/ 224
47. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Et si quelquefois il oubliait à le serrer224, le singe n’oubliait pas à le lui tailler en lopins, chose qui lui fâchait fort225, et si226 n’osait pas faire mal à ce singe par crainte de son maître. […] Sa femme, en étant avertie, mit incontinent500 tant d’hommes en armes qu’elle leur fit lâcherprise ; mais les Espagnols n’oublièrent pas cette injure. […] disaient-ils, si jamais je puis t’oublier, puissé-je m’oublier moi-même  ! […] J’espère que vous ne les oublierez jamais, et que vous vous acquitterez de toutes les obligations que vous lui avez, par beaucoup de soumission à tout ce qu’elle désirera de vous. […] On dressait alors des statues à de pareils hommes ; dans nos jours ils sont oubliés, et ce n’est que longtemps après avoir écrit cette histoire que j’ai appris cette action si mémorable1139.

48. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Il y a, en un mot, un sujet à traiter et il est à propos qu’on ne l’oublie pas. […] Charmé de ses réponses, le duc lui promet de ne pas l’oublier. […] Quels sont dans ce genre les écrivains dont les noms méritent de n’être pas oubliés ? […] Leurs fils n’ont pas tous oublié leur patrie. […] Les arts qui ont si fort contribué à la gloire du grand règne n’y sont pas oubliés.

49. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Enfin nous n’avons pas oublié que les programmes prescrivent des notions de prosodie française. […] Tel était l’inventaire du Moyen Âge : des épopées oubliées ; un système de poésie allégorique, vieillot, mais toujours pratiqué par les imitateurs attardés et encore nombreux du Roman de la Rose ; des moules poétiques (ballades, rondeaux, villanelles, etc.), gracieux, mais courts et maigres ; enfin un théâtre déjà suranné, produit et image des temps qui finissaient, mais d’ailleurs toujours goûté, et répondant, faute de mieux, à cet éternel besoin de la représentation et de l’illusion dramatique qui a été, dans tous les temps, un des caractères et une des passions de l’esprit français, et qui faisait applaudir, dans lu première moitié du xvie  siècle, les soties, farces et moralités de Pierre Gringoire (mort en 1534), et au lendemain de l’interdiction des Mystères, l’Abraham sacrifiant, offert par Theodore De Beze aux réfugiés français de Genève. […] Il reste définitivement acquis aujourdhui qu’il a eu le mérite, méconnu au xviie  siècle oublié au xviiie , proclamé enfin au xixe , d’ouvrir à la poésie françaiss les genres littéraires cultivés et consacrés par les anciens, de créer des rythmes lyriques qui ont profité à Malherbe et aux poètes de nos jours, de réhabiliter l’alexandrin, que, par une étrange fantaisie, il a d’ailleurs exclu de l’épopée, son domaine naturel ; enfin, et c’est Malherbe qui l’a dit, d’avoir eu « dans ses fictions de la grandeur ». […] Les Tragiques font oublier qu’il a composé aussi des Poésies religieuses, publiées en 1630, dont quelques-unes sont envers mesurés, rimes ou non rimes, et, à l’imitation de Du Bartas, un poème de la Création en vingt-cinq chants, publié en 1874. […] Oublions tout deuil, tout ennuy Pour nous resjouir comme luy : Le temps se passe477.

50. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Original jusque dans ses imitations, il a l’air, quand il emprunte, de prendre son bien où il le trouve, et fait oublier les sources auxquelles il puise. […] Bien qu’il s’oublie lui-même pour être tour à tour chacun de ses acteurs, il nous découvre aussi pourtant sous ses œuvres la cordialité d’une âme généreuse, éclairée, tolérante, indulgente, digne de n’avoir jamais eu d’autres ennemis que les envieux et les vicieux. […] Molière oublie qu’un esclave ne pouvait guère songer à la retraite.

51. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Aimez les peuples ; n’oubliez rien pour en être aimé. […] N’oubliez jamais que les rois ne règnent point pour leur propre gloire, mais pour le bien des peuples. […] Avez-vous oublié toutes les souffrances que j’ai endurées dans la guerre contre Cinna, étant encore bien jeune ? […] En vérité, on cesse d’être homme de bien, quand on oublie ainsi la mort de ceux qu’on doit tant chérir, quand on dit qu’il faut conserver la vie aux ennemis les plus barbares ! […] Pourquoi ne pas me faire oublier les principes dans lesquels j’ai vécu jusqu’à ce jour, afin que, devenu plus sage grâce à César, je lui témoigne plus de reconnaissance ?

52. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Mais il faut que Virgile, pour produire des vers si nobles et si touchants, ait non seulement oublié ces règles, s’il les savait, mais qu’il se soit oublié lui-même : il est devenu le héros qu’il fait parler. […] Gardons-nous bien ici d’être confus, entortillés, équivoques : point de locution nouvelle, point de digressions ; commençons et finissons où il convient, sans rien oublier de ce qui tient au sujet. […] Oublies-tu donc cette foule d’hommes libres et d’esclaves qui l’environnent, et tous ces yeux attachés sur lui, et tous ces bras prêts à le défendre ? […] » N’oublions pas que Cicéron, qui plaidait, était l’égal du président du tribunal, consulaire comme lui, et supérieur en dignité à la plupart des juges ; il pouvait donc leur présenter sa douleur comme un objet digne de les intéresser. […] Rendait-il compte d’une bataille ; il n’oubliait rien, sinon que c’était lui qui l’avait gagnée.

53. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

N’oublions pas que la partie intime de l’homme doit toujours avoir le pas, dans la pensée des écrivains, sur son revêtement extérieur ; l’âme et l’esprit doivent les occuper plus que le corps. […] N’oublions pas, comme je l’ai dit ailleurs15, qu’au fond de toutes les spécialités locales ou temporaires repose toujours l’humanité identique et universelle ; qu’avant d’être l’homme de telle période et de telle latitude, on est l’homme ; qu’exprimer ces caractères génériques, ces passions, ces mœurs, aussi vieilles que le monde, ces vérités non moins anciennes, qui forment le fond commun de l’humanité, est la condition essentielle de tout écrit digne d’être lu ; que plus un écrivain conserve de points de contact avec l’humanité en général, plus il obéit à sa nature ; que plus il pénètre avec profondeur et sagacité dans le domaine de tous, plus il est fidèle à sa mission.

54. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

N’oubliez pas maintenant que la clarté résulte surtout du plan, de la disposition, et que la loi souveraine de ce plan lui-même est, comme pour l’ensemble de tout ouvrage, la loi de l’unité. […] N’oubliez pas que la description est un moyen et non un but, un détail dans l’ensemble, et non une des parties constitutives de l’ensemble.

55. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Néanmoins, quelle qu’ait été sa faiblesse, on ne saurait oublier qu’il la paya de sa vie, et la postérité doit conserver une haute estime au grand citoyen qui prononça les Catilinaires et les Philippiques. […] Enfin Buffon, dans sa théorie sur la noblesse du style, oublie que, comme dit Boileau, « le style le moins noble a pourtant sa noblesse », et prêche à tort l’emploi des termes les plus généraux. […] Dans le drame espagnol, les personnages secondaires sont multipliés et détournent l’attention, tandis que les principaux se laissent parfois oublier : ils agissent plus qu’ils ne pensent. […] M. de La Fontaine, ma chère Fille, est encore autre chose que grand fabuliste ; il ne faut pas oublier en lui le moraliste qui connaît le cœur humain. […] Est-ce une raison pour que la Cour le néglige avec le public, et oublie sa gloire passée ?

/ 224