Les ornements du style doivent être dispensés avec mesure et sobriété. […] De la mesure. […] La mesure est le nombre de syllabes dont se compose le vers. […] La césure a pour objet de couper le vers d’une manière arbitraire, afin de varier la mesure et d’éviter la monotonie. […] À mesure qu’on avance, les obstacles doivent se multiplier et augmenter l’anxiété du spectateur jusqu’au dénouement.
La mesure la plus ordinaire est de ne pas excéder, dans chaque chant, l’espace d’une heure de lecture. […] Nous avons dit, en définissant la poésie, que le langage poétique est presque toujours assujetti à une mesure régulière. […] Nous v dirons donc qu’il est infiniment à désirer que toute épopée soit versifiée, et que par le fait, presque tous les poèmes de ce genre, et surtout les plus beaux, sont soumis à la mesure. […] Les modernes y ont affecté des mesures analogues, et en général le vers alexandrin ou grand vers, le plus nombreux, le plus imposant, le plus majestueux, et le plus digne de la sublime grandeur de l’épopée.
Nous avons vécu dans des temps pleins à la fois de passion et d’incertitude, qui ont exalté et confondu sans mesure l’ambition humaine, où l’âme de l’homme a été troublée aussi profondément que la société. […] À mesure que je me détache de moi-même et que le temps m’emporte loin de nos combats, j’entre sans effort dans une appréciation sereine et douce des idées et des sentiments qui ne sont pas les miens.
Ces mesures servaient à indiquer l’exactitude de la structure de chaque vers, et à constater qu’il ne péchait pas contre la mélodie. […] Aussi conviennent-ils beaucoup mieux aux sujets grands et forts qui exigent une mesure plus libre et plus mâle que celle des vers rimés. […] La mesure dont on se servait le plus ordinairement sous les règnes d’Élisabeth, de Jean, et de Charles Ier, était la stance de huit vers empruntée de l’italien ; Spenser s’en est servi, mais c’est une mesure embarrassante et peu naturelle. […] Une description donne la mesure de l’imagination d’un poète, et fait discerner le génie supérieur et original du génie secondaire et imitateur. […] Les malheurs s’accumulent à mesure que le poème avance ; tout contribue à rendre Achille plus grand, et à en former la figure principale, suivant l’intention du poète.
C’étoit un homme d’un caractère doux, sage et circonspect ; ayant beaucoup de finesse et de mesure dans l’esprit, avec un courage toujours conforme aux circonstances ; n’employant jamais la force qu’au défaut des autres moyens ; possédant sur-tout à un degré supérieur l’art de connoître les hommes, et de les employer à propos.
Elle a la voix encourageante, le sourire enchanteur, pour éloigner le désespoir et la crainte des malheurs ; elle paraît plus belle à mesure quelle vieillit car elle nous montre le ciel, séjour du bonheur parfait. […] Il faut remarquer encore que les invectives de la Comtesse deviennent plus fortes à mesure qu’elle parle. […] Seuls nous ne pourrions jamais écarter nos misères, mais Dieu leur a donné une mesure telle qu’elles n’arrêtent jamais ceux qui vivent dans la crainte de Dieu, qui s’aiment entre eux et se soulagent mutuellement. […] Lafontaine a pleinement résolu les deux problèmes : après ses vers si faciles et si harmonieux, il n’a plus été permis de songer à un autre langage ; et quoique resté inimitable sous ce point de vue comme sous tant d’autres, il a bien fallu l’imiter au moins pour le rhythme et la mesure.
J’appuie sur ce précepte, parce qu’il donne une règle, une mesure pour ainsi dire matérielle, et dont l’application se manifeste à première vue. […] Ces flambeaux, ce bûcher, cette nuit enflammée, Ces aigles, ces faisceaux, ce peuple, cette armée, Cette foule de rois, ces consuls, ce sénat, Qui tous de mon amant empruntaient leur éclat ; Cette pourpre, cet or, que rehaussait sa gloire, Et ces lauriers encor témoins de sa victoire : Tous ces yeux qu’on voyait venir de toutes parts Confondre sur lui seul leurs avides regards… Dans le sac de Troie, Andromaque ne voit que Pyrrhus, le suit partout des yeux, et à mesure qu’elle le suit, les objets se lèvent en quelque sorte, mais vagues et confus, autour du meurtrier d’Hector, dont les traits seuls sont fermes et bien accusés : Songe, songe, Céphise, à cette nuit cruelle Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ; Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants, Entrant à la lueur de nos palais brûlants, Sur tous mes frères morts se faisant un passage, Et de sang tout couvert, échauffant le carnage.
Les uns ne semblent être sur la terre que pour y jouir d’un indigne repos, et se dérober par la diversité des plaisirs à l’ennui qui les suit partout à mesure qu’ils le suient ; les autres n’y sont que pour chercher sans cesse dans les soins d’ici-bas des agitations qui les dérobent à eux-mêmes. […] La mort d’un aîné change nos vues, nous rengage dans le monde d’où nous venions de sortir ; et notre vocation à l’autel expire à mesure que nous voyons revivre de nouvelles espérances pour la terre.
Quand on parle à des enfants, il y a une mesure de connaissances à laquelle on doit se borner, parce qu’ils ne sont pas capables d’en recevoir davantage.