le raillèrent et le provoquèrent à la réplique. Alors Esope leur dit : « Autrefois il n’y avait que le chaos et l’eau ; mais Zeus voulant faire apparaître un autre élément, la terre, l’engagea à avaler la mer par trois fois. La terre se mit à l’œuvre une première fois, et elle dégagea les montagnes ; puis elle avala la mer une deuxième fois et mit à nu les plaines ; si elle se décide à absorber l’eau une troisième fois, votre art deviendra sans usage. »

Cette fable montre qu’à railler plus fin que soi, on s’attire imprudemment des répliques d’autant plus cuisantes.