Plusieurs avaient sans doute à exprimer des peines réelles ; plusieurs, comme Millevoye et Gilbert, ont chanté au bord de la tombe : aussi leurs vers portent-ils l’empreinte d’un sentiment vrai et profond ; mais d’autres n’ont chanté que des douleurs factices et caressé que des chimères ; ils mouraient par métaphore, et riaient sous cape de voir le public s’attendrir sur leurs infortunes.
On sait que ce dernier, gouverneur de nos colonie de l’Inde, y avait éprouvé de grands revers ; il avait de ennemis, qui l’accusèrent de ces désastres, et le firent condamner : il mourut sur l’échafaud. […] Et à qui pourrais-je apprendre que, rapprochés de nous par un sentiment que notre férocité même ne peut anéantir, ils s’associent à nos peines comme à nos plaisirs, devinent et partagent toutes nos affections, nous protègent dans le danger, combattent et meurent en nous défendant ?
« Il mourut, dit Pasquier, en sa maison de Montaigne, où luy tomba une esquinancie sur la langue, de telle façon qu’il demeura, trois jours entiers, plein d’entendement, sans pouvoir parler. […] Ici, c’est se retirer pour mourir.
Aussi, bien loin de nous choquer, ces sortes de comparaisons nous plaisent-elles dans leurs ouvrages ; et nous les regardons avec raison comme un de ces ornements indispensables, sans lesquels La poésie est morte ou rampe sans vigueur. […] Ouvre l’œil, t’envisage et meure.
On sait que tombé dans la disgrâce par suite de la publication clandestine de Télémaque, l’archevêque de Cambrai édifia son diocèse par l’ardeur de sa charité, et mourut adoré comme un saint. […] Ce faux philanthrope est comme un pêcheur qui jette un hameçon avec un appât ; il paraît nourrir les poissons, mais il les prend, et les fait mourir.
Lieutenant du roi dans la haute Auvergne, capitaine du château de Fontainebleau, gouverneur du comté de Foix, lieutenant général du gouvernement de Guyenne, maire perpétuel de Bordeaux et maréchal de France, il mourut à Lectoure en 1625.
Tel fut à Athènes et à Rome, c’est-à-dire dans les deux principales républiques de l’antiquité, le rôle de l’éloquence ; elle guida la liberté et mourut avec elle. […] Mais Dorat, Ronsard, moururent ; Baïf les suivit, et l’académie qu’il avait fondée, disparut dans la grande tourmente de la Ligue. […] Il suffit de reconnaître que Sabine s’offre un peu trop à mourir ; en dehors de cette critique, ce personnage secondaire joue le seul rôle qu’il pouvait jouer. […] On supposera que Richelieu, sur le point de mourir, écrit à Louis XIII pour lui conseiller de prendre Mazarin comme premier ministre. […] Votre gloire vous le conseille, l’intérêt du royaume vous le prescrit ; ne rejetez pas cette dernière prière d’un ministre qui n’a vécu que pour vous et pour la France et qui meurt à votre service.
Le premier signifie en lui-même exister ; et en ce sens il est neutre : = Jésus-Christ a voulu mourir pour tous les hommes qui ont été, qui sont, et qui seront. […] Il sert aussi à conjuguer les temps composés de quelques verbes neutres, tels que aller, arriver, choir, déchoir, échoir, décéder, descendre, entrer, monter, mourir, naître, partir, rester, sortir, tomber, venir, et ses composés devenir, intervenir, parvenir, revenir et survenir ; mais subvenir prend toujours avoir ; = vous avez subvenu à votre ami dans ses besoins. […] Mais en parlant d’un homme qui vient de mourir, il faut dire ; il a expiré, et non, il est expiré. […] Il prend indifféremment avoir ou être, quand il signifie mourir, expirer : = il a passé ou il est passé.
Mais à voir aussi leur crainte de la honte, leur amour de la gloire, leur constance dans la douleur, la dignité de leur langage et de leur maintien, on sent des hommes qui, nés libres, savent qu’ils doivent vivre et mourir libres sous l’œil de leurs égaux. […] Après Miltiade, qui meurt en prison, se lèvent tour à tour Aristide, Thémistocle, Cimon, Thucydide, Périclès, Alcibiade, Phocion, Démosthène, victimes glorieuses de la seule ambition légitime, celle de régner sur un peuple libre par la force de la persuasion. […] Il caresse ses auditeurs, il flatte leur orgueil national, il compare la patrie qui pleure ses jeunes guerriers à l’année qui a perdu son printemps, il dit que ceux-ci sont immortels comme les dieux : Car nous ne voyons pas les dieux en leur essence ; mais par les honneurs qu’on leur fait, et par les grands biens dont ils jouissent nous conjecturons qu’ils sont immortels, et les mesmes choses sont en ceulx qui meurent pour la défense de leur païs. […] Le combat n’a plus pour théâtre un petit coin de l’Europe, mais l’univers tout entier ; il ne s’agit plus de la prééminence de la Grèce, mais d’un intérêt bien plus vaste, du droit qu’a tout homme de vivre et de mourir libre dans le pays de ses pères.
Ils tombent ces héros, ils tombent ces vengeurs ; Ils meurent, et nos jours sont heureux et tranquilles !
C’est comme je l’entends ; Et, certes, le seul bien auquel je veux prétendre, Est qu’avant mon trépas vous me donniez un gendre, Dont le bon naturel, me venant à propos4, Me donne le moyen de mourir en repos.
Il en mourut de douleur.
Il y mourut à cinquante-cinq ans, consumé par un zèle que sanctifia l’Église.
Vous croyez que je me moque ; mais je veux mourir si je puis plus résister au déplaisir de ne point voir madame votre mère et vous.
Lucrèce, écoutez-moi ; car vous n’oubliez pas Que je vous ai longtemps portée entre mes bras1 : Votre mère mourut quand vous veniez de naître ; Je vous donnai mon lait, sur l’ordre de mon maître2 ; Je ne vous quittai plus ; je bénis le destin, Lorsqu’il vous fit entrer au lit de Collatin ; C’est pourquoi laissez-moi parler. — Que vos esclaves Filent pour votre époux les robes laticlaves3 ; Je les ferai veiller jusqu’au chant de l’oiseau De qui la voix sacrée annonce un jour nouveau. […] Enfin Rome se meurt, si, par un brusque effort, Une crise ne vient l’arracher à la mort2.
Retiré à Chalcis d’Eubée, il y mourut d’une maladie d’estomac, au mois de juillet de la même année1. […] Ces pages, qui ne semblent contenir qu’une lettre morte, paraissent toutes pleines de vie quand on vient à les déchiffrer. […] De même dans Lyncée 44, où un personnage est amené comme destiné à la mort, tandis que Danaüs survient comme devant le faire mourir, et où il arrive, par suite des événements accomplis, que celui-ci meurt et que l’autre est sauvé. […] Par exemple, on louera Achille d’avoir été au secours de Patrocle, son ami, sachant qu’il doit mourir lorsqu’il pourrait vivre. Il était plus beau pour lui de mourir ainsi ; mais son intérêt était de conserver la vie.
Je veux vaincre ou mourir avec vous.
Qui ne sait à quel excès la présence du souverain enflamme notre nation, et avec quelle ardeur on se dispute l’honneur de mourir ou de vaincre à ses yeux ?
. — Ce rien était tout, et il ne le fit pas ; car il mourut.
Après son ambassade d’Espagne, il vécut dans la retraite, et mourut à quatre-vingt ans.
L’orateur lui présente ses aigles, c’est-à-dire le drapeau qui l’ombrage, et pour la conservation duquel il sait mourir. […] La narration s’arrête, la transition est brusque, la phrase se meurt lentement, devient courte et hérissée de noms propres. […] Si ma force première encor m’était donnée, — J’irais, te conduisant moi-même par la main ;_ Mais je n’atteindrais pas la troisième journée, — Il faudrait me laisser bientôt sur ton chemin ; — Et moi, — je veux mourir/ aux lieux où je suis née. […] Pauvre fille Sans famille, Pour mourir Doit souffrir.
L’analyse chimique la plus subtile ne parvient point à une nature morte et inerte, mais à une nature organisée à sa manière, et qui n’est dépourvue ni de forces ni de lois.
» Ce jour même des miens est le dernier peut-être : » Trop connu de la terre, on meurt sans se connaître. […] Combien de méchants vivent tranquilles et meurent après avoir insulté toute leur vie à la probité de l’homme de bien, et avoir joui, avec une apparente sécurité, du ciel même qu’ils irritaient ?
Voiture mourut en 1648.
Après une vieillesse tranquille et heureuse, il mourut en 1680.
Ce soleil qui ramène le jour et féconde la terre, ces astres dont la douce clarté illumine les nuits, cette mer qui s’agite en bouillonnant dans son lit immense, cette nature qui se pare et se dépouille tour à tour, ce mouvement régulier de l’univers, cette succession d’êtres qui brillent et s’effacent, qui naissent et meurent, les mystères qu’il rencontre en lui-même touchant son origine, sa conservation, sa fin, voilà ce qui le porte invinciblement à croire à des êtres invisibles, à un monde dont celui-ci n’est que l’apparence et le relief, et à faire tous ses efforts pour soulever le voile qui le dérobe à ses yeux.
Tant il est vrai que tout meurt en lui, jusqu’à ces termes funèbres par lesquels on exprimait ses malheureux restes ».
Un magnifique éloge d’Athènes, de sa constitution, de ses lois, de ses avantages physiques et politiques, du caractère, des mœurs et de la conduite des Athéniens remplit la première partie de ce beau discours ; et ce qui ne nous semblerait qu’un brillant hors-d’œuvre, entre parfaitement ici dans les vues de l’orateur politique, qui, en remettant sous les yeux du peuple qui l’entend le tableau de la gloire et de la prospérité passées d’Athènes, se propose à la fois et de les attacher fortement à la défense d’un pays si digne de leur amour, et de les engager à honorer, à imiter le dévouement de ceux qui n’ont pas craint de mourir pour une si belle cause.
J’aime mieux encore qu’ils meurent sous la main d’un autre que sous la mienne.
Des jeunes filles se tenaient à l’entour, et l’une d’elles disait plusieurs choses à la louange de cette femme morte, racontant ses vertus, puis s’arrachant les cheveux, déchirant ses habits, se frappant la poitrine, versant des larmes, et poussant des gémissements auxquels toutes les autres répondirent par des cris et des plaintes.
Car je ne vois pas trop pourquoi, ne pouvant vivre avec honneur, ils veulent mourir dans la honte, ni comment il peut leur sembler mains affreux de périr en nombreuse compagnie que de périr seuls. […] Ceux-là, je ne les dispute point à Catilina, car on ne saurait les détacher de lui ; et d’ailleurs, puissent-ils mourir au sein du brigandage, puisqu’ils sont si nombreux qu’aucune prison ne saurait les contenir. […] Désormais, je ne puis pas oublier que c’est ici ma patrie, que je suis votre consul, que je dois vivre avec vous ou mourir pour vous. […] Car d’abord je dois espérer que tous les dieux protecteurs de cette ville récompenseront mes services comme ils le méritent ; ensuite, s’il m’arrive quelque chose, je saurai mourir avec fermeté et résignation. […] Vous mourrez si vous le nommez : car Verrès ne fit jamais de faibles menaces.
En admirant le philosophe, que Boileau surnomma le contemplateur, on aime le comédien qui mourut victime de son art et de sa bienfaisance. […] Lorsqu’elle vient me voir, je souffre le martyre : Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire ; Et la stérilité de son expression Fait mourir à tous coups la conversation.
Que Caton prêt à mourir, que Socrate buvant la ciguë, te lisent, et pardonnent à l’injustice des hommes, etc. » (Discours à l’académie).
Pascal mourut à l’âge de 39 ans, le 19 août 1662.
Né en effet le 20 février 1694 à Châtenay, près de Paris, il ne mourut qu’en 1778, à Paris.
Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords ; mon âme s’y abandonne, elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres, elle s’élève avec leur crime vers les cieux, elle se transporte dans les temps qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive.
Esprit tendre, enjoué, vif et délicat, le chantre de Ver-Vert mourait à propos, lorqu’aux amusements des muses allaient succéder les clameurs et les orages de la politique5.
Exemples : tel était son avis ; ainsi mourut cet homme.
Je me trouble, messieurs ; Turenne meurt : tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile.
Ne voyez-vous pas que je meurs de tristesse dans une fortune qu’on aurait peine à imaginer, et qu’il n’y a que le secours de Dieu qui m’empêche d’y succomber ?
De même dans Lyncêe 5 : ce jeune époux allait à la mort, Danaüs le suivait pour l’immoler ; et il se trouve, par une suite naturelle de ce qui a précédé, que c’est Danaüs qui meurt et Lyncée qui est sauvé. […] La quatrième espèce est par le raisonnement, comme dans les Choëphores : « Il est venu un homme qui me ressemble ; personne ne me ressemble qu’Oreste : c’est donc Oreste qui est venu. » Et dans l’Iphigénie de Polyidus le sophiste, il est naturel qu’Oreste fasse cette réflexion : « Ma sœur a été immolée, je vais donc l’être comme elle. » Et dans le Tydée de Théodecte : « Un roi allait pour chercher son fils, et lui-même il périt. » Et encore dans les Filles de Phinée : « Ces filles, voyant le lieu où on les menait, raisonnèrent sur le sens de l’oracle qui leur avait été rendu, et jugèrent que c’était là qu’elles devaient mourir, parce que c’était là même qu’elles avaient été exposées7. » Il y a une autre reconnaissance qui se fait par un faux raisonnement du spectateur, comme dans Ulysse faux messager. […] L’oracle avait sans doute prédit qu’elles mourraient au lieu où elles avaient été exposées.
Sur ce que je lui feis un brief recueil de l’argument du pseaume5, voiant le goust qu’elle y prenoit, elle après, me prenant par la main, me dist : « Que je suis heureuse et que je suis bien tenue6 à Dieu, de ce qu’il m’a icy amenee pour y mourir.
ô dieux de boue et de poussière, vous mourrez comme des hommes !
Là, de ces boucliers habile à se couvrir La troupe s’arrêta pour vaincre ou pour mourir.
« Turenne meurt ; tout se confond ; la fortune chancelle ; la victoire se lasse ; la paix s’éloigne : les bonnes intentions des alliés se ralentissent ; le courage des troupes est abattu par la douleur, et ranimé par la vengeance : tout le camp demeure immobile ; les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite, et non aux blessures qu’ils ont reçues, etc. ».
Premier peintre du roi et directeur de l’académie de peinture ; il était né en 1610 et mourut en 1695.
: L’empire d’Alexandre était [trop] grand (pour qu’il pût subsister longtemps après la mort de ce grand homme) La phrase, enfin, qui est composée de plusieurs membres tellement liés entre eux que le sens général demeure suspendu jusqu’à la dernière qui vient la compléter, s’appelle Période, telle que : « Peut-être devons-nous regretter ces temps d’une heureuse ignorance, où nos aïeux moins grands, mais moins criminels, sans industrie, mais sans remords, vivaient pauvres et vertueux, et mouraient dans le champ qui les avait vus naître. » On confond souvent à tort le nom de phrase avec celui de proposition.
C’est une créature qui renonce à son être pour n’exister que par la volonté d’un autre, qui sait même la prévenir, qui, par la promptitude et la précision de ses mouvements, l’exprime et l’exécute ; qui sent autant qu’on le désire, et ne rend qu’autant qu’on le veut ; qui, se livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, s’excède, et même meurt pour mieux obéir1… Le cheval est de tous les animaux celui qui, avec une grande taille, a le plus de proportion et d’élégance dans les parties de son corps : car, en lui comparant les animaux qui sont immédiatement au-dessus et au-dessous, on verra que l’âne est mal fait, que le lion a la tête trop grosse, que le bœuf a les jambes trop minces et trop courtes pour la grosseur de son corps, que le chameau est difforme, et que les plus gros animaux, le rhinocéros et l’éléphant, ne sont pour ainsi dire que des masses informes.
Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt ; et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien.
Le cardinal François Ximenès naquit en 1436, mourut en 1517.
C’est le lot d’un peuple qui aura mieux aimé mourir libre que de vivre esclave. […] Mais cet empire formidable qu’il avait conquis ne dura pas plus longtemps que. sa vie, qui fut courte ; à l’âge de trente-trois ans, au milieu des plus vastes desseins qu’un homme eût jamais conçus, et avec les plus justes espérances d’un heureux succès, il mourut sans avoir eu le loisir d’établir ses affaires, laissant un frère imbécile et des enfants en bas âge, incapables de soutenir un si grand poids.
Voici la fin de ce récit que distingue la délicatesse la plus gracieuse et la plus touchante : Edgard mourut.… voilà sa pierre funéraire. […] Le style véhément est essentiellement rapide, et peut ne pas s’élever au-dessus du style simple, comme dans ces paroles de Nisus, qui veut mourir pour sauver Euryale, son ami : Me, me, adsum qui feci, in me convertite ferrum, O Rutili, mea fraus omnis ; nihil iste nec ausus, Nec potuit.
Il mourut en 1695.
Si l’on manque de goût pour en faire l’application, si l’imagination ne leur donne pas le mouvement et la vie, la science des règles est une science morte et stérile, qui ne fournit aucun secours. […] Laurentie, dérive d’un antique usage de l’Église qui ne voyait jamais mourir un serviteur de Dieu sans venir auprès de sa tombe rappeler ses exemples et encourager les fidèles à l’imiter. […] Une poésie morte et des discours glacés, voilà tout ce que l’esprit philosophique pourra tirer de lui-même : il enfante et ne peut donner la vie. […] Le devoir du prêtre est de mourir, de donner sa vie, comme le bon pasteur, pour ses brebis. […] Une fleur des champs que le vent arrache de sa tige dans un vallon solitaire, un volcan qui retombe en lave de flammes sur les toits d’une cité, un enfant qui meurt, un trône qui s’écroule, rien n’est étranger à l’éloquence sacrée.
j’y verrais une malheureuse mère fondre en larmes et mourir de douleur. […] « Je m’étonne, dit-il encore en faveur de Paris, que quelqu’un le trouve imprudent d’avoir voulu vivre avec celle pour qui tant de demi-dieux voulurent mourir. » C. […] Enfin, Sire, nous sommes en France, il nous y faut enterrer : il s’agit d’un royaume, il faut l’emporter ou y perdre la vie ; et quand même il n’y aurait point d’autre sûreté pour votre sacrée personne que la fuite, je sais bien que vous aimeriez mieux mille fois mourir de pied ferme que de vous sauver par ce moyen. […] Il ne suffit pas de sentir, d’être touché d’une manière confuse ; il faut démêler les différentes nuances : rien ne doit échappera la promptitude du discernement ; et c’est encore une ressemblance de ce goût intellectuel, de ce goût des arts, avec le goût sensuel ; car le gourmet sent et reconnaît promptement le mélange de deux liqueurs ; l’homme de goût, le connaisseur, verra d’un coup d’œil prompt le mélange de deux styles ; il verra un défaut à côté d’un agrément ; il sera saisi d’enthousiasme à ce vers des Horaces : Que vouliez-vous qu’il fît contre trois — qu’il mourût. […] Une pauvre bourgeoise ivrogne ou ivrognesse meurt d’apoplexie : vous dites qu’elle est dans la région des morts ; on l’ensevelit : vous assurez que sa dépouille mortelle est confiée à la terre.
nuper quùm, morte superioris uxoris, novis nuptiis domum vacuam fecisses, nonne alio incredibili scelere hoc scelus cumulasti ?
Michelet : « Oiseaux-mouches et colibris vivent impunément dans ces brillantes solitudes où tout est danger, parmi les plus venimeux insectes, et sur les plantes lugubres dont l’ombre seule fait mourir.
L’infortune que Vauvenargues souhaitait ne lui a pas manqué ; mais il a fait mieux que de déchirer ses entrailles : il a supporté ses maux avec tant de constance, que Voltaire a pu dire de lui : « Je l’ai toujours vu le plus infortuné des hommes, et le plus tranquille » ; et que Marmontel a pu ajouter : « On n’osait être malheureux auprès de lui… c’était avec lui qu’on apprenait à mourir. » 1.
Peu de carrières ont été aussi pleinement, aussi vertueusement, aussi glorieusement remplies que celle de ce fils d’un teinturier de Boston, qui commença par couler du suif dans des moules de chandelles, se fit ensuite imprimeur, rédigea les premiers journaux américains, fonda les premières manufactures de papier dans ces colonies, dont il accrut la civilisation matérielle et les lumières ; découvrit l’identité du fluide électrique et de la foudre ; devint membre de l’Académie des sciences de Paris et de presque tous les corps savants de l’Europe ; fut auprès de la métropole le courageux agent des colonies soumises ; auprès de la France et de l’Espagne le négociateur heureux des colonies insurgées, et se plaça à côté de Georges Washington comme fondateur de leur indépendance ; enfin, après avoir fait le bien pendant quatre-vingts ans, mourut environné des respects des deux mondes comme un sage qui avait étendu la connaissance des lois de l’univers, comme un grand homme qui avait contribué à l’affranchissement et à la prospérité de sa patrie, et mérita non-seulement que l’Amérique tout entière portât son deuil, mais que l’Assemblée constituante de France s’y associât par un décret public.
Il mourut en héros ; mais qu’on se représente, si l’on peut, son retour à Sparte, annonçant qu’il laissait aux mains des barbares les clefs de la Grèce !
» Aucune harangue peut-être n’est comparable aux paroles suivantes, que La Rochejaquelein disait aux Vendéens soulevés contre la République : « Si j’avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi. » Il est d’usage maintenant que les chefs d’armée, avant une bataille, adressent aux troupes un discours écrit qu’on nomme proclamation.
Mais amendé par la disgrâce1, qui fut le seul fruit de ses intrigues ambitieuses, il mérita dans les loisirs de la retraite, où le consolait l’amitié ingénieuse de madame de Sévigné, une gloire plus solide que celle qu’avait rêvée sa jeunesse, celle d’écrivain : il mourut en 1679, laissant dans ses Mémoires un des monuments les plus remarquables de cette éloquence naturelle dont César a offert chez les anciens le modèle le plus frappant2.
Il mourut épuisé par ses immenses travaux.
Il découvre à nu les inquiétudes et les peines d’une âme ennuyée de tout et mal satisfaite de soi-même, abandonnée de Dieu et des hommes, qui a perdu jusqu’à ses propres désirs, qui ne peut ni vivre ni mourir.
Je me trouble, messieurs ; Turenne meurt : tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, les bonnes intentions des alliés se ralentissent, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile.
Indigne également de vivre et de mourir, On l’abandonne aux mains qui daignent le nourrir.
Dante n’a point vu Ugolin dans la tour de la Faim, il n’a pas ressenti les tortures de son âme paternelle en voyant ses enfants mourir d’inanition ; il imagine, et quelles couleurs naturelles !
Vous ne vous trompiez pas quand vous disiez dans vos odes, d’un ton si assuré : Je ne mourrai pas tout entier1.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n’en voyait point d’occupés A chercher le soutien d’une mourante vie ; Nul mets n’excitait leur envie2 ; Ni loups ni renards n’épiaient La douce et l’innocente proie ; Les tourterelles se fuyaient : Plus d’amour, partant plus de joie3.
monsieur, nous mourrons un jour sur le fumier.
[Notice] Louis Racine était le dernier des sept enfants du grand poëte Jean Racine : né à Paris en 1692, il mourut en 1763, après avoir survécu lui-même à son fils unique1.
Où est l’homme, où est le sage qui sait agir, souffrir et mourir sans faiblesse et sans ostentation ?
Naître avec le printemps, mourir avec les roses. […] : Grâce à lui vous vivez ; grâces à vous je meurs.
Imaginez-vous entendre Solon, ce grand philosophe, ce législateur fameux, dont les excellentes lois ont affermi chez nous la démocratie ; et Aristide, cet homme juste et désintéressé, qui a réglé les contributions de la Grèce, et dont le peuple, après sa mort, a doté les filles : l’un, vous conjurer avec cette douceur qui lui était si naturelle, de ne point préférer aux lois et à votre serment, les phrases éloquentes de Démosthène ; l’autre, se plaindre du mépris de la justice, vous demander si vous ne rougissez pas, en voyant que vos pères ont presque fait mourir, ont banni d’Athènes et de toute l’Attique Arthénius de Zélie, qui avait apporté chez les Grecs l’or des Perses ; Arthénius qui ne faisait que passer dans Athènes, qui était uni aux Athéniens par le droit de l’hospitalité ; et que vous, vous allez honorer d’une couronne d’or Démosthène, qui n’a pas apporté de l’or des Perses, mais qui en a reçu, et qui en possède encore pour prix de ses trahisons.
croit-on que ce titre si emphatique, cette dénomination si ambitieuse ait été adoptée à la légère, et que l’étymologie ne soit ici qu’une lettre morte ?
A la veille d’une bataille, Marlborough comme Napoléon, Napoléon comme Souvarow, n’ont qu’une pensée à exprimer à leurs soldats : « Combattez en braves ; triomphez, si vous pouvez ; mourez, s’il le faut. » Voilà le programme solennel, la matière uniforme des trois ordres du jour.
Je suppose donc que c’est ici votre dernière heure et la fin de l’univers ; que les cieux vont s’ouvrir sur vos têtes ; que Jésus-Christ va paraître dans sa gloire au milieu de ce temple, et que vous n’y êtes assemblés que pour l’attendre comme des criminels tremblants, à qui l’on va prononcer une sentence de grâce ou un arrêt de mort éternelle ; car vous avez beau vous flatter : vous mourrez tels que vous êtes aujourd’hui.
Il dira que le qu’il mourût est sublime, mais n’appartient pas plus au ton sublime qu’au ton simple, car cet admirable eri de dévouement à l’honneur et à la patrie n’a rien de commun avec la généralisation des idées ; qu’au contraire, il y a à la fois sublime et ton sublime dans les vers de Joad : Celui qui met un frein à la fureur des flots… etc.
Il semble, grâce à l’image produite par les détails, qu’on voit mourir le héros.
Ma sœur me manda le dernier vœu de ma mère ; quand sa lettre me parvint au delà des mers, ma sœur elle-même n’existait plus ; elle était morte aussi des suites de son emprisonnement.
ô dieux de bone et de poussière, vous mourrez comme des hommes !
« Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.
L’épopée est morte ; la tragédie antique, hôtesse des palais et des cours, est descendue dans la rue, elle a échangé sa pourpre pour les haillons du drame populaire ; la chanson a pris les ailes de l’ode ; la fable, cessant d’être une simple leçon de morale, s’est armée de l’aiguillon de l’abeille et s’est transformée en drame satirique ; le roman, fleur obscure chez les anciens et presque inaperçue, est devenu chez nous un arbre immense qui couvre tout de son ombre, mœurs, histoire, politique, sciences, arts, et qui menace d’absorber tous les autres genres ; l’éloquence a quitté l’ample toge, la vaste tribune, les horizons de la place publique, les grands mouvements des grandes multitudes ; elle s’est enfermée dans d’étroites enceintes, elle a pris le frac noir, les gestes sobres et mesurés, la convenance digne et froide des .
Lui demanderai-je si j’aime mieux mourir libre les armes à la main que de vivre sous un tyran ; si cette vie n’est autre chose que le passage à une vie heureuse et durable ; s’il est quelque puissance au monde capable d’imposer à l’homme de bien ; si la fortune perd ses menaces quand elle s’attaque à la vertu ; s’il suffit de vouloir ce qui est louable, et si le succès ajoute à ce qui est honnête ? […] Timide ou courageux, il faut mourir.
Quare omitte, quæso, istam doctorum hominum in contemnendâ morte prudentiam : noli nostro periculo sapiens esse.
Comme la métaphore, l’hyperbole compare ; mais au lieu de comparer à des idées semblables, elle compare à des idées plus grandes ou moindres : plus blanc que neige, aussi vite que le vent, cet homme meurt de faim, moins que rien, Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois, etc.
Une nouvelle littérature commence, qui déjà remplace à peu près et bientôt remplacera entièrement l’âge classique, littérature appropriée à notre temps et à nos mœurs, expression de la démocratie, mobile comme elle, violente dans ses tableaux, hardie ou négligée dans les mots, plus soucieuse du succès actuel que de la renommée à venir, et se résignant de bonne grâce à vivre moins longtemps pourvu qu’elle vive davantage dans l’heure qui passe ; féconde et inépuisable dans ses œuvres, capable de fournir à la consommation de tout un peuple, renouvelant sans cesse ses formes et essayant de toutes, voyant naître et mourir en un jour ses réputations les plus brillantes ; mais aussi riche, plus riche peut-être en talents divers que tous les siècles qui l’ont précédée !
Que l’admiration de nous à eux, des modernes aux vrais Anciens, à ceux qui ont le mieux connu le beau, s’entretienne de phare en phare, de colline en colline, et ne s’éteigne pas ; que l’enthousiasme de ce côté n’aille pas mourir, — ce serait une diminution du génie humain lui-même ; — non un enthousiasme crédule, aveugle et indigne d’eux comme de nous, mais un enthousiasme léger, clairvoyant, intelligent, divinateur et réparateur, qui n’est que l’émotion la plus délicate et la plus vivé en face de tant de belles choses, accomplies une fois en leur juste cercle et à jamais disparues1.
Madame de La Fayette craint toujours pour votre vie ; elle vous cède sans difficulté la première place auprès de moi, à cause de vos perfections ; et quand elle est douce, elle dit que ce n’est pas sans peine ; mais enfin cela est réglé et approuvé ; cette justice la rend digne de la seconde, elle l’a aussi : La Troche s’en meurt ; je vais toujours mon train, et mon tram aussi pour la Bretagne. […] On connaît aussi le Moi, de Médée, et le Qu’il mourût du vieil Horace, mot si sublime, dit Voltaire, qu’il n’en est aucun de comparable dans toute l’antiquité.
S’il le faut, dit Iphigénie à son père, je suis prête à mourir dignement.
Il est dans le qu’il mourût du vieil Horace, parce qu’il est plus haut que l’homme le père qui peut immoler spontanément le sentiment naturel de la paternité au sentiment surnaturel du patriotisme et de l’honneur.