Chrétiens, que la mémoire d’une grande reine, fille, femme, mère de rois si puissants, et souveraine de trois royaumes, appelle de tous côtés à cette triste cérémonie, ce discours vous fera paraître un de ces exemples redoutables qui étalent aux yeux du monde sa vanité tout entière. Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, la félicité sans bornes2 aussi bien que les misères ; une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’univers ; tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulé sur une tête qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; la bonne cause d’abord suivie de bons succès, et depuis des retours soudains, des changements inouïs : la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse ; nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus ; l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté ; une reine fugitive, qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes, et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil ; neuf voyages sur mer, entrepris par une princesse, malgré les tempêtes3 ; l’Océan étonné de se voir traversé tant de tois en des appareils si divers et pour des causes si différentes ; un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli : voilà les enseignements que Dieu donne aux rois. […] la voilà telle que la mort nous l’a faite ; encore ce reste tel quel va-t-il disparaître ; cette ombre de gloire va s’évanouir, et nous l’allons voir dépouillée même de cette triste décoration. […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros ; mais approchez en particulier, ô vous qui courez avec tant d’ardeur dans la carrière de la gloire, âmes guerrières et intrépides ! […] Et vous, ne viendrez-vous pas à ce triste monument, vous, dis-je, qu’il a bien voulu mettre au rang de ses amis ?
C’est là qu’en arrivant, plus qu’en tout le chemin, Vous trouverez partout l’horreur du nom romain, Et la triste Italie encor toute fumante Des feux qu’à rallumés sa liberté mourante. […] Non que la peur du coup dont je suis menacée Me fasse rappeler votre bonté passée : ' Ne craignez rien : mon cœur, de votre honneur jaloux, Ne fera point rougir un père tel que vous ; Et, si je n’avais eu que ma vie à défendre, J’aurais su renfermer un souvenir si tendre ; Mais à mon triste sort, vous le savez, seigneur, Une mère, un amant, attachaient leur bonheur. […] Mais de ce souvenir mon âme possédée A deux fois en dormant revu la même idée ; Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer Ce même enfant toujours tout prêt à me percer. […] Au bruit de votre mort justement éplorée, Du reste des humains je vivais séparée, Et de mes tristes jours n’attendais que la fin, Quand tout-à-coup, madame, un prophète divin : « C’est pleurer trop longtemps une mort qui t’abuse, Lève-toi, m’a-t-il dit, prends ton chemin vers Suse ; Là tu verras d’Esther la pompe et les honneurs, Et sur le trône assis le sujet de tes pleurs. » (Racine, Esther, acte I, sc. 1.)
Si l’on nous offrait l’immortalité sur la terre, qui est-ce qui voudrait accepter ce triste présent ? […] instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal, qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature ; sans toi, je ne sens rien en moi qui m’élève au-dessus des bêtes, que le triste privilége de m’égarer d’erreurs en erreurs, à l’aide d’un entendement sans règle et d’une raison sans principes2. […] En vous offrant l’ébauche de mes tristes rêveries2, je n’ai point cru vous faire un présent digne de vous, mais m’acquitter d’un devoir et vous rendre un hommage que nous vous devons tous comme à notre chef. […] Oui, dans cette vallée de nos maux, que David appelle éloquemment une vallée de larmes, dans ce torrent de Cédron où le Sauveur du monde a passé comme nous, et où nous buvons chaque jour l’eau triste et troublée de notre vie, le bonheur n’est pas un inconnu, ni même un absent.
Une espèce de sauvage, presque nu, pâle et miné par la fièvre, garde ces tristes chaumières : on dirait qu’aucune nation n’a osé succéder aux maîtres du monde dans leur terre natale, et que les champs sont tels que les a laissés le soc de Cincinnatus, ou la dernière charrue romaine. […] Prévost-Paradol sur la triste se. […] Nous pouvons ainsi prendre no re mesure ; savoir au vrai pourquoi l’on est triste, c’est être bien près de savoir ce qu’on vaut » Comparez aussi la pièce de M.
Cette clôture même où l’enfance captive Prête aux tristes leçons une oreille craintive, Qui de nous peut la voir sans quelque émotion1 ? […] Virgile dit simplement le triste hiver.
À une étoile Etoile qui descends sur la verte colline, Triste larme d’argent du manteau de la nuit1, Toi que regarde au loin le pâtre qui chemine, Tandis que pas à pas son long troupeau le suit ; Etoile, où t’en vas-tu dans cette nuit immense ? […] Son visage était triste et beau ; A la lueur de mon flambeau, Dans mon livre ouvert il vint lire.
. — Dieu que c’est triste ! […] Je suis plus triste qu’en hiver.
Maître Paul90 mourut il y a huit jours ; notre jardin en est tout triste. […] On parle tout haut ; il trouve qu’on parle trop, et qu’on est trop gai pendant qu’il est triste. On est triste ; cette tristesse lui paraît un reproche de ses fautes. […] Il faut bien leur pardonner leurs fables ; elles étaient aimables et touchantes : elles valaient bien de tristes, d’arides vérités ; c’étaient de doux emblèmes pour les âmes sensibles. […] Ô d’un triste combat effet vraiment funeste !
Si vous en avez conservé autant, vous serez touché d’apprendre une si triste nouvelle. […] C’est au milieu des tristes pensées que ces souvenirs réveillent, que le voyageur poursuit son chemin. […] Tout seul, l’enfant apprend à ne pas aimer ses semblables ; il devient triste et morose, il est plus triste qu’un orphelin, car il dort quand sa mère revient du travail, et le lendemain, quand sa mère retourne au travail, il dort encore. […] Cette maison est un véritable élysée pour de pauvres enfants habitués à toutes les obscurités de ces tristes prisons du cinquième étage, dans ces rues étroites et malsaines. […] S’il les eût obscurcies par des couleurs plus sombres, qui aurait pu faire ses délices d’une vue si triste et si lugubre ?