Dans ses idylles, il peint les mœurs champêtres avec une simplicité et une vérité inimitables ; ses vers sont pleins de grâce et d’harmonie ; Bion et Moschus, ses contemporains, sont moins naturels.
Les Caractères de la Bruyère, ouvrage où tout le genre humain est peint en détail et avec la plus grande vérité ; où l’on voit un portrait de chaque caractère, tracé d’après nature. […] Il y est peint avec toutes ses foiblesses et avec toutes ses forces morales, dans toute sa grandeur et dans toute sa bassesse.
Léonard de Vinci regardait tout pour tout dessiner, jusqu’aux salissures des vieilles murailles, où il trouvait des airs de tête, des figures étranges, des confusions de bataille, des habillements capricieux ; lui aussi, le poëte coloriste, a tout regardé pour tout peindre. […] Notre siècle lui doit toute une renaissance poétique. — Nul artiste n’a possédé plus souverainement la science du rhythme et du nombre, nul ne laissera plus de vers souples, nerveux, amples, hospitaliers à toutes les idées, à tous les sentiments, et capables d’exprimer tous les mouvements de l’âme humaine, de peindre toutes les couleurs, ou toutes les formes de la nature2.
Comme chacun avait le désir et l’espoir d’un nouvel ordre social, que chacun se peignait en beau, personne ne songeait à soutenir sincèrement l’ancien ordre social. […] Il se peignit un brun sombre sur quantité de visages108. […] Toujours des sots qui se peignent eux-mêmes, et qui ramènent tout à eux ? […] Cet optimisme, que vous trouvez si cruel, me console pourtant dans les mêmes douleurs que vous me peignez comme insupportables. […] Avec tout cela, le goût est si misérable, si petit, que peut-être ces deux esquisses ne seront jamais peintes ; et que, si elles sont peintes, Boucher aura plutôt vendu cinquante de ses indécentes et plates marionnettes que Greuze ses deux sublimes tableaux256.
Ainsi, il faut toujours peindre les caractères dans un degré élevé, rien de médiocre, ni vertus, ni vices….
Les temps d’agitation et de guerre ramènent toujours les imaginations vers les ouvrages qui peignent la félicité champêtre : de là, au terme du seizième siècle et au commencement du dix-septième, le goût général de ces productions en France.
Tout vient s’y peindre.
À leur suite, Brantôme (1540-1514) raconte dans un des plus fins langages du siècle bien des anecdotes, et, dans plusieurs livres et sous plusieurs titres, peint les mœurs et écrit les Vies des grands capitaines françois et étrangers. […] Enfin l’histoire proprement dite compte le calviniste La Popelinière (1540-1608) qui écrit mal, le catholique Jacques-Auguste De Thou (1553-1617), qui écrit en latin, mais qui tous deux ont fait apprécier de Bossuet leur impartiale exactitude dans l’histoire de leur temps, et Théodore Agrippa d’Aubigné (1550-1630), qui, dans son Histoire universelle, sait raconter et peindre. […] Si nul livre n’est plus décousu, sans incohérence » nulle trame de style n’est plus serrée, sans roideur ; bonne et forte étoffe, qui se plie sans se casser, et peinte à souhait. […] Nous n’aurons plus ces chenilles qui succent et rongent les belles fleurs des jardins de France, et s’en peignent de diverses couleurs, et, en un moment, de petits vers rampants contre terre deviennent grands papillons volants, peinturez d’or et d’azur ; on retranchera le nombre effrené des financiers, qui font leur propre des tailles du peuple, s’accommodent du plus net et plus clair denier, et du reste taillent et cousent à leur volonté pour en distribuer seulement à ceux de qui ils esperent recevoir une pareille, et inventent mille termes elegants pour remontrer la nécessité des affaires, et pour refuser de faire courtoisie à un homme d’honneur. […] Je lui veux peindre non-seulement l’univers visible, mais l’immensité qu’on peut concevoir de la nature dans l’enceinte de ce raccourci d’atome.
Sur un tapis dès qu’on te voit paraître, Noble bourgeois, clerc, prélat, petit-maître3, Femmes surtout, chacun met son espoir Dans tes cartons peints de rouge et de noir ; Leur âme vide est du moins amusée Par l’avarice4 en plaisir déguisée. […] Qu’importe, quand l’orage a soulevé les flots, Que ta poupe soit peinte, et que ton mât déploie Une voile de pourpre et des câbles de soie ?