L’allégorie se distingue de la métaphore en ce qu’elle ne porte pas seulement sur un mot comme cette dernière, mais sur tous les mots d’une phrase ou d’un morceau, car cette figure peut s’étendre à des sujets entiers, pourvu qu’ils ne soient pas trop étendus. Quand elle s’étend à un morceau entier, elle prend le nom de composition allégorique. […] Croyez-vous qu’il s’y trouvât seulement dix justes, que le Seigneur ne put trouver autrefois en cinq villes tout entières ? […] Cinna rappelle ainsi les tristes conséquences de la guerre civile : Romains contre Romains, parents contre parents Combattaient seulement pour le choix des tyrans… Rome entière noyée au sang de ses enfants. […] Les transitions simples ou communes consistent dans les mots, dans un adverbe ou une conjonction : maintenant, lorsque, soudain, mais, cependant, quoique, etc. ; dans un membre de période, dans des locutions qui paraissent faites exprès pour cet usage ; d’ailleurs, ajoutez à cela que… mais continuons… ; ou enfin dans une phrase entière indiquant que l’on passe d’un objet à un autre objet, d’une partie à une autre partie : Sed nimis multa de nugis : ad majora veniamus.
Ainsi, Malherbe employait des années entières à la composition et à la correction d’un morceau lyrique ; La Fontaine, dont le style paraît si facile, ne composait en prose ou en vers qu’avec beaucoup de travail, puisque telle de ses fables n’a que deux vers communs avec la première ébauche ; Bossuet corrigeait avec beaucoup de soin ses ouvrages, comme le prouvent ses manuscrits ; Buffon attendait des heures entières le mot nécessaire à sa période et à sa pensée, et il fit recopier onze fois un de ses ouvrages en y introduisant toujours d’heureux changements. […] La vérité est nécessaire à l’historien et à l’orateur : à l’historien, dont le devoir est de peindre un fait tel qu’il s’est passé, avec sa couleur locale, c’est-à-dire avec les circonstances particulières de temps, de lieux, de personnes ; à l’orateur qui, s’il n’est pas tenu de dire la vérité tout entière, doit la respecter scrupuleusement dans tout ce qu’il dit, sous peine de perdre la confiance de son auditoire. […] Si l’action doit être une, elle doit aussi être entière. […] Avec des amis sûrs et éprouvés, un laconisme plein de franchise et une confiance entière sont préférables.
Le sublime ne peint que la vérité, mais en un sujet noble ; il la peint tout entière, dans sa cause et dans son effet ; il est l’expression ou l’image la plus digne de cette vérité. […] La différence qui est entre eux est tout entière à l’honneur de l’Ecriture : elle les surpasse tous infiniment en naïveté, en vivacité, en grandeur. […] L’univers entier l’encensa. […] Elle croupit des siècles entiers dans la barbarie ; ensuite il s’élève une faible aurore ; enfin le grand jour paraît, après lequel on ne voit plus qu’un long et triste crépuscule. […] Cette cabale subsiste souvent une génération entière.
Nous observerons que ce dernier genre est du ressort immédiat de la passion ; et nous définirons la passion, cet état de l’âme fortement agitée par un objet qui l’occupe tout entière.
Dans ses hideux tableaux Rome entière respire : Le juge vend la loi, le Sénat vend l’Empire. […] Quand l’action est-elle entière ? Pour que l’action soit entière, il faut quelle ait une étendue suffisante pour qu’on puisse distinguer sans peine un commencement, un milieu et une fin.
« On peut se tromper dans l’admiration ; on peut trop se hâter d élever des monuments de gloire ; on peut prendre de la fortune pour du mérite : mais quand un peuple entier aime éperdument, peut-il errer ?
La nature, l’âme et dieu S’il est vrai que l’univers tout entier ne soit rien en comparaison d’une âme, parce qu’une âme se connaît et que l’univers ne se connaît pas2, l’étude de l’âme ne sera-t-elle pas toujours la première et la plus noble des études ?
Magicienne universelle, elle transforme, au gré de l’écrivain, tout être et toute chose, et la nature entière lui offre à profusion les images et les couleurs qui vivifient les idées. […] Souvent l’allégorie remplit à elle seule une petite pièce tout entière de prose ou de poésie.
Voltaire a cité ce discours tout entier, dans son Dictionnaire philosophique, au mot Eloquence