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144. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Ne transporte chez vous les pleurs et la misère, En mettant en nos mains, par un juste retour, Les armes dont se sert sa vengeance sévère,         Il ne vous fasse en sa colère         Nos esclaves à votre tour. […] Nous cultivons en paix d’heureux champs ; et nos mains Étaient propres aux arts ainsi qu’au labourage. […] (se jetant aux pieds de Néron,) Me voilà prêt, Seigneur, avant que de partir, Faites percer ce cœur qui n’y peut consentir ; Appelez les cruels qui vous l’ont inspirée ; Qu’ils viennent essayer leur main mal assurée.

145. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

c’est un abîme de je ne sais pas quoi ; car il n’a aucune fantaisie, mais sa main est un creuset où l’argent se fond. […] Il monta à cheval le samedi à deux heures, après avoir mangé ; et, comme il avait bien des gens avec lui, il les laissa tous à trente pas de la hauteur où il voulait aller, et dit au petit d’Elbeuf : « Mon neveu, demeurez là : vous ne faites que tourner autour de moi, vous me feriez reconnaître. » M. d’Hamilton, qui se trouva près de l’endroit où il allait, lui dit : « Monsieur, venez par ici ; on tire du côté où vous allez. — Monsieur, lui dit-il, vous avez raison ; je ne veux point du tout être tué aujourd’hui, cela sera le mieux du monde. » Il eut à peine tourné son cheval qu’il aperçut Saint-Hilaire, le chapeau à la main, qui lui dit : « Monsieur, jetez les yeux sur cette batterie que je viens de faire placer là2. » M. de Turenne revint, et dans l’instant, sans être arrêté, il eut le bras et le corps fracassés du même coup qui emporta le bras et la main qui tenaient le chapeau de Saint-Hilaire.

146. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Beaumarchais, 1732-1799 » pp. 344-356

L’aristocratie frivole qui applaudit ces satires battait des mains à sa propre ruine. […] « S’il est écrit qu’au milieu de cet orage je doive être outragé dans ma personne, emprisonné pour une querelle particulière ; s’il est écrit que l’usurpateur de mon bien profite de ma détention pour faire juger notre procès au parlement, et si je suis destiné de toute éternité à tomber à cette époque entre les mains d’un rapporteur inabordable, j’oserais désirer qu’il me fût interdit de sortir de prison pour solliciter ce rapporteur, sans être suivi d’un homme public et assermenté, dont le témoignage pût servir un jour à me sauver des misérables embûches de mes ennemis. […] J’apprends la chimie, la pharmacie, la chirurgie, et tout le crédit d’un grand seigneur peut à peine me mettre à la main une lancette de vétérinaire !

147. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre II. Application des principes à la première Philippique de Démosthène, et à la seconde Catilinaire de Cicéron. »

À Athènes, le pouvoir absolu et la direction entière des grands intérêts étaient entre les mains du peuple. […] Lorsque tous les orateurs avaient parlé, le peuple donnait son suffrage en étendant les mains vers celui dont l’opinion le flattait davantage. […] Quand la guerre fut terminée, et que l’on mit en discussion la conduite des infidèles Rhodiens, nos ancêtres ne balancèrent point à laisser leur trahison impunie, pour que l’on ne dît pas que l’avarice avait armé leurs mains, plutôt que le ressentiment d’un outrage. […] Tous les abusent en un principe respectable ; et lorsque l’autorité passe à des hommes inhabiles ou mal intentionnés, cette innovation, introduite par des hommes capables de l’appliquer à propos, devient bientôt une arme dangereuse entre des mains capables d’en abuser. […] S’il en était ainsi, jamais elle n’eût été plus florissante qu’entre nos mains, puisque nous avons plus d’alliés, de citoyens et de troupes en tout genre qu’ils n’en eurent jamais ; mais ils la durent, cette grandeur, à des avantages qui nous manquent totalement.

148. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Deux armées rangées en bataille, sont au moment d’en venir aux mains. […] Ajax, qui ne savait que combattre, se lève le premier ; et bouillant de colère, il regarde, d’un œil farouche, le rivage de Sigée46 et la flotte des Grecs ; ensuite tendant les mains, il s’écrie : « Grands Dieux ! […] « Si vous êtes résolus d’imiter Philippe72, ce que jusques ici vous n’avez pas fait ; si chacun veut s’employer de bonne foi pour le bien public, les riches en contribuant de leurs biens, les jeunes en prenant les armes ; enfin pour tout dire en peu de mots, si vous voulez ne vous attendre qu’à vous-mêmes, et vaincre cette paresse qui vous lie les mains, en vous entretenant de l’espérance de quelques secours étrangers ; vous réparerez bientôt, avec l’aide des dieux, vos fautes et vos pertes, et vous tirerez vengeance de votre ennemi. […] Aussi, lorsque d’autres puissances prospèrent, on ne me voit point me promener avec un visage content et serein dans la place publique, étendre une main caressante, et d’une voix de congratulation, annoncer la bonne nouvelle à des gens, que je crois qui la manderont en Macédoine84. […] Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau ; ô Prince, le digne sujet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire : votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je, ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface : vous aurez dans cette image des traits immortels ; je vous y verrai tel que vous étiez à ce dernier jour, sons la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître.

149. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Il paraît avoir le premier retiré cet art des mains des sophistes, pour le soumettre aux règles du bon sens et du raisonnement. […] quels ouvrages sortent parfaits de la main des hommes ? […] Tous les ouvrages de Tacite sont écrits de main de maître. […] La plupart des lettres de Bolingbroke et de l’évêque Atterbury sont écrites de main de maître. […] Chaque circonstance est retracée de main de maître et sous les couleurs les plus touchantes.

150. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

« Le Seigneur a tendu son arc ; il a appuyé sa main, comme l’ennemi qui attaque : il a tué tout ce qu’il y avait de beau dans le sanctuaire de la fille de Sion, et sa colère s’est répandue comme un feu dévorant ». […] « Il a dit l’ennemi : Je les poursuivrai, je les saisirai, je partagerai leurs dépouilles. — Mon glaive sortira du fourreau, et ma main les immolera.

151. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

garde pour toi seul ton scrupule frivole : Sois captif dans le cercle obscur et limité Qui fut tracé des mains de l’uniformité ; Aux lois de ton compas asservis Melpomène, Et la douleur de Phèdre et l’amour de Chimène, Ravale à ton niveau l’essor audacieux De l’oiseau du tonnerre égaré dans les cieux ; Meurs d’ennui, j’y consens : sois barbare à ton aise ; Mais ne m’accable pas sous un joug qui me pèse ; N’exige pas du moins, insensible lecteur, Que jamais je me plie à ton goût destructeur. […] moi je suis pauvre, et je vous tends la main.

152. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Monsieur, j’ai porté ma main contre mes yeux pour voir si je ne dormais point, lorsque j’ai lu dans votre lettre que vous aviez dessein de venir ici, et maintenant encore je n’ose me réjouir5 de cette nouvelle que comme si je l’avais seulement songée. […] Il y a, ce me semble, beaucoup de rapport entre la perte d’une main et d’un frère3 ; vous avez ci-devant souffert la première sans que j’aie jamais remarqué que vous en fussiez affligé ; pourquoi le seriez-vous davantage de la seconde ?

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