et ces cris si près de moi et si redoublés, que je ne doutai point que ce ne fût ici. […] On voyait dans nos cours, et surtout chez M. de Guitaut, une clarté qui faisait horreur : c’étaient des cris, c’était une confusion, c’était un bruit épouvantable, des poutres et des solives qui tombaient.
En effet, les émotions qui viennent du corps sont bornées et monotones : on connaît bien vite toutes les contorsions tragiques des passions exagérées ; on s’aperçoit promptement que ces cris de souffrance et d’agonie qui, la première fois, ont frappé l’oreille d’un coup inattendu et terrible, rendent toujours le même son ; et, au bout de quelque temps, l’auteur et le spectateur viennent échouer contre l’impossibilité de faire sentir autre chose que ce qu’ils ont fait et senti hier. […] Mourez, Thraséas, mourez sans aller au sénat défendre votre innocence, sans chicaner votre vie en face des délateurs ; dérobez vos yeux et vos oreilles au spectacle de la servitude de Rome, aux cris de la populace, cette vieille ennemie de tous les condamnés ; mourez, entouré de vos amis, et donnez-leur la dernière leçon de la sagesse sous les mauvais princes, la leçon de bien mourir.
La cloche des vêpres sonne ; des cris affreux parviennent à ses oreilles ; il veut sortir ; efforts inutiles. […] Il épargna les deux amis, et le peuple, poussant mille cris de joie, les reconduisit chez eux en triomphe. […] Il appelle ; personne ne répond à ses cris. […] Tout à coup, au milieu du morne silence qui régnait dans l’immense galerie, ou entend ce cri : « Léon ! […] Ces trois hommes assassinèrent de sang-froid cette licite et vertueuse femme, qui n’avait pour défense que ses larmes et les cris de ses enfants.
Un effroyable cri, sorti du fond 1 des flots, Des airs en ce moment a troublé le repos : Et du sein de la terre une voix formidable Répond en gémissant à ce cri redoutable. […] De nos cris douloureux la plaine retentit ; Pour fougue impétueuse enfin se ralentit. […] Rousseau, est un des modèles que Voltaire aimait à citer : Le Nil a vu, sur ses rivages, Les noirs habitants des déserts Insulter, par leurs cris sauvages, L'astre éclatant de l'univers. Cris impuissants, fureurs bizarres ! […] Aucun animal ne pouvant pousser des cris du fond des flots, la prose ordinaire rejette cette expression.
. — « Frère, fait-il, or çà laissez votre œuvre ; — allons-nous-en, beau doux ami ; — nous avons assez pris de poisson. » — Et Ysengrin lui répondit en jetant un cri : — « Renart, fait-il, il y en a trop ; — j’en ai tant pris (que) je ne sais que dire ». — Et Renart commença à rire ; — et ainsi lui a dit tout ouvertement : — « Celui qui convoite tout, perd tout ». […] C’est une vrai geôle de jeunesse captive… Arrivez-y sur le point de leur office450 : vous n’oyez que cris, et d’enfants suppliciés, et de maîtres enivrés en leur colère. […] Il vint trois gentilshommes, qui pensèrent mourir de voir ce portrait : c’étaient des cris qui faisaient fendre le cœur ; ils ne pouvaient prononcer une parole ; ses valets de chambre, ses laquais, ses pages, ses trompettes, tout était fondu en larmes et faisait fondre les autres. […] On lui a fait un service militaire dans le camp, où les larmes et les cris faisaient le véritable deuil725 : tous les officiers pourtant avaient des écharpes de crêpe, tous les tambours en étaient couverts, qui726 ne frappaient qu’un coup ; les piques traînantes et les mousquets renversés ; mais ces cris de toute une armée ne se peuvent pas représenter sans que l’on n’en727 soit ému.
Il faudra que la guerre contre les Anglais fasse saigner la France au cœur pour que des cris chevaleresques lui échappent encore, comme le dernier soupir de la muse épique. […] xve siècle. — « C’est au milieu d’un concert de plaintes et de malédictions, à la lueur du bûcher de Jean Huss, et au cri de sauve qui peut que s’ouvre le xve siècle 1. » Dans cette triste période, la vie semble s’arrêter, tout s’éteint et se dégrade. […] Ce sont, par exemple, blé, botte, tas, broc, parc, dru (drud, héros), quai (cai), corde (cord), banc, cri, blanc (blan), amarre, clan, brusque (brysk), trousse (tross, vêtement), harre, fur (qui existe dans la locution au fur et à mesure), truand (truan, misérable), etc.
Des cris de guerre se sont fait entendre à Berlin ; depuis deux mois nous sommes provoqués tous les jours davantage. […] C’est sur le champ de bataille de Marengo3, au milieu des souffrances et environné de quinze mille cadavres, que je conjure Votre Majesté d’écouter le cri de l’humanité, et de né pas permettre que les enfants de deux braves et puissantes nations s’entr’égorgent pour des intérêts qui leur sont étrangers. […] Mais Votre Majesté nous a cédé Mayence3, que plusieurs campagnes n’ont pu mettre en notre pouvoir, et qui était dans le cas de soutenir plusieurs mois de siége ; mais le corps germanique demande à grands cris la paix, qui seule peut le sauver de son entière ruine ; mais la plus grande partie du Corps germanique, les États mêmes du roi d’Angleterre, seul instigateur de la guerre, sont en paix avec la République française4.
Le cri et le vol rapide de l’aigle ? […] À peine a retenti la trompette éclatante, À peine sur les tours de l’antique Laurente Turnus a de la guerre arboré les drapeaux, Frappé son bouclier, animé ses chevaux ; En tumulte à sa voix tous les Latins s’unissent, De leurs cris conjurés les champs au loin frémissent.
» À ces cris Jérusalem redoubla ses pleurs ; les voûtes du temple s’ébranlèrent ; le Jourdain se troubla, et tous ses rivages retentirent du son de ces lugubres paroles : « Comment est mort cet homme puissant qui sauvait le peuple d’Israël ! […] Les villes pour lesquelles ce triste spectacle était tout nouveau faisaient paraître une douleur encore plus véhémente que ceux qui l’accompagnaient ; et, comme si en voyant son cercueil on l’eût perdu une seconde fois, les cris et les larmes recommençaient. » 1.