Comment, en effet, distinguer la vérité à travers tant de nuages ; comment concilier l’intérêt général et sa passion particulière ? Laissez à l’esprit toute sa liberté, il aura toute son énergie : dominé par la passion, il n’est plus qu’un esclave sans force et sans moyens. […] C’est ainsi que, plus ils peuvent, moins ils doivent oser : faveur, haine, ressentiment, toutes les passions leur doivent être étrangères. […] Au-dedans, une industrieuse activité ; au-dehors, un gouvernement juste, des délibérations dirigées par un esprit toujours libre, et qui n’écoutait ni la passion ni l’intérêt du crime.
Ainsi le poète qui voudra, par exemple, mettre sous nos yeux un sauvage, nous le représentera non comme un homme civilisé ; ce ne serait point dans la nature ; mais comme un homme parfait d’entre les sauvages, avec leurs mœurs, leurs passions, leurs vertus : ce sera alors dans la nature et dans la belle nature. […] Il s’ensuit de tout ce que je viens de dire, que le poète, pour être en état d’inventer, doit porter des yeux attentifs sur la nature, en bien saisir toutes les parties et le vrai beau ; distinguer tout ce qui est, et tout ce qui peut être ; observer les hommes et leurs divers caractères, étudier à fond le cœur humain, démêler tous les secrets ressorts qui le font mouvoir, tous les sentiments dont il est susceptible, toutes les passions qui peuvent le maîtriser dans toutes les circonstances possibles de la vie. […] Quand, pénétré d’un sentiment, agité d’une passion, il s’y livre tout entier, et les exprime avec le plus vif enthousiasme, c’est la poésie lyrique.
Il s’adresse de préférence à Euripide, qui, par son intelligence des passions tendres, a le plus d’affinité avec son génie ; il donne à ses emprunts une couleur chrétienne, et accommode ses réminiscences mythologiques aux mœurs d’un âge raffiné. […] La passion est son domaine propre. […] Ce que c’est qu’à propos toucher la passion !
Dès ses jeunes années, le fils du patricien, c’est-à-dire de l’homme public, envisage avec passion l’avenir qui l’attend en face de ses concitoyens. […] Je ne puis plus demeurer aux prises avec des passions inépuisables, et la retraite est un bouclier dont j’ai acquis le droit de me couvrir. […] L’homme est là tout entier, avec son élan, sa passion, son indépendance, son imagination, son esprit d’entreprise et d’enthousiasme, sa hauteur de caractère, digne en un mot des regards de la postérité.
Se doutent-ils du trouble délicieux que font éprouver les passions épurées par la poésie ? […] Nous lisons dans Joubert : « La verve est une passion, une impulsion, un besoin ; elle cherche à se contenter.
Rencontrant à chaque pas des objets nouveaux pour elle, l’imagination ne se refroidissait jamais, et les passions étaient souvent et vivement excitées. […] Dans la poésie, dans l’éloquence, les grands mouvements des passions deviennent, froids quand ils sont rendus en termes communs et dénués d’imagination.
Indépendamment de la pureté, qui est une qualité purement grammaticale, et qui appartient indistinctement à tous les genres d’écrire, le style peut être considéré comme ayant pour objet l’entendement qu’il veut éclairer, l’imagination qu’il doit frapper, les passions qu’il se propose d’exciter, l’oreille enfin qu’il ne doit jamais négliger ; et, sous ces divers rapports, il sera clair pour l’entendement, vif et animé pour l’imagination, fort ou véhément pour la passion, et nombreux pour l’oreille.
On a prétendu qu’il avait connu par lui-même cette passion qu’il a peinte en traits si frappants et si propres à nous en défendre. […] J’aime autant que jamais ; mais sur ma passion J’ai fait, en te quittant, quelque réflexion.
Les jeunes gens corrompus sont inhumains et cruels J’ai toujours vu que les jeunes gens corrompus de bonne heure étaient inhumains et cruels ; leur imagination, pleine d’un seul objet, se refusait à tout le reste ; ils ne connaissaient ni pitié, ni miséricorde ; ils auraient sacrifié père et mère, et l’univers entier, au moindre de leurs plaisirs1 Au contraire, un jeune homme, élevé dans une heureuse simplicité, est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses : son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables ; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade ; ses bras savant trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verses des larmes2 d’attendrissement ; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé. […] quel empire sur ses passions !