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31. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

De là, certaines conditions nécessaires pour le succès, et qu’il faut étudier avec soin. […] « Plus de sévérité, dit Voltaire, rendrait souvent impraticables de très beaux sujets, et plus d’indulgence ouvrirait la porte à de trop grands abus. » De nos jours, on a voulu fouler aux pieds les règles des unités ; mais ce qui est certain, c’est qu’il n’y a pas une seule des pièces faites en dépit de ces règles qui ait eu un succès durable ; ce qui prouve qu’elles sont dans l’intérêt des auteurs comme dans celui de la beauté de l’œuvre. […] On a cherché aussi, mais arbitrairement et sans succès, à déterminer quelle partie de la pièce chaque acte devait contenir. […] Ses dispositions naturelles, son caractère observateur, son talent de style sont certainement pour beaucoup dans le succès qu’il a obtenu ; mais les mœurs françaises, nos habitudes de société, le ton de notre conversation, notre langue enfin y sont aussi pour quelque chose ; et ce qui le prouve, c’est cette suite de poètes comiques du plus grand talent, que nous avons eus depuis sa mort, et cette innombrable quantité de comédies qu’ils nous ont données et dans lesquelles on trouve toujours, jusque dans les plus faibles, plus ou moins des qualités qu’il a mises dans les siennes. […] Aussi, dans toutes les pièces dont nous venons de parler, la gloire du succès est bien faible pour l’écrivain.

32. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre III. De l’Éloquence chez les Romains. »

Enfin, après avoir défendu soixante ans les particuliers et l’état, cultivé les lettres, la philosophie et l’éloquence, au milieu des orages, des succès et des malheurs, il périt victime des factions et d’un monstre à qui il avait servi de protecteur et de père. […] Tous deux ont eu les mêmes succès, ont exercé le même empire sur les âmes.

33. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

« Son esprit (dit l’abbé Sicard) était brûlant comme le soleil qui éclaira son berceau, sa tête remplie de principes justes et sains ; homme étonnant, qui mieux que lui les eût fait triompher, si d’anciens ressentiments ne l’avaient jeté dans un parti dont il faisait la force, dont il était la gloire, et dont il était sur le point de déserter les drapeaux, quand la mort vint empêcher cette réparation solennelle à la cause qu’il avait combattue jusqu’alors avec tant de courage, de talent et de persévérance. » Cependant cet athlète si redoutable, dont la seule apparition à la tribune semblait en devoir écarter tous ceux qui n’y monteraient pas pour soutenir ou défendre ses opinions ; ce turbulent tribun du peuple, qui jouissait et abusait même insolemment de toute l’influence que donne une grande popularité, trouva un adversaire digne de son talent, dans un homme qui, célèbre jusque-là par des succès dans la chaire évangélique, et par de pacifiques triomphes d’académie, ne laissait pas soupçonner en lui le publiciste profond, l’homme d’état complètement familiarisé avec tous les ressorts et tous les secrets de l’administration. […] Le succès, il est vrai, n’a pas toujours égalé le courage des orateurs ; il n’a pas toujours suffi d’avoir raison, pour obtenir gain de cause ; c’est que le nombre des sophistes l’emportait déjà sur celui des sages, et que le génie du mal, à qui le choix des armes est indifférent, triomphe trop aisément du génie du bien, qui n’est que franchement courageux.

34. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Sur cet exemple on peut ici m’en croire : Trop de talents, trop de succès flatteurs, Traînent souvent la ruine des mœurs. […] Gresset, déjà auparavant, s’était essayé dans la tragédie, mais avec moins de succès.

35. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

Des vers latins adressés à Mazarin sur la paix des Pyrénées, des sermons qui eurent un succès mondain, et l’oraison funèbre de la duchesse de Montausier lui firent une réputation qui lui ouvrit les portes de l’Académie en 1675. […] Ces foudres de bronze que l’enfer a inventés pour la destruction des hommes tonnaient de tous côtés pour favoriser et pour précipiter cette retraite ; et la France en suspens attendait le succès d’une entreprise qui, selon toutes les règles de la guerre, était infaillible.

36. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

L’orateur peut suivre cette marche, surtout lorsque la cause qu’il soutient est bonne, et qu’il est sûr du succès. […] Aussi, celui qui veut avec succès parler en public doit étudier avec soin le langage et la juste expression des tons. […] Lorsque ces qualités se ternissent, l’éloquence perd aussitôt son éclat, et l’orateur ne doit plus compter sur aucun succès. […] Quelques ouvrages, publiés en France d’après ce système, eurent le plus grand succès. […] Entre ces deux extrêmes il est un juste milieu qu’elle peut encore occuper avec succès.

37. (1873) Principes de rhétorique française

Massillon offre un exemple admirable de cet emploi du pathétique et le succès répondit au génie de l’orateur. […] Son indignation n’est point aveugle ; elle se règle et se dirige en vue du succès et du salut de la patrie. […] Apporter le plus grand soin à duquel dépend le succès de T œuvre tout entière, II. […] Le discernement de ces nuances est une des qualités essentielles de l’homme de goût, une première condition de son succès. […] L’orateur est ici comme le chanteur et le musicien ; les dernières notes décident du succès du morceau tout entier.

38. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Aussi, les succès ont-ils été extrêmement rares en ce genre ; et sans être aussi rigoureux que certains critiques, qui consentent difficilement à accorder le nom d’épopée à d’autres poèmes qu’à l’Iliade et à l’Énéide, nous dirons que les poètes épiques vraiment dignes de ce nom sont en très petit nombre, et qu’il serait difficile de trouver dans l’histoire littéraire plus de huit ou dix poèmes qui méritent le nom d’épopée. […] Voltaire a péché contre cette règle dans le choix de son sujet ; et son poème a eu moins de succès que s’il l’avait respectée. […] Le succès du poème dépend en grande partie d’un choix de sujet auquel le public prenne de l’intérêt : c’est ce qui a lieu, par exemple, lorsque celui qui en est le héros a été le fondateur, le libérateur ou le favori de sa nation, ou lorsque le poème roule sur des actions d’éclat qui ont été extraordinaire ment exaltées, ou qui, par l’importance de leurs suites, sont liées de quelque manière au bien général. […] C’est cette grande vertu dont il est constamment animé, qui nous le fait admirer dans les obstacles qu’il rencontre, dans les revers qu’il essuie, dans ses malheurs, ses périls, ses combats ; et notre admiration est portée à son comble, à l’aspect de cette vertu couronnée par le succès de l’entreprise. […] Le but des Portugais est la propagation de la foi ; et Vénus se charge du succès de l’entreprise.

39. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

« Le comte de Guiche a fait une action, dont le succès le couvre de gloire ; car si elle eût tourné autrement, il était criminel. […] Je ne vous dissimulerai pourtant pas que votre tâche me paraît un peu difficile : vos secours passés augmentent vos engagements ; et des succès ordinaires ne vous acquitteraient peut-être pas. […] La grandeur fut égale de part et d’autre ; Barry souffrit la mort ; et sa femme, après avoir défendu la place avec succès, alla ensevelir sa douleur et sa jeunesse dans un Couvent de Béziersc où elle mourut.

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