La raison te conduit : avance à sa lumière ; Marche encor quelques pas, mais borne ta carrière : Au bord de l’infini ton cours doit s’arrêter ; Là commence un abîme, il le faut respecter. […] Un salon Après dîné, l’indolente Glycère5 Sort pour sortir, sans avoir rien à faire ; On a conduit son insipidité Au fond d’un char, où montant de côté, Son corps pressé gémit sous les barrières D’un lourd panier qui flotte1 aux deux portières ; Chez son amie au grand trot elle va, Monte avec joie, et s’en repent déjà, L’embrasse, et bâille, et puis lui dit : « Madame, J’apporte ici tout l’ennui de mon âme ; Joignez un peu votre inutilité A ce fardeau de mon oisiveté. » Si ce ne sont ses paroles expresses2, C’en est le sens. […] Il vous le mène au col de la Boquette ; A Nice, au Var, à Digne il le conduit : Nul ne l’écoute, et le cruel poursuit.
Elle est le fruit du génie, c’est-à-dire, du concert de l’imagination qui embellit les objets, et du jugement qui conduit toujours l’esprit au vrai, et par conséquent au beau ; génie que l’étude et les préceptes ne peuvent point donner, mais qu’ils peuvent seuls diriger et perfectionner. […] Fléchier, dans son oraison funèbre de Turenne 6, veut faire voir combien il faut de prudence à un général, pour conduire ses soldats ; pour se faire craindre, sans se mettre en danger d’être haï ; pour se faire aimer, sans perdre un peu de l’autorité, et sans relâcher de la discipline militaire. […] Il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’ordre et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y préside. […] La noble fiction, en flattant les esprits, Charme et conduit au vrai par des chemins fleuris, Orne la vérité des attraits de la fable, Et l’offre à nos regards plus belle et plus aimable. […] C’est à lui à se laisser conduire par sa matière, et à observer les règles particulières, que chaque sujet peut lui prescrire.
L’esprit inquiet se hâte d’arriver à l’événement : que l’historien se hâte donc de l’y conduire. […] Un particulier peut souvent aspirer à la réputation, à la renommée, à l’immortalité : il n’y a que des circonstances rares, une heureuse étoile, qui puissent le conduire à la gloire. […] Ainsi, il faut que l’historien nous mette d’abord au fait des temps, des lieux, des caractères, des mœurs, des intérêts ; qu’il présente ensuite, au milieu de toutes ces circonstances, le germe de l’événement à raconter ; qu’il ensuive les développements, les progrès, et qu’il les conduise jusqu’à la fin. […] Des batailles perdues, la diminution du peuple, l’affaiblissement du commerce, l’épuisement du trésor public, le soulèvement des nations voisines, ‘pouvaient faire accepter à Carthage les conditions de paix les plus dures ; mais Rome ne se conduisait point parle sentiment des biens et des maux : elle ne se déterminait que par sa gloire ; et comme elle n’imaginait point qu’elle pût être si elle ne commandait pas, il n’y avait point d’espérance ni de crainte qui pût l’obliger à faire une paix qu’elle n’aurait point imposée.
Le vieux roi des Sicambres, Pharamond, conduisait l’armée entière et laissait une partie du commandement à son petit-fils Mérovée. […] La résistance intérieure a conduit à la souveraineté de la multitude, et l’agression du dehors à la domination militaire. […] L’horizon s’éclaircit en de vagues rougeurs, Et le soleil levant conduit les vendangeurs. […] Instruit par un lourdeau, conduit par le bâton, Sa parure est un bât, son régal un chardon. […] Pour se conduire, enfin, n’a-t-il pas ses aïeux ?
Je me sentis pleurer, et ce fut un prodige3, Un mouvement honteux ; mais bientôt l’étouffant : « Nous nous sommes conduits comme il fallait, lui dis-je, Adieu donc, mon enfant ! […] La maison d’un planteur américain fragment ……— Un chemin large et droit Conduit à la maison de forme britannique, Où le bois est cloué dans les angles de brique4, Où le toit invisible entre un double rempart S’enfonce, où le charbon fume de toute part, Où tout est clos et sain, où vient blanche et luisante S’unir à l’ordre froid la propreté décente5.
L’émotion du cœur qui produit l’éloquence est le résultat d’une passion ; mais nous n’admettons comme bonnes et légitimes que les passions qui ont une noble aspiration vers le bien ; celles qui conduisent au mal peuvent avoir aussi une éloquence à elles ; mais cette éloquence, loin de pouvoir être proposée pour modèle, doit être combattue, comme tout ce qui a un principe vicieux et funeste. […] Ces règles ne créent pas l’éloquence, mais elles peuvent y conduire : elles sont le fruit de l’observation et de l’expérience.
C’est, de toutes les puissances, elles dont on abuse le moins : c’est la plus sacrée de toutes les magistratures ; c’est la seule qui ne dépend pas les conventions, et qui les a mêmes précédées1 On remarque que, dans les pays où l’on met dans les mains paternelles plus de récompenses et de punitions, les familles sont mieux réglées ; les pères sont l’image du Créateur de l’univers2, qui, bien qu’il puisse conduire les hommes par son amour, ne laisse pas de se les attacher encore par les motifs de l’espérance et de la crainte. […] Ils conduisent un général par la main, et, après l’avoir loué de mille sottises qu’il n’a pas faites, ils lui en préparent mille autres qu’il ne fera pas6.
Sévère dans la ferme, humain dans la cité2, Il soigne le malheur, conduit la cécité ; Et moi, de l’Hélicon, malheureux Bélisaire3, Peut-être un jour ses yeux guideront ma misère4. […] Plus loin, dans ses calculs gravement enfoncé, Un couple sérieux, qu’avec fureur possède L’amour du jeu rêveur qu’inventa Palamède, Sur des carrés égaux, différents de couleur, Combattant sans danger, mais non pas sans chaleur, Par cent détours savants conduit à la victoire Ses bataillons d’ébène et ses soldats d’ivoire… Longtemps des camps rivaux le succès est égal ; Enfin l’heureux vainqueur donne l’échec fatal, Se lève, et du vaincu proclame la défaite ; L’autre reste atterré dans sa douleur muette, Et du terrible mât à regret convaincu, Regarde encor longtemps le coup qui l’a vaincu1.
On ne prononce pas le nom du Tibre comme celui des fleuves sans gloire ; c’est un des plaisirs de Rome que de dire : Conduisez-moi sur les bords du Tibre ; traversons le Tibre. […] Les lettres le conduisirent à la tribune. […] Renonçant pour lui à tout secours humain, ils le placèrent sur un brancard et le conduisirent à pied jusque dans Soissons, à la basilique de Saint-Médard. […] Des membres de la section, accourus à ce bruit, et frappés de sa beauté, de son courage, du calme avec lequel elle avoue son action, empêchent qu’on ne la déchire et la conduisent en prison, où elle continue à tout confesser avec la même assurance. […] Quelques centaines de paysans se présentèrent, et transportèrent en effet quelques pièces de canon, conduits par les artilleurs qui les dirigeaient.