Combien de pauvres dont les gémissements sont trop faibles pour venir jusqu’à nous, et dont on ne peut pas s’approcher pour se mettre en devoir de les écouter !
Quand nous sommes vivement frappés de quelque idée que nous voulons représenter, il est rare que nous n’allions pas au-delà de la vérité en cherchant à l’exprimer, parce que les termes ordinaires nous paraissent trop faibles pour peindre ce que nous sentons. […] et la dose d’encens était raisonnable : mais elle paraît trop faible encore au déclamateur Lucain, qui, non content de mettre son héros (et quel héros !) […] Faible immortel, blessé du glaive de la mort, Enfant de la poussière, héritier de la gloire ; Un ver !
Le style rend singulières les choses les plus communes, fortifie les plus faibles, donne de la grandeur aux plus simples. […] Voici un passage de Châteaubriand dont la riche harmonie est sensible : « Si tout est silence et repos dans les savanes de l’autre côté du fleuve, tout ici, au contraire, est mouvement et murmure : des coups de bec contre le tronc des chênes ; des froissements d’animaux qui marchent, broutent ou broient les noyaux des fruits ; des bruissements d’ondes, de faibles gémissements, de sourds meuglements, de doux roucoulements, remplissent ces déserts d’une tendre et sauvage harmonie. […] 3° Mais si ce même enfant, à tes ordres docile, Doit être à tes desseins un instrument utile, 4° Fais qu’au juste héritier le sceptre soit remis ; Livre en mes faibles mains ses puissants ennemis ; Confonds dans ses desseins une reine cruelle ; Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle, Répandre cet esprit d’imprudence et d’erreur, De la chute des rois funeste avant-coureur !
Le repos de l’hémistiche est trop faible dans cet exemple : Mon père, quoiqu’il eût — la tête des meilleures, Ne m’a jamais rien fait — apprendre que mes heures. […] L’e muet, en effet, étant toujours faible ou même nul dans la prononciation, n’est pas suffisant pour servir d’appui à la voix et ne peut reposer agréablement l’oreille. […] Par conséquent, il peut être faible dans les cinq ou six dernières espèces de vers.
Remarquez qu’Alcibiade, très jeune encore alors, en avait fait assez cependant pour qu’un tel langage ne fût point, dans sa bouche, une jactance puérile, mais un exposé simple et vrai, et commandé d’ailleurs par la nécessité de répondre à des inculpations vagues, que les faits réfutent toujours mieux que les meilleurs raisonnements, parce qu’il n’y a rien à répondre à des faits, au lieu que le raisonnement du monde le plus solide peut avoir un côté faible, dont l’adversaire ne manque jamais de s’emparer. […] » Ce n’est pas seulement une armée de mer, une armée faible, qu’il faut conduire contre une telle puissance ; il faut aussi des troupes de terre considérables, si nous voulons que l’exécution réponde au projet, et qu’une forte cavalerie ne nous arrête pas au débarquement. — Quelle honte pour nous, Athéniens, si nous étions contraints de nous retirer, ou de faire revenir des troupes, pour avoir mal calculé les obstacles, et mal pris nos mesures !
Si Charlemagne fut assez puissant pour communiquer une apparence d’unité factice à tant de nations hostiles et rapprochées artificiellement, ce faisceau ne tarda pas à se rompre dans les mains débiles de ses successeurs, et la conséquence de cette dissolution politique fut la confusion des langues ; ou plutôt, chaque province eut la sienne, aussi indépendante des autres que les seigneurs féodaux l’étaient eux-mêmes, en face d’une royauté trop faible encore pour attenter à leurs droits. […] Mais, parmi les catastrophes qui suivirent sa mort, ces faibles rayons s’éteignirent dans une nuit dont l’obscurité ne fut traversée que par des lueurs vacillantes.
La masse des hommes est faible, mobile parce qu’elle est faible, cherche fortune où elle peut, fait son bien sans vouloir le mal d’autrui, et mérite plus de compassion que de haine.
C’est l’unique moyen de préparer d’avance des réponses victorieuses aux raisons de ses adversaires ; et cette connaissance préliminaire et indispensable des endroits faibles de sa cause, lui fournit les moyens de les fortifier et de les rendre inaccessibles aux attaques de la partie adverse.
Ils s’amusent singulièrement des petits drames dans lesquels figurent ces personnages ; ils y prennent parti pour le faible contre le fort, pour le modeste contre le superbe, pour l’innocent contre le coupable.