Tous ces préceptes sont incontestables, et les grands maîtres les ont presque toujours religieusement suivis ; mais si parfois ils les perdent de vue, ce sont leurs fautes même que la critique doit relever le plus vivement, puisque leur supériorité rend leur exemple plus contagieux. […] Veut-il peindre les orages des passions qui grondent dans le cœur du jeune homme, à l’approche de la puberté, « Ulysse, s’écrie-t-il, ô sage Ulysse, prends garde à toi ; les outres que tu fermais avec tant de soin sont ouvertes ; les vents sont déjà déchaînés ; ne quitte plus un moment le gouvernail, ou tout est perdu. » Et dans son cinquième livre, quel charme n’ajoute pas l’allusion au tableau de la visite de Sophie dans l’atelier du menuisier où travaille Emile ? […] de la langue que j’ai dans ma bouche. » Deux seigneurs, dont l’un perdait et l’autre gagnait chaque jour dans la faveur du prince, se rencontrent face à face sur les escaliers du palais : « Quoi de neuf ?
La France a perdu son Orphée… 6° Les contraires. […] Il ne faut jamais perdre de vue les personnes auxquelles on s’adresse : de l’état de nos rapports avec elles dépendent en partie le ton, le plan, la manière que nous devons adopter.
Il n’y a pas chez lui un mot de perdu. […] des aventuriers, rebut de républiques en guerre les unes contre les autres, des gens perdus de dettes et de crimes, et faisant métier de vendre leur bravoure au plus offrant.
Cela perd tout. […] Pour moi, je suis venu à la hâte, de peur d’arriver trop tard ; car je ne veux rien perdre. […] Si on disait cela avec tranquillité, il perdrait sa force. […] Comme vous je m’y perds d’autant plus que j’y pense. […] Mais ces vers se perdent dans la foule des bons ; ce sont des fils de laitons qui servent à joindre des diamants.
En gagnant du côté de l’exactitude, n’a-t-elle point perdu du côté de la naïveté ? […] Et demande aux dieux que ton cœur Ne perde jamais ce qu’il aime. » § 51. […] La dissertation philosophique dont il s’agit, quand elle n’est adressée à personne, perd naturellement le nom d’épître, et il faut lui donner celui de dissertation tout simplement ou celui de discours en vers. […] Le malheur de ta fille au tombeau descendue Par un commun trépas, Est-ce quelque dédale où ta raison perdue Ne se retrouve pas ? […] Ce sont encore des élégies que plusieurs pièces de Bertaut, et celle, en particulier, où se trouve cette stance d’une coupe si harmonieuse et si souvent citée : Félicité passée Qui ne peux revenir, Tourment de ma pensée, Que n’ai-je, en te perdant, perdu le souvenir !
Les beaux-arts perdraient une grande partie de leur valeur s’ils ne nous offraient que des passe-temps, s’ils ne produisaient sur nous aucun résultat pour la conduite de la vie. […] Il y avait plusieurs années que la scène tragique avait perdu Racine lorsque Crébillon y parut. […] Le sang par jets vermeils s’échappe de leur tige, Comme si c’était moi qui le perdais, ce sang. […] Les ouvrages de tous ces auteurs sont perdus.
Vainqueur, que peux-tu enlever à des hommes qui n’ont rien ; vaincu, que ne risques-tu pas de perdre ? […] Je vous vois perdre courage au premier revers ; désespérer du salut commun, vous reprocher à vous-même, aussi injustement qu’à moi, les malheurs d’une guerre que nous avons déterminée ensemble ». […] Il faut donc que, dès le premier jour où nous aborderons dans l’île, nous soyons maîtres de la campagne ; sans quoi, au premier échec, tout est perdu pour nous.
L’instrument rebelle aux emplois délicats perdit enfin sa rouille, et apprit à obéir à l’artiste. […] N’en déplaise à ces amis du paradoxe qui déplorent les conséquences de cette invasion grecque et latine, nous ne regretterons pas que le xvie siècle tout entier ait été transporté d’une admiration presque superstitieuse en face des modèles qui révélèrent enfin, avec l’idéal trop ignoré jusqu’alors, les secrets perdus de la haute poésie et de la véritable éloquence. […] La leçon ne fut pas perdue, et parmi les fureurs qui attristent des années à jamais néfastes, nos regards se reposeront avec respect sur de nobles figures, le chancelier de l’Hospital (1505-1573), aussi grand citoyen qu’éloquent orateur, et le président de Thou, dont la gravité rappellerait Thucydide s’il n’avait pas écrit en latin son impartiale histoire.
Le murmure mélodieux de l’abeille attique se perdrait dans le tumulte de leurs assemblées, et son miel leur paraîtrait fade. Il faut des Athéniens pour comprendre l’art mesuré d’un Démosthène ; l’esprit peu subtil des Latins perdrait le fil de ses déductions et s’embrouillerait dans les détours de ses raisonnements. […] Si vous les épargnez, vous êtes perdus. » — Voilà le langage ferme d’un homme d’État.