Durant les troubles de la Fronde, il sortit deux fois du royaume pour y rétablir le calme, mais sans rien perdre de son crédit sur l’esprit de la reine-régente.
La république perdit en eux ses derniers défenseurs. […] La fable dit aussi qu’Orphée ayant perdu sa femme Euridice, descendit aux enfers, où, par les accords de sa lyre et la douceur de son chant, il fléchit Pluton, qui la lui rendit. Mais il eut la douleur de la perdre une seconde fois, n’ayant pas rempli la condition qui lui avait été imposée, de ne pas tourner la tête pour la regarder jusqu’à ce qu’il fût arrivé sur la terre. […] Ce sont l’Yssel, qui tombe dans le vieux Yssel à Doësbourg, et qui va se décharger dans le Zuiderzée, golfe de la mer du Nord ; le Vecht, qui se jette dans le même golfe à Muyden, non loin d’Amsterdam ; le Leck, qui se joint à la Meuse, au-dessous de Roterdam ; enfin le Rhin même, qui, après avoir baigné la ville de Leyde, se perd dans les sables de l’Océan à Catwich.
Ajax en devint si furieux, qu’il perdit l’usage de sa raison. […] Mais les consuls Paul Émile et Terentius Varron furent battus près de Cannes, petit bourg de la Pouille, et perdirent quarante mille hommes, parmi lesquels on comptait cinq mille six cent trente chevaliers, dont Annibal envoya les anneaux a Carthage. […] Le consul romain fit jeter sa tête encore toute sanglante dans le camp d’Annibal, qui, à cette vue, s’écria : En perdant Asdrubal, j’ai perdu tout mon bonheur, et Carthage toute son espérance. […] Dans un cours de plus de 50 lieues, du nord au sud, il traverse le lac de Génésareth, ou mer de Tibériade, et se perd dans le lac Asphaltite, appelé aujourd’hui Mer morte.
Il ne faut jamais perdre de vue qu’un dialogue est une conversation, et doit en reproduire les qualités naturelles, la vivacité, l’abandon, la simplicité. […] La rivière qui coulait à mes pieds, tour à tour se perdait dans les bois, tour à tour reparaissait toute brillante des constellations de la nuit, qu’elle répétait dans son sein. […] On voit la lune se jouer capricieusement dans les massifs d’arbres, la rivière qui brille, court, se perd dans les bois et va refléter plus loin les constellations de la nuit. […] Or, qu’on se persuade bien que ces contes seraient oubliés depuis longtemps, si les auteurs avaient dévié de ce but moral que tout écrivain ne doit jamais perdre de vue.
Il est peu probable qu’une laitière saute, lorsqu’elle porte son lait sur la tête ; mais celle-ci, tout occupée de ses rêves de fortune, oublie un instant le précieux liquide qu’elle va vendre à la ville ; la joie lui fait perdre la tête, et elle voit s’évanouir en un instant tout son bonheur. […] Vous savez mes sentiments là-dessus pour la personne qui la perd, et en particulier pour madame la chancelière : acquittez-moi donc de tous mes devoirs. […] Qui passe perd ; et les louanges sont des satires quand elles peuvent être soupçonnées de n’être pas sincères ; toutes les choses du monde sont à facettes. » Dans la lettre qui suit, madame de Maintenon félicite mademoiselle d’Osmond sur son mariage. […] Je devais, avant toute chose, vous recommander de songer toujours à votre salut, et de ne point perdre l’amour que je vous ai vu pour la religion.
Gresset s’en est souvent servi avec avantage : Dans maint auteur de science profonde J’ai lu qu’on perd à trop courir le monde ; Très rarement en devient-on meilleur : Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur. […] Notre hexamètre, dit le célèbre critique, naturellement majestueux, doit se reposer sur lui même ; il perd toute noblesse si on le fait marcher par sauts et par bonds ; si la fin d’un vers se rejoint souvent au commencement de l’autre, l’effet de la rime disparaît. […] Mais j’aperçois venir madame la comtesse De Pimbesche… Soudain le mont liquide élevé dans les airs Retombe… 2° Lorsqu’il y a une suspension subite dans le sens, lorsqu’on s’interrompt soi-même, ou que dans le dialogue on est interrompu par un autre : Faut-il qu’en ce moment un scrupule timide Perde… Mais quel bonheur nous envoie Atalide ? […] L’autre a peur de ramper, il se perd dans la nue.
La liberté de la tribune et de la presse, consacrée par nos lois et nos mœurs, semble donner toute licence à cet égard, et certains journaux de petit format, enfants perdus de la politique, ont amplement profité de la permission. Mais c’est par cela même que l’orateur et l’écrivain doivent se mettre en garde contre l’abus, et ne jamais perdre de vue ces excellents préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rien ajouter : « Nous avertirons l’orateur, dit Cicéron59, de n’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent, il manquerait aux convenances.
Car remarquez que, tout en s’individualisant, pour ainsi dire, le style ne perd pas ses caractères généraux. […] Premièrement : Ne perdez jamais de vue la relation intime et essentielle de l’expression avec l’invention.
j’ai pu le sauver et ne pourrais le perdre ! […] Analysez toutes ces figures, et vous conclurez que toutes se rattachent à l’ironie, en ce sens que l’idée exprimée n’y est pas à elle-même son but, et qu’il n’en est aucune à laquelle ne puisse s’appliquer le mot fameux de Talleyrand : « La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée. » Ne perdez pas de vue ce caractère de double entente ; c’est lui qui justifie non-seulement le rang que j’assigne à ces formes du discours, mais le nom même de figures que je leur donne.
Maillet, qui a perdu une assez grande fortune à Saint-Domingue, sans y prendre garde et sans pouvoir s’en souvenir, parce qu’il était occupé d’une fable de Phèdre, et que depuis il est perpétuellement aux prises avec une période de Cicéron, ou avec une des siennes ; M. […] Non, les amis que nous avons perdus ne sont point honorés par ces douleurs excessives, qui n’honorent personne, parce qu’elles supposent plus la faiblesse et l’entêtement des âmes qui les éprouvent que la grandeur des pertes qu’on a faites.
La scène eût perdu un grand nombre d’actions très belles et très intéressantes, si on n’eût pas élargi la carrière. […] En ce cas même, il est rare que le public entre soudain dans sa passion, et les mouvements qu’il exprime sont perdus ou nuisibles à l’effet des scènes suivantes. […] Esther sait que le roi Assuérus va perdre les Juifs : comment pourra-t-elle, faible comme elle est, seule, sans secours, s’opposer à cette puissance ? […] C’est ainsi que les parties de l’action seront bien liées, se presseront mutuellement, et se succéderont avec rapidité, selon ce précepte si sage de Boileau, qui demande Que l’action, marchant où la raison la guide, Ne se perde jamais dans une scène vide. […] La conjuration est découverte ; on croit tout perdu : Auguste accorde la grâce, et le cœur reprend son assiette et sa tranquillité.
Mais deux choses en ceci sont bien remarquables : l’une, que le soleil, quoiqu’éclipsé, ne perd rien du fond de ses lumières, et que malgré sa défaillance, il ne laisse pas de conserver la rectitude de son mouvement : l’autre, qu’au moment qu’il s’éclipse, c’est alors que tout l’univers est plus attentif à l’observer et à le contempler, et qu’on en étudie plus curieusement les variations et le système : symbole admirable des états où Dieu a permis que se soit trouvé notre Prince, et où je me suis engagé à vous le représenter. […] Un Dieu cruel a perdu ta famille, Reconnais sa vengeance aux fureurs de ta fille. […] Les siècles, les générations, les empires, tout va se perdre dans ce gouffre.
Le monde perd à être approfondi ; il n’a rien de riant que sa surface et le premier coup d’œil. […] « Rien n’est plus ordinaire que de vous entendre justifier vos animosités, en nous disant que cet homme n’a rien oublié pour vous perdre ; qu’il a fait échouer votre fortune ; qu’il vous suscite tous les jours des affaires injustes ; que vous le trouvez partout sur votre chemin, et qu’il est difficile d’aimer un ennemi acharné à vous nuire.
Tous ceux qui le furent ont perdu la vie par leur folle opiniâtreté, ou la doivent à votre clémence. […] Au milieu des horreurs de la guerre, dans la fermentation des esprits, dans le tumulte des armes, on devait s’attendre que la république, agitée par de violentes secousses, quel que fût l’événement, perdrait beaucoup de sa splendeur, de sa stabilité et de sa force : on devait s’attendre que les deux chefs, les armes à la main, se permettraient bien des excès qu’ils auraient condamnés au sein de la paix.
La rhétorique apprend surtout à distinguer l’esprit vrai du faux, à conserver dans la finesse le naturel et la sobriété, à ne pas être ingénieux hors de propos, à ne point tomber dans le prétentieux, à ne jamais perdre de vue le vers de Gresset : L’esprit qu’on veut avoir gâte celui qu’on a. […] Ecrivain, ne vous permettez jamais de raillerie offensante, et ne soyez pas de ceux qui perdraient vingt amis plutôt qu’un bon mot ; n’étendez point votre satire à une nation, à une fraction sociale tout entière, sans dire au moins un mot des exceptions : toute règle en a, et souvent de nombreuses ; Molière, qui sut distinguer si bien le vrai dévot du tartufe, devait croire que tous les médecins n’étaient pas des Diafoirus et des Purgon.
Ne perdons pas de vue un instant l’Être infini, puissant et bon, source éternelle de beauté, d’amour et d’intelligence ; c’est de lui que tout vient, c’est à lui que tout doit remonter par une aspiration naturelle d’adoration et de reconnaissance. […] Le goût est le bon sens du génie ; sans le goût, le génie n’est qu’une sublime folie. » Le goût a donc besoin d’être réglé, sinon il s’égare et se perd ; il prend l’enflure pour la noblesse, la trivialité pour le naturel, l’emphase des expressions pour la chaleur du sentiment : c’est alors le mauvais goût, résultat d’un jugement faux et d’un sentiment perverti.
La magistrature avait perdu la grande autorité qu’elle eut dans le seizième siècle : réduite au soin de la justice, elle n’opposait plus de résistance ni même de plainte ; elle était encore un exemple de probité antique ; elle n’était plus la sauvegarde des libertés que ses pères avaient défendues ; Lamoignon avait le profond savoir et la vertu, mais non le patriotisme de l’Hôpital et d’un Molé. […] Quelquefois une idée perdue dans l’antiquité devenait le fondement d’un monument immortel.
Philinte représente aussi, dans un autre genre, la modération, mais il perd un peu de notre estime en raison de son scepticisme qui est, plus que la charité, le fond de son caractère. […] Au premier moyen, il faut objecter qu’une langue qui s’accroîtrait indéfiniment sans rien perdre, s’encombrerait au lieu de s’enrichir, et ne se renouvellerait pas. […] Or, est-il vrai qu’en raisonnant ainsi sur notre impression première, en cherchant le pourquoi de nos admirations, nous en détruisions tout le charme, nous en perdions toute la saveur ? […] Que tous les cœurs étaient serrés, à la vue de ces deux amants dont le bonheur est à jamais perdu ! […] — Chimène, qui l’eût dit, Que notre heur fût si proche et si tôt se perdit !
Dès lors tout est perdu ; partout île sanglantes guerres civiles, partout d’effroyables massacres. […] Vous voyez tout ce qu’il a perdu pour Ithaque, qu’il n’a pu revoir. […] Consolez-vous de l’avoir perdu, puisque vous trouvez une divinité prête à vous rendre heureux, et un royaume qu’elle vous offre. […] Devant un de ces autels de deuil, le roi Jacques priait avec ferveur : « Je te rends grâces, ô mon Dieu, s’écriait-il, de ce que tu m’as ôté mes trois royaumes ; tu m’as ainsi réveillé de la léthargie du péché : si ta bonté ne m’avait pas tiré de cet état de misère, j’étais à jamais perdu ; je te rends aussi mes très humbles actions de grâces de ce que, par ton infinie miséricorde, tu m’as exilé dans un pays étranger où j’ai appris mon devoir et le moyen de le pratiquer. » Et le chœur de l’église répétait, avec le son rauque du serpent, l’hymne antique : Vexilla regis prodeunt.
Plus de chant : il perdit la voix Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines. […] Tel paraît à nos yeux le plumage du paon, lorsqu’il se promène paisible et seul dans un beau jour de printemps ; mais si sa femelle vient tout à coup à paraître, si les feux, de l’amour, se joignant aux secrètes influences de la saison, le tirent de son repos, lui inspirent une nouvelle ardeur et de nouveaux désirs, alors toutes ses beautés se multiplient, ses yeux s’animent et prennent de l’expression, son aigrette s’agite sur sa tête et annonce l’émotion intérieure ; les longues plumes de sa queue déploient en se relevant leurs richesses éblouissants ; sa tête et son cou, se renversant noblement en arrière, se dessinent avec grâce sur ce fond radieux, où la lumière du soleil se joue en mille manières, se perd et se reproduit sans cesse, et semble prendre un nouvel éclat plus doux et plus moelleux, de nouvelles couleurs plus variées et plus harmonieuses ; chaque mouvement de l’oiseau produit des milliers de nuances nouvelles, des gerbes de reflets ondoyants et fugitifs, sans cesse remplacés par d’autres reflets et d’autres nuances toujours diverses et toujours admirables. […] Il y a bien entre les escarpements et les abîmes, suspendu sur les torrents, dominé par les crêtes d’où roulent à flots les neiges humides et taillé dans les anfractuosités de la roche vive, un sentier qui monte pendant plusieurs lieues, roide, inégal, étroit jusqu’à n’avoir parfois que deux pieds à peine, tournant à angles si aigus qu’on marche droit au gouffre, et glissant, chargé de frimas, perdu, d’intervalle en intervalle, sous les avalanches. […] Il pense que l’écrivain perd son temps à faire des combinaisons de mots inutiles ; que ce n’est point là du style, mais l’ombre du style : Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes du ne manière singulière ou pompeuse : rien ne dégrade plus l’écrivain.
La Parque à filets d’or n’ourdira point ma vie ; Je ne dormirai point sous de riches lambris : Mais voit-on que le somme en perde de son prix3 ? […] Plus de chant : il perdit la voix Du moment qu’il gagna ce qui cause nos peines4. […] l’aurais-je perdu ? […] j’ai tout perdu.
Il suit de là que, sans perdre de vue l’indication du sujet, on doit comprendre dans les éléments de l’exorde les dispositions à inspirer aux auditeurs ou aux lecteurs. […] Sans perdre le temps à les feuilleter, que le professeur relise à ses élèves les discours de Petit-Jean et de l’Intimé dans cette charmante parodie que Racine a intitulée les Plaideurs.
Ecrive qui voudra : chacun à ce métier Peut perdre impunément de l’encre et du papier. […] Mais c’est un jeune fou qui se croit tout permis, Et qui pour un bon mot va perdre vingt amis1 Il ne pardonne pas aux vers de la Pucelle, Et croit régler le monde au gré de sa cervelle.
Il trouve l’invention de dépenser sans paraître, de perdre sans jouer, et de payer sans s’acquitter. […] Il me pria de vous dire mille amitiés, et la bonne d’Elbeuf, qui perd tout, aussi bien que son fils.
Les modernes ont l’esprit d’analyse et d’observation joint à un goût minutieux et raffiné ; ils s’arrêtent curieusement autour de chaque objet, et ne l’abandonnent souvent qu’après en avoir épuisé la peinture ; ils aiment à se perdre dans les détails, dans la contemplation vague et la rêverie mélancolique : c’est de cette tendance qu’est né le genre descriptif en vers comme en prose.
Ce vaste génie, qui embrassa toutes les sciences, et qui fit toujours preuve d’une incontestable supériorité, a laissé un art poétique, en prose, dont une partie est perdue.
il m’en souvient : le jour que son courage Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas, Il demanda son fils et le prit dans ses bras : « Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes, J’ignore quel succès le sort garde à mes armes ; Je te laisse mon fils pour gage de ma foi : S’il me perd, je prétends qu’il me retrouve en toi. […] Je n’ai donc traversé tant de mers, tant d’États, Que pour venir si loin préparer son trépas, L’assassiner, le perdre ?
4° Pensées fines Les pensées fines déguisent par un tour adroit un sentiment ou une réflexion qui perdrait à se montrer dans tout son jour. […] Du magnanime Henri qu’il contemple la vie ; Dès qu’il put se venger il en perdit l’envie : Inspirez à Louis cette même douceur : La plus belle victoire est de vaincre son cœur.
Moi, je sais mieux la vie ; et je pourrai te dire, Quand tu seras plus grande, et qu’il faudra t’instruire, Que poursuivre l’empire, et la fortune et l’art, C’est folie et néant ; que l’urne aléatoire2 Nous jette bien souvent sa honte pour la gloire, Et que l’on perd son âme à ce jeu de hasard ! […] Certaines éditions portent : sans jamais perdre terre.
Les lieux exercent une influence sur ceux qui les habitent : glissons ici une description de la Chenaie, faite par Maurice de Guérin : « Nous sommes entourés, cernés, pressés et comme étouffés par les bois ; les mouvements du terrain sont si légers que c’est presque une plaine, en sorte qu’il est rare de trouver un horizon un peu large, et, quand on le trouve, c’est l’immense uniformité que présente la surface des forêt ; les arbres gris se perdent dans un ciel gris. […] Écrivant à M. de Vitrolles, qui avait perdu sa fille, Lamennais disait : « Il n’y a qu’un voile entre elle et nous.
Les ignorants y puisent des connaissances générales, et les savants y retrouvent certains faits dont ils avaient perdu le souvenir. […] Environ 150 ans après, Justin en donna un Abrégé, qui fit perdre l’histoire même. […] Les deux premiers ont été perdus, ainsi que la fin du cinquième et le commencement du sixième : Freinshemius y a fait des suppléments.
On ne perdra pas de vue qu’aux termes de l’instruction générale du 15 novembre 1854 on doit expliquer le français dans les classes1 : ce qu’on s’était trop généralement borné à faire jusqu’ici pour le latin et pour le grec.
A certaines vérités rudes, mais tempérées par la bonhomie et la belle humeur, on reconnaît le roi qui fait fi de la rhétorique, porte l’épée au côté, sait mener son monde et le ranger à l’obéissance, est passé maître dans l’art de gagner les esprits et de séduire les plus récalcitrants, possède l’expérience des hommes, ne dédaigne pas la ruse quand la loyauté serait peine perdue, et mêle l’adresse aux bons propos, à l’indulgence, à une bonté vraie quoique toujours très clairvoyante.
Les dégouts du poëte Muses, gardez vos faveurs pour quelque autre ; Ne perdons plus ni mon temps, ni le vôtre, Dans ces débats où nous nous égayons.
Comme on peut dire qu’il n’y eut plus de Grecs ni de Romains, dès l’instant qu’il ne fut plus permis, à Athènes ou à Rome, d’exposer publiquement, et de défendre avec courage les intérêts de la liberté et la forme du gouvernement ; on peut dire aussi que tout fut perdu pour l’éloquence, dès qu’il n’y eut plus de peuples essentiellement libres.
Les avocats Vous ne sçauriez veoir rien au monde si impudent, ny si hardy à mettre en avant ung faulx faict et une menterie en plein barreau ; ilz ont des fronts d’acier3, et, n’ayant point d’apprehension de perdre leur honneur, tout leur est indifferent, pourveu que rien ne tourne à leur dommaige.
Mais ce fut en vain ; François de Sales aima mieux rester catéchiste populaire dans l’humble diocèse auquel il rendit son unité perdue.
Il y a un air qui convient à la figure et aux talents de chaque personne : on perd toujours, quand on le quitte pour en prendre un autre.
Le vent ayant beaucoup fraîchi4 cette nuit, une de nos canonnières qui étaient en rade a chassé, et s’est engagée sous des roches à une lieue de Boulogne ; je l’ai crue perdue corps et biens, mais nous sommes parvenus à tout sauver.
Non, je ne suis pas faible assez Pour regretter des jours stériles, Perdus bien plus tôt que passés Parmi tant d’erreurs inutiles. […] Enfin, leur maître croyait tout perdu, il y a trois mois ; il voulait mourir, il me faisait ses adieux en vers et en prose ; et le voilà qui, par sa célérité et par la discipline de ses soldats, gagne deux grandes batailles en un mois, vole aux Autrichiens, reprend Breslau, a plus de quarante mille prisonniers, et fait des épigrammes.
Il faut donc supprimer tous les mots qui n’ajoutent rien à l’idée : en multipliant les adverbes, les épithètes, les synonymes, les parenthèses, vous allongez vos phrases outre mesure, vous lassez l’attention et vous faites perdre de vue la pensée principale. […] On perd, en les lisant, ces sentiments nobles et généreux sans lesquels il est impossible d’exceller dans la poésie ou l’éloquence. […] Vous feriez de vains efforts pour retrouver alors la veine que vous avez perdue. […] Si l’on reprend un ouvrage interrompu, Quintilien veut qu’on relise avec soin ce qu’on avait, déjà écrit, et qu’on s’en pénètre jusqu’à ce qu’on ait retrouvé la chaleur que l’interruption nous avait fait perdre. […] On voit beaucoup de jeunes gens qui remontent trop haut, se perdent en longs préliminaires, et ne donnent pas ensuite aux faits essentiels les développements convenables.
. — « Aristote ne juge point à propos d’entrer dans cette question, que peut-être il traitait dans ce que nous avons perdu.
Cette exclamation pourrait se traduire par un long discours ; mais la pensée ainsi délayée perdrait toute son énergie. […] Il en devait coûter une vie que chacun de nous eût voulu racheter de la sienne propre ; et tout ce que nous pouvions gagner ne valait pas ce que nous allions perdre. […] Comment se faire aimer, sans perdre un peu de l’activité, et relâcher de la discipline nécessaire ? […] Elle ne savait pas que le prince qui lui fit perdre tant de ses vieux régiments à la journée de Rocroi en devait achever les restes dans les plaines de Lens. […] Pour s’en convaincre, qu’on dépouille du nombre un morceau quelconque où il est bien observé, tel que celui de la mort de Turenne ou le supplice de Gavius, et on verra que la pensée, lorsque le développement n’en est pas gradué, marqué et soutenu par le nombre, perd beaucoup de sa force.
L’éducation, sans cela, se passerait en argumentation, et tout serait perdu, si tous les maîtres n’étaient pas de bons ergoteurs. » 1.
La pauvre femme pleurait, l’ayant perdue, et Fénelon essayait de la consoler : « Je vous en achèterai une autre. — Ah !
Ainsi disparaîtra du langage ce vague où l’esprit se perd avant d’avoir pu saisir la pensée de celui qui parle ; les mots n’en imposeront plus, et l’on saura, par exemple, qu’une beauté est sentimentale, quand elle réunit tout ce qui est capable de réveiller en nous le sentiment du beau. […] Voyez ce faible enfant que le trépas menace, Il ne sent plus ses maux quand sa mère l’embrasse : Dans l’âge des erreurs, ce jeune homme fougueux N’a qu’elle pour ami, dès qu’il est malheureux : Ce vieillard, qui va perdre un reste de lumière, Retrouve encor des pleurs en parlant de sa mère.
Adieu, flots, dont le cours tranquille, Couvert de berceaux verdoyants, A ma nacelle, d’île en île, Ouvrait mille sentiers fuyants1, Quand, rêveuse, elle allait sans guide Me perdre, en suivant vos détours, Dans l’ombre d’un dédale humide, Où je me retrouvais toujours.
Bientôt la Grèce perdit sa liberté.
C’est donc un point essentiel de n’arrêter l’esprit que sur des circonstances qui ennoblissent l’idée première, et de ne jamais surtout la perdre de vue, en s’égarant de métaphore en métaphore. […] Nous en offrirons un exemple frappant dans ce morceau du Paradis perdu. […] L’on sent combien cette circonstance de mettre son paquet dans le bateau et d’attendre le vent, affaiblit la première idée, et lui fait perdre de dignité.
C’est un athlète qui s’est élancé dans la carrière, et qui doit toujours courir avec la même vitesse : s’il ralentit sa course, il perd la couronne qui l’attendait. […] Quoi de plus plaisant et de plus gai que ce couplet sur Villeroi, fait prisonnier dans Crémone : Palsembleu, la nouvelle est bonne, Et notre bonheur sans égal : Nous avons recouvré Crémone, Et perdu notre général. Ce tour d’esprit n’a rien perdu dans la suite, et est toujours resté le même en France : témoin ce couplet sur la déroute de Rosbach, si prompte et si imprévue ; c’est le général qui parle : Mardi, mercredi, jeudi, Sont trois jours de la semaine ; Je m’assemblai le mardi ; Mercredi, je fus en plaine : Je fus battu le jeudi.
Depuis que tu n’es plus, la campagne déserte A dessous3 deux hivers perdu sa robe verte, Et deux fois le printemps l’a repeinte de fleurs, Sans que d’aucun discours ma douleur se console, Et que ni la raison, ni le temps qui s’envole.
Il y procédait pourtant d’une vitesse toujours égale, et trouvait moyen, sans perdre un coup de dent, de me donner louanges sur louanges, ce qui me rendait fort content de ma petite personne, il buvait aussi fort souvent : tantôt c’était à ma santé, et tantôt c’était à celle de mon père et de ma mère4, dont il ne pouvait assez vanter le bonheur d’avoir un fils tel que moi.
Il n’y a pas chez lui un mot de perdu.
Vous perdrez des amis, les seuls amis qu’on soir sûr de garder toute sa vie2.
Si vous prenez trop d’essor, on vous perd de vue ; si vous rasez la terre, vous êtes plat et rampant. […] En effet, à force de penser délicatement, on se perd dans ses idées ; et, croyant mettre sur le papier une pensée délicate, on n’y jette que des mots dépourvus de sens. […] — Je gémis, j’ai perdu ma compagne fidèle.
Encore une rature laisserait-elle quelques traces du moins d’elle-même, au lieu que ce dernier moment qui effacera d’un seul trait toute votre vie, s’ira perdre lui-même avec tout le reste dans ce grand gouffre du néant ; il n’y aura plus sur la terre aucuns vestiges de ce que nous sommes.
On m’a souvent pour une obole, J’exige des soins assidus : Si l’on me perd, on se désole ; Si l’on me gagne, on ne m’a plus.
» lui répondis-je ; et dans la vérité, je croyais que tout le monde avait perdu le sens.
Je n’ai jamais pu croire non plus qu’elle perde sa faculté de raisonner, lorsqu’elle vient à se séparer d’un être incapable de raisonnement. […] — Mais si la foi du serment, si la religion, si la piété sont sans force auprès de toi, poursuis ton projet, mais tremble de te perdre en l’exécutant. — Insensé !
On le perd de vue ; on n’est occupé que de Philippe qui envahit tout.
Les poètes anciens ont beau tout remplir de leur Jupiter, Jovis omnia plena, l’idée de l’immensité les accable, et leur génie étonné s’y perd.
Et depuis qu’il a perdu le vrai bien, tout également peut lui paraître tel, jusqu’à sa destruction propre, quoique si contraire à Dieu, à la raison et à la nature tout ensemble… C’est en vain, ô hommes, que vous cherchez dans vous-mêmes le remède à vos misères.
…………………………………………………………………………… Dans maint auteur de science profonde J’ai lu qu’on perd à trop courir le monde ; Très-rarement en devient-on meilleur4 : Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur.
Vous êtes assurément très-désagréable à Dieu ; voyez son exemple ; vous savez l’Évangile par cœur ; à quoi vous serviront tant d’instructions, si vous vous perdez comme Lucifer ?
Aussitôt qu’elles perdirent leurs forces, celle des empereurs s’évanouit, et elle s’évanouit par le moyen de ceux mêmes qui, s’étant rendus maîtres de leur sceau et de leurs armes par la faveur qu’ils avaient auprès d’eux, convertirent en leur propre substance celle de leurs maîtres, dont ils firent leur proie, à l’abri de ces lois anéanties.
Plaignons, et plaignons bien sincèrement ceux pour qui de semblables morceaux perdraient de leur mérite réel, par cela seul qu’ils appartiennent à la religion, qu’ils la prouvent, et qu’ils sont d’un de ses plus illustres fondateurs.
…………………………………………………………………………………… Assise dans ce cirque où viennent tous les rangs Souvent baîller en loge, à des prix différents, Chloris n’est que parée, et Chloris se croit belle : En vêtements légers l’or s’est changé pour elle ; Son front luit, étoilé de mille diamants ; Et mille autres encore, effrontés ornements, Serpentent sur son sein, pendent à ses oreilles ; Les arts, pour l’embellir, ont uni leurs merveilles : Vingt familles enfin couleraient d’heureux jours, Riches des seuls trésors perdus pour ses atours.
Peu de temps après son arrivée en cette ville, il eut le chagrin de perdre sa femme.
Je voy je ne sçai quels degoustez de nostre noblesse qui parlent de conserver la religion et l’Estat tout ensemble : et que les Espagnols perdront à la fin l’un et l’autre si on les laisse faire.
De là viennent ses erreurs, ses ignorances, ses grossièretés et ses niaiseries sur son sujet ; de là vient qu’il croit que ses sentiments sont morts lorsqu’ils ne sont qu’endormis, qu’il s’imagine n’avoir plus envie de courir dès qu’il se repose, et qu’il pense avoir perdu tous les goûts qu’il a rassasiés.
Voici la substance de son raisonnement : — Nous perdons un temps précieux à discuter le plan de M.
Jamais il ne perd de vue le devoir sacré qui lui est imposé, l’initiation de la jeunesse chrétienne aux vérités de la foi et à la pratique des devoirs qu’impose l’Évangile.
Nous lui avons déjà perdu le respect en mêlant les grands sentiments du tragique aux bas sentiments de la comédie.
Les jeunes gens ne doivent pas s’étonner si on leur interdit ces frivoles et dangereuses lectures : leur cœur et leur esprit n’y peuvent rien gagner, ils ont tout à y perdre.
On soupa, il y eut quelques tables où le rôti manqua, à cause de plusieurs dîners à quoi2 l’on ne s’était pas attendu ; cela saisit Vatel, il dit plusieurs fois : « Je suis perdu d’honneur ; voici un affront que je ne supporterai pas. » Il dit à Gourville : « La tête me tourne, il y a douze nuits que je n’ai dormi ; aidez-moi à donner des ordres » ; Gourville le soulagea en ce qu’il put.
Ses jours ont été pleins, selon les termes de l’Ecriture ; et, comme il ne perdit pas ses jeunes années dans la mollesse et dans la volupté, il n’a pas été contraint de passer les dernières dans l’oisiveté et dans la faiblesse4.
Je crois qu’enfin je perdrai patience.
Sujets à des altérations continuelles, les mots perdaient souvent leur figure, et une science nouvelle, la Grammaire, fut inventée afin de leur conserver une physionomie immuable autant que possible.
A la molle clarté de la voûte sereine Nous chauterons ensemble assis sous le jasmin, Jusqu’à l’heure où la lune, en glissant vers Misène, Se perd en pâlissant dans les feux du matin.
Sa vie fut plusieurs jours en danger, et il faillit perdre la vue.
À cette époque, n’avaient point encore paru la traduction des Géorgiques par Delille, qui joint au mérite d’une élégance et d’une harmonie soutenues, celui d’une fidélité qui tient quelquefois du prodige : sa traduction de l’Énéide, dans laquelle il y a beaucoup à reprendre, mais plus encore à admirer ; son Paradis Perdu, l’une des plus belles créations de la poésie française.
Elle soutiendra votre courage, elle ranimera vos défaillances, elle vous montrera un but que vous ne perdrez plus de vue dès que vous serez convaincus qu’on peut l’atteindre ; qui croit, espère ; habenda fides est vel in hoc ut, qui crediderit, et speret .
Je te perds.
Il s’exposerait en même temps à perdre l’estime et la confiance de ceux qui sont capables par eux-mêmes d’apprécier sa critique, en la comparant à l’ouvrage même.
« Je suis ravie, dit-elle, du Traité des moyens de conserver la paix avec les hommes : il nous découvre ce que nous n’avons pas l’esprit de démêler ou la sincérité d’avouer » ; et plus loin elle nous apprend encore qu’elle fait tous ses efforts afin d’y profiter, résolue qu’elle est, pour balancer les fâcheux effets du temps qui fuit, de travailler à son cœur et à ses sentiments, et de regagner par les bonnes qualités ce qu’on perd en vieillissant du côté des agréables.
Guitaut était nu en chemise, avec des chausses ; Mme de Guitaut était nu-jambes et avait perdu une de ses pantoufles ; Mme de Vauvineux était en petite jupe, sans robe de chambre ; tous les valets, tous les voisins en bonnet de nuit ; l’ambassadeur était en robe de chambre et en perruque, et conserva fort bien la gravité de la Sérénissime.
Vous êtes assurément très-désagréable à Dieu ; voyez son exemple ; vous savez l’Évangile par cœur ; à quoi vous serviront tant d’instructions, si vous vous perdez comme Lucifer ?
Celles qui se perdent n’ont rien devant Dieu qui leur reste, qui les marque, quelque signe de distinction que les hommes leur fassent ; car toute gloire humaine passe vite.
Si le gentilhomme est modeste, le poëte n’y perd rien, et c’est justice.
L’histoire est un enseignement L’histoire, occupée de faits changeant avec les siècles et selon les pays, souvent privée de documents qui se sont perdus, incertaine sur des intentions demeurées obscures, réduite à combler des lacunes, à supposer des volontés, ne saurait prétendre aux démonstrations que les sciences exactes puisent dans les faits invariables de la nature.
Ce mépris l’a perdu, et, en dépit de sa morale et de ses sages, il est mort inutile pour avoir vécu orgueilleux1.
Je l’avoue ; mais un autre excès plus dangereux encore, c’est l’audace effrénée de la raison, cette curiosité inquiète et hardie, qui n’attend pas, comme la crédulité stupide, que l’erreur vienne la saisir ; mais qui s’empresse d’aller au-devant des périls ; qui se plaît à rassembler des nuages, à courir sur le bord des précipices, à se jeter dans les filets que la justice divine a tendus, pour ainsi dire, aux esprits téméraires : là, vient ordinairement se perdre l’esprit philosophique.
Le parlement confirma la régence de la reine, mais sans limitation ; tous les exilés furent rappelés ; tous les prisonniers furent mis en liberté, tous les criminels furent justifiés, tous ceux qui avaient perdu des charges rentrèrent ; on donnait tout, on ne refusait rien, et madame de Beauvais, entre autres, eut permission de bâtir dans la place Royale.
Corneille comme un des plus rudes coups qui la pût frapper1 ; car bien que, depuis un an, une longue maladie nous eût privés de sa présence, et que nous eussions perdu en quelque sorte l’espérance de le revoir jamais dans nos assemblées, toutefois il vivait, et l’Académie, dont il était le doyen1, avait au moins la consolation de voir dans la liste où sont les noms de tous ceux qui la composent, de voir, dis-je, immédiatement au-dessous du nom sacré de son auguste protecteur2, le fameux nom de Corneille.
Je vise à la concision, je deviens obscur ; on court après la grâce : adieu le nerf et la chaleur ; tel vise au sublime, et se perd dans l’enflure ; par excès de prudence, et pour échapper à la tempête, celui-là se traîne terre à terre ; celui-ci croit trouver la variété dans le merveilleux, et son pinceau bizarre nous représente un dauphin dans les bois, un sanglier dans les flots. […] Quand, au déclin des années, les forêts perdent leurs feuilles, ce sont les premières venues qui tombent les premières ainsi passent les mots vieillis, tandis que les nouveaux s’épanouissent, tout brillants de force et de jeunesse. […] Il ne faut pas que vos Dieux et vos héros, quand on vient de les voir, tout brillants d’or et se pavanant sous la pourpre des rois, descendent à l’ignoble langage des tavernes enfumées ; ou que, par crainte de la terre, ils aillent se perdre dans les nues. […] — Mais ces bagatelles, malheureux, elles auront des suites funestes, en livrant à la risée publique votre ami perdu sans retour.