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14. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

Mais trop de vers entraînent trop d’ennui1 Les Muses sont des abeilles volages ; Leur goût voltige2, il fuit les longs ouvrages, Et, ne prenant que la fleur d’un sujet3, Vole bientôt sur un nouvel objet. […] La Fontaine, inspiré par ce souvenir, et à qui il semble que Gresset ait pris quelquefois sa naïveté et son abandon, s’est peint lui-même dans les vers suivants : Papillon du Parnasse et semblable aux abeilles, A qui le bon Platon compare nos merveilles, Je suis chose légère et vole à tout sujet ; Je vais de fleur en fleur et d’objet en objet. […] C’est ce que recommande Fénelon : « Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet, et ne toucher jamais que ce qu’on peut embellir. » Ce précepte est surtout applicable à la poésie, qui, remarque un critique moderne, « est l’essence des choses : or, il faut bien se garder d’étendre la goutte d’essence dans une masse d’eau ou dans des flots de couleur.

15. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Combien de fois, loin des villes, dans le fond d’un vallon solitaire couronné d’une forêt, assis sur les bords d’une prairie agitée des vents, je me suis plu à voir les mélilots dorés, les trèfles empourprés, et les vertes graminées, former des ondulations semblables à des flots, et présenter à mes yeux une mer agitée de fleurs et de verdure ! […] C’est un fond de concert qui fait ressortir les chants éclatants des oiseaux, comme la douce verdure est un fond de couleur sur lequel se détache l’éclat des fleurs et des fruits. […] Les jeunes dames vêtues de blanc, qui nous devançaient, paraissaient et disparaissaient tour à tour à travers ces massifs de fleurs, et ressemblaient aux ombres fortunées des Champs-Élysées. […] Je lis dans M. de Lamartine : Vois : la mousse a pour nous tapissé la vallée : Le pampre s’y recourbe en replis tortueux, Et l’haleine de l’onde, à l’oranger mêlée, De ses fleurs qu’elle effeuille embaume mes cheveux.

16. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Les légendes elles-mêmes et l’histoire de l’Église pourraient devenir une source inépuisable d’inspirations : Marie, la divine bergère, conduisant parmi les lis les blanches brebis de son Fils ; sainte Agnès, au nom si doux, qui fait entre ses bras un lit pour le céleste Agneau ; sainte Madeleine, visitée dans la Sainte-Baume par les anges, et chantant avec eux les louanges de Dieu sept fois le jour ; saint François d’Assise parlant aux oiseaux et les faisant taire lorsqu’il récitait son bréviaire ; sainte Germaine marchant sur les flots, quand le torrent voisin de Pibrac, grossi par l’orage, l’empêchait de se rendre à l’église, et commandant à ses brebis de rester paisible autour de sa houlette pendant son absence, — ou bien obtenant du ciel, pour apaiser sa marâtre, le changement en fleurs admirables, au milieu de l’hiver, de quelques morceaux de pain qu’elle destinait aux pauvres. […] L’émail des prairies, les bocages tranquilles, les moissons jaunissantes, les fleurs, les fontaines, les oiseaux, la fraîcheur du matin, le soir d’un beau jour, en un mot, la scène variée des campagnes doit seule fournir au poète le sujet de ses tableaux et de ses images. […] De plus, l’idylle peut rouler sur une allégorie soutenue, tirée de l’instinct des animaux ou de la nature des choses insensibles, comme les fleurs, les ruisseaux, les fontaines, etc. ; ainsi qu’on pourra le voir dans l’idylle des Oiseaux, de Mme Deshouillères. […] Dans l’idylle, la scène est encore au village ; mais la femme sensible et tendre qui parle aux fleurs, aux ruisseaux, aux moutons, n’est pas une de nos bergères, c’est la maîtresse du château. […] Elle ne mêle point de diamants à sa parure, mais elle a un chapeau de fleurs.

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

Assoupis, Assoupis dans son sein cette fièvre brûlante Qui dévore la fleur de sa vie innocente. […] Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine,  Les vierges aux belles couleurs Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent, s’il est tendre. […] Là, souvent tu verras près de ton mausolée, Tes frères gémissants, ta mère désolée, Quelques amis des arts, un peu d’ombre et de fleurs, Et ton jeune laurier grandira sous mes pleurs. […] Un frais souffle venu de la Grèce traversa les imaginations, l’on respira avec délices ces fleurs au parfum enivrant qui auraient trompé les abeilles de l’Hymette.

18. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

On les lui rendit ; il les accepta en homme d’esprit, désarma toute colère, et, heureux jusqu’au bout, il s’endormit et mourut sous les fleurs sans épines que ses vainqueurs, généreux sans danger, jetèrent sur sa tombe. […] Quand il mourut on couvrit sa tombe de fleurs et de vers. […] O vrayment marastre Nature, Puisqu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! […] Ne consomme ton âge à conduire mes pas, La fleur de ta jeunesse avec moy n’use pas, Retire toy, ma fille. […] Souvent nous nous plaisons aux parfums, aux couleurs, Sans chercher les vertus des odorantes fleurs.

19. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

On se console pourtant, parce que, de temps en temps, on rencontre des objets qui nous divertissent, des eaux courantes, des fleurs qui passent. […] On se console parce qu’on emporte quelques fleurs cueillies en passant, qu’on voit se faner entre ses mains du matin au soir, et quelques fruits qu’on perd en les goûtant : Enchantement ! […] Toujours entraîné, tu approches du gouffre affreux : déjà tout commence à s’effacer, les jardins moins fleuris, les fleurs moins brillantes, leurs couleurs moins vives, les prairies moins riantes, les eaux moins claires : tout se ternit, tout s’efface. […] Tant qu’au fond du bassin que lui fit la nature Il dort comme au berceau dans un lit sans murmure, Toutes les fleurs des champs parfument son sentier, Et l’azur d’un beau ciel y descend tout entier : Mais, à peine échappés des bras de ses collines, Ses flots s’épanchent-ils sur les plaines voisines, Que, du limon des eaux dont il enfle son lit, Son onde en grossissant se corrompt et pâlit. […] « Mon rayon s’y parfume en traînant sur les fleurs.

20. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

. — On eût dit qu’en tombant sur sa couche, Elle avait à moitié laissé quelque chanson, Qui revenait encor voltiger sur sa bouche, Comme un oiseau léger sur la fleur d’un buisson2. […] Quelques bouquets de fleurs te rendaient-ils si vaine, Pour venir nous verser de vrais pleurs sur la scène, Lorsque tant d’histrions et d’artistes fameux, Couronnés mille fois, n’en ont pas dans les yeux ? […] L’églantine est sa fleur. […] Où leurs yeux dans les fleurs me regardaient dormir.

21. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Malherbe. (1555-1628.) » pp. 160-164

L’Orne3, comme autrefois, nous reverrait encore, Ravis de ces pensers que le vulgaire ignore, Egarer à l’écart nos pas et nos discours, Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées, Rendre en si doux ébat les heures consumées,         Que les soleils nous seraient courts4. […] Depuis que tu n’es plus, la campagne déserte A dessous3 deux hivers perdu sa robe verte, Et deux fois le printemps l’a repeinte de fleurs, Sans que d’aucun discours ma douleur se console, Et que ni la raison, ni le temps qui s’envole. […] Sous Henri, c’est ne voir goutte2 Que de révoquer en doute Le salut des fleurs de lis.

22. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Il voit de la verdure et des fleurs naturelles, Qu’en ces riches lambris l’on ne voit64qu’en portraits. […] Ce n’est qu’une fumée, il n’est rien de si frêle ; Sa plus belle moisson est sujette à la grêle, Et souvent elle n’a que des fleurs pour du fruit. […] disait-elle ; Vous passez sans pécher cette course mortelle… Chères brebis, paissez ; cueillez l’herbe et les fleurs. […] Son trop d’esprit s’épand en trop de belles choses : Tous métaux y sont or, toutes fleurs y sont roses. […] Comme l’a très bien dit un critique, « les plus simples choses, l’herbe, les fleurs, les eaux, n’ont de prix à leurs yeux que si on peut les comparer à des produits de l’art, à des colifichets du luxe.

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