Que votre majesté nous permette un peu d’orgueil et d’audace : comme elle, sire, quoique non autant qu’elle, nous serons justes, vaillants, prudents, tempérants, libéraux même ; mais comme elle nous ne saurions être cléments, etc. — Si quelqu’un, sire (nous ne pouvons le penser), s’opposait à cette miséricorde, à cette équité royale, nous ne souhaitons pas même qu’il soit traité sans miséricorde et sans équité.
Tous les jours elle ramenait quelqu’un des rebelles ;… presque tous ceux qui lui parlaient se rendaient à elle ; et si Dieu n’eût point été inflexible, si l’aveuglement des peuples n’eût pas été incurable, elle aurait guéri les esprits, et le parti le plus juste aurait été le plus fort. […] Si les arbres poussent leurs racines autant qu’il est convenable pour les soutenir ; s’ils étendent leurs branches à proportion, et se couvrent d’une écorce si propre à les défendre contre les injures de l’air ; si la vigne, le lierre et les autres plantes qui sont faites pour s’attacher aux grands arbres ou aux rochers en choisissent si bien les petits creux, et s’entortillent si proprement aux endroits qui sont capables de les appuyer ; si les feuilles et les fruits de toutes les plantes se réduisent à des figures si régulières, et s’ils prennent au juste, avec la figure, le goût et les autres qualités qui suivent de la nature de la plante, tout cela se fait par raison : mais, certes, cette raison n’est pas dans les arbres.
substituer, pour le commun bonheur, Les lois de la morale aux lois d’un faux honneur, La raison éclairée au sombre fanatisme, Le devoir au calcul, l’amour à l’égoïsme, Développer l’essor des instincts généreux, Ne pas souffrir qu’en France il soit un malheureux, Fonder l’égalité, ce beau rêve du juste, En faisant respecter ce qui doit être auguste, Ce n’est pas là, Danton, l’effet d’un coup de main : C’est un travail immense et le chef-d’œuvre humain, Et la probité seule, alliée au génie, Peut des mœurs et des lois créer cette harmonie1. […] On foule aux pieds la loi qui n’a pas pour tutelle Le dogme d’un Dieu juste et d’une âme immortelle.
Horace recommande aux écrivains de choisir des sujets proportionnés à leurs forces, c’est-à-dire à leurs talents, à leurs aptitudes et à leurs connaissances, s’ils veulent facilement trouver l’expression juste, la clarté et l’ordre : Sumite materiam vestris, qui scribitis, æquam Viribus, et versate diù, quid ferre recusent, Quid valeant humeri. — Cui lecta potenter erit res, Nec facundia deseret hunc nec lucidus ordo. […] Cet exercice, agréable à l’esprit, présente cependant plus de difficultés que le caractère et le portrait, et il ne fait plaisir que lorsqu’il est juste et vrai. […] L’écrivain sera naturel dans sa correspondance, s’il a une diction aisée et sans apprêts, si tout semble couler de source, et si, en évitant tout ce qui sentirait la recherche, l’affectation ainsi que l’incorrection, il emploie ce style juste et court qui chemine , dit Mme de Sévigné, et qui plaît au souverain degré . […] Parmi ces ornements, on remarque les pensées fines, les traits piquants, les comparaisons neuves ou justes et naïves, les sentiments et les éloges délicats, les métaphores agréables, les contrastes plaisants, les épithètes rassemblées avec grâce, les suspensions badines, les citations faites à propos, les allusions fines, les descriptions, les contes, les anecdotes, etc. […] Les expressions seront choisies sans le paraître ; les pensées, justes et convaincantes ; les tours, agréables et propres à persuader.
L’intégrité de l’action dramatique consiste dans la juste étendue qu’on lui donne. […] Aujourd’hui, les critiques les plus classiques et les plus purs admettent, dans la question des unités de lieu et de temps, ainsi que dans plusieurs autres, une latitude que la rigueur des anciens préceptes ne laissait pas aux poètes, et qui permet d’accorder les justes exigences du goût avec une plus grande liberté d’inspiration. […] Mais il faut donner à l’action sa juste étendue, et suivre la loi de la nature, préférable à celle de l’art, sans se laisser enchaîner par l’usage. […] De plus, elles doivent s’adresser à l’esprit et non aux appétits grossiers, s’éloigner des excès qui les empêcheraient de plaire, et ne pas chercher à « frapper fort pour la multitude plutôt que de frapper juste pour les gens instruits ». […] Pour avoir une juste idée du langage des grands souverains dans la tragédie, on peut voir sur quel ton Corneille (V. 1) fait parler Auguste à son favori, qui tramait une conspiration contre lui.
Mais que, de ce même marbre de Paros, Praxitèle ait fait une statue, la richesse de la matière acquerra, à mes yeux, un nouveau prix de l’habileté de l’artiste. » Il serait difficile de raisonner plus juste, de mettre plus sensiblement la vérité à la portée du plus grand nombre, et de s’exprimer surtout avec plus de grâce.
Elle ne peut avoir que deux objets : ou il s’agit de conduire les hommes par le devoir, et c’est alors dans les principes du juste et de l’injuste qu’elle puise ses forces et ses moyens : ou il s’agit de les déterminer par leur intérêt, et c’est leur passion qu’il faut émouvoir.
Mais bien des travers compromirent cet hommage de juste admiration pour les élégances de l’esprit. […] Douloureux ne vient pas plus naturellement de douleur, que de chaleur vient chaleureux ou chaloureux ; celui-ci se passe, bien que ce fût une richesse pour la langue, et qu’il se dise fort juste où chaud ne s’emploie qu’improprement. […] Parmi les rejetons qu’on aurait pu épargner avec avantage, signalons presque au hasard, nonchaloir, désaccoutumance, biendisance, esjouissance, ombreux, herbageux, naufrageux, tempestueux, rosayant, défeuiller, apolironir, desconforter, enjalouser, feuillir, esbaudir, œillader, enfiévrer, guirlander, patoiser, s’amignarder, désaimer, envieillir, enamourer, et surtout sereiner, qui était d’un puissant effet dans cette phrase de Montaigne : « La phizophie doit sereiner les tempestes de l’âme. » Jamais les mots haine, animosité ou violence n’égaleront non plus l’intensité du mot rancœur, qui exprimait si bien l’indélébile et juste ressentiment d’un outrage. — Qui pourrait préférer orgueil ou fierté au sens que nos pères donnaient à ce noble substantif la superbe ?
C’est du trésor de leur cœur que sortent tant de généreux mouvements, tant de pures et brillantes images où se peint leur amour du juste et du vrai. » 1.