Il jugeait tout avec un sens exquis ; il aimait à raconter, et ses récits avaient autant d’agrément que ses mots ont eu de célébrité.
De là plusieurs tours et figures, tels que la topographie12, la prosopographie13, l’éthopée14, le parallèle, le contraste, la similitude ou comparaison, enfin l’hypotypose qui raconte un fait particulier, mais si vivement qu’on croirait l’avoir sous les yeux. […] Je ne vous raconterai pas la suite trop fortunée de ses entreprises, et de ses fameuses victoires dont la vertu était indignée, ni cette longue tranquillité qui a étonné l’univers.
J’aime mieux le dénoùment de La Fontaine : Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur tombe, Ce que je viens de raconter.
Il n’y a personne de nous qui ne se souvienne d’avoir ouï souvent raconter ce gémissement universel à son père ou à son grand-père, et qui n’ait encore le cœur attendri de ce qu’il a ouï réciter des bontés de ce grand roi envers son peuple, et de l’amour extrême de son peuple envers lui1.
Certaines personnes racontent au premier venu ce qui ne doit être confié qu’à un ami ; elles déchargent dans l’oreille d’un passant le secret qui les brûle. […] « Croyez-moi, Romains : il n’est pas de génie assez fécond, pas d’éloquence assez riche, pas d’histoire assez puissante, pour être capable, je ne dirai pas d’embellir, mais seulement de raconter les actions guerrières de J.
Narrare, raconter, faire le récit. […] — Enarrare, raconter par ordre et en détail.
Au lieu des prodigieux exploits de guerre, au lieu des victoires et des triomphes, au lieu des éminentes qualités du Prince de Condé, je viens, touché de choses encore plus grandes et plus dignes de vos réflexions, vous raconter les miséricordes que Dieu lui a faites, les desseins que la Providence a eus sur lui, les soins qu’elle a pris de lui, les grâces dont elle l’a comblé, les maux dont elle l’a préservé, les précipices et les abîmes d’où elle l’a tiré, les voies de prédestination et de salut par où il lui a plu de le conduire, et l’heureuse fin dont, malgré les puissances de l’enfer, elle a terminé sa glorieuse course.
Cicéron se présente devant le peuple : il raconte comment l’attentat a été dévoilé par lui en plein sénat, et engage tous les citoyens à se rendre, avec leurs femmes et leurs enfants, dans les temples des dieux pour leur adresser des actions de grâces. […] Il n’y en aura pas un qui ne vous dise ou avoir vu ces choses, ou les avoir ouï raconter. […] La ville d’Enna, où s’est passé, dit-on, tout ce que je viens de raconter, est sur une hauteur, dont le sommet est une plaine arrosée de sources vives ; du reste, ce n’est qu’un rocher escarpé et comme inaccessible. […] Il n’y a presque personne qui n’ait entendu raconter, et qui n’ait lu dans nos annales, la prise de cette ville par M.
Préface Les deux volumes de notre cours supérieur ont pour objet principal d’initier sérieusement à la connaissance de l’histoire de la littérature française depuis Malherbe et Pascal ; étude à laquelle il n’a pas encore été fait une assez large part dans le programme des humanités. Ici, comme dans tous nos Cours, le dix-septième siècle domine ; mais il ne figure pas seul. Ne s’attacher qu’à une époque ne serait point enseigner l’histoire littéraire. Ce ne serait pas non plus, croyons-nous, la meilleure manière de former le goût et l’esprit des jeunes gens et de leur inspirer, en les intéressant, l’amour et la passion du beau. À moins d’être de ces hommes enthousiastes outre mesure du dix-septième siècle, qui ne se nourrissent que des livres qu’il a produits, ne peuvent rien goûter hors de là, et se persuadent qu’à de certains génies seuls appartient l’initiative de la pensée humaine ; à moins de porter cette étroitesse d’esprit dans un culte au fond si légitime, on doit bien reconnaître que le privilège du beau et bon style n’appartient pas à l’époque de Louis XIV privativement à tout autre siècle.