Ainsi donc, pour être véritablement poète, il ne suffit pas d’inventer, c’est-à-dire de trouver les objets qui existent et qui peuvent exister et de présenter des actions, des images, des sentiments réels, possibles et vraisemblables ; il faut encore rendre ces objets aussi sensibles à l’esprit et au cœur, que l’est aux yeux du corps un objet représenté sur la toile. […] Il est facile de comprendre pourquoi les figures sont plus nombreuses et plus hardies dans la poésie que dans la prose : on sait, en effet, que sous l’influence d’une émotion forte, les objets ne paraissent pas tels qu’ils sont, mais tels que la passion les représente ; on les grossit, on les exagère, on veut intéresser les autres à l’objet de sa passion ; on compare les plus petites choses aux plus grandes, on parle aux absents comme s’ils étaient présents, on s’adresse même aux choses inanimées : ces divers mouvements de l’âme suggèrent ces tours hardis que nous appelons figures. […] Les rimes plates ou suivies sont celles qui représentent alternativement deux rimes masculines et deux rimes féminines, ou deux rimes féminines et deux rimes masculines, et ainsi de suite.
Le nom des Francs représente déjà dans l’Orient toutes les nations de l’Occident. […] En même temps, Guillaume de Lorris, qui commence le Roman de la Rose, sans l’achever, représente bien l’invasion des procédés scolastiques, introduisant, jusque dans le domaine de la poésie galante, les pâles fantômes de l’abstraction.
Si j’ai réussi à vous tracer nettement le caractère de ces hommes (et notez bien que je ne vous parle pas encore des Romains civilisés par la Grèce, mais des vrais fils de la louve, des purs Latins, de ceux qui préparèrent la conquête du monde par celle de l’Italie), si, dis-je, je vous les ai représentés dans leur primitive rudesse, vous n’aurez pas de peine à comprendre que pour émouvoir ces paysans et ces soldats, il fallait de violentes secousses, et que la parole ne pouvait arriver à leurs âmes qu’en remuant leurs sens et en leur donnant, pour ainsi dire, le frisson de la chair. […] Représentez-vous, en effet, dans une enceinte ou siégeaient jusqu’à dix mille juges, choisis par le sort dans tous les rangs du peuple, quel trouble des tableaux pareils à celui-là auraient jeté dans les âmes, puisque, même dépouillés de l’action et du prestige de la scène, ces vers du poëte ont encore aujourd’hui un accent qui nous pénètre.
Celui qui représente l’objet dont on juge, on le nomme le sujet. 2°. […] La même pensée se représente au liv. […] L’imagination représente les objets avec une fidélité qui fait illusion ; la sensibilité ressent profondément, exprime avec vivacité et communique rapidement les impressions ; la voix le regard, le geste, frappent les sens et remuent l’âme de l’auditeur. […] « Celui que l’on veut rendre aimable, doit être représenté comme n’ayant jamais agi en vue de son utilité personnelle. […] Faire rire sur ce qui a été représenté comme atroce, c’est peut-être le moyen le plus efficace d’en détruire l’impression.
Son chef-d’œuvre fut Gil Blas (1715), où des peintures expressives nous représentent toutes les conditions de la vie et de la nature humaine.
Inspirés par des rancunes souvent mesquines, ou injustes, ses pamphlets, qui ont perdu l’à-propos des circonstances, représentent avec verve les mœurs politiques de la Restauration.
Une fort belle esquisse de Rubens, qui représente un tournoi, explique comment, avec ce jupon de fer, on pouvait cependant monter à cheval.
Si l’homme a un penchant irrésistible à croire à des êtres surnaturels, d’un autre côté, la faiblesse de son intelligence ne lui permet pas de se les représenter d’une manière purement spirituelle, et il est naturellement amené à leur donner des formes palpables.
Les mots n’ont point, en effet, une ressemblance naturelle avec les idées qu’ils représentent, tandis qu’une statue, un tableau offrent une ressemblance parfaite avec l’objet imité.