Si le génie est une illumination soudaine qui brille et disparaît tour à tour, comme dit Bossuet, si son attribut spécial est d’inventer et de créer, si ce don immédiat de la nature se distingue par des pensées sublimes et profondes, par des plans d’une ordonnance surprenante, par des caractères d’une nouveauté frappante, par des raisons d’une force à laquelle rien ne résiste, le talent est une disposition habituelle à réussir dans une chose, une qualité qui se distingue par l’ordre, la clarté, l’élégance, le naturel, la justesse, la grâce, un don acquis ou au moins accru par l’étude, qui se montre principalement dans les détails et qui brille par l’habileté de l’exécution. […] Elle demande beaucoup de vivacité et de force dans l’entendement, et une facilité peu commune à peindre promptement les impressions qui lui ont été transmises.
Par exemple, la force vaut mieux que ce qui donne la santé. Car ceci n’est pas préférable en soi, tandis que la force l’est, ce qui est, nous l’avons vu, le caractère du bien. […] D’ailleurs, la force de ce paralogisme prendra sa source dans la cause en question. […] Leurs volontés sont intenses, mais sans grande force, comme la soif ou la faim chez les malades. […] Voilà ce que nous avions à dire sur la jeunesse, la vieillesse et la force de l’âge.
— Les comparaisons développent la pensée et lui donnent de la force ou de la grâce ; mais elles doivent être justes et faciles à saisir. […] Enfin, il faut donner une juste étendue aux phrases et aux périodes, et faire en sorte que leur contexture et leur liaison ajoutent encore aux charmes du style ; car la pensée qui emprunte les charmes du style acquiert plus de force ou de clarté. […] Les figures sont des pensées ou des expressions figurées qui ornent le discours ou qui lui donnent de la force. […] Les figures de mots sont des assemblages de mots qui donnent de la force ou de la grâce au discours. […] Le pléonasme peut donner de la force ou de la grâce au discours : Il a donc été déchiré ce matin, ce voile qui te couvrait les yeux ?
Intelligence plus puissante que saine, il eut moins de justesse que de force dans l’esprit. […] Formé tout seul, sans maîtres, à l’école de la souffrance, son talent se compose d’imagination et de sensibilité, de logique et de véhémence ; il a de l’orateur le mouvement, la force, la dialectique pressante, l’abondance et la flamme. […] Voilà une objection à résoudre, qui m’oblige à prolonger ma lettre, et qui, par conséquent, me force à la finir. […] « Des vues éloignées ont rarement assez de force pour me faire agir : l’incertitude de l’avenir m’a toujours fait regarder les projets de longue exécution comme des leurres de dupe.
Car si l’on compare entr’eux tous les mots dus à la force créatrice de la sève populaire, on s’assurera qu’ils obéirent aux lois suivantes : 1° La plus manifeste fut la persistance de l’accent latin, qui est toujours sur la pénultième, si elle est longue, (vocâre), ou sur l’antépénultième, si l’avant-dernière est brève (frigidus). […] Alain Chartier (1386-1458) et Christine de Pisan (1363-1415) n’en triomphent qu’à grand’peine, et leurs émules finissent par renoncer aux genres nobles pour se vouer exclusivement aux jeux de la difficulté vaincue, à la recherche des effets artificiels, à la gymnastique puérile des tours de force. […] Les exagérations de ses disciples rendaient nécessaire la venue d’un réformateur ; car l’italianisme avait aggravé la manie du latinisme, et la plaisanterie de Rabelais sur l’écolier limousin qui pérégrine par les compites de l’urbe, ne fut qu’une caricature pleine de vérité. — En attendant les rigueurs parfois impertinentes de Malherbe, qui doit épurer la barbarie savante de ses devanciers, Agrippa d’Aubigné (1550-1530) nous fera regretter les sublimes témérités de ses Tragiques, et Mathurin Regnier (1573-1613) la force comique d’une verve qui annonce Molière et se souvient de Panurge.
Nous l’avons vue en Grèce, enchaînée par des lois sévères, concentrer toutes ses forces dans la dialectique. […] La nature leur a donné la force et l’éclat ; mais elle leur a refusé l’esprit de finesse et le sentiment des proportions. […] Habileté, enjouement, esprit, — qualités secondaires. — Le nerf du plaidoyer c’est l’abondance des preuves et la force du pathétique.
Mais lorsque ce langage des signes s’est trouvé insuffisant (et il a dû l’être dans une foule de circonstances), il a bien fallu recourir à un langage plus expressif ; alors l’organe de la voix a nécessairement agi avec plus de force, et a fait entendre des sons rapides, perçants, sourds, éclatants, etc., tous figurés par les différentes impressions qu’ils recevaient de l’air diversement modifié par les organes de la parole. […] Cet endroit n’est pas le seul où le génie du Tasse ait lutté avec succès contre celui d’Homère et de Virgile, et ait donné à la langue italienne ce degré de force et d’harmonie imitative que nous admirons dans les langues grecque et latine.
Au contraire, s’il est capable d’avoir toujours l’œil vers les cieux, même en louant les héros de la terre ; si, en célébrant ce qui passe, il porte toujours sa pensée et la nôtre vers ce qui ne passe point ; s’il ne perd jamais de vue ce mélange heureux, qui est à la fois le comble de l’art et de la force, alors ce sera en effet l’orateur de l’évangile, le juge des puissances, l’interprète des révélations divines ; ce sera en un mot Bossuet ». […] Que si nous sommes assurés qu’il viendra un dernier jour, où la mort nous forcera de confesser toutes nos erreurs, pourquoi ne pas mépriser par raison, ce qu’il faudra un jour mépriser par force ?
Elle obéit à la loi, invisible et toute-puissante, comme le vaisseau à la force irrésistible de la vapeur qu’il cache dans ses flancs, comme l’univers au pouvoir occulte et suprême qui le dirige dans sa marche, comme… etc. — Les adversaires de la république trouveront d’autres ni et d’autres comme ; et ici nous entrons dans les similitudes, les différences, les comparaisons, les contraires. […] Ceux qui indiquent aux jeunes gens d’autres sources d’invention les abusent, et en voulant donner trop de perfection à la rhétorique, ils en font, en réalité, une étude insignifiante et puérile. » Nous avouons avec Blair, et nous l’avons posé en principe, que la méthode d’invention la plus féconde est l’examen approfondi du sujet ; qu’il y aurait puérilité à multiplier les lieux, à les faire entrer tous, de gré ou de force, dans chaque matière.
Aussi l’éloquence sacrée n’est-elle pas un art ordinaire ; elle n’a pas besoin de ces ménagements, de ces artifices dont fait usage l’éloquence profane, et qui montrent qu’elle se défie de ses forces. […] L’oraison funèbre demande plus d’élévation, plus d’éclat que le sermon ; l’art oratoire peut y déployer toutes ses ressources, la majesté dans le ton, la vigueur-, la richesse dans les narrations et les tableaux, la force, la dignité dans le style29.
A dire le vrai, où trouvera-t-on un poëte qui ait possédé à la fois tant de grands talents, tant d’excellentes parties, l’art, la force, le jugement, l’esprit ? […] Enfin, ce qui lui est surtout particulier, une certaine force, une certaine élévation qui surprend, qui enlève, et qui rend jusqu’à ses défauts, si on lui en peut reprocher quelques-uns, plus estimables que les vertus des autres : personnage véritablement né pour la gloire de son pays ; comparable, je ne dis pas à tout ce que l’ancienne Rome a eu d’excellents poëtes tragiques, puisqu’elle confesse elle-même qu’en ce genre1 elle n’a pas été fort heureuse, mais aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes ne s’honore pas moins que des Thémistocle, des Périclès, des Alcibiade, qui vivaient en même temps qu’eux2.
vous voulez parler comme vous, je veux que vous parliez comme moi. » Va-t-on prendre l’essor, ils vous arrêtent par la manche ; a-t-on de la force et de la vie, on vous l’ôte à coups d’épingle ; vous élevez-vous un peu, voilà des gens qui prennent leur pied ou leur toise, dressent la tête, et vous enjoignent de descendre pour vous mesurer ; courez-vous dans votre carrière, ils voudront que vous regardiez toutes les pierres que les fourmis ont mises sur votre chemin1 Les Romains sous l’empire C’est ici qu’il faut se donner le spectacle des choses humaines. […] Ce mot a ici une force singulière.
Cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Esaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie que l’honneur de l’avoir servie : ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, reçut le coup mortel, et demeura comme enseveli dans son triomphe1. […] O si l’Esprit divin, l’Esprit de force et de vérité, avait enrichi mon discours de ces images vives et naturelles qui représentent la vertu, et qui la persuadent tout ensemble, de combien de nobles idées remplirais-je vos esprits, et quelle impression ferait sur vos cœurs le récit de tant d’actions édifiantes et glorieuses !
C’est là ce qui s’appelle l’intelligence, et bientôt, à la pratique, cette simple qualité, qui ne vise pas à l’effet, est de plus grande utilité dans la vie que tous les dons de l’esprit, le génie excepté, parce qu’il n’est, après tout, que l’intelligence elle-même, avec l’éclat, la force, l’étendue, la promptitude. […] Quand la guerre est une routine purement mécanique, consistant à pousser et à tuer l’ennemi qu’on a devant soi, elle est peu digne de l’histoire ; mais quand une de ces rencontres se présente, où l’on voit une masse d’hommes mue par une seule et vaste pensée qui se développe au milieu des éclats de la foudre avec autant de netteté que celle d’un Newton ou d’un Descartes dans le silence du cabinet, alors le spectacle est digne du philosophe autant que de l’homme d’État et du militaire, et si cette identification de la multitude avec un seul individu, qui produit la force à son plus haut degré, sert à protéger, à défendre une noble cause, celle de la liberté, alors la scène devient aussi morale qu’elle est grande.
Il vint à bout, par la force ou par l’adresse, de dissiper cette formidable ligue, formée contre la reine Blanche, régente du royaume.
Tous ces ouvriers ont travaillé, chacun selon ses forces, ou, selon leurs forces. […] C’est comme si l’on disait : tous ces ouvriers ont travaillé, et chacun a travaillé selon ses forces. […] Mais si ce pronom celui est suivi de ci ou là, alors il a toute la force du substantif ; et il peut être accompagné d’un adjectif, ou d’un participe qui en fait les fonctions. […] Il s’emploie aussi pour donner plus de force et d’énergie au discours ; et alors on le met après le substantif, ou le pronom. […] Mais suivant l’abbé Girard, pas l’énonce simplement : point l’appuie avec force et paraît l’affirmer.
Je n’ai pas la conscience d’avoir encore employé la moitié de mes forces ; jusqu’à présent je n’ai que baguenaudé2. […] combien de temps, de règles, d’attention et de travail pour danser avec la même liberté et la même grâce que l’on sait marcher ; pour chanter comme on parle ; parler et s’exprimer comme l’on pense ; jeter autant de force, de vivacité, de passion et de persuasion dans un discours étudié, et que l’on prononce dans le public, qu’on eu a quelquefois naturellement et sans préparation dans les entretiens les plus familiers !
Peintre romanesque, moraliste-poëte, disciple de Rousseau, dont il n’a pas la force, mais qu’il surpasse par la portée morale de son talent, Bernardin est le précurseur de M. de Chateaubriand. […] Il me faut ordonner des matériaux fort intéressants, et ce n’est qu’à la vue du ciel que je peux recouvrer mes forces.
3° Force comique. Le génie du poète consiste à atteindre cette force comique dont parlaient les anciens, et qui se trouve dans Aristophane chez les Grecs, dans Plaute chez les Latins, e dans Molière chez les Français. Cette force, c’est l’expression risible du ridicule, qui ne s’atteint que par une observation profonde, par un jugement fin et une imagination vive.
Tout ce qu’il vous débite en grimaces abonde ; A force de façons il assomme le monde ; Sans cesse il a, tout bas, pour rompre l’entretien, Un secret à vous dire, et ce secret n’est rien : De la moindre vétille il fait une merveille, Et, jusques au bonjour, il dit tout à l’oreille. […] On peut comparer aussi Rotrou, qui a traité le même sujet, mais avec peu de grâce et de force. […] Il arrive souvent qu’on en use ainsi dans la discussion ; on prête à l’adversaire des opinions qu’il n’a pas, on force ses sentiments, on exagère ses intentions.
Elle se met en effet à la tête des troupes, qu’elle remplit d’une nouvelle ardeur ; et dirigée par les conseils de Dunois, elle entre dans Orléans, bat plusieurs fois les Anglais, et les force de se retirer Après cet exploit décisif, elle fait traverser au roi quatre-vingts lieues de pays occupé par les Anglais et le conduit jusqu’à Reims, où il est sacré.
Otez-moi la violence et la force : il n’est rien, à mon avis, qui abâtardisse et étourdisse si fort une nation bien née. […] Cet homme avait une sorte d’éloquence qui lui était particulière : il ne connaissait point d’interjection ; il n’était pas congru537 dans sa langue ; mais il parlait avec une force qui suppléait à tout cela ; et il était naturellement si hardi, qu’il ne parlait jamais si bien que dans le péril. […] Dieu même nous avait dit autrefois que nul homme n’en saurait jamais le nombre ; mais l’invention des télescopes nous force bien maintenant à reconnaître que les catalogues que nous en avons sont fort imparfaits. […] Le premier est une espèce de roman satirique par lettres, dans lequel il attaque les ridicules et les abus de son temps ; les deux autres sont des études de politique qui révèlent une grande force et une grande originalité de pensée. […] ce même Arabe, libre, indépendant, tranquille, et même riche, au lieu de respecter ces déserts comme les remparts de sa liberté, les souille par le crime ; il les traverse pour aller chez les nations voisines, enlever des esclaves et de l’or ; il s’en sert pour exercer son brigandage, dont malheureusement il jouit plus encore que de sa liberté ; car ses entreprises sont presque toujours heureuses : malgré la défiance de ses voisins et la supériorité de leurs forces, il échappe à leur poursuite et emporte impunément tout ce qu’il leur a ravi.
C’étoit un homme d’un caractère doux, sage et circonspect ; ayant beaucoup de finesse et de mesure dans l’esprit, avec un courage toujours conforme aux circonstances ; n’employant jamais la force qu’au défaut des autres moyens ; possédant sur-tout à un degré supérieur l’art de connoître les hommes, et de les employer à propos.
Creuser patiemment son sujet, s’identifier avec les hommes, les faits ou les idées dont on s’occupe ; ne dédaigner aucun détail ; s’intéresser soi-même à l’antagonisme des forces contraires qui fait le nœud de tout récit ; en ordonner l’action et la résistance avec l’habileté stratégique d’un grand général, et, comme l’écrivain a cet avantage sur le général qu’il dispose à la fois des deux partis, ménager les succès, faire pencher alternativement la balance, de manière à tenir l’anxiété du lecteur éveillée jusqu’au dénoûment : voilà ce qui donne la véhémence et le pathétique dans les grands sujets ; dans les petits, la grâce, la finesse, la naïveté ; partout, le choix des détails, la variété des tours ; et voilà ce qui nous attache à une exposition quelle qu’elle soit. […] Ce n’est donc qu’à force d’adresse que l’on parviendra à varier les phrases, à présenter sans cesse les objets ou les idées d’une manière nouvelle et piquante, à empêcher enfin l’intérêt de décroître et de s’amortir.
Je sais que le modèle ne donne point ces vertus premières que l’on ne doit qu’à la nature et au travail personnel, l’esprit, l’invention, la force, la facilité ; mais, en fait de style, l’imitation est d’une grande utilité ; elle est le premier pas dans la carrière ; seulement il y faut de la circonspection et du discernement. […] Mais le ton de l’orateur et du poëte, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît, et que devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l’étendue de leur génie. » Maintenant, il nous reste à étudier les qualités essentielles de l’élocution, c’est-à-dire celles qui conviennent à tous les tons ; les qualités accidentelles, c’est-à-dire celles qui ne conviennent que dans tel ou tel ton ; et enfin les ornements dont l’élocution est susceptible, et que l’on comprend sous le nom général de figures.
Appliqué, pendant vingt années, aux fonctions de l’instruction publique, j’ai été à portée de les observer de près, de mesurer leurs forces, de sentir ce qui leur convient : c’est cette connaissance, que l’expérience seule peut donner, qui m’a déterminé à composer des livres élémentaires.
En ce sens, les classiques par excellence seraient les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble encore, et d’une force légèrement voilée. […] Ayons la sincérité et le naturel de nos propres pensées, de nos sentiments, cela se peut toujours ; joignons-y, ce qui est plus difficile, l’élévation, la direction, s’il se peut, vers quelque but haut placé ; et, tout en parlant notre langue, en subissant les conditions des âges où nous sommes jetés, et où nous puisons notre force comme nos défauts, demandons-nous de temps en temps, le front levé vers les collines et les yeux attachés au groupe des mortels révérés : Que diraient-ils de nous 1 ?
Il y a dans la Poétique des pages qui ne peuvent être utilement discutées qu’entre les savants de profession mais, ces pages mises à part, combien il en reste d’excellentes par la netteté du style et par la force lumineuse, par l’autorité durable de la doctrine !
Dans quelles sources plus abondantes et plus riches peut-il puiser la force et l’onction, la grandeur et l’élévation des idées, la magnificence de l’expression, le pittoresque et l’éclat du style ?
. — Quant à nous, qui sommes d’un ordre inférieur, si nous n’avons que nos propres forces, et si nous n’empruntons rien d’autrui, quel moyen qu’avec un seul jugement et un seul esprit, qui n’ont rien que d’ordinaire et de médiocre, nous contentions tant de différents esprits, tant de jugements divers, à qui nous exposons nos ouvrages ?
Quand les élèves connaîtront suffisamment la structure des vers, et seront habiles à les retourner, il faudra les amener peu à peu à la composition écrite, en introduisant dans la matière des difficultés qui croîtront par degrés, selon les progrès et la force relative du plus grand nombre. […] Les épithètes (de ἐπιτίθημι, ajouter) sont des adjectifs que l’on ajoute aux substantifs pour leur donner plus de force, plus d’élévation et de noblesse ; quelque chose de plus gracieux, de plus délicat, de plus touchant ; quelque singularité piquante, une couleur plus riante et plus vive, des traits plus sensibles aux yeux de l’intelligence et de l’imagination. […] Et cependant ses forces résistent aux atteintes de l’âge, et la troisième génération contemple avec respect les membres encore robustes de son aïeul.
Il est évident que plus un idiome abonde en voyelles et surtout en voyelles sonores, e, o, a, plus il multiplie les labiales et les liquides, plus il évite la fréquence et la rencontre des dentales, des sifflantes et des gutturales, plus il rapproche les consonnes en raison de leur nature et de leur degré de force, plus cet idiome est euphonique. […] Dès qu’on travaille sérieusement, c’est de la pensée qu’on doit s’occuper et des moyens de la rendre avec le plus de force, de clarté, de précision qu’il est possible79. » Indispensables au poëte, ces exercices préparatoires ne le sont guère moins au prosateur.
Ma coupe, mon nectar, le miel américain Que du suc des roseaux exprima l’Africain, Tout est prêt… soit ; l’esprit sourit volontiers à ecs tours de force, pourvu qu’ils ne soient ni déplacés, la passion vive et les convenances historiques les admettent rarement ; ni énigmatiques, comme MM. […] Comme nous venons d’admettre des figures par lesquelles l’idée acquiert de la force en se développant, nous en reconnaîtrons qui la fortifient en la condensant et en la resserrant.
L’effet du poison ne tarde pas à se manifester : Démosthène rassemble ce qu’il lui reste de forces pour se traîner vers Archias, et il lui dit : « Traîne maintenant ce cadavre à ton maître ; pour Démosthène, jamais tu ne l’y conduiras.
Ils nous surpassent en force, en patience, en grandeur de corps, en durée, en vitesse, en mille autres avantages, et surtout en celui de se passer mieux que nous de tous secours étrangers.
L’esprit s’éclaire et s’enrichit ; le jugement se forme et se rectifie ; l’imagination s’embellit et s’enflamme ; le génie s’étend, s’élève, et prend déjà son essor, pour déployer bientôt toute sa grandeur et toutes ses forces.
Ce que l’auteur dit de l’élocution poétique est rendu avec autant de force que d’élégance.
Aussi cet appareil formidable, ces forces militaires, qui étaient, il n’y a qu’un moment, le motif de ses craintes, vont-ils devenir celui de sa confiance. […] Clodius a souvent eu recours à la force ; Milon a toujours dédaigné un pareil moyen.
Le traducteur ne borne point ici son mérite à une fidélité pleine d’élégance et d’harmonie : il ajoute quelquefois à la force de l’expression originale, et tire souvent une image magnifique d’un trait qui n’était qu’indique en passant. […] Ces deux grands objets ont entre eux une si merveilleuse conformité, se prêtent mutuellement une force si admirable, qu’il serait impossible de songer à les séparer, sans vouloir les affaiblir.
Le sujet doit présenter les conditions suivantes : Être moral, ou du moins n’avoir rien de contraire à la moralité ; Ètre intéressant, c’est-à-dire, amuser, instruire ou toucher, et, s’il est possible, réunir ces trois qualités ou au moins deux d’entre elles ; Ètre fécond, c’est-à-dire susceptible de développements ; Ètre en rapport avec le talent et les forces de l’écrivain ; Prêter à la grâce ou à la puissance du style. […] La véhémence dépend moins de la force de l’expression que de la vivacité et de la variété du tour et du mouvement de la phrase.
Par elles il ouvrit à l’art des voies nouvelles, il le porta jusqu’à ses dernières limites ; et, comme s’il n’eût cessé d’acquérir des forces, loin que son génie ait connu la décadence, il termina, heureuse et rare exception, par son chef-d’œuvre, qu’une admiration unanime a proclamé le chef-d’œuvre de l’esprit humain. […] « Dans ces huit vers, selon La Harpe, les plus beaux du rôle d’Oreste, l’ironie est sublime à force d’être amère ; et c’est cette ironie, déjà établie par les mots grâce aux dieux, qui amène et justifie le mot d’espérance.
Un souffle les emporte ; La force la plus forte, C’est un cœur innocent ! […] afin que Dieu, qui dote les familles, Donne à vos fils la force, et la grâce à vos filles ; Afin que votre vigne ait toujours un doux fruit ; Afin qu’un blé plus mûr fasse plier vos granges ; Afin d’être meilleurs, afin de voir les anges Passer dans vos rêves la nuit !
Mais, entre les hommes, quelques-uns ont plus de force ou de corps, ou d’esprit, ou de volonté, et ce sont ceux-là qui cherchent à assujettir les autres, lorsque l’orgueil ou la convoitise étouffe en eux l’amour de leurs frères. […] Je me meurs d’épuisement ; mes forces sont usées, et chaque jour j’ai à porter le poids de quelque malheur et de quelque tristesse nouvelle.
Il y a des traits d’une grande force, des pensées pleines de grâce ou de finesse, et des morceaux entiers qui respirent le ton de la véritable éloquence.
Si ce est, ne faites faulte de m’apporter tout ce que vous pourrés : car de ma vie je ne fus en pareille disconvenue4 ; et je ne sçais quand, ni d’où, si jamais, je pourray vous le rendre ; mais je vous promets force honneur et gloire ; et argent n’est pas pasture pour des gentilshommes comme vous et moy.
Indispensable à l’unité, à la force et à la grâce de la pensée, elle consiste dans l’habile arrangement des propositions et de la période (περιόδος, circuit ou contour.) […] Elles leur donnent de la force, de la grâce et de la variété. […] Par elle on dit le contraire de ce qu’on veut faire comprendre pour donner à sa pensée plus de force ou plus de piquant. […] On s’en sert quelquefois avec intention pour donner plus de force à la pensée. […] Son style doit avoir de la noblesse, de la grandeur et de la force.
On indique à l’élève un sujet quelconque, historique, anecdotique ou descriptif ; on le laisse réfléchir quelques instants pour rassembler ses idées, puis il se met à parler, à improviser selon ses forces ; il parle mal sans doute en commençant, il fait des fautes nombreuses, il divague souvent ; il ne sait pas coordonner ses idées, les déduire l’une de l’autre ; il ne fait que les indiquer, sans leur donner un développement convenable ; il épuise en peu de mots un sujet dont il n’effleure que les généralités banales. […] Il enveloppe des escadrons, et les force à se rendre. […] Je n’ai point la force de lever les yeux assez haut pour trouver le lieu d’où doit venir le secours ; je ne puis encore tourner mes regards autour de moi ; je n’y vois plus cette personne qui m’a comblée de biens, qui n’a eu d’attention qu’à me donner tous les jours de nouvelles marques de son tendre attachement. Il est bien vrai, Monsieur, il faut une force plus qu’humaine pour soutenir une si cruelle séparation.
Ils y admireraient, malgré quelques légères imperfections, la noblesse soutenue du style, des sentiments et des idées ; la force des raisonnements, la suite et l’enchaînement des preuves ; une égale habileté à faire valoir tout ce qui peut servir l’accusé, rendre ses adversaires odieux, ou émouvoir ses juges ; des pensées sublimes, des mouvements pathétiques et surtout une péroraison adressée à Louis XIV, où le talent de l’orateur et le courage de l’ami nous paraissent également admirables.
Il rend leur nombre inutile, Et sans courage et sans bras, Fait de leur main immobile Tomber les armes à bas ; De ces légions impies Les fureurs sont assoupies Dans un morne étonnement ; Et leurs bataillons superbes Sont étendus sur les herbes Sans force et sans mouvement… Les Bergeries1.
Vous oyrez4 crier, braire et tempester à l’appetit d’une partie hargneuse5 ; vous verrez les langues impures, venales et mercenaires mettre l’honneur des plus vertueux, illustres et grands personnaiges en compromis6, et ce dont je ne me sçaurois assez estonner, ces asnes d’Arcadie à qui les judges debvroient, à toutes les fois qu’ilz s’oublient et s’esmancipent contre la decence de leur robbe, mettre ung mords de bride, et leur fermer la bouche avec une bonne et grave reprimande, ilz les laissent divaguer de maniere qu’il semble à ces effrontez qu’ilz ont faict quelque beau chef-d’œuvre quand ilz ont, dient-ilz, bien lavé la teste7 à ung homme d’honneur, et mettent ceste haulte et sotte vanterie parmy leurs trophées… Et neantmoins ce sont ceulx ordinairement qui ont le plus de praticque1, parce qu’ilz se mettent à tous les jours, à toutes les causes ; et les bons playdeurs2, qui intenteroient ung procez sur la pointe d’une eguille3, les recherchent plus volontairement que les aultres, dont les mœurs sont composees à la prudence et modestie4 : vray ornement d’ung sçavant homme de bien, d’advocat5, lequel, faisant trop6 plus de cas de l’honneur que de gaing, ne soubtient jamais de cause contre sa conscience ; aussy la deffend il avec tant de vigueur, de force et de solides raisons, que l’on recognoist à vue d’œil7 qu’il ne se fonde pour obtenir la victoire que sur la verité et la justice de sa cause.
On croirait parfois lire du Montaigne, avec moins de force, et plus de gentillesse.
Ne croyez pas, Monsieur le Général en chef, que j’entende par là qu’il ne soit pas possible de la sauver par la force des armes ; mais, dans la supposition que les chances de la guerre vous deviennent favorables, l’Allemagne n’en sera pas moins ravagée1.
Rappelé, après vingt ans d’interruption, dans une carrière que j’ai toujours aimée, que j’avais choisie de préférence à toute autre, et dont la force seule des événements avait pu m’éloigner, je n’ai pas cru pouvoir mieux témoigner ma reconnaissance au Chef suprême de l’Enseignement, qu’en donnant à cette nouvelle édition du Cours complet de Rhétorique, tous les soins dont je puis être capable.
Moneins, lieutenant du roi, étant tombé sous les coups des séditieux, le connétable de Montmorency fut envoyé pour châtier les habitants de Bordeaux qui, réduits par la force, furent condamnés par ordre royal à déterrer avec leurs ongles le corps de leur victime.
Les mers sont traversées par des vaisseaux sans voiles que n’arrêtent plus les tempêtes, et les terres sont parcourues par des chars dont la force et la vélocité ne semblent plus dépendre que de la volonté humaine.
L’auteur doit choisir un sujet proportionné à ses forces. — 45. […] Vous qui écrivez, choisissez une matière proportionnée à vos forces ; essayez-vous longtemps, consultez bien vos épaules. […] Quand, au déclin des années, les forêts perdent leurs feuilles, ce sont les premières venues qui tombent les premières ainsi passent les mots vieillis, tandis que les nouveaux s’épanouissent, tout brillants de force et de jeunesse. […] Ainsi fait un sage ami : critique judicieux, il n’a ni pitié ni excuse pour les vers lâches ou durs ; les vers négligés, il les efface d’un revers de plume ; il supprime l’emphase ambitieuse ; la phrase est un peu obscure : il vous force à l’éclaircir ; il fait le procès aux mots équivoques ; il marque tous les changements à faire : il devient un Aristarque enfin. […] Mais prenez-y garde, mesurez vos forces : il est bien difficile d’imaginer et de soutenir ce personnage, de le créer, pour ainsi dire, tel qu’il doit être, proprie.
Ô force de la vérité !
Ma mère, dont la joue avait repris couleur, Ma mère, dont la force, un moment ranimée, Empruntait de la vie à cette terre aimée, Parcourant du regard et le ciel et les lieux, Voyait tout son passé remonter sous ses yeux ; Le nuage des pleurs qui flottaient sur sa vue Laissait à chaque aspect percer son âme émue. […] Est-il besoin de remarquer ici que M. de Lamartine force un peu la note ?
Ce n’est pas qu’il doive jamais composer avec les passions, ou ménager les faiblesses ; il doit tonner contre les unes, et exposer avec force les conséquences funestes des autres.
Combien d’épaules sans force ont demandé de lourds fardeaux !
Cette description de l’impalpable et de l’invisible est un vrai tour de force.
Bourdaloue, Bossuet, Massillon, Fléchier, donnèrent à l’éloquence sacrée autant de force, d’agréments et de majesté, que Démosthène et Cicéron en avaient donné à l’éloquence profane.
Pendant qu’il parle avec tant de force, une douceur suprême lui ouvre les cœurs, et donne je ne sais comment un nouvel éclat à la majesté qu’elle tempère. » Dans ses mémoires, on sent la présence d’un maître.
On sent la force et le mérite de l’allusion. […] » On sent toute la force d’un pareil raisonnement, où les choses pressent les choses, où le rapprochement de circonstances si opposées prête tant de poids aux raisons de l’orateur, et d’énergie aux preuves qu’il apporte de l’innocence de son client. […] Le célèbre Young, dont l’imagination avait plus de force que de grâce et de correction, nous étonne quelquefois par la hardiesse de ses métaphores et de ses images ; mais il se maintient rarement à ce point de hauteur, et sa chute est quelquefois aussi rapide que son vol a été prompt et sublime.
On lui met quelquefois des cornes à la tête, ou pour marquer sa force, ou parce que dans ses voyages il s’était couvert de la peau d’un bouc, animal qu’on lui sacrifiait. […] Ses prophéties sont d’une force et d’une élévation admirables. […] Il brava la jalousie, la haine et la vengeance de ceux-ci ; et au milieu des intrigues, des cabales de toutes les espèces, il conserva toute la force et tout le calme de son âme pour parvenir aux deux grands objets de sa politique, la pacification du royaume et l’établissement de la balance de l’Europe.
Il battit plusieurs fois, avec des forces très inférieures, les plus habiles capitaines des rois de Syrie, et profita d’un court intervalle de paix pour réparer le temple de Jérusalem, où il fit élever un nouvel autel à la place de celui que les idolâtres avaient profané. […] Excellent orateur, on l’appelait l’Olympien, parce qu’il mettait toute la Grèce en mouvement par la force et la vivacité de son éloquence foudroyante. […] Ces jeux consistaient en cinq sortes d’exercices, qui étaient, 1º la course, soit à pied, soit à cheval, soit sur un char ; 2º le ceste, espèce de gantelet garni de fer ou de plomb, dont les athlètes se servaient pour se frapper : c’est ce qu’on appelle aussi le combat du pugilat ; 3º le disque, sorte de palet qu’ils jetaient au loin, pour faire paraître leur force et leur adresse ; 4º le saut ; 5º la lutte.
Son âme, échauffée d’un feu divin, nous a embrasés de la même flamme : il faut que ce feu conserve jusqu’au bout sa force et son activité. […] Tantôt ce sera une peinture qu’animeront les traits les plus vifs et les plus frappants, et que suivront de grandes et nobles idées rendues avec une singulière véhémence de style, comme dans ces strophes de l’Ode à la fortune, de Rousseau : Quels traits me présentent vos fastes… Juges insensés que nous sommes… Tantôt ce seront des comparaisons riches et multipliées qui nous présenteront les objets dans toute leur grandeur, dans toute leur beauté, comme celle que nous offre l’Ode aux princes chrétiens sur l’armement des Turcs : Comme un torrent fougueux… La Palestine enfin, après tant de ravages… Tantôt, ce sera un enchaînement de figures vives et saillantes qui donneront aux pensées un nouveau degré de force et d’élévation, comme on le voit dans un passage de l’ode Qualem ministrum : Quid debeas, ô Roma, Neronibus… cum laude victorem. […] La chanson alors, inspirée par le sentiment élevé de la gloire et de l’amour de la patrie, ne se distingue pas de l’ode ; elle en a les accents, la force, la chaleur et l’élévation.
Si l’on remet cette étude si pénible à un âge un peu plus avancé, et qu’on appelle la jeunesse, l’on n’a pas la force d’y persévérer ; et si l’on y persévère, c’est consumer à la recherche des langues le même temps qui est consacré à l’usage que l’on en doit faire ; c’est borner à la science des mots un âge qui veut déjà aller plus loin, et qui demande des choses ; c’est au moins avoir perdu les premières et les plus belles années de sa vie. […] Il n’y a pas deux voix différentes sur ce personnage ; l’envie, la jalousie parlent comme l’adulation : tous se laissent entraîner au torrent qui les porte ; qui les force de dire d’un homme ce qu’ils en pensent ou ce qu’ils n’en pensent pas, comme de louer souvent celui qu’ils ne connaissent point.
Sa langue est souple, élégante, unie, riche en demi-teintes ; elle allie la force à la grâce, mais ses hardiesses n’effrayent point le goût. […] On force une maison.
Force de la nature et faiblesse de l’homme ! […] Je dirigerai le peu de forces qu’il m’a données vers sa gloire2, certain que là gît la souveraine beauté et le souverain génie, là où est le Dieu qui a placé le cœur de l’honnête homme dans un fort inaccessible aux méchants3.
Dans les assemblées populaires, l’objet de la délibération étant presque toujours d’une clarté très facile à saisir, les raisonnements acquièrent de la force en raison de leur concision.
C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».
Cependant il se trouve qu’après avoir vécu onze cents ans plein de force et de crédit, après avoir été employé dans les plus importants traités et avoir assisté toujours honorablement dans le conseil de nos rois, il tombe tout d’un coup en disgrâce et est menacé d’une fin violente4.
Nous n’avons pas assez de force pour suivre toute notre raison.
cria-t-elle en se précipitant dans ses bras, et l’étreignant avec force, Orso !
Parmi les orateurs, Cicéron doit plus au beau que Démosthène, dont le génie se portait plus naturellement à la force et à la véhémence.
Il multiplie à tous propos les masses, les calculs, les forces, les plans, les ressorts, etc. ; c’est à tout moment la chaîne des devoirs, la chaîne des idées, la chaîne des temps, la chaîne des êtres, etc. ; le monde physique, le monde moral, le monde intellectuel, etc.
[Notice] Molière n’a pas seulement surpassé tous ses devanciers par la richesse de son invention et la force de sa verve comique ; il s’est encore placé, par la franchise nerveuse et l’originalité piquante de son style, au premier rang des écrivains qui ont illustré la grande époque où il a vécu.
Comme le sentiment de nos propres forces influe toujours sur nos opinions, le critique sans chaleur et sans imagination sentira faiblement des qualités qui lui sont trop étrangères.
L’ensemble de ce tableau est magnifique dans l’original : on voit le dieu s’avancer, on entend sonner ses traits dans son carquois ; mais le poète, épuisé par le luxe des détails, arrive presque sans force à l’objet principal de la description.
Là-dessus Malebranche a fort bien dit aussi, dans sa Recherche de la vérité : « La méthode la plus courte et la plus assurée pour découvrir la vérité, c’est d’écouter plutôt notre foi que notre raison, et tendre à Dieu, non tant par nos forces naturelles, qui depuis le péché sont toutes languissantes, que par le secours de la foi, par laquelle seule Dieu veut nous conduire dans cette lumière immense de la vérité qui dissipera toutes nos ténèbres. » 1.
Exemples : Quelle que soit votre force, quelles que soient vos richesses, vous ne devez pas vous enorgueillir ; votre puissance quelle qu’elle soit, ne vous donne pas le droit de mépriser les autres.
Un perroquet de l’équipage, A force d’entendre ces mots, Les retint, et les dit pendant tout le voyage.
On a un exemple de mœurs mauvaises gratuitement, dans le Ménélas de l’Oreste 6 ; de mœurs non convenables, dans les lamentations d’Ulysse, dans la Scylla, et dans les discours trop savants de Ménalippe ; et de mœurs inégales dans l’Iphigénie à Aulis : car Iphigénie est faible et suppliante au commencement, et à la fin elle est pleine de force et de courage. […] Les différences de ces éléments, dans leurs espèces, viennent des configurations de la bouche, des endroits où ils se forment, de la douceur ou de la force de l’aspiration ; de la longueur ou de la brièveté de leur prononciation ; de l’accent grave ou aigu, ou moyen, comme on peut le voir dans les arts métriques. […] Or ce qui est serré, arrondi en soi, a bien plus de force et d’effet que ce qui est étendu dans une longue durée.
Mais tout cela n’est que fumee : car les menaces ne sont que comme une ecume de l’orgueil de Moab4, qui n’ha point de force d’executer ce qu’il ha presumé.
Joubert a dit : « Qui n’a pas les faiblesses de l’amitié n’en a pas les forces. » 6.
Mais, là où la patrie est un temple vide, qui n’attend rien de nous que le silence et le passage, il se crée une oisiveté formidable, où la force des âmes, s’il leur en reste, se dépense à se flétrir1.
Ce grain d’or1, sous sa pâle écorce, C’est le germe de notre force, C’est notre sang et notre chair.
De cette disposition à saisir le ridicule la comédie tire sa force et ses moyens. » C’est vraiment commenter notre philosophe.
Ainsi, moral, intéressant, fécond, proportionné aux forces de l’écrivain et à la forme adoptée, qualités souveraines du sujet, auxquelles on pourrait en ajouter d’autres.
M. le prince le dit au roi fort tristement : on dit que c’était à force d’avoir de l’honneur à sa manière ; on le loua fort, on loua et l’on blâma fort son courage1.
L’envie est une passion désordonnée qui ne peut souffrir ni grâce ni vertu dans les âmes : il n’y a point d’autorité, point de réputation, point de bonheur qu’elle n’étouffât, si elle pouvait, dès leur naissance Comme elle n’a pas toujours la force en main, elle s’aide de tous les artifices de la langue : soit qu’elle cherche à détruire un crédit qui lui fait ombrage, à ternir une gloire qui brille un peu trop à son gré, à ruiner une fortune dont les débris peuvent servir à grossir la sienne, à décrier une probité qui lui fait obstacle dans ses prétentions, quoique injustes ; le moyen ordinaire et le ressort presque universel dont elle se sert, c’est la médisance et la calomnie : ce sont les préventions qu’elle donne, ce sont les piéges qu’elle tend, ce sont les coups qu’elle frappe contre l’honneur et le repos de ses rivaux.
Dis-nous quel feu divin, dans tes fécondes veilles, Dis tes expressions enfante les merveilles ; Quels, charmes ton pinceau répand dans tous ses traits, Et quelle force il mêle à ses plus doux attraits.
Peintre romanesque, moraliste poëte, disciple de Rousseau, dont il n’a pas la force, mais qu’il surpasse par la portée morale de son talent, Bernardin est le précurseur de M. de Chateaubriand.
. — Vir, homme, tiré de la racine primitive vi, force, désigne un homme fort, courageux ; et, par analogie, un homme de cœur, un homme de mérite.
— Tiens, mon unique enfant, mon fils, prends ce breuvage ; Sa chaleur te rendra ta force et ton courage.