Joubert disait : Diderot et les philosophes de son école prenaient leur érudition dans leur tête, et leurs raisonnements dans leurs passions ou leur humeur. […] combien de temps, de règles, d’attention et de travail pour danser avec la même liberté et la même grâce que l’on sait marcher ; pour chanter comme on parle ; parler et s’exprimer comme l’on pense ; jeter autant de force, de vivacité, de passion et de persuasion dans un discours étudié, et que l’on prononce dans le public, qu’on eu a quelquefois naturellement et sans préparation dans les entretiens les plus familiers !
Toutefois, et sur une doctrine capitale de l’auteur, la purgation des passions par le drame, nous avons voulu apporter, à l’appui de l’opinion exposée dans notre Essai sur l’histoire de la critique, un argument considérable, le texte de Proclus, signalé pour la première fois par M.
En effet, ces choses valent à proportion de l’envie qu’on a de les posséder ; il est difficile d’en borner le prix, à moins que de borner sa passion. […] Un juge éclairé tire des conjectures des plus petites choses, pour décider quelle est dans un homme la passion dominante, et la force de cette passion. […] C’est sur des on-dit que vous avez conçu une si violente passion, que ni la crainte, ni la religion, ni la puissance des dieux, ni les jugements des hommes, n’ont pu la retenir. […] Je me refusais non seulement tout ce qui flatte le dérèglement des passions, mais même les jouissances les plus naturelles et que commande en quelque sorte le besoin. […] C’est ainsi qu’il faisait servir les richesses des hommes à acquitter les vœux nocturnes de ses passions.
Les passions sont aveugles Célimène. […] Jamais leur passion n’y voit rien de blâmable, Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable ; Ils comptent les défauts pour des perfections, Et savent y donner de favorables noms1 : La pâle est aux jasmins en blancheur comparable ; La noire à faire peur, une brune adorable ; La maigre a de la taille et de la liberté ; La grasse est dans son port pleine de majesté ; La malpropre sur soi, de peu d’attraits chargée, Est mise sous le nom de beauté négligée ; La géante paraît une déesse aux yeux ; La naine un abrégé des merveilles des cieux ; L’orgueilleuse a le cœur digne d’une couronne ; La fourbe a de l’esprit ; la sotte est toute bonne ; La trop grande parleuse est d’agréable humeur, Et la muette garde une honnête pudeur. […] Rien d’indécis, rien de vague, rien qui n’aille au but et ne concoure à l’effet, soit dans la peinture des passions, soit dans le mouvement du drame.
On nomme héroïde une sorte d’épitre où figurent des héros animés de quelque passion : telles sont les Héroïdes d’Ovide.
On l’emploie pour donner à la pensée du mouvement, de la vivacité, de la passion. […] C’est ainsi que l’on dit : La dureté de l’âme, le printemps de la vie, les glaces de l’âge, les songes de l’espérance, la rapidité de la pensée, le feu des passions, bouillant de colère. […] déjà tout commence à se ternir ; les jardins sont moins fleuris, les fleurs moins brillantes, les couleurs moins vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires ; tout pâlit, tout s’efface ; l’ombre de la mort se présente ; on commence à sentir l’approche du gouffre fatal ; mais il faut aller sur le bord ; encore un pas : déjà l’horreur trouble les sens, la tête tourne, les yeux s’égarent… Il faut marcher ; on voudrait retourner en arrière ; plus de moyens : tout est évanoui, tout est tombé, tout est échappé. » L’allégorie personnifie aussi les idées, les sentiments et les passions. […] Phèdre, parlant à Hippolyte de sa passion, lui dit : On ne voit point deux fois le rivage des morts, Seigneur : puisque Thésée a vu les sombres bords, En vain vous espérez qu’un dieu vous le renvoie ; Et l’avare Achéron ne lâche point sa proie.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Une description se passionne naturellement, quand le narrateur, dominé lui-même par la passion, ne voit, dans les diverses images qui s’offrent à lui, qu’un seul être, l’objet de son amour ou de sa haine, auquel il ramène tous les détails, et dont il communique ainsi la vie à tout le reste. […] Exalté par la passion, le poëte ou l’orateur décrit-il, non plus ce que nous voyons avec lui, mais ce qu’il voit seul dans sa pensée ; reproduit-il, non la réalité des choses, mais les fantômes de l’imagination ; évoque-t-il pour les faire mouvoir, agir, répondre, interroger, les absents, les morts, les êtres inanimés et surnaturels ; c’est la prosopopée.
Il faut se défier de ses portraits et de ses jugements ; car la passion l’aveugle, quand elle ne l’éclaire pas ; mais son génie de peintre et de moraliste l’égale à Molière, à Cervantes, à Shakespeare. […] Toute la vie de Fénelon s’explique par le Télémaque, ses succès, ses disgrâces, son charme entraînant, et l’antipathie profonde qu’il inspirait à Louis XIV, sa passion pour madame Guyon, ses disputes sur le quiétisme et sur le pur amour, sa condamnation, sa mort enfin, sans qu’il ait put réaliser un seul de ses rêves moraux, politiques et religieux. »