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38. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

Nul goût, nulle connaissance des véritables beautés du théâtre : les auteurs aussi ignorants que les spectateurs ; la plupart des sujets extravagants et dénués de vraisemblance ; point de mœurs, point de caractères ; la diction encore plus vicieuse que l’action, et dont les pointes et de misérables jeux de mots faisaient le principal ornement : en un mot, toutes les règles de l’art, celles même de l’honnêteté et de la bienséance partout violées. Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poème dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire,contre le mauvais goût de son siècle, enfin, inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison ; mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accordant heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissant bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux.

39. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Pardonnez-moi : il y a, selon Cicéron même, des expressions dont tout l’ornement naît de leur force et de la nature du sujet. […] Mais noteriez-vous pas, par cette sévérité, les principaux ornements du discours ? […] Je n’en prendrai point dans notre siècle, quoiqu’il soit fertile en faux ornements. […] Selon vous, un sermon plein d’antithèses et d’autres semblables ornements est fait comme une église bâtie à la gothique. […] Il donne à son discours les ornements qu’on estimait alors.

40. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Ces digressions peuvent être de véritables ornements dans l’histoire ; elles y répandent une agréable variété qui charme l’esprit du lecteur sans cesser de l’occuper utilement. […] À cet ornement du style historique se joint souvent, aujourd’hui surtout, celui des pensées ou maximes. […] On sent que ces sortes d’ouvrages ne sont susceptibles ni de grands détails ni de bien riches ornements. […] Florus et Velléius, surtout, s’élèvent beaucoup au-dessus des simples abréviateurs ; car, dans ces sortes d’ouvrages, on laisse entièrement de côté, ordinairement, les ornements et le charme du style ; mais ces deux-là sont loin de renoncer soit à l’élégance du style, soit aux pensées grandes et vigoureuses, soit aux tableaux vivement colorés ; et c’est ce qui leur donne un prix tout particulier.

41. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre IV. Des Ouvrages Didactiques. »

Un auteur didactique ne saurait trop s’appliquer à rendre nettement ses idées, et à mettre de la simplicité, de la clarté dans son style, sans cependant négliger les ornements convenables, et propres à faire disparaître la sécheresse de l’instruction. […] Une délicatesse sans raffinement, une élégance sans pompe et sans affectation, des grâces naïves, en doivent faire tout l’ornement.

42. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

Ce n’était pas l’opinion de Boileau, qui dit, dans-son Art poétique : De la foi d’un chrétien les mystères terribles D’ornements égayés ne sont point susceptible. […] Le poème épique est la plus vaste des compositions humaines : le génie seul peut parvenir à l’embrasser ; aussi toutes les richesses de l’imagination et du style doivent concourir à son ornement ; toutes les connaissances sur Dieu, sur l’homme, sur la nature, peuvent y entrer : c’est ainsi qu’Homère est universel, et que ses poèmes sont le tableau complet de son époque.

43. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

La description du Temple du goût donne une idée très juste du goût exquis qui doit régner dans un ouvrage : Simple en était la noble architecture : Chaque ornement, à sa place arrêté, Y semblait mis par la nécessité : L’art s’y cachait sous l’air de la nature ; L’œil satisfait embrassait sa structure, Jamais surpris et toujours enchanté. […] Elles aident l’esprit dans le choix du sujet, soutiennent le génie dans la création du plan, le guident dans sa marche, lui indiquent le but qu’il doit s’efforcer d’atteindre, et dirigent le goût dans la distribution des ornements.

44. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Style simple Le Style simple, ennemi de tout ornement éclatant, ne recherche point les mots sonores, et évite avec soin tout ne qui sent le travail, la pompe et l’apprêt. […] On l’appelle fleuri, parce qu’il fait usage des ornements ; il comporte l’agrément des expressions, se distingue par le choix et l’harmonie des mots, par la variété des sons et par des tours brillants et animés. […] Il bannit tous les ornements frivoles ; mais il ne dédaigne pas ceux qui, sans compromettre sa dignité, peuvent le rendre plus intéressant. […] Le Style poétique Le style Poétique admet tous les ornements, mais surtout il prodigue les images : il est riche d’expressions et d’harmonie, il déploie beaucoup de pompe et de noblesse pour exprimer tout ce qui frappe l’imagination : il aime particulièrement l’harmonie imitative, et fait un grand usage de métaphores et de comparaisons. […] Un des grands ornements qui donnent du charme à ce style, ce sont les images riantes, la douceur et le sentiment qu’il aime.

45. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Ce sont, ont dit les uns, des morceaux de luxe, des ornements parasites, où brille le talent de l’écrivain, mais où la vérité et les convenances historiques sont également violées. […] Celui de Sandanis, dans Hérodote, est simple, sans apprêt, sans ornement ; c’est le langage d’un homme prudemment courageux. […] Leurs armes éclataient du feu des diamants, De leurs bras énervés frivoles ornements.

46. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XIII. Genre oratoire, ou éloquence. »

Mais l’orateur du barreau doit éviter les recherches du langage et les ornements fleuris de la rhétorique, la prolixité qui fatigue le juge et affaiblit la cause, les arguments étrangers au sujet, les citations inutiles et pédantesques, les mouvements passionnés hors de saison, les éclats, les contorsions qui annoncent moins de conviction que d’impuissance. […] Pourtant il faut une certaine retenue dans ces ornements ; la pensée ne doit pas être entièrement sacrifiée à l’élégance et à la recherche ; cet excès de richesse engendre la satiété, la monotonie : le style devient déclamatoire : c’est le défaut qu’on reproche souvent au genre académique.

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