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158. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

C’est en vain que l’hypocrisie se couvre d’un voile ou que la fortune nous entoure d’un prestige ; il y a dans l’humanité un sentiment du bien et de l’honneur qui ne la trompe pas. […] Le sentiment que nous donne le bien accompli sous l’œil de Dieu renferme une certitude qui nous élève et nous console par-dessus tout, la certitude que notre vie est utile et qu’elle ne passe pas en vain dans le monde. […] Mais vous ne m’approuveriez pas, dans une occasion aussi grave, de me livrer au seul sentiment de l’amitié ; il s’agit d’intérêts qui, à vos yeux comme aux miens, sont au-dessus de tout et qui nous commandent à tous deux l’oubli de nous-mêmes. […] Quant à M. l’Archevêque, vous savez les sentiments que je professe pour lui ; je l’aime par reconnaissance, par une appréciation bien sentie de ses qualités, par une sorte de familiarité qui m’a permis de saisir plus librement ce qu’il y a en lui de droiture, d’élévation et de bonté ; je serais malheureux de lui causer la moindre peine.

159. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

« Je désirerais sincèrement que tout fût sagement réglé par les magistrats et dans le conseil des cinq-cents, et dans les assemblées du peuple ; que l’on remît en vigueur les lois de Solon, qui concernent les orateurs ; que d’abord, sans trouble et sans tumulte, le plus âgé pût jouir de son privilège, monter le premier à la tribune, y donner modestement l’avis qu’il croit le plus utile ; qu’ensuite celui qui le voudrait pût à son tour, et suivant son âge, exposer son sentiment sur le sujet de la délibération. […] Le voici : « Je commence, Athéniens, par conjurer tous les dieux et toutes les déesses de vous inspirer pour moi, dans cette circonstance, les sentiments de bienveillance dont je suis moi-même animé pour l’état : je leur demande aussi (et je parle ici pour votre propre gloire) qu’ils vous inspirent de consulter pour la manière dont vous devez m’entendre, non pas mon adversaire, l’injustice serait criante, mais les lois et votre serment ! […] — Si je me vantais de vous avoir inspiré cette élévation de sentiments, ce serait de ma part un orgueil insupportable ; mais en faisant voir que tels ont été toujours vos principes et sans moi, et avant moi, je me fais un honneur de pouvoir affirmer que dans cette partie des fonctions publiques, qui m’a été confiée, j’ai été pour quelque chose aussi dans ce que votre conduite a eu d’honorable et de généreux.

160. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Le résultat de vos observations à cet égard sera un vif désir de connaître et un profond sentiment d’admiration, qui ne peuvent manquer d’agrandir et de multiplier vos idées. […] Ce qui dérive de la faiblesse et de l’irritabilité des organes : la finesse de perception, la délicatesse de sentiment, la mobilité des idées, la docilité de l’imagination, les caprices de la volonté, la crédulité superstitieuse, les craintes vaines, les fantaisies et tous les vices des enfants ; ce qui dérive du besoin naturel d’apprivoiser un être sauvage, fier et fort, par lequel on est dominé : la modestie, la candeur, la simple et timide innocence, ou, à leur place, la dissimulation, l’adresse, l’artifice, la souplesse, la complaisance, tous les raffinements de l’art de séduire et d’intéresser ; enfin, ce qui dérive d’un état de dépendance et de contrainte, quand la passion se révolte et rompt les liens qui l’enchaînent : la violence, l’emportement, et l’audace du désespoir : voilà le fond des mœurs du côté du sexe le plus faible, et par là le plus susceptible de mouvements passionnés. […] Je ne puis qu’effleurer ce qu’il y aurait à dire à ce sujet, mais j’insiste d’autant plus vivement sur l’observation des bienséances qu’au milieu du bouleversement universel dont nous avons été témoins, le sentiment paraît s’en être perdu parmi nous.

161. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XV. de l’élocution  » pp. 203-216

Expression est le mot générique ; le cri, les pleurs, le geste sont, aussi bien que l’écriture ou la parole, l’expression d’un sentiment ou d’une idée. […] Prosateurs, usez des poëtes comme Bouchardon ; le même sentiment sous une expression toute différente. […] Le ton du philosophe pourra devenir sublime toutes les fois qu’il parlera des lois de la nature, de l’être en général, de l’espace, de la matière, du mouvement et du temps, de l’âme, de l’esprit humain, des sentiments, des passions ; dans le reste, il suffira qu’il soit noble et élevé.

162. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Chez lui, idées, sentiments, expressions, tout surabonde, déborde : c’est une tempête, un déluge, qui renverse toutes les digues. […] Elle entra dans le petit cabinet, d’où bientôt après elle sortit avec M. le duc d’Orléans, duquel l’activité et l’air turbulent marquaient plus l’émotion du spectacle que de tout autre sentiment. […] Si l’on y voit moins bien ses pensées, on y voit mieux ses sentiments.

163. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Malherbe. (1555-1628.) » pp. 160-164

A peine fut réclamée Sa douceur accoutumée, Que d’un sentiment humain Frappé non moins que de charmes4, Il fit la paix ; et les armes Lui tombèrent de la main. […] Sainte-Beuve, Malherbe a exprimé avec vérité et largeur le sentiment de la nature champêtre.

164. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Jourdain. — Voilà bien les sentiments d’un petit esprit, de vouloir toujours demeurer dans la bassesse640. […] L’aise, la joie, l’abondance remplissent l’âme de telle sorte, qu’elles en éloignent tout le sentiment de la misère des autres, et mettent à sec, si l’on n’y prend garde, la source de la compassion. […] C’est un sentiment naturel à tous les peuples. […] Termes, louant le Seigneur de ce que des sentiments humains l’emportaient cette fois sur l’inhumanité de son impatience880 ordinaire, le confirma tant qu’il put dans des sentiments si raisonnables. […] La mère, qui avait des sentiments plus nobles, se chargea de solliciter un régiment1127 pour son fils....

165. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Pithou, qui l’écrivit, traduisait par la bouche éloquente de M. d’Aubray les sentiments patriotiques de ses collaborateurs. […] Or, s’il est vrai que ce dernier sentiment ne s’excite en nous par sa représentation que quand nous voyons souffrir nos semblables, et que leurs infortunes nous en font appréhender de pareilles, n’est-il pas vrai aussi qu’il y pourroit être excité plus fortement par la vue des malheurs arrivés aux personnes de notre condition, à qui nous ressemblons tout à fait, que par l’image de ceux qui font trébucher de leurs trônes les plus grands monarques, avec qui nous n’avons aucun rapport qu’en tant que nous sommes susceptibles des passions qui les ont jetés dans ce précipice, ce qui ne se rencontre pas toujours ? […] Il le blâma de s’être uni au second, à qui il étoit contraire de sentiment, et avec lequel il n’avoit qu’une conformité apparente ; et d’avoir chassé le premier auquel il étoit conforme en effet. […] Ainsi, comme l’amour-propre fait souvent faire ce raisonnement ridicule : C’est une opinion que j’ai inventée, c’est celle de mon ordre, c’est un sentiment qui m’est commode, il est donc véritable ; la malignité naturelle fait souvent faire cet autre, qui n’est pas moins absurde : C’est un autre que moi qui l’a dit, cela est donc faux : ce n’est pas moi qui ai fait ce livre, il est donc mauvais. […] Mais il est vrai qu’autant cet exercice est utile, lorsque l’on en use comme il faut et avec un entier dégagement de passion, autant est-il dangereux lorsqu’on en use mal et que l’on met sa gloire à soutenir son sentiment à quelque prix que ce soit, et à contredire celui des autres.

166. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

cet aspect a quelque chose de sublime, et qui imprime un sentiment de respect. […] Des sentiments du cœur majestueux théâtre, Le front s’épanouit en ovale d’albâtre ; Et doublant son éclat par un contraste heureux, S’entoure et s’embellit de l’ombre des cheveux.

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