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146. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Calvin, 1509-1564 » pp. -

Icy non seulement j’ay liberté de glorifier Dieu, mais j’ay tant de bonnes remonstrances pour me confermer en mon salut2. » Quelques fois elle disoit bien : « Je n’en puis plus. » Quand je lui repondois : « Dieu pourra pour vous ; il vous a bien monstré jusques icy comme il assiste aux siens ; » elle disoit tantost : « Je le croy et me faict bien sentir son aide. » Son mary estoit là, s’esvertuant en sorte qu’il nous faisoit pitié à tous, et cependant nous faisoit esbaïr3 de sa constance. […] Et pource qu’ils ont senti en nous plus de magnanimité qu’ils n’eussent voulu, et plus de vehemence à leur resister, le venin que tenoient aucuns3 caché dedans leur cœur s’est ietté.

147. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Il me semble en mon sein sentir battre des ailes ; Un air intérieur me soulève avec elles, Me porte, et je m’envole à chaque lieu connu, Léger comme un oiseau vers son nid revenu. […] comment exprimer l’émotion profonde Que je sentis en moi se gonfler comme une onde, En montant ses degrés, en rentrant dans ce lieu Dont Corneille était roi, dont Homère était dieu !

148. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — De Laprade Né en 1812 » pp. 576-582

Rejetant de son front ses longs cheveux, Psyché Écarte l’herbe haute et les fleurs autour d’elle, Respire, sent la vie, et voit la terre belle, Et blanche, se dressant dans sa robe aux longs plis, Hors du gazon touffu monte comme un grand lis4 (Psyché. […] C’est senti, c’est peint d’après nature, et de loin, à grands coups de pinceau.

149. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

Les bons écrivains, surtout chez les anciens, ont senti cet avantage. […] Grâce à cette progression, on sentira un attrait plus puissant à mesure qu’on avancera dans la lecture de la description. Si, au contraire, la fatigue et l’ennui se font sentir dans le cours du morceau, c’est une preuve certaine qu’il ne présente pas d’intérêt, et par conséquent, qu’il est défectueux. […] La facilité demande qu’on évite dans les lettres tout ce qui sentirait la contrainte et l’effort, tout ce qui décèlerait le travail et l’étude. […] Si un supérieur fait trop sentir ce qu’il est, s’il corrige trop durement, s’il ordonne trop impérieusement ou s’il refuse trop sèchement, sa lettre lui vaut un ennemi.

150. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Si vos marbres si durs ont senti son pouvoir, Dois je trouver mauvais qu’un méchant pourpoint noir Qui m’a duré deux ans, soit percé par le coude ? […] Le sublime, soit dans les pensées, soit dans les sentiments, est un trait merveilleux, extraordinaire, qui ravit, transporte, élève l’âme, au dessus d’elle-même, et qui lui fait sentir en même temps cette élévation. […] Qui ne sent que ce moi est le sublime du courage ? […] Ses anges ont partout fait entendre leur voix ; Et sortant de la poudre une seconde fois, Le genre humain tremblant, sans appui, sans refuge, Ne voit plus de grandeur que celle de son juge : Ébloui des rayons dont il se sent percer, L’impie avec horreur voudrait les repousser.

151. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

On sent qu’il n’y a qu’un Dieu, ou celui qu’il inspire, qui puisse parler un tel langage : et que c’est bien moins ici deux objets rapprochés à dessein, pour faire une comparaison, qu’une seule et même chose, Dieu et la nature : la tendresse divine, et la tendresse maternelle. […] L’image de l’homme vertueux et l’heureuse influence des bons exemples qu’il donne à la terre, pouvait-elle nous être présentée sous des traits plus justes et plus capables de la faire sentir, que dans la comparaison suivante : Tel un arbre que la nature Plaça sur le courant des eaux, Ne redoute pour ses rameaux Ni l’aquilon ni la froidure : Dans son temps il donne des fruits, Sous une éternelle verdure Par la main de Dieu reproduits. […] Ils avaient lu, ils sentaient le mérite de pareils traits, les écrivains qui nous les ont si heureusement reproduits dans leurs ouvrages.

152. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

S’est-il plaint à tes yeux des maux qu’il ne sent pas ? […] Vous vouliez que ma main portât les premiers coups ; Qu’il sentît en mourant qu’il expirait pour vous. […] Dans tout ce passage, on sent, comme le remarque La Harpe, que Virgile a servi de modèle à Racine.

153. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Elle avait du sérieux et de la gaieté ; elle sentait également le docteur, l’évêque et le grand seigneur : ce qui y surnageait, ainsi que dans toute sa personne, c’était la finesse, l’esprit, les grâces, la décence et surtout la noblesse. » Égal à tous les emplois, signalé à Louis XIV par son Traité de l’éducation des jeunes filles (1687), chef-d’œuvre de raison délicate, et par les éminentes qualités qu’il avait déployées dans une mission en Poitou, l’abbé de Fénelon fut nommé en 1687 précepteur du duc de Bourgogne. […] La nuit, qui répand avec ses ombres une douce fraîcheur, ne pouvait tempérer la chaleur dévorante que le jour avait causée ; elle ne pouvait verser sur les hommes abattus et défaillants, ni la rosée qu’elle fait distiller quand Vesper3brille à la queue des autres étoiles, ni cette moisson de pavots qui font sentir les charmes du sommeil à toute la nature fatiguée. […] Tout cela n’existe qu’au moment où il est senti ; la trace du vent dans les feuilles n’est pas plus fugitive.

154. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VII. des passions  » pp. 89-97

Emporté par une indignation véritable et sentie, celui-ci s’élance à la tribune. […] Mais en même temps, il ne manquait ni de talent, ni d’énergique volonté ; il sentit qu’il s’égarait, il commanda à sa passion, l’homme fit place à l’orateur, et l’assemblée émue lui prouva que, pour communiquer aux autres son indignation, il faut d’abord la dominer soi-même.

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