Il est naturel que le raisonnement d’Oreste soit que sa sœur a été immolée et que le même sort lui arrive. […] De plus, il est évident que, dans un débat, il faut montrer que le fait est ou n’est pas, ou bien a été ou n’a pas été, et ne pas sortir de là. […] Voyant ses compagnons de supplice se cacher la tête dans leur manteau au sortir des portes : « Pourquoi vous cacher la tête, dit-il ; serait-ce pour que personne, dans cette foule, ne nous puisse reconnaître demain ? […] Voilà pourquoi être arraché à ses amis et à ses familiers est un sort qui excite la pitié. […] Tout cela fait naître une pitié d’autant plus vive qu’il nous semble que les faits se passent près de nous, soit que le sort du patient nous semble immérité, soit que l’épreuve subie par lui nous semble avoir eu lieu sous nos yeux.
La discussion s’anime, et l’éloge en sort naturellement.
D’un autre côté, elle doit craindre, en voulant l’embellir, de sortir du naturel et de tomber dans l’affectation et le raffinement, comme l’a fait Florian.
Celui qui, victime des caprices du sort, ou des complots des méchants, (les exemples en sont-ils bien rares ?)
Tandis que dans la grande allée, se presse et se heurte une foule d’hommes et de femmes sans passions, je rencontre, dans les allées détournées, des misérables qui fuient la vue des heureux, des vieillards qui cachent la honte de leur pauvreté, des jeunes gens que l’erreur de la gloire entretient à l’écart de ses chimères, des ambitieux qui concertent peut-être des témérités inutiles pour sortir de l’obscurité.
Oronte est A présent un objet de clemence ; S’il a cru les conseils d’une aveugle puissance, Il est assez puni par son sort rigoureux, Et c’est être innocent que d’être malheureux ! […] Ier du livre IV de Quinte-Curce : « Darius, tanti modo exercitus rex, qui, triumphantis magis quam dimicantis more, curra sublimis, inierat prælium, per loca, quœ prope immensis agminibus compleverat, jam inania et ingenti solitudine vasta, fugiebat. » Opposez à ce passage une construction toute différente de Justin, pour exprimer la même idée, à propos de Xerxès, livre II, chap. 13 : « Erat res spectaculo digna, et œstimatione sortis humanœ verum varietate miranda, in exiguo latentem videre navigio, quem paullo ante vix æquor omne capiebat ; carentem etiam omni servorum ministerio, cujus exercitus propter multitudinem terris graves erant. » Et voyez cependant malgré le defaut de désinences significatives, la construction française, maniée par un grand écrivain, égale, si elle ne la surpasse, toute la puissance de la construction latine ; rapprochez, en effet, de Quinte-Curce et de Justin la phrase magnifique de Bossuet, toujours sur la même idée : « O voyage bien différent de celui qu’elle avait fait sur la même mer, lorsque, venant prendre possession du sceptre de la Grande-Bretagne, elle voyait pour ainsi dire les ondes se courber sous elle et soumettre toutes leurs vagues à la dominatrice des mers !
Si mourir pour son prince est un si digne sort, 3. […] La splendeur de son sort doit hâter sa ruine. […] Dans le vulgaire obscur si le sort l’a placé, Qu’importe qu’au hasard un sang vil soit versé ! […] Il sied mal d’en verser où l’on voit tant d’honneurs ; On pleure injustement des pertes domestiques Quand on en voit sortir des victoires publiques. […] Septime dit au roi Ptolomée : Pompée a besoin d’aide ; il vient chercher la vôtre ; Vous pouvez, comme maître absolu de son sort, Le servir, le chasser, le livrer vif ou mort.
Vous ne quitteriez les grandes prétentions que pour vous entêter de colifichets et de petits amusements dont on doit rougir dès qu’on est sorti de l’enfance. […] Démosthène paraît sortir de soi, et ne voir que la patrie. […] Nous sortons à peine d’une étonnante barbarie ; au contraire, les Grecs avaient une très-longue tradition de politesse, d’étude et de règles, tant sur les ouvrages d’esprit que sur les beaux-arts.
Cette vérité ou moralité doit en sortir naturellement et sans effort.
Saillir, signifiant jaillir, sortir avec impétuosité, n’a, suivant quelques grammairiens, que les troisièmes personnes de tous les temps. […] Il sert aussi à conjuguer les temps composés de quelques verbes neutres, tels que aller, arriver, choir, déchoir, échoir, décéder, descendre, entrer, monter, mourir, naître, partir, rester, sortir, tomber, venir, et ses composés devenir, intervenir, parvenir, revenir et survenir ; mais subvenir prend toujours avoir ; = vous avez subvenu à votre ami dans ses besoins. […] Accroître, cesser, descendre, monter, sortir, verbes neutres, sont quelquefois employés comme verbes actifs ; et alors ils doivent se conjuguer avec avoir : = vous avez accru votre bien : = il a cessé ses plaintes : = on a descendu du vin à la cave : = l’horloger a monté la pendule : = vous avez sorti votre ami d’une affaire bien désagréable.
Je crois que Lycidas serait bien votre fait : La fortune lui rit, tout lui vient à souhait ; De vingt paires de bœufs il sillonne la plaine, Tous les ans ses acquêts augmentent son domaine ; Dans les champs d’alentour on ne voit aujourd’hui Que chèvres et brebis qui sortent de chez lui ; Sa maison se fait voir par-dessus le village, Comme fait un grand chêne au-dessus d’un bocage ; Et sais5 que de tout temps son inclination Vous a donné ses vœux et son affection.
La méthode a été poussée si loin, on a tellement divisé et subdivisé les préceptes de l’art oratoire, qu’il en résulte une confusion réelle, et l’élève a fort à faire pour se sortir avec honneur du dédale de chapitres et de paragraphes qu’on lui fait parcourir.
Tel a été le sort de l’Angleterre. […] Leurs fleurs tendres et délicates, et durant l’hiver enveloppées comme dans un petit coton, se déploient dans la saison la plus bénigne ; les feuilles les environnent comme pour les garder ; elles se tournent en fruits dans leur saison, et ces fruits servent d’enveloppes aux grains, d’où doivent sortir de nouvelles plantes.
Le seul aspect d’une assemblée nombreuse, occupée d’une discussion importante, et attentive au discours d’un seul, dont elle attend, et dont peut en effet dépendre son sort, suffit pour élever l’esprit de l’orateur, pour échauffer son imagination.
Le sort en est jeté, marchons.
Ils traitent surtout de ridicules ces endroits merveilleux où le poëte, afin de mieux entrer dans la raison, sort, s’il faut parler ainsi, de la raison même.
Un tel sort n’est sans doute pas à craindre pour le pays qui conserve l’amour des nobles études ; qui, après s’être mis à la tête de la civilisation intellectuelle, de l’Europe, sait toujours s’y maintenir ; qui a vu depuis cinquante années les grands talents au service des grandes affaires, et qui promet à l’esprit la gloire comme autrefois, et plus qu’autrefois le gouvernement de l’État.
— Issir (sortir avec vitesse) parlait à l’imagination, et n’a pas laissé sa vertu au verbe sortir (sortiri). — Rober (voler) s’applique à un rapt violent auquel ne suffit point dérober ou même ravir. — Tollir a une tout autre véhémence qu’enlever. — Liesse (lætitia) nous communique le sentiment d’une jouissance, d’une délectation, dont la plénitude n’est traduite que languissamment par des synonymes dégénérés. — Ramentevoir (remettre en mémoire) désignait je ne sais quelle réminiscence de souvenir éloigné, dont le vague rappel chercherait aujourd’hui vainement son verbe définitif. — Enfin souloir (solere) a droit au moins à une oraison funèbre, ne fût-ce qu’en mémoire de La Fontaine qui, dans son épitaphe, disait nonchalamment de sa vie écoulée : Deux parts en fit, dont il soulait passer L’une à dormir, et l’autre à ne rien faire Je ne dirai rien de marri, d’accort, de discourtois, d’assagir, d’amusoir, de charlataner, de coquiner, de dévaller, d’embesogner, d’encager, de routiner, de pluviner et de tant d’autres vocables qui, tout morts qu’ils sont, pourraient bien être plus vivants que leurs héritiers ; car, après l’ostracisme qui sévit entre 1600 et 1620, nous avons été réduits à leur substituer des termes abstraits qui sentent l’officine des savants, au lieu d’avoir jailli de source vive, je veux dire de l’imagination populaire, si prompte à peindre et animer tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle touche. […] Ils ne se bornerent pas à revêtir de ce costume les termes qu’ils venaient de créer par brusque importation : ils imposèrent l’uniforme à beaucoup d’autres qui ne relevant que du latin vulgaire, n’étaient point sortis de l’Ecole ou des livres.
Ainsi, au lien de dire au laboureur en langage ordinaire qu’il n’aura qu’une mauvaise récolte, s’il néglige certains soins de culture, il lui annonce ainsi le sort qui le menace : Heu ! […] Il y a néanmoins des occasions où les petits détails font bon effet, comme lorsque La Fontaine peint les tentatives des rats qui, après plusieurs alarmes, commencent à sortir : Mettent le nez à l’air, montrent un peu la tête, Puis rentrent dans leurs nids à rats ; Puis, ressortant, font quatre pas, Puis enfin se mettent en quête. […] Nous ne parlons ici que des pensées qui ont quelque chose de remarquable, et qui sortent ainsi du rang ordinaire.
Si le roi eût cédé aux prières de tant de serviteurs, qui ne craignaient que pour ses jours ; s’il n’eût demeuré sur le champ de bataille ; s’il n’eût fait revenir ses canons dispersés, qu’on retrouva avec tant de peine, aurait-on fait les efforts réunis qui décidèrent du sort de cette journée ?
Digne de récompense, content de son sort, utile à l’homme, semblable à son père, propre à la guerre.
Je suis malade3 quelquefois, mais très content de mon sort, et ne trouvant que vous qui me manque. […] J’ai soixante-seize ans, et je sors à peine d’une grande maladie qui a traité fort mal mon corps et mon âme pendant six semaines.
En l’état que sont les choses, sortir de France seulement pour vingt-quatre heures, c’est s’en bannir pour jamais.
On le trouve dans leur cabinet, à leur table, d’où il sort le dernier5, plein d’admiration pour ce qu’ils ont dit et pour ce qu’ils disent.
Quelle espérance de vivre en repos si tous ces défauts nous ébranlent, nous troublent, nous renversent et font sortir notre âme de son assiette ?
« On est régenté où l’on voudrait être attiré par le charme… Il y a dans ses livres assez de talent pour sortir du commun, pas assez pour être de l’élite… » (M.
Voyons comment vos cœurs sublimes Du sort soutiendront le retour. […] Ton Dieu n’est plus irrité : Réjouis-toi, Sion, et sors de la poussière ; Quitte les vêtements de ta captivité, Et reprends ta splendeur première.
L’orateur se demande ensuite : « D’où sont sortis ces effets surprenans d’une éloquence plus qu’humaine ?
La comédie, au contraire, nous faisant laisser notre mélancolie à la porte, nous la rend lorsque nous sortons.
Ils les changent et les corrompent quand ils sortent de l’enfance ; ils croient qu’il faut imiter ce qu’ils voient, et ils ne le peuvent parfaitement imiter : il y a toujours quelque chose de faux et d’incertain dans cette imitation.
On ne peut tout dire sans doute de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en dire assez pour bien marquer le sens de sa manière, et donner à l’auditeur qui sort de là l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original ; mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au delà, il en garde un souvenir propre, et attache à chaque nom connu une idée précise.
Vous passez pour un prodige, et je ne doute pas que l’Espagne ne se trouve un jour aussi vaine6 de vous avoir produit, que la Grèce d’avoir vu naître ses sages7 » Ces paroles furent suivies d’une nouvelle accolade8 qu’il me fallut essuyer, au hasard d’avoir le sort d’Anthée9 Pour peu que j’eusse eu d’expérience, je n’aurais pas été la dupe de ses démonstrations ni de ses hyperboles ; j’aurais bien connu à ses flatte ries outrées que c’était un de ces parasites1 que l’on trouve dans toutes les villes, et qui, dès qu’un étranger arrive, s’introduisent auprès de lui pour remplir leur ventre2 à ses dépens ; mais ma jeunesse et ma vanité m’en firent juger tout autrement.
On ne peut tout lire sans doute de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière, et donner à l’auditeur qui sort de là l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original ; mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au delà, il en garde un souvenir propre, et attache à chaque nom connu une idée précise.
Il y a, en effet, dans l’homme, un sentiment inné qui le pousse incessamment à sortir de la réalité ; poursuivi par un impérieux désir de bonheur, les biens terrestres ne peuvent combler le vide de son cœur.
En voici un exemple dans ce quatrain de Gombaud : Colas est mort de maladie : Tu veux que j’en pleure le sort. […] On doit regretter sa mort, Mais sans accuser le sort De cruauté ni d’envie. […] Dans cette phrase de La Bruyère : « Un sot ni n’entre, ni ne sort, ni ne s’assied, ni ne se lève, ni ne se tait, ni n’est sur ses jambes comme un homme d’esprit ».
Pour atteindre ce but, le plus honorable, sans contredit, que l’éloquence ait pu jamais se proposer, nous verrons l’orateur employer tous les moyens capables de faire sortir de sa léthargie un peuple si longtemps fameux par sa justice, son humanité et son courage, mais déjà corrompu et presque entièrement dégénéré.
On leur a trouvé à tous deux des défauts, mais on n’a pas vu ou dit encore que ces défauts, en apparence si opposés, sont exactement les mêmes, et tiennent, dans l’un comme dans l’autre écrivain, à la manie de sortir du ton de son sujet.
Et ce fut là ton sort, bienheureux Raphaël, Artiste plein d’amour, de grâce et de puissance !
(Dame Claude, Brindavoine et La Merluche sortent.
Poussé d’un zèle saint, il sort, comme un autre Abraham, de sa terre et de la maison de ses pères ; il s’arrache à toutes les délices du trône, et, à la tête de ses plus vaillants sujets, il vole venger la gloire de Jésus-Christ outragée par des barbares, qui foulaient encore aux pieds une partie des lieux saints de la Palestine et menaçaient d’envahir le reste, que la valeur des Français venait de conquérir depuis peu.
Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes, qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle.
Les partis se suivent, se poussent à l’échafaud, jusqu’au terme que Dieu a marqué aux passions humaines ; et de ce chaos sanglant sort tout à coup un génie extraordinaire qui saisit cette société agitée, l’arrête, lui donne à la fois l’ordre, la gloire, réalise le plus vrai de ses besoins, l’égalité civile, ajourne la liberté qui l’eût gêné dans sa marche, et court porter à travers le monde les vérités puissantes de la révolution française.
Ils naissent instruits, et ils sont plus tôt des hommes parfaits que le commun des hommes ne sort de l’enfance. » Belle phrase !
Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.
Source féconde des réalités, tout sort de lui, tout y rentre ; et, tandis qu’envoyés au dehors pour attester sa puissance, et pour célébrer sa gloire dans tous les points de l’espace et des temps, ses innombrables créatures, leur mission remplie, reviennent déposer à ses pieds la portion d’être qu’il leur départit, et que sa justice rend aussitôt à plusieurs d’entre elles, ou comme récompense, ou comme châtiment ; seul, immobile au milieu de ce vaste flux et reflux des existences, unique raison de son être, et de tous ses Êtres, il est à lui-même son principe, sa fin, sa félicité. […] Buffon aimait mieux recommencer un article entier, plutôt que de laisser sortir de sa plume une phrase mal arrondie ou mal sonnante : aussi ses écrits nous offrent-ils une succession de mots et de phrases harmonieusement cadencés.
Démosthène paraît sortir de soi et ne voir que la patrie ; il ne cherche point le beau, il le fait sans y penser ; il est au-dessus de l’admiration ; il se sert de la parole, comme un homme modeste de son habit, pour se couvrir.
Plongé, en quelque façon, dans l’extase, mais emporté tout à coup par une imagination vive et ardente, il se représenta sous une forme visible les attributs du souverain créateur : il prêta un corps et une âme aux différents êtres sortis de ses mains, et les traça de même dans un langage plus agréable, plus riche, et, bien plus élevé que le langage ordinaire.
Tel est le caractère dominant des mœurs de notre siècle : une inquiétude généralement répandue dans toutes les professions, une agitation que rien ne peut fixer, ennemie du repos, incapable du travail, portant partout le poids d’une inquiète et ambitieuse oisiveté ; un soulèvement universel de tous les hommes contre leur condition, une espèce de conspiration générale dans laquelle ils semblent être tous convenus de sortir de leur caractère ; toutes les professions confondues, les dignités avilies, les bienséances violées ; la plupart des hommes hors de leur place, méprisant leur état et le rendant méprisable.
» s’écria le roi ; il embrassa ce garde, et le créa colonel sur-le-champ. « Allons, mes amis, dit-il, prenez avec vous le plus de poudre et de plomb que vous pourrez, et gagnons la chancellerie l’épée à la main. » Les Turcs, qui cependant entouraient cette maison tout embrasée, voyaient avec une admiration mêlée d’épouvante que les Suédois n’en sortaient point ; mais leur étonnement fut encore plus grand lorsqu’ils virent ouvrir les portes et le roi et les siens fondre sur eux en désespérés.
Sors-je ?
Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle.
Il fut révoqué par Louis XIV en 1685 ; et cet acte fit sortir de France un grand nombre de familles qui professaient la religion protestante.
Chénier, dans une de ses Élégies, comme par un pressentiment de son propre sort : Je meurs : avant le soir j’ai fini ma journée… Voy., au contraire, de quelles couleurs Delille a peint un vieillard plein de jours, poëme de l’Imagination, chant VI.
Les terreurs cruelles marchent partout devant nous ; la solitude nous trouble ; les ténèbres nous alarment ; nous croyons voir sortir de tous côtés des fantômes qui viennent toujours nous reprocher les horreurs secrètes de notre âme ; des songes funestes nous remplissent d’images noires et sombres ; et le crime, après lequel nous courons avec tant de goût, court ensuite après nous comme un vautour cruel, et s’attache à nous pour nous déchirer le cœur et nous punir du plaisir qu’il nous a lui-même donné1 Sur l’ennui L’ennui, qui paraît devoir être le partage du peuple, ne s’est pourtant, ce semble, réfugié que chez les grands : c’est comme leur ombre qui les suit partout1 Les plaisirs, presque tous épuisés pour eux, ne leur offrent plus qu’une triste uniformité qui endort ou qui lasse ; ils ont beau les diversifier, ils diversifient leur ennui2 En vain ils se font honneur3 de paraître à la tête de toutes les réjouissances publiques ; c’est une vivacité d’ostentation ; le cœur n’y prend presque plus de part ; le long usage des plaisirs les leur a rendus inutiles : ce sont des ressources usées, qui se nuisent chaque jour à elles-mêmes.
Châlons avait alors une école d’artillerie d’où sortit aussi P.
Devant ce banc de pierre, et de papiers couverte, Dans l’embrasure était sa table à serge verte ; A cette place assis il passait tous ses jours ; On entrait, on sortait, il écrivait toujours.
Comment les domestiques ne l’ont-ils vu ni entrer ni sortir ?
D’ailleurs elle ne nous a transmis que les gestes de quelques nations, c’est-à-dire les actes d’une très-petite partie du genre humain : tout le reste des hommes est demeuré nul pour nous, nul pour la postérité ; ils ne sont sortis de leur néant que pour passer comme des ombres qui ne laissent point de traces ; et plût au ciel que le nom de tous ces prétendus héros, dont on a célébré les crimes ou la gloire sanguinaire, fût également enseveli dans la nuit de l’oubli ! […] Nulle route, nulle communication, nul vestige d’intelligence dans ces lieux sauvages ; l’homme, obligé de suivre les sentiers de la bête farouche, s’il veut les parcourir, contraint de veiller sans cesse pour éviter d’en devenir la proie, effrayé de ses rugissements, saisi du silence même de ces profondes solitudes1, rebrousse chemin et dit : La nature brute est hideuse et mourante ; c’est moi, moi seul qui peux la rendre agréable et vivante : desséchons1 ces marais, animons ces eaux mortes en les faisant couler ; formons-en des ruisseaux, des canaux ; employons cet élément actif et dévorant qu’on nous avait caché, et que nous ne devons qu’à nous-mêmes ; mettons le feu à cette bourre superflue, à ces vieilles forêts déjà à demi consommées ; achevons de détruire avec le fer ce que le feu n’aura pu consumer : bientôt au lieu du jonc, du nénuphar dont le crapaud composait son venin, nous verrons reparaître la renoncule, le trèfle, les herbes douces et salutaires ; des troupeaux d’animaux bondissants fouleront cette terre jadis impraticable ; ils y trouveront une subsistance abondante, une pâture toujours renaissante ; ils se multiplieront pour se multiplier encore : servons-nous de ces nouveaux aides pour achever notre ouvrage ; que le bœuf, soumis au joug, emploie ses forces et le poids de sa masse à sillonner la terre ; qu’elle rajeunisse par la culture ; une nature nouvelle va sortir de nos mains2 Qu’elle est belle, cette nature cultivée !
La Bretagne et la Provence ne sont pas compatibles ; c’est une chose étrange que les grands voyages : si l’on était toujours dans le sentiment qu’on a quand on arrive, on ne sortirait jamais du lieu où l’on est ; mais la Providence fait qu’on oublie.
On retrouve quelque chose de ce goût dans sa diction si patiemment élaborée : « Il ne sortait rien de sa plume qui ne fût travaillé, a dit le Père de La Rue ; et ses lettres, ses moindres billets, avaient du nombre et de l’art. » On regrette qu’il se soit trop assujetti à poursuivre l’un et l’autre. — Au sujet de cet auteur, on peut consulter avec fruit une notice de Dussault et l’Essai de M.
: Le riche et l’indigent, l’imprudent et le sage, Subissent même sort ; plusieurs verbes, ex.
Cestui-ci vint baiser à la jouë d’Aubigné, puis se tourna vers Beroalde disant : « Il faut que je meure ou que je vous sauve tous, pour l’amour de cet enfant ; tenez-vous prets pour sortir quand je vous le dirai : cependant donnez moy cinquante ou soixante escus pour corrompre deux hommes sans lesquels je ne puis rien. » On ne marchanda point3 à trouver soixante escus cachez dans des souliers.
En définitive, le jeune homme sortira-t-il de cette lecture avec de meilleurs sentiments et un plus vif désir d’être homme de bien ?
Va, mon ami, tu n’as pas, je t’assure, l’oreille béotienne. » En un mot, il fut si content de moi, qu’il me dit avec vivacité : « Sois, Gil Blas, sois désormais sans inquiétude sur ton sort ; je me charge de t’en faire un des plus agréables.
Il est vrai, lui dis-je ; mais puisque vous voilà sorti… Non, reprit-il, entrez chez moi, je suis à vous dans un moment.
C’est si gracieux l’enfance et sa parure : De si jolies boucles tomberont sur ce corsage, un bras si blanc, si rond remplira ces manches, une si jolie petite main en sortira, et l’enfant est si jolie et s’appelle Angèle !
Dans la tragédie d’Athalie, Mathan fait ce dilemme en parlant du jeune Éliacin : À d’illustres parents s’il doit son origine, La splendeur de son sang doit bâter sa ruine ; Dans le vulgaire obscur ci le sort l’a placé, Qu’importe qu’au hasard un sang vil soit versé ?
Les caractères doivent être soutenus et variés en même temps, sans jamais sortir du naturel.
Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis, des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : elles sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid1 ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse2, en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion.
. — Mais aussitôt qu’on cesse pour nous de compter les heures, et de mesurer notre vie par les jours et par les années, sortis des figures qui passent et des ombres qui disparaissent, nous arrivons au règne de la vérité, où nous sommes affranchis de la loi des changements ».
Mais, ces cas exceptés, l’exorde doit, en général, être simple et naturel, et sortir sans effort du sujet même : Effloruisse penitùs ex re de quû tùm agitur.
, III), et qu’après avoir répandu sur sa tête des essences et des parfums, après l’avoir couronné de bandelettes comme un homme divin, il l’invitait à sortir de sa république.
Une absence à l’Académie À Madame Necker Ma très-respectable amie, je ne sortirai pas de deux jours, et je vous dirai confidentiellement que cela convient encore mieux à mon projet qu’à ma santé.
Les blés, les vignes, les taillis, les buissons, les fleurs, sa litière dans une touffe d’herbe ou dans la mousse sous un hallier, ses sommes, ses songes, sa vague et douce existence, tout est à elle de nouveau ; et moi, pour longtemps effarouché, je ne sortirai plus, je demeurerai à tout jamais confiné dans ma souterraine demeure.
. — En Grèce, le théâtre naquit de la religion, puisqu’il sortit graduellement des développements ajoutés au dithyrambe, chant sacré en l’honneur de Bacchus ; en France, on vit de même, au moyen âge, la religion donner naissance à l’art dramatique. […] Enfin c’est dans Phèdre (1677) qu’il se montra surtout l’imitateur d’Euripide, mais en surpassant de beaucoup son modèle, car l’Hippolyte du poète grec, outre que l’intérêt s’y concentre sur le sort d’Hippolyte et non sur « la douleur vertueuse, de Phèdre, malgré soi perfide, incestueuse, » ne peut, en dépit de ses beautés, être égalée au chef-d’œuvre que Racine en a tiré. […] D’ailleurs, quand on n’a pas médité son sujet, ou ne peut connaître ses limites ; d’où il résulte qu’on le fait ou plus vaste, ou moins vaste qu’il n’est ; dans le premier cas, on sort de la question, dans le second, on est incomplet. […] », il quitta sa feinte douceur, puis jetant le masque, sortit en proférant des menaces contre Rome, et en jurant d’éteindre sous des ruines l’incendie allumé contre lui. — La nuit suivante, il quitta Rome et se rendit en Étrurie, au camp de Mallius. […] Les derniers mots sont un aveu plein de franchise et de pudeur tout à la fois qu’elle laisse échapper malgré elle : Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix.
» En effet, Romains, sans qu’il soit nécessaire de vous rappeler ici le sort de chacun en particulier, vous pouvez, d’un coup d’oeil, voir ceux qui, de concert avec le sénat, ont relevé la république abattue, l’ont délivrée d’un brigandage domestique ; vous pouvez, dis-je, les voir plongés dans la tristesse, revêtus d’habits de deuil, traduits en justice, exposés à vivre loin de leur patrie, de leurs enfants ; à rester privés de leur ville, de leur réputation, de toute leur existence : tandis que ceux qui ont attaqué, confondu, violé, détruit tous les droits divins et humains, ne se contentent pas de paraître en public avec un air satisfait, triomphant ; mais, sans y être forcés, absolument tranquilles pour eux-mêmes, ils se plaisent à précipiter dans le péril les citoyens les plus fermes et les plus courageux.
Molière a dit dans le Misanthrope : Ce style figuré, dont on fait vanité, Sort du bon caractère et de la vérité ; Ce n’est que jeux de mots, qu’affectation pure, Et ce n’est pas ainsi que parle la nature.
L’esprit de la conversation consiste bien moins à en montrer beaucoup qu’à en faire trouver aux autres ; celui qui sort de votre entretien content de soi et de son esprit l’est de vous parfaitement3.
Darius n’entre dans ses villes et dans ses provinces que pour en sortir : les marches d’Alexandre sont si rapides, que vous croyez voir l’empire de l’univers plutôt le prix de la course, comme dans les jeux de la Grèce, que le prix de la victoire.
C’est pourquoi, sitôt que l’âge me permit de sortir de la sujétion de mes précepteurs, je quittai entièrement l’étude des lettres ; et, me résolvant de ne chercher plus d’autre science que celle qui se pourrait trouver en moi-même, ou bien dans le grand livre du monde, j’employai le reste de ma jeunesse à voyager, à voir des cours et des armées, à fréquenter des gens des diverses humeurs et conditions, à recueillir diverses expériences, à m’éprouver moi-même dans les rencontres que la fortune me proposait, et partout à faire telle réflexion sur les choses qui se présentaient que j’en pusse tirer quelque profit.
Il ripostait à l’instant même, coup sur coup, à tous et sur tout, avec une rapidité d’action et une justesse d’à-propos surprenante… Qu’y a-t-il dans l’histoire et dans les mouvements de l’éloquence antique de plus libre, de plus fier, de plus héroïque, de plus insolent, de plus inattendu, de plus victorieux, de plus étourdissant, de plus atterrant, de plus écrasant, que la repartie de Mirabeau au grand maître des cérémonies de la cour : “Les communes de France ont résolu de délibérer ; et vous, monsieur, qui ne sauriez être l’organe du roi auprès de l’assemblée nationale ; vous qui n’avez ici ni place, ni voix, ni droit de parler, allez dire à votre maître que nous sommes ici par la volonté du peuple, et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes !”
Nous en sommes sortis travaillés de maladies contraires, enivrés d’orgueil et vaincus par le doute, offrant tour à tour le spectacle de l’emportement des désirs et de la mollesse de la volonté.
Euripide, dans sa tragédie d’Iphigénie en Aulide, fait dire à Agamemnon : « Heureux vieillard, que je suis jaloux de ton sort ! […] Quelque ennui qui le presse, Il ne voit, dans son sort, que moi qui s’intéresse, Et n’a pour tout plaisir, Seigneur, que quelques pleurs Qui lui font quelquefois oublier ses malheurs. […] À peine est-il enfermé dans le sein de la terre, qu’il en sort dès le troisième jour, victorieux et triomphant.
Durant le siège de cette ville, il tut la terreur des Grecs, dont il brûla la flotte, et soutint plusieurs combats singuliers, d’où il sortit toujours couvert de gloire. […] Vénus, fille, suivant plusieurs poètes, de Jupiter, et de la nymphe Dioné ; mais suivant bien d’autres, née de l’écume de la mer, d’où elle sortit sur une conque marine, avec tout l’éclat de la beauté, et fut enlevée par les Heures dans le ciel.
L’âge viril plus mûr inspire un air plus sage, Se pousse auprès des grands, s’intrigue, se ménage ; Contre les coups du sort songe à se maintenir, Et loin dans le présent regarde l’avenir.
Je ne sortirai point des généralités de la composition et même de la composition en prose.
Selon lui, point de dénoûment sans catastrophe, soit dans les fables qu’il appelle simples, où le héros est continuellement malheureux, jusqu’à ce qu’un dernier coup mette le comble à son infortune, soit dans celles qu’il nomme implexes, où le sort des personnages change à la fin par une péripétie.
Sans le style, il est impossible qu’il y ait un seul bon ouvrage en aucun genre d’eloquence ou de poésie. » Aussi Quintilien comparait-il l’invention et la disposition séparées de l’élocution à une épée qui ne sortirait jamais du fourreau.
Claire : on ne la chargera pas de détails inutiles, et on la tirera du fond même des choses, car, dit Cicéron, elle doit sortir du sujet comme une fleur de sa tige.
Mais, puisqu’un sort fatal nous l’a enlevé à vous et à moi (en même temps il porte la main à ses yeux comme pour essuyer des larmes), qui doit jouir de l’héritage du grand Achille, si ce n’est celui qui fait jouir les Grecs d’Achille et de sa gloire ?