Une longue et sérieuse étude de la théologie, qui n’est autre chose que la science de la religion, lui est d’une nécessité indispensable, pour qu’il distingue exactement ce qui est de foi, d’avec ce qui n’est que d’opinion. […] Les expériences relatives à son sujet, les autorités favorables à son opinion, voilà les lieux oratoires extérieurs où il puise une grande partie de ses preuves. […] Toute votre conduite en Angleterre, où les intérêts de la France vous étaient confiés, a bien vengé l’honneur du génie poétique, qu’une opinion assez commune condamne à se renfermer dans la poésie. […] Dans quelques gouvernements, les affaires importantes se décident à la pluralité des suffrages, ou du moins, d’après l’opinion et l’avis d’un certain nombre de personnes.
Un homme disposé à soutenir les opinions extrêmes pourra dire : Puisque j’ai du talent, je n’ai que faire de l’art ; je réponds : vous avez raison, si vous êtes un Homère.
Oui, si les gens sensés, les seuls dont l’opinion puisse être de quelque poids à mes yeux, ont jugé cet ouvrage avec quelque indulgence ; s’ils l’ont distingué des autres compilations du même genre, c’est que mon plan ne leur a point échappé ; c’est qu’ils ont retrouvé, sans doute, à chaque page, à chaque ligne de ce Cours, l’intention bien prononcée de ramener les jeunes gens à la vertu, en les rappelant à l’étude et a l’admiration du beau et du vrai, et de leur prouver qu’il ne peut y avoir ni génie, ni sensibilité sans vertus, comme il ne peut y avoir rien de solide dans le talent, sans les mœurs et la conduite.
L’éloquence a non seulement l’opinion, mais les affections, les passions à combattre et à subjuguer.
Mais c’est à celui qu’un grand peuple charge de ses intérêts, à bien consulter son âme et ses forces, à se demander s’il saura s’élever au-dessus des petites passions, fronder l’opinion commune quand elle ne sera pas d’accord avec le bien général ; braver les clameurs de ce même peuple, qu’il faut quelquefois servir malgré lui, et sacrifier jusqu’à sa vie s’il le faut, plutôt que de trahir la vérité et la confiance de ses concitoyens.
Cette opinion est exactement le contraire de la vérité. […] Ce que j’avance semble contraire aux opinions reçues : on croit généralement qu’une description offre un vaste champ où l’écrivain peut s’exercer plus librement, et qu’en étendant ses pensées il leur donne plus de richesse et d’expression. […] Toutes les fois qu’on peut l’éviter, il faut s’abstenir d’épouser l’opinion que l’on ne croit pas être la plus vraie et la meilleure. […] La faiblesse ou l’hésitation annonce toujours quelque défiance de la part de l’orateur dans sa propre opinion, ce qui n’est en aucune manière une circonstance favorable pour engager les auditeurs à embrasser son avis. […] Massillon a plus de grâce, de sentiment, et sous tous les rapports, dans mon opinion, plus de génie.
D’Argenson disait en parlant de Voltaire, âgé de quarante ans (1734) : « Plaise au ciel que la magie de son style n’accrédite pas de fausses opinions et des idées dangereuses ; qu’il ne déshonore pas ce style charmant en prose et en vers, en le faisant servir à des ouvrages dont les sujets soient indignes et du peintre et du coloris, que ce grand écrivain ne produise pas une foule de mauvais copistes, et qu’il ne devienne pas le chef d’une secte à qui il arrivera, comme à bien d’autres, que les sectateurs se tromperont sur les intentions de leur patriarche ! […] Il dit ailleurs : « Otez aux hommes l’opinion d’un Dieu rémunérateur et vengeur.
dites si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai ; aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir : enclin à la raillerie, mais sans amertume, et l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée2 ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; confiant sur ses intérêts jusqu’à la négligence ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage ; insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis3 1.
il hasardera même quelquefois de montrer une opinion, ne fût-ce que pour l’abandonner ensuite à propos.