Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux ; lui qui est né pour aimer ; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même, qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer ; lui enfin à qui il a été déclaré « qu’on redemandera jusqu’à la dernière goutte du sang qu’il aura versé injustement1 » ? […] Duclos représentait ainsi le caractère français : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère ; il allie les qualités héroïques avec le plaisir, le luxe et la mollesse ; ses vertus ont peu de consistance, ses vices n’ont point de racines.
Le plaisir est commun aux hommes et aux bêtes. — 8. […] Le dégoût suit de près les plaisirs les plus vifs. — 11. […] Nous retirons un grand plaisir de l’étude des lettres. — 8. […] Les plaisirs détournent l’âme de la vertu. — 14. […] Nous retirons un grand plaisir de l’étude. — 2.
. = Je n’ai reçu aucune nouvelle qui me fasse plaisir. […] Il y en a d’autres qui ont un régime composé ; et alors le pronom, avec lequel ils se conjuguent, est en régime simple : = c’est un devoir de s’abstenir des plaisirs défendus ; c’est une vertu de se priver des plaisirs permis. […] Il est assez important d’observer cette règle, parce que le défaut de répétition du verbe rend souvent le sens d’une phrase, louche et obscur ; comme on le voit dans ce vers de la tragédie du Cid : L’amour n’est qu’un plaisir, et l’honneur un devoir. Le sens, en effet, que présente cette phrase ainsi construite, est celui-ci : l’amour n’est qu’un plaisir, et l’honneur n’est qu’un devoir. Or ce n’est certainement pas celui du poète, qui voulait dire : L’amour n’est qu’un plaisir ; l’honneur est un devoir.
Dans le dernier cas, on a le plaisir de la deviner ; dans le premier, celui de comparer les divers traits du récit avec le résultat. […] À d’autres. » Il poursuit, prend et pèse toujours Et mille et mille sacs, toujours trouvés trop lourds : Ceux-ci par des égards et la triste contrainte, Ceux-là par les vastes désirs ; D’autres par l’envie ou la crainte ; Quelques-uns seulement par l’ennui des plaisirs. […] Il sait régler ses goûts, ses travaux, ses plaisirs, Mettre un but à sa course, un terme à ses désirs. […] C’est surtout en parlant de la première qu’on a pu dire qu’il y a toujours dans le cœur du satirique un germe de cruauté qui se couvre de l’intérêt de la vertu, pour avoir le plaisir de déchirer au moins le vice95.
« Il y a véritablement un petit nombre de génies extraordinaires, que la nature prend plaisir à former, qui trouvent tout en eux-mêmes, qui savent ce qu’on ne leur a jamais enseigné, qui ne suivent pas les règles, mais qui les font et qui les donnent aux autres. — Quant à nous, qui sommes d’un ordre inférieur, si nous n’avons que nos propres forces, et si nous n’empruntons rien d’autrui, quel moyen qu’avec un seul jugement et un seul esprit, qui n’ont rien que d’ordinaire et de médiocre, nous contentions tant de différents esprits, tant de jugements divers, à qui nous exposons nos ouvrages ?
Chez les latins, l’élégie prit encore un autre ton ; elle chanta dans les vers de Tibulle et de Properce, les peines et les plaisirs de l’amour.
Quel plaisir, entouré d’un double paravent, D’écouter la tempête et d’insulter au vent ! […] La totalité des actions d’un héros, ce qu’on appelle une vie, ne peut pas non plus être la matière d’une épopée régulière, parce qu’une vie est un corps trop étendu pour qu’on puisse l’embrasser d’une seule vue, en saisir les rapports, les proportions, en voir la beauté ; parce que tout n’est pas héroïque dans la vie d’un héros ; enfin parce que les faits, n’y étant pas nécessairement enchaînés les uns avec les autres, aucun intérêt alors ne conduit le lecteur avec plaisir jusqu’au bout du poème. […] Ses mains, autour du trône avec confusion, Semaient la jalousie et la division, Opposant sans relâche, avec trop de prudence, Les Guises aux Condés et la France à la France ; Toujours prête à s’unir avec des ennemis, Et changeant d’intérêt, de rivaux et d’amis, Esclave des plaisirs, mais moins qu’ambitieuse, Infidèle à sa secte et superstitieuse, Possédant en un mot, pour n’en pas dire plus, Les défauts de son sexe et peu de ses vertus.
Une proposition : « Le démon tente surtout les grands ; » et une division : « Il les tente de trois manières : par le plaisir, par l’adulation, par l’ambition. » Ces deux formes ou compléments d’exorde se rencontrent chez presque tous nos prédicateurs. […] Car on éprouve du plaisir à mesurer le chemin qu’on a fait et rien n’anime plus à poursuivre ce qu’on a commencé, que de savoir ce qui reste à faire : on ne trouve jamais long ce dont on aperçoit le terme. » Quistil.
Quittez ces vains plaisirs dont l’appât vous abuse : A de plus doux emplois occupez votre Muse, Et laissez à Feuillet1réformer l’univers. […] L’air, qui gémit du cri de l’horrible déesse, Va jusque dans Cîteaux réveiller la Mollesse 3 C’est la qu’en un dortoir elle fait son séjour ; Les Plaisirs nonchalants folâtrent à l’entour.
Oui, ses œuvres ressemblent à la vie même de leur auteur qui, tour à tour moine, docteur et curé, fut avant tout poète, homme de libre étude et de libre plaisir. […] Cest arbre me seruira de bourdon et de lance. » Et l’arrachit14 facillement de terre, et en ousta15 les rameaux, et le para16 pour son plaisir… Gargantua venu à l’endroict17 du boys de Vede feut aduisé18 par Eudemon que dedans le chasteau estoit quelque reste des ennemys, pour laquelle chose sçauoir Gargantua s’escria tant qu’il peut : « Estez-vous1 là, ou n’y estez pas ?
C’est alors, en effet, que les hommes, blasés sur les plaisirs tumultueux et factices des cités, se reportent, par le souvenir, aux douces jouissances des temps primitifs ; ils éprouvent le besoin d’aller se retremper aux sources du beau et du vrai, c’est-à-dire dans la nature. !
C’est un homme que personne n’aime, qui lui-même n’aime que soi et son plaisir, et qui en fait profession avec impudence, un homme par conséquent inutile aux autres hommes, qui pèse à la petite société qu’il tyrannise, qui est vain, avantageux.
Tous peuvent penser et dire que tout est vanité dans ce monde, mais si cette triste vérité apparaît à un puissant roi, homme de génie ; si au milieu des grandeurs, des plaisirs, des études, chaque découverte, chaque succès, chaque volupté nouvelle la lui confirme, ce n’est plus une idée qu’il formulera, c’est un cri presque involontaire qui lui échappera : « O vanité des vanités ! […] Le poëte s’adresse à Dieu : Les ombres de la nuit à la clarté du jour, Les transports de la rage aux douceurs de l’amour, A l’étroite amitié la discorde et l’envie, Le plus bruyant orage au calme le plus doux, La douleur au plaisir, le trépas à la vie, Sont bien moins opposés que le pécheur à vous.
Quant à la sévérité du châtiment, je puis le dire ici : la mort est pour le malheureux qui gémit le terme seulement de ses douleurs, et non pas un supplice ; elle met fin à tous les maux des humains, qui ne voient au-delà ni peines à craindre ni plaisirs à espérer. […] » C’est à vous que je m’adresse ici, vous qui avez toujours moins chéri l’état, que vos palais, vos maisons de campagne et vos tableaux : voulez-vous conserver ces objets de votre attachement ; voulez-vous ménager la sûreté de vos plaisirs ? […] chacun de vous isole ses projets intéressés : chez lui, l’esclave de ses plaisirs ; ici, celui de l’or ou de la faveur.
Gardez ce souvenir d’un enseignement que vous avez accueilli avec plaisir, et que je vous ai donné avec bonheur. […] Fille d’Agamemnon, c’est moi qui, la première, Seigneur, vous appelai de ce doux nom de père ; C’est moi qui, si longtemps le plaisir de vos yeux, Vous ai fait de ce nom remercier les dieux, Et pour qui, tant de fois prodiguant vos caresses, Vous n’avez point du sang dédaigné les faiblesses. […] avec plaisir je me faisais conter Tous les noms des pays que vous allez dompter ; Et déjà, d’Ilion présageant la conquête, D’un triomphe si beau je préparais la fête.
C’est un plaisir inhumain, dit Quintilien (liv.
Nous sommes toujours excusés à vos yeux, et nous devons l’être sans doute ; car vous savez assez que chacun de nous s’estime d’autant plus qu’il vous voit et vous fréquente davantage ; et c’est encore une raison pour vous de vous prêter avec une nouvelle indulgence à ce plaisir toujours nouveau.
Le plus souvent la moralité termine l’apologue, pour laisser au lecteur le temps et le plaisir de la deviner : la fable y gagne en intérêt.
Un politique A Monsieur de Batz 5 Monsieur de Batz, j’ay entendu avecque plaisir les services que vous et Monsieur de Roquelaure1 avés faict à ceulx de la Religion, et la sauveté que vous particulierement avez donnee en vostre chasteau de Suberbie à ceulx de mon pays de Bearn, et aussy l’offre que je accepte pour ce temps de vostre dict chasteau.
Je vous avertirai que le monde est une figure trompeuse qui passe, et que vos richesses, vos plaisirs, vos honneurs passent avec lui. […] Ainsi, suivant saint Augustin, la prédication a trois fins : que la vérité soit connue, qu’elle soit écoutée avec plaisir, et qu’elle touche les cœurs. […] On lira du moins avec plaisir quelques lignes extraites du récit du supplice de Gavius. […] Chasles et Saint-Marc Girardin, sont certainement des morceaux d’éloquence académique très distingués, et qui seront toujours lus avec plaisir et profit.
« Sybarites tranquilles dans le sein de nos cités florissantes, occupés des raffinements de la mollesse, devenus insensibles à tout, et au plaisir même, pour avoir tout épuisé ; fatigués de ces spectacles journaliers, dont le moindre eût été une fête pour nos pères, et de ces repas continuels plus délicats que les festins des rois ; au milieu de tant de voluptés si accumulées et si peu senties, de tant d’arts, de tant de chefs-d’œuvre si perfectionnés et si peu considérés ; enivrés et assoupis dans la sécurité et dans le dédain, nous apprenons la nouvelle d’une bataille : on se réveille de sa douce léthargie, pour demander avec empressement des détails, dont on parle au hasard, pour censurer le général, pour diminuer la perte des ennemis, pour enfler la nôtre.
Il y a un ton, un accent pour la colère, et cet accent doit être vif, prompt et coupé ; il y en a un autre pour la douleur et la plainte : il est touchant, égal, mêlé de quelques interruptions, accompagné de gémissements ; un autre encore pour la crainte, humble, hésitant, bas et faible le ton de la violence est pressant, véhément, menaçant, impétueux ; l’accent du plaisir est doux, tendre, plein d’abandon ; le chagrin qui ne cherche point à inspirer la pitié, prend un ton grave, sombre, uniforme. » Telles sont les recommandations générales de Cicéron qui nous semblent fort utiles aux lecteurs ou aux orateurs qui ne veulent point affecter désagréablement leur auditoire par une prononciation froide ou monotone.
Dans la suite, le plaisir et l’agrément l’ont rendu commun. […] En troisième lieu, les figures nous procurent le plaisir de contempler, sans confusion, deux objets à la fois : l’idée principale, qui est le sujet du discours, et l’idée accessoire, qui lui donne la tournure figurée. […] C’est par métaphore que l’on dit : une moisson de gloire, l’or des moissons, les riantes prairies, une verte vieillesse, des flots d’harmonie, l’éclat de la vertu, la fleur des ans, l’ivresse du plaisir, la tendresse du cœur, le flambeau de la foi, etc. […] Si l’équité régnait dans le cœur des hommes, — si la vérité et la vertu leur étaient plus chères que les plaisirs, la fortune et les honneurs, 2. […] Si l’écrivain, et surtout le poète, pour décrire le plaisir, le bonheur, une suite d’objets agréables, emploie naturellement une suite de sons doux et coulants, il saura donner une cadence plus animée aux sensations vives, et trouver de longs mots et des mesures lentes pour les sujets tristes et mélancoliques.
Que le plaisir de nous entendre parler ne nous fasse jamais oublier que les auditeurs sont faciles à lasser ; que l’inconstance et la légèreté du plus grand nombre ne leur permettent pas de donner, à rien de sérieux, une attention longtemps suivie ; et lorsqu’une fois cette lassitude commence à se faire sentir, tout l’effet de notre éloquence devient absolument nul.
Notons aussi des termes de cour, de plaisir, de marine ou de commerce : affidé, camériste, camérier, escorte, carrosse, brigue, charlatan, carnaval, arlequin, cantonade, — escale, bastingages, bourrasque, boussole, — bilan, agio, banque, banqueroute. […] Nous voyons d’abord se produire une scolastique nouvelle, qui prétend créer d’emblée la langue française par un coup d’autorité, en lui imposant un dictionnaire grec et latin et une grammaire despotique, où l’ignorance de la philologie multiplie à plaisir les règles arbitraires. […] On disait de même, sans le moindre scandale, pâlir ou éclater quelque chose, pour faire pâlir et faire éclater ; il était permis également d’écrire : entrer un lieu, jouir un plaisir, user une faveur.
Il fallait dire : Je me plais en cette retraite : assis à mon aise et seul avec Racine et Fénélon, mes deux auteurs favoris, je les médite et les relis sans cesse avec un plaisir extrême. […] Le sourire de ses enfants, les bonds de ses agneaux, voilà ses plaisirs. […] Cette image fait plaisir, elle disparaîtrait si l’on disait simplement : La nuit vient. […] Par elles on charme l’esprit, on intéresse le cœur, et on se fait lire avec plaisir. […] Le plaisir (la joie vive) bondit, pétille, éclate, se rit des obstacles et de l’avenir, se joue des règles et du temps, s’évapore en saillies, écarte les réflexions, appelle les sentiments.
Bienfait du créateur, qui daigna nous choisir, Pour première vertu notre plus doux plaisir ! […] Mais le cœur, mais le sentiment n’y trouveront rien, absolument rien, et n’en reviendront qu’avec plus de plaisir au morceau délicieux que nous venons de citer.
Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux ; Ces deux divinités n’accordent à nos vœux Que des biens peu certains, qu’un plaisir peu tranquille ; Des soucis dévorants c’est l’éternel asile, Véritable vautour, que le fils de Japet Représente, enchaîné sur son triste sommet. […] Rapportera-t-on éternel asile à biens et plaisir ?
Dans une autre lettre à madame de Senfft, je lis encore : « Je prends un plaisir extrême à voir cette vie passer comme l’oiseau qu’on entrevoit à peine, et qui ne laisse point de trace dans les airs ; et quand après cela j’arrête mes regards sur cette immense éternité, fixe, immobile, vaste comme mon cœur, inépuisable comme ses désirs, je voudrais m’élancer dans ses profondeurs.
Ce sont les lamentations d’une héroïne de roman, qui, née en Italie, a le goût des lettres, des arts, et se trouve condamnée par son mariage au séjour d’une petite ville d’Angleterre où des commérages vont remplacer pour elle les plaisirs de l’esprit.
Ils doivent aimer à faire plaisir ; or il faut qu’ils châtient souvent, et perdent des gens à qui naturellement ils veulent du bien.
Mais il n’en écouta aucune, et se livra tout entier au plaisir de la chasse. […] Sybaris, ville qui n’existe plus, et dont les habitants, entièrement livrés à la mollesse, passaient leur vie dans les plaisirs. […] Elle est toujours accompagnée des grâces, des ris, des jeux, des plaisirs et des attraits dont elle était la mère.
Le Sénat reste indécis et comme paralysé par l’éloquence habile de César, jusqu’à ce que Caton se lève : — « Voulez-vous conserver vos biens, vos maisons, vos statues, vos tableaux, votre vie et vos plaisirs que vous aimez plus encore que la vie, prenez une résolution énergique. […] Je ferais volontiers ce travail avec vous, et je crois que nous y trouverions plaisir et profit.
Mais ce Cupidon ne demandait pas une maison prostituée au plaisir, ni des leçons de débauches ; il se plaisait dans cette chapelle héréditaire. […] Il ordonne aux magistrats de la faire ôter de sa place, de la lui donner, et leur déclare qu’ils ne peuvent lui faire un plus grand plaisir. […] Et ce magnifique buste de marbre de Paros que nous allions voir avec plaisir au temple de Proserpine, n’avez-vous pas eu la hardiesse de l’emporter ? […] Quand donc a-t-il privé quelqu’un du plaisir et de la liberté de voir tous ceux qu’il avait pris ? […] À répandre le sang innocent vous avez à la fois trouvé plaisir et profit. » Si votre père, Verrès, vous faisait de pareils reproches, pourriez-vous lui demander pardon ?
Use de sa bienveillance Et lui donne ce plaisir, Qu’elle suive ta vaillance A quelque nouveau désir.
Je disais donc que mes aventures sont diverses et intéressantes ; il y a plaisir à les entendre, et plus encore, je m’imagine, à vous les conter.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Multipliez vos jours, comme les cerfs et les corbeaux que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ?
Voici comme Fontenelle décrit le goût d’un célèbre naturaliste pour la botanique : « On n’aura point de peine à s’imaginer qu’il s’occupait avec plaisir de tout ce qui avait du rapport avec l’objet de son amour.
L’énigme est la définition ou la description d’une chose en termes vagues et détournés, qui laissent à l’esprit le plaisir de la deviner.
Par elles, dit Saint-Simon, qui nous a laissé un récit touchant de ces catastrophes, « s’éclipsèrent joie, plaisirs, amusements même, et toutes espèces de grâces : si la cour subsista encore, ce ne fut plus que pour languir ».
Toujours tu prends plaisir à nous être propice ; Mais j’ai tant fait de mal que jamais ta bonté Ne me pardonnera sans blesser ta justice.
M. de Lisieux prit plaisir aux violons ; Madame de Vendôme ne se lassait point de voir danser mademoiselle sa fille4, qui dansait pourtant toute seule ; enfin, l’on s’amusa tant, que la petite pointe5 du jour (c’était dans les plus grands jours d’été) commençait à paraître quand on fut au bas de la descente des Bonshommes.
Suivent les autres qui plus ou moins s’y rattachent, qui profitèrent en le lisant, et y goûtèrent un quart d’heure de plaisir ; ceux qu’il a guéris un moment du solitaire ennui, ceux qu’il a fait penser en les faisant douter ; La Fontaine, madame de Sévigné comme cousine et voisine ; plusieurs, entre lesquels La Bruyère, Montesquieu et Jean-Jacques, qu’il a piqués d’émulation, et qui l’ont imité avec honneur ; — Voltaire, à part, au milieu ; — beaucoup d’autres dans l’intervalle, pêle-mêle, Saint-Évremond1, Chaulieu2, Garat3… j’allais nommer nos contemporains.
L’ambition L’ambition montre à celui qu’elle aveugle, pour terme de ses poursuites, un état florissant où il n’aura plus rien à désirer, parce que ses vœux seront accomplis, où il goûtera le plaisir le plus doux pour lui, et dont il est le plus sensiblement touché ; savoir, de dominer, d’ordonner, d’être l’arbitre des affaires et le dispensateur des grâces, de briller dans un ministère, dans une dignité éclatante ; d’y recevoir l’encens du public et ses soumissions ; de s’y faire craindre, honorer, respecter.
Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre, Voir ses maisons en cendre, et tes lauriers en poudre, Voir le dernier Romain à son dernier soupir, Moi seule en être cause, et mourir de plaisir ! […] Ou voit avec quel plaisir il s’arrête au tableau de l’homme vertueux, avec quelle horreur il glisse sur celui du méchant.
Il a suffi aux plaisirs et à l’enseignement des plus raffinés comme des plus simples. […] Mais il est nécessaire Qu’on en fasse un plaisir, et non pas une affaire.
Mais, malgré les orages de la liberté, les grands intérêts, et le plaisir de gouverner par la parole un peuple libre, il n’y eut pas, avant Caton, un orateur que l’on pût citer.
Souvenez-vous que dans la vie Sans un peu de travail, on n’a point de plaisir.
Vous devez même éviter avec soin de paraître vouloir dogmatiser : c’est caractère qui ne convient point à un jeune homme, et qui ne sert qu’à donner à des libertins le plaisir de le tourner en ridicule, et que quelquefois même la religion avec lui.
Je n’ai pu résister au plaisir de me vanter de vos bontés, et un passant a dit : « J’en retiens part. » S’il arrivait en effet que ce jeune homme fût sage, serviable, instruit, et, qu’allant en ambassade, vous eussiez besoin de lui, informez-vous-en au noviciat des jésuites : il a été deux ans novice.
Il était beau, brillant, leste et voltage, Aimable et franc, comme on l’est au bel âge, Né tendre et vif, mais encore innocent : Bref, digne oiseau d’une si sainte cage, Par son caquet digne d’être en couvent… Admis partout, si l’on en croit l’histoire, L’oiseau chéri mangeait au réfectoire : Là tout s’offrait à ses friands désirs ; Outre qu’encor pour ses menus plaisirs, Pour occuper son ventre infatigable, Pendant le temps qu’il passait hors de table, Mille bonbons, mille exquises douceurs, Chargeaient toujours les poches de nos sœurs.
Votre lettre, Monsieur, est arrivée aussitôt que moi, et j’ai reçu avec plaisir les marques de votre amitié.
J’ai été jeune et jolie, j’ai goûté des plaisirs : j’ai été aimée partout ; dans un âge un peu plus avance, j’ai passé des années dans le commerce de l’espris ; je suis venue à la faveur, et je vous proteste, ma chère fille, que ces états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement ; on n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu. » 1.
» Le père méditait une réponse sage, Lorsque son fils cadet, transporté de plaisir, Après tant de travail, d’avoir pu parvenir A placer son second étage, S’écrie : « Il est fini !
L’amour n’est qu’un plaisir, l’honneur est un devoir. […] J’embrasse le plaisir, et n’esprouve qu’ennuis, Je n’ayme à discourir, en raison je me fonde : J’ay le corps maladif, et me fault voyager, Je suis né pour la muse, on me fait mesnager : Ne suis-je pas [Morel] le plus chétif du monde ? […] Ni trop lente ni trop rapide, elle doit être ménagée avec intelligence, autant pour le plaisir de l’auditeur que pour le soulagement de celui qui parle. […] Elle chante le vin et le plaisir. […] Mort, qui t’a fait si hardie De prendre la noble princesse Qui estoit mon confort, ma vie, Mon bien, mon plaisir, ma richesse !
Mon voyage dépeint Vous sera d’un plaisir extrême. […] Que bien que mal elle arriva Sans autre aventure fâcheuse ; Voilà nos gens rejoints : et je laisse à juger De combien de plaisirs ils payèrent leurs peines… La Fontaine. […] Je m’imagine que le plaisir est grand de se voir imprimé.
Le Style fin ou spirituel « Le style fin ou spirituel montre la pensée à travers un voile, ou n’en présente qu’un côté, pour laisser au lecteur ou à l’auditeur le plaisir de deviner ce qu’on lui cache ; il emploie surtout l’allusion, la comparaison, l’antithèse, la suspension, etc. » (Filon.) […] Mais lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume, il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile, la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression : tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on a dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux.
Les prospérités militaires laissent dans l’âme je ne sais quel plaisir touchant qui l’occupe et la remplit tout entière.
» Ce même Dieu, qui s’était plu à réunir sur vous ses faveurs les plus chères, ses bénédictions les plus précieuses, se fera un plaisir alors de vous punir et de vous effacer du nombre des vivants.
Il est vrai ; mais aussi qu’à la mort condamné, Lally soit en spectacle à l’échafaud traîné1, Elle ira la première à cette horrible fête Acheter le plaisir de voir tomber sa tête1 Dira-t-on qu’en des vers à mordre disposés, Ma muse prête aux grands des vices supposés ?
Ainsi, danger rime avec manger, mais non avec mangé ; plaisir rime avec désir, et non avec désire.
Toutes les semaines, ils se réunissaient à la table du plus riche d’entr’eux, Pierre Le Roy ; et là, dans des repas assez maigres, (car on jeûnait souvent sous la Ligue), on riait à plaisir et à la gauloise des Seize, des États, des cinq ou six rois de la coalition ; on redisait les bons mots du Diable-à-Quatre, on échangeait des espérances, on agitait toutes les questions du jour ; c’était un feu roulant d’épigrammes contre l’étranger, le reître, l’Italien et l’Espagnol, détestés du même cœur dont Alain Chartier maudissait l’Anglais au lendemain de Poitiers et d’Azincourt.
Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ; Et croyant voir en toi l’honneur de la Castille, Mon âme avec plaisir te destinait ma fille. […] « La facilité plaisante des mensonges de Dorante, observe La Harpe, et la scène entre son père et lui, où le poëte a su être éloquent sans sortir du ton de la comédie, font toujours revoir le Menteur avec plaisir. » — Corneille donna plus tard la Suite du Menteur ; mais, quoique cette seconde pièce ne manquât pas de détails agréables et de vers heureux, elle fut très-éloignée d’avoir de même accès que la première.
Aristote les définit : diverses affections de l’âme qui changent nos jugements et sont suivies de peine ou de plaisir. […] Le plaisir trompe et amuse, dit Quintilien ; plus une chose nous en donne, moins elle semble durer. […] Tous les sens se fatiguent aisément de ce qui cause un plaisir trop vif. […] Une seule inflexion du sentiment donne plus de plaisir que les tons les plus étudiés de l’esprit et de l’art. […] Les beaux-arts, enfants et pères du plaisir ne demandent que la fleur et la plus douce substance de votre sagesse.
Il porte, il est vrai, la richesse, en ce genre, jusqu’à la prodigalité ; mais qui pourrait lui faire un crime, ou même un reproche, d’un défaut qui devient à chaque instant pour nous la source d’un nouveau plaisir !
Il décrit ensuite le plaisir qu’il aura de converser, dans un autre univers, avec les grands hommes de tous les temps, avec ceux qui ont été, comme lui, victimes d’un jugement injuste, etc.
C’est le premier roman où l’on trouve un récit d’aventures supposées, mais vraisemblables, écrites en prose avec art, pour le plaisir et l’instruction du lecteur Daphnis et Chloé, par Longus, est un roman pastoral dont on a trop vanté la naïveté, parce qu’on l’a jugé d’après le vieux style d’Amyot qui l’a traduit.
Quel plaisir même pour ceux qui, par crainte ou par bienséance, n’osent médire des personnes qu’ils n’aiment pas, de les entendre décrier, sans hasarder de se décrier eux-mêmes !
Ces événements doivent amener des situations particulières, et, par suite, des peintures vraies du cœur humain, des mouvements qui l’agitent, des passions qui le tyrannisent, des plaisirs ou des peines qui en résultent.
On peut, ce nous semble, être plus ou moins musicien, dessiner et peindre plus ou moins habilement pour son plaisir ; mais peut-on ne savoir qu’à peu près l’orthographe ?
Ne crains plus tant ces jours de courses vaincs Où notre destin fut pareil : Ces jours mêlés de plaisirs et de peines, Mêlés de pluie et de soleil.
Il partage aussi ses plaisirs : à la chasse, aux tournois, à la course, il brille, il étincelle.
L’éloquence est un art de dire les choses de telle façon que ceux à qui l’on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir, ou qu’ils s’y sentent intéressés, en sorte que l’amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion.
J’ai la satisfaction de voir un avare, effrayé des images que je présente à sa cupidité, ouvrir ses trésors et les répandre d’une prodigue main ; d’arracher un voluptueux aux plaisirs, et de remplir d’ambitieux les ermitages.
Sans préventions aucunes contre l’orateur, il l’écoutera avec plaisir, avec amour. […] On dirait que l’écrivain en a dissimulé le sens, pour laisser au lecteur le plaisir de le pénétrer. […] tous les plaisirs ont volé dans mon âme, J’admire avec transport le céleste flambeau. […] Sans doute que le Dieu qui nous rend l’existence, À l’heureuse convalescence, Pour de nouveaux plaisirs, donne de nouveaux sens. […] Telles sont les locutions, bouffi d’orgueil, pétri de vanité, enivré de plaisir, etc.
S’il en montrait moins, il me laisserait respirer et me ferait plus de plaisir ; il me tient trop tendu, et sa lecture me devient une étude.
À ces petits défauts marqués dans sa peinture, L’esprit avec plaisir reconnaît la nature.
Le ciel les fit humains, hospitaliers et bons, Amis des doux plaisirs, des festins, des chansons ; Mais faibles, opprimés, la tristesse inquiète Glace ces chants joyeux sur leur bouche muette2, Pour les jeux, pour la danse, appesantit leurs pas, Renverse devant eux les tables des repas, Flétrit de longs soucis, empreinte douloureuse, Et leur front et leur âme.
Si, dans ses débuts, il prit un malin plaisir à scandaliser les fidèles du temple classique par des écrits qui se ressentaient du voisinage orageux des romantiques, même sous ces déguisements dont il était le premier à sourire, il se signalait déjà par la décision de son style, l’entrain dramatique de son invention, et la franchise d’un esprit dont le tempérament est français par essence.
Ceux qui exprimèrent leurs pensées et leurs sentiments avec plus de justesse et d’énergie, captivèrent l’attention des autres et se firent écouter avec plaisir.
Non, après ce que nous venons de voir, la santé n’est qu’un nom, la vie n’est qu’un songe, la gloire n’est qu’une apparence, les grâces et les plaisirs ne sont qu’un dangereux amusement : tout est vain en nous, excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités, et le jugement arrêté qui nous fait mépriser tout ce que nous sommes ».
Quand il n’était question que de plaisir, on eût dit qu’il n’avait étudié toute sa vie que l’art si difficile, quoique frivole, des agréments et du badinage.
Il a beau me crier aux oreilles, pour me ranimer, qu’ils sont dorés sur tranche, ornés de filets d’or, et de la bonne édition ; me nommer les meilleurs l’un après l’autre, dire que sa galerie est remplie, à quelques endroits près qui sont peints de manière qu’on les prend pour de vrais livres arrangés sur des tablettes, et que l’œil s’y trompe ; ajouter qu’il ne lit jamais, qu’il ne met pas le pied dans cette galerie, qu’il y viendra pour me faire plaisir : je le remercie de sa complaisance, et ne veux, non plus que lui, voir sa tannerie, qu’il appelle sa bibliothèque. » 2.
Le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée ; le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature ; notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage, en un mot, vrai sanctuaire du travail ; le dîner qui nous est annoncé, non par le son de la cloche qui rappelle trop le collége ou la grande maison, mais par une voix douce ; la gaieté, les vives plaisanteries, les causeries ondoyantes qui flottent sans cesse durant le repas ; le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises ; les douces choses qui se disent à la chaleur de la flamme qui bruit tandis que nous causons ; et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère, son enfant dans les bras ; les lèvres roses de la petite fille qui parlent en même temps que les flots ; quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de sa douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en considérant la mère et l’enfant qui se sourient, ou l’enfant qui pleure et la mère qui tâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix ; l’Océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons en nous en allant çà et là dans le taillis, pour allumer au retour un feu prompt et vif ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature et nous rappelle l’ardeur singulière de M.
Comment, en effet, pourrait-on suivre avec plaisir et intérêt un récit aussi étendu que celui de l’épopée, si l’on n’y rencontrait pas un fond de vérité, qui pût captiver l’attention ? […] Le temps qui change tout, change aussi nos humeurs ; Chaque âge a ses plaisirs, son esprit et ses mœurs.
La nature de l’émotion que l’on se propose d’exciter par une description sublime, ne souffre point de médiocrité : ou l’âme est transportée de plaisir, ou elle n’est pas même faiblement émue ; point de milieu.
Dégoûtée parfois de ces plaisirs factices et énervants, elle va demander à la pastorale de la retremper dans les innocentes émotions de la vie champêtre ; ou bien elle exhale ses douleurs, imaginaires ou réelles, dans les plaintes de l’élégie.
. — Comme il s’en faut bien que ma fortune approche de sa médiocrité d’or, je ne vous donnerai que des fraises et du lait dans des terrines ; mais vous aurez le plaisir d’entendre les rossignols chanter dans les bosquets des dames anglaises, et de voir leurs pensionnaires folâtrer dans le jardin1.
L’éloquence académique est toute d’ostentation, et n’a d’autre but que le plaisir de l’auditeur. […] Ex. : Ardeur, candeur, — vérité, bonté, — désir, plaisir. […] —— Fuyez de mes plaisirs la sainte aust — érité ; Tout respire ici Dieu, la paix, la v — érité. […] Heureux qui dès l’enfance en connaît la douceur Les biens les plus charmants n’ont rien de comparable Aux torrents de plaisirs qu’il répand dans un cœur.
Delille a transporté bien ingénieusement cette charmante allégorie de la ceinture de Vénus, aux eaux qui environnent le globe terrestre : De Vénus, nous dit-on, l’écharpe enchanteresse Renfermait les amours et les tendres désirs, Et la joie et l’espoir, précurseur des plaisirs. […] L’un des plus grands plaisirs que nous procure la poésie, est de nous placer au milieu de nos semblables ; de voir tout ce qui nous environne, penser, sentir et agir comme nous.