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111. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

On peut appliquer au sermon toutes les règles qui conviennent au discours prononcé en général ; mais le prédicateur ne doit jamais oublier que la force et la vérité du raisonnement, le choix et la solidité des preuves, l’instruction présentée avec ordre et avec méthode, sont des qualités essentielles, et peut-être les plus essentielles au sermon ; que, par conséquent, il ne saurait trop s’attacher à la construction du plan de son discours, plan qui ne doit rien laisser à désirer pour la clarté, la justesse et l’exactitude. […] Mais il faut bien se garder d’étaler ces ornements avec profusion et sans choix, de négliger le plan et la conduite du discours, l’ordre et la liaison des idées, la convenance et la clarté du style. […] Mais, quelle que soit la nature de la cause, celui-ci doit toujours s’attacher plus aux choses qu’aux paroles, plus au choix et à la solidité des preuves qu’à ce frivole assemblage de figures éblouissantes qui ne parlent ni au cœur ni à la raison27.

112. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Or, comme il n’y a pas de récompenses auxquelles les hommes soient plus sensibles qu’à celles qu’ils tiennent de l’estime et du choix libre de leurs égaux, représentez-vous, dans une ville comme Athènes, la plus démocratique des cités grecques, quelle émulation doit s’élever entre les orateurs. […] Supposons que vous soyez vous-mêmes ces actionnaires et que vous ayez à faire choix d’un gérant. […] — C’est peu d’avoir fermé la bouche aux partisans de l’étranger et de la paix à tout prix ; c’est peu d’avoir effrayé les Athéniens en leur prouvant qu’ils n’ont pas le choix entre la guerre et le repos, et qu’ils sont perdus s’ils n’agissent.

113. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — André de Chénier 1762-1794 » pp. 480-487

Il assouplit, attendrit et colora notre langue que desséchait alors l’abus des formes abstraites ; toutefois, il ne faut le lire qu’avec choix.

114. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Le Sage, 1668-1747 » pp. 216-222

Cette remarque demande un esprit désintéressé : je fais choix du tien, que je connais bon ; je m’en rapporterai à ton jugement. — Grâces au ciel, lui dis-je, Monseigneur, vous êtes encore fort éloigné de ce temps-là.

115. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Une naissance auguste, un air d’empire et d’autorité, un visage qui remplisse la curiosité des peuples empressés de voir le prince6, et qui conserve le respect dans le courtisan ; une parfaite égalité d’humeur ; un grand éloignement pour la raillerie piquante, ou assez de raison pour ne se la permettre point1 : ne faire jamais ni menaces ni repròches ; ne point céder à la colère, et être toujours obéi ; l’esprit facile, insinuant ; le cœur ouvert, sincère, et dont on croit voir le fond, et ainsi très-propre à se faire des amis, des créatures et des alliés ; être secret toutefois, profond et impénétrable dans ses motifs et dans ses projets ; du sérieux et de la gravité dans le public ; de la brièveté, jointe à beaucoup de justesse et de dignité, soit dans les réponses aux ambassadeurs des princes, soit dans les conseils ; une manière de faire des grâces2 qui est comme un second bienfait ; le choix des personnes que l’on gratifie ; le discernement des esprits, des talents et des complexions3, pour la distribution des postes et des emplois ; le choix des généraux et des ministres ; un jugement ferme, solide, décisif dans les affaires, qui fait que l’on connaît le meilleur parti et le plus juste ; un esprit de droiture et d’équité qui fait qu’on le suit jusqu’à prononcer quelquefois contre soi-même en faveur du peuple, des alliés, des ennemis ; une mémoire heureuse et très-présente qui rappelle les besoins des sujets, leurs visages, leurs noms, leurs requêtes ; une vaste capacité qui s’étende non-seulement aux affaires de dehors, au commerce, aux maximes d’État, aux vues de la politique, au reculement des frontières par la conquête de nouvelles provinces, et à leur sûreté par un grand nombre de forteresses inaccessibles ; mais qui sache aussi se renfermer au dedans, et comme dans les détails4 de tout un royaume ; qui en bannisse un culte faux, suspect et ennemi de la souveraineté, s’il s’y rencontre ; qui abolisse des usages cruels et impies5, s’ils y règnent ; qui réforme les lois et les coutumes6, si elles étaient remplies d’abus ; qui donne aux villes plus de sûreté et plus de commodités par le renouvellement d’une exacte police, plus d’éclat et plus de majesté par des édifices somptueux ; punir sévèrement les vices scandaleux ; donner, par son autorité et par son exemple, du crédit à la piété et à la vertu ; protéger l’Église, ses ministres, ses droits, ses libertés1 ; ménager ses peuples comme ses enfants2 ; être toujours occupé de la pensée de les soulager, de rendre les subsides légers, et tels qu’ils se lèvent sur les provinces sans les appauvrir ; de grands talents pour la guerre ; être vigilant, appliqué, laborieux ; avoir des armées nombreuses, les commander en personne ; être froid dans le péril3, ne ménager sa vie que pour le bien de son État, aimer le bien de son État et sa gloire plus que sa vie ; une puissance très-absolue, qui ne laisse point d’occasion aux brigues, à l’intrigue et à la cabale ; qui ôte cette distance infinie4 qui est quelquefois entre les grands et les petits, qui les rapproche, et sous laquelle tous plient également ; une étendue de connaissances qui fait que le prince voit tout par ses yeux, qu’il agit immédiatement par lui-même, que ses généraux ne sont, quoique éloignés de lui, que ses lieutenants, et les ministres que ses ministres ; une profonde sagesse qui sait déclarer la guerre, qui sait vaincre et user de la victoire, qui sait faire la paix, qui sait la rompre, qui sait quelquefois, et selon les divers intérêts, contraindre les ennemis à la recevoir ; qui donne des règles à une vaste ambition, et sait jusqu’où l’on doit conquérir ; au milieu d’ennemis couverts ou déclarés, se procurer le loisir des jeux, des fêtes, des spectacles ; cultiver les arts et les sciences, former et exécuter des projets d’édifices surprenants ; un génie enfin supérieur et puissant qui se fait aimer et révérer des siens, craindre des étrangers ; qui fait d’une cour, et même de tout un royaume, comme une seule famille unie parfaitement sous un même chef, dont l’union et la bonne intelligence est redoutable au reste du monde.

116. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

« Plusieurs savants ne regardent, d’ailleurs, les Proverbes , dit l’abbé Guénée dans ses Lettres de quelques Juifs , que comme un choix de sentences et de maximes recueillies, pour la plupart, dans les écrits de ce prince. » 3.

117. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

Elles aident l’esprit dans le choix du sujet, soutiennent le génie dans la création du plan, le guident dans sa marche, lui indiquent le but qu’il doit s’efforcer d’atteindre, et dirigent le goût dans la distribution des ornements.

118. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Un choix de morceaux dans les différents genres de nos meilleurs auteurs suffit comme moyen d’exercice. […] Trois choses doivent occuper l’orateur dans la confirmation : 1° le choix des moyens ; 2 : l’ordre dans lequel il convient de les présenter ; 3° enfin, la manière de les faire valoir. 1° Choix des moyens. On a indiqué, dans l’invention, les différentes sortes de preuves et les sources où il faut les puiser ; mais le plus difficile n’est pas de les trouver, il l’est encore plus d’en faire un choix judicieux. […] Car s’il entasse sans choix les pensées, les images, les mouvements ; si, par des préparations adroites, par des gradations ménagées, il ne sait pas amener les tableaux frappants, les mouvements décisifs qui doivent porter le dernier coup à l’âme ébranlée, il n’est plus qu’un furieux et un insensé, dont l’auditeur de sang-froid ne peut partager l’ivresse et le délire : Bacchari vinolentus inter sobrios videtur.

119. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Lorsqu’il parut, c’est-à-dire en 1625, puisqu’il donna sa première pièce à dix-neuf ans, la France n’avait pour théâtre qu’un amas confus d’objets disparates, où le sacré, le profane, le tragique, le comique, le bouffon, la grossièreté et les pointes, tous les styles, tous les tons, étaient mêlés sans goût, sans choix. […] Dans la confusion que ce grand monde apporte, Il y vient de tous lieux des gens de toute sorte, Et dans toute la France il est fort peu d’endroits Dont il n’ait le rebut aussi bien que le choix ; Comme on s’y connaît mal, chacun s’y fait de mise, Et vaut communément autant comme il se prise.

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