Que l’écrivain, logicien toujours sévère pour le fond, emploie rarement les formes rigoureuses de l’école. […] C’est elle qu’employait Aristophane pour combattre les sophismes de son siècle, parfois si semblables à ceux du nôtre. […] Mais c’est par cela même que l’orateur et l’écrivain doivent se mettre en garde contre l’abus, et ne jamais perdre de vue ces excellents préceptes de Cicéron, auxquels il est difficile de rien ajouter : « Nous avertirons l’orateur, dit Cicéron59, de n’employer la raillerie ni trop souvent, car il deviendrait un bouffon ; ni au préjudice des mœurs, il dégénérerait en acteur de mimes ; ni sans mesure, il paraîtrait méchant ; ni contre le malheur, il serait cruel ; ni contre le crime, il s’exposerait à exciter le rire au lieu de la haine ; ni enfin sans consulter ce qu’il se doit à lui-même, ce qu’il doit aux juges, ou ce que les circonstances demandent, il manquerait aux convenances.
Diction s’emploie quand il s’agit des qualités générales du discours, clarté, pureté, harmonie, ou de celles du débit oratoire ou théâtral. […] Quand Cicéron et Quintilien emploient le mot stylus, ils entendent par là l’exercice de la composition, le travail préparatoire qui forme ce que nous nommons en français le style. […] Mais le ton de l’orateur et du poëte, dès que le sujet est grand, doit toujours être sublime, parce qu’ils sont les maîtres de joindre à la grandeur de leur sujet autant de couleur, autant de mouvement, autant d’illusion qu’il leur plaît, et que devant toujours peindre et toujours agrandir les objets, ils doivent aussi partout employer toute la force et déployer toute l’étendue de leur génie. » Maintenant, il nous reste à étudier les qualités essentielles de l’élocution, c’est-à-dire celles qui conviennent à tous les tons ; les qualités accidentelles, c’est-à-dire celles qui ne conviennent que dans tel ou tel ton ; et enfin les ornements dont l’élocution est susceptible, et que l’on comprend sous le nom général de figures.
On l’emploie ou pour éviter un mot que l’on craint d’employer, ou pour donner de l’élégance et de l’ampleur au discours : — Tels que des fils d’Io, l’un à l’autre attachés, Sont portés dans un char aux plus voisins marchés. […] L’orateur, qui veut surtout persuader, n’emploie cette figure que pour rendre ses démonstrations plus sensibles.
Il ne s’agit donc que du temps que nous employons au spectale et que nous ne saurions mieux employer qu’à la pitié….
Tes desseins n’ont pas naissance Qu’on en voit déjà le bout ; Et la fortune, amoureuse De ta vertu généreuse, Treuve de si doux appas A te servir et te plaire, Que c’est la mettre en colère Que de ne l’employer pas. […] Rousseau n’a pas craint, en effet, de l’employer.
Quand le sujet du sonnet est grave et sérieux, on y emploie les vers alexandrins ; quand il ne l’est pas, on peut y employer les vers de huit ou de dix syllabes70.
Mais il faut que l’élève apprenne à les connaître, et non pas à les employer. […] N’employer dans la définition des termes que des mots parfaitement connus, ou déjà expliqués. […] Si vous employez l’art, cachez-le si bien par L’imitation, qu’on le prenne pour la nature même. […] On emploie ce mot dans la sculpture et dans la peinture. […] Il examine quelles preuves on doit employer dans ces trois genres d’éloquence.
Il emploie ce lieu commun, pour prouver que ce qu’il dit d’une chose, est vrai. […] L’orateur les emploie lorsque, voulant expliquer une chose, il dit d’abord que ce n’est pas cette chose. […] Mais on les emploie bien souvent dans toutes sortes d’ouvrages en prose, et dans la poésie même. […] Cette ambition, lorsqu’elle ne se propose que des choses louables, et n’emploie que des moyens légitimes pour parvenir à sa fin, prend le nom d’émulation ; c’est une vertu. […] S’il faut établir une vérité, combattre une erreur, examiner une question, l’orateur l’expose dans une juste étendue, en faisant entrevoir le germe des preuves qu’il a dessein d’employer.
C’est là que l’on trouve un parallèle de Lycurgue et de Boileau, auquel on ne s’attendrait guères ; c’est là enfin que l’on dit « que Buffon, au milieu de l’immensité, n’est qu’à sa place ; que la langue sublime et calme qu’il emploie, inspire, comme le spectacle de l’univers, une admiration tranquille ». […] Thomas procède peut-être d’une manière un peu trop uniforme : il emploie trop souvent l’analyse et l’épuise trop souvent : il se sert quelquefois de termes de science et d’art qui présentent à l’esprit des idées trop vagues, comme les mots de calcul, de choc, de résistance, de frottement, expressions qui semblent d’ailleurs un peu sèches, lorsqu’il s’agit de morale et de littérature.