La lumière que chacun apporte en naissant est devenue plus éclatante et plus divine, mais elle est, elle sera toujours plus ou moins obscurcie par l’ignorance, plus ou moins voilée par les passions et les intérêts. […] Mais outré, bizarre, sophiste même quand il n’était pas, soutenu par la passion, il devenait tout autre par elle. […] Or, ce héros est toujours ou dans la passion ou en danger. Le danger et les passions ne cherchent point l’esprit. […] Le peuple turbulent, qui suit sa passion, Est une proie acquise à chaque faction.
D’autres plaisent par la symétrie ; ce sont : l’antithèse, la comparaison, le parallèle et l’adjonction, D’autres encore plaisent par la passion qui en fait le caractère, et elles pourraient alors prendre le nom de figures passionnées ; ce sont : l’exclamation, l’apostrophe, la prosopopée, l’imprécation et la déprécation. […] Cette figure sert à exprimer le caractère d’une passion fougueuse, d’un sentiment vif et profond, la forte préoccupation d’un esprit qui s’attache à une seule pensée, et qui par cette raison répète souvent les mots qui la représentent. […] Mais au milieu de tant d’avantages, règne une passion funeste pour lui, et peut-être pour le genre humain : c’est une envie excessive de dominer, qui le tourmente jour et nuit. […] quel empire sur ses passions ! […] Cette figure donne au style un mouvement vif et imprévu qui frappe, saisit et étonne ; elle convient aux passions ardentes, et impétueuses, ou animées de quelque profond sentiment qui éclate avec transport.
quelle véhémence dans les passions ! […] La véritable éloquence suppose l’exercice et la culture de l’esprit ; elle est bien différente de cette facilité naturelle de parler, qui n’est qu’un talent, une qualité accordée à tous ceux dont les passions sont fortes, les organes souples et l’imagination prompte.
C’est la nature même parlant naïvement selon le caractère, la passion, la condition. […] Rien de si divertissant que les angoisses d’un avare qui se croit obligé de donner un festin, en restant fidèle à son caractère, à sa passion sordide. […] Toutes les passions finissent par être cruelles, comme l’égoïsme.
Une action sans nœud est presque toujours sans intérêt, parce que c’est la difficulté qui irrite les passions, et qui met en œuvre les grandes vertus. […] Les autres ne sont que des symboles, des images, qui représentent quelque passion ou quelque vertu, comme la Discorde, la Paix, etc. […] Les mœurs seront convenables, c’est-à-dire que les personnages parleront et agiront selon leur sexe, leur âge, leur état ; selon leur caractère, leur éducation, leurs passions ; selon leur siècle, leur pays, leur gouvernement ; et d’après l’histoire, ou la renommée, ou l’opinion. […] Mais les passions qui font vivre la poésie n’y peuvent jouer qu’un bien faible rôle.
L’héroïsme est le principal ressort de son théâtre ; il nous propose des vertus altières et de grands caractères, dans une langue nerveuse et concise qui exprime par de sublimes accents le triomphe du devoir sur la passion. […] Ici, la forme est toute mystique : c’est le langage de la passion humaine transporté aux idées divines qu’iladore. […] Tu veux Ici, elle devient injuste, extrême, comme l’est toute passion ; chaque mot blesse et porte coup sur le vif, dans ces plaintes de la tendresse méconnue. […] « Corneille, plus qu’aucun autre poëte, a mis des contrastes dans ses tragédies, non pas seulement le contraste des passions, qui fait le fond nécessaire des tragédies, ou celui des bons et des méchants, de la vertu persécutée par le vice, mais le contraste de la grandeur et de la bassesse, qui, selon une poétique étroite, est moins propre à la tragédie.
La critique doit être impartiale, c’est-à-dire, exempte de prévention et de passion. […] Pour juger, sans passion, il faut principalement se défendre des illusions de l’amitié, et s’élever au-dessus de tout sentiment de haine ou de tout motif d’intérêt.
Trop parler nuit Les autres passions et maladies de l’ame, comme l’avarice, l’ambition ont à tout le moins aucunefois1 jouissance de ce qu’elles desirent, mais c’est ce qui plus tourmente ces grands babillards, qu’ils cherchent par tout qui les veuille ouir, et n’en2 peuvent trouver : car soit ou que lon devise assis3, ou que lon se promene en compagnie, chascun s’enfuit grand’erre4 si tost que lon voit approcher quelqu’un de ces grands causeurs : vous diriez proprement que lon a sonné la retraite, si viste chascun se retire5… de maniere que les pieds font la bien besoing, comme disoit Archilochus6, ou plus tost7 le sage Aristote8, lequel respondit à un tel9 importun causeur qui le faschoit10 et luy rompoit la teste, en luy faisant des plus estranges11 contes du monde, et luy repetoit souvent. « Mais n’est-ce pas une merveilleuse chose, Aristote ? […] Et c’est cela qui plus nous profite, en nous contraignant de vivre regleement11, et prendre bien garde à nous, sans dire ne faire rien negligemment, à l’estourdie, ny imprudemment, ains12 conserver tousjours notre vie comme en estroitte diette13 irreprehensible : car ceste reservee caution14 reprimant les violentes passions de nostre ame, et contenant la raison au logis, engendre une accoustumance, une intention et volonté de vivre honestement et correctement.
Abaissez-vous, pliez-vous, appetissez-vous pour vous proportionner à ces enfants ; ne regardez ni avec dégoût ni avec dédain leurs misères, leurs maladies, leur éducation basse et grossière : Jésus-Christ, souveraine sagesse, éternelle raison de Dieu, a choisi pour compagnie et amis en ce monde, des pêcheurs grossiers, ingrats, incrédules, lâches, infidèles ; il a passé sa vie avec eux pour les instruire patiemment : il a fini sa vie sans les redresser entièrement… Les maisons qui ont commencé par des personnes ferventes, simples, mortes à elles-mêmes, ont bien de la peine à subsister longtemps ; on voit encore trop souvent que de grands instituts formés par des patriarches pleins d’un esprit prophétique et apostolique, avec le don des miracles, sont bientôt ébranlés par des tentations ; tout se relâche, tout s’affaiblit, tout se dissipe : la lumière se change en ténèbres ; le sel de la terre s’affadit et est foulé aux pieds : que sera-ce donc d’une communauté qui n’est soutenue d’aucune congrégation, qui est à la porte de la cour, dépendante des rois et des hommes du siècle qui seront auprès d’eux en faveur, qui aura de grands biens pour flatter les passions et pour exciter celles des gens du monde, et qui a été élevée d’abord jusqu’aux nues, sans avoir posé les fondements profonds de la pénitence, de l’humilité et de l’entier renoncement à soi-même ? […] On sait que Racine, après la chute de Phèdre, abandonna le théâtre, et se repentit de ces chefs-d’œuvre où il faisait si éloquemment parler la passion.