Cependant, ne mettez pas sur la scène ce qui ne doit pas avoir le public pour témoin, et dérobez à ses regards certaines catastrophes que lui redira bientôt un récit dramatique. […] Celui-ci aime le demi-jour, celui-là veut une vive lumière, car il défie le regard perçant de la critique ; l’un n’a réussi qu’une seule fois, l’autre, dix fois exposé, charmera toujours.
Pour nous, il nous semble que ces enfants de la vision feraient d’assez beaux groupes sur les nuées : nous les peindrions avec une tête flamboyante, une barbe argentée descendrait sur leur poitrine immortelle, et l’esprit divin éclaterait dans leurs regards.
Voulons-nous que les autres aient des regards pour nous, ayons-en nous-mêmes pour eux.
Aussi emploie-t-elle un langage extraordinaire, qu’on a appelé le langage des dieux, et donne-t-elle à tous les objets qu’elle offre à nos regards l’empreinte d’une imagination brûlante, d’un génie de feu, mais toujours dirigé par le goût.
Mais Louis d’un regard, sait bientôt la fixer.
La Fontaine aimait la nature dans un siècle où tous les regards étaient attachés sur l’homme moral ; il est le plus simple et le plus aimable de nos poètes, il en est aussi le plus populaire et le plus gaulois. […] Il faut, pourtant, qu’il se résolve à paraître devant le suprême tribunal pour y rendre compte de sa triste existence ; il atteint les bords du Styx, voit la barque fatale remplie d’ombres silencieuses, mais éprouve moins de terreur à prendre place auprès d’elles qu’à payer les quelques drachmes du passage ; déjà il s’approche du bord pour passer le fleuve à la nage, mais Caron l’a vu et d’un regard menaçant le cloue sur la rive ; il faut qu’il s’exécute et il entre dans l’embarcation. […] Au-delà des océans qui bornent notre vue, son regard s’est arrêté, tout rempli de commisération et d’humaine pitié, sur ces continents lointains où des peuples entiers gémissent, courbés sous le fouet impitoyable d’homme qu’ils appellent leurs maîtres ; où ces peuples qui étaient nés comme nous pour la liberté sont devenus les instruments inertes et les victimes impuissantes de je ne sais quel trafic honteux dont la seule pensée nous fait reculer d’horreur, et lèvent en vain vers le ciel leurs mains depuis longtemps chargées de chaînes !
Les conjurés se lançaient des regards fur[illisible chars][texte coupé]s dans le sénat. — 18.
Pendant la nuit qui précède la bataille, Eudes, en proie à l’agitation la plus cruelle, erre sur les collines qui bordent le cours de l’Indre, et de là fixe ses regards sur le camp français éclairé de mille feux. […] Comme il croit lire dans les regards du pape une sorte d’embarras, précurseur d’une réponse dilatoire ou évasive, il déclare que si cette satisfaction ne lui est pas accordée, il va quitter Rome sur-le-champ et intimer à tous les Français l’ordre de le suivre. […] Nous vîmes par degré s’adoucir le regard enflammé des plus ardents au meurtre : un profond silence succéda aux murmures ; ils se séparèrent calmes et pensifs ; et le jeune Turc fut épargné. » La Grèce, avant 1821, faisait partie de l’empire ottoman et était cruellement tyrannisée par les Turcs.
Mais ces odieux modèles, il ne les a pas créés ; et quand il offre à nos regards, ici l’accusateur sans honte comme sans pitié, qui met publiquement la main sur la victime, là le délateur clandestin qui s’adresse tout bas à la cruauté du prince, ailleurs le vil agent qui provoque les complots afin de les dénoncer, on sent que ces personnages sont réels et que l’artiste a pris la nature sur le fait. […] Partout où nous portons nos regards, nous voyons la société du xviie siècle se refléter dans les œuvres des grands écrivains. […] Nous la voyons cette tortue qui va « son train de sénateur » ; nous suivons des yeux avec plaisir l’hirondelle « frisant l’air et les eaux. » Examinons quelques-uns des types de cette vivante collection : voici la grenouille présomptueuse et sotte, poltronne et hébétée ; le canard, au regard stupide ; le chat, hypocrite et rusé, toujours menaçant pour la gent trotte-menu, et qui garde toujours des dehors humbles et patelins ; le renard, fripon et courtisan ; l’ours, retiré du monde ; le singe, beau parleur et charlatan ; l’oiseau des nuits, maussade et philosophe ; le coq, vaniteux et querelleur, le lapin, imprudent quoique peureux ; le pauvre baudet enfin, le roussin d’Arcadie ou maître Aliboron, qui n’en peut mais sous l’oppression générale dont il est la victime résignée ; le loup, vagabond et émacié ; l’agneau, candide et craintif ; le bœuf, tranquille et patient ; mais on pourrait ainsi repasser dans son esprit, revoir par la pensée tous les animaux que le poète nous a montrés en quelque sorte sur la scène.