Pas un ne me connaissait, ni ne se souciait de moi ; j’etais comme n’existant pas pour eux tous ; et plus d’une fois les larmes me sont venues aux yeux en pensant qu’ailleurs j’aurais rencontré des regards amis ! […] Je vois chaque jour des hommes passionnés, ennemis ou amis des personnes, des sectes, des factions, et jugeant pour ou contre, sans considérer l’équité de la cause.
Voilà comme quoi1 il y a des changements dangereux ; et quand notre jeune ami aura autant vécu que nous, il n’aura pas meilleure opinion que nous de ceux qui veulent réformer le monde. […] Parmi les lamentations de nos Jérémies (j’appelle ainsi mes amis plaintifs), je mêle toujours de bons augures et de bonnes espérances.
Les Asiatiques, amis du faste et de la mollesse, avaient un style pompeux et diffus. […] Le plus grand abandon doit régner dans les lettres qu’on adresse à ses amis. […] Faut-il consoler un ami sur un malheur ? […] — on connaît ses amis. […] Il a été touché du succès, de la gloire d’un de ses amis, et il s’est mis à chanter son bonheur.
Il entre ensuite dans le temple avec Néarque son ami, et brise pendant le sacrifice, les statues des faux dieux. […] Celui-ci répond qu’il croit qu’elle est au bal chez son amie. […] Il est de mes amis. […] Celles qu’on joue le plus souvent, sont l’Aveugle clairvoyant, l’Ami de tout le monde, et la Nouveauté. […] Toute action, suivant Aristote, se passe ou entre des amis, ou entre des ennemis, ou entre des gens indifférens l’un pour l’autre.
Apprenez, maître Jacques, vous et vos pareils, que c’est un coupe-gorge qu’une table remplie de trop de viandes5 ; que, pour bien se montrer ami de ceux que l’on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu’on donne, et que, suivant le dire d’un ancien, il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger. […] De quel œil, à votre avis, pensez-vous que je puisse voir cet amas d’actions indignes dont on a peine, aux yeux du monde, d’adoucir le mauvais visage, cette suite continuelle de méchantes affaires qui nous réduisent, à toute heure, à lasser les bontés du souverain, et qui ont épuisé auprès de lui le mérite de mes services et le crédit de mes amis ! […] Loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a posséder tout celui qu’on peut avoir et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ces sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles ; élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent.
Joubert disait : « Il faut toujours avoir dans la tête un coin ouvert et libre, pour y donner une place aux opinions de ses amis, et les y loger en passant. […] Un salon Après dîné, l’indolente Glycère5 Sort pour sortir, sans avoir rien à faire ; On a conduit son insipidité Au fond d’un char, où montant de côté, Son corps pressé gémit sous les barrières D’un lourd panier qui flotte1 aux deux portières ; Chez son amie au grand trot elle va, Monte avec joie, et s’en repent déjà, L’embrasse, et bâille, et puis lui dit : « Madame, J’apporte ici tout l’ennui de mon âme ; Joignez un peu votre inutilité A ce fardeau de mon oisiveté. » Si ce ne sont ses paroles expresses2, C’en est le sens. […] Joubert disait : « Il faut toujours avoir dans la tête un coin ouvert et libre, pour y donner une place aux opinions de ses amis, et les y loger en passant.
Voici le sage conseil que Maynard donnait à un jeune homme qui affectait d’écrire d’une manière inintelligible : Mon ami, chasse bien loin Cette noire rhétorique : Tes écrits auraient besoin D’un devin qui les explique : Si ton esprit veut cacher Les belles choses qu’il pense, Dis-moi qui peut t’empêcher De te servir du silence ? […] Après les vers de Racine et de Boileau, après les adieux de Marie Stuart à la France, les consolations de Malherbe à son ami, les verselets de Clotilde de Surville à son enfant, cités plus haut (47-64), nous signalerons les plaintes d’Iphigénie à son père, les vers de Virgile sur Marcellus, l’Incurable d’Hippolyte Violeau, et les plaintes d’une mère sur le tombeau de son enfant, par Alexandre Soumet. […] L’astre-roi se couchait calme, à l’abri du vent ; La mer réfléchissait ce globe d’or vivant, Ce monde, âme et flambeau du nôtre ; Et dans le ciel rougeâtre, et dans les flots vermeils, Comme deux rois amis, on voyait deux soleils Venir au-devant l’un de l’autre. […] Le style véhément est essentiellement rapide, et peut ne pas s’élever au-dessus du style simple, comme dans ces paroles de Nisus, qui veut mourir pour sauver Euryale, son ami : Me, me, adsum qui feci, in me convertite ferrum, O Rutili, mea fraus omnis ; nihil iste nec ausus, Nec potuit.
Le poète, dans une épître sur la vie champêtre, feint qu’à son retour de la campagne, un de ses amis lui parle des victoires du roi. Dieu sait comme les vers chez vous s’en vont couler, Dit d’abord un ami qui veut me cajoler. […] Mon ami n’est plus ; et je vis encore ! […] Si vous dites : mon ami est descendu dans le sombre empire des morts ; et je jouis encore de la lumière ! […] Maynard disait à un écrivain de son temps, qui tombait dans le phébus et le galimatias : Mon ami, chasse bien loin Cette noire rhétorique.
Boileau, qui savait louer Louis XIV avec tant de délicatesse, comme le vers suivant suffirait à le prouver, Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire, feint qu’à son retour de la campagne un de ses amis lui parle des victoires du roi : Dieu sait comme les vers chez vous s’en vont couler, Dit d’abord un ami qui veut me cajoler, Et dans ce temps guerrier et fécond en Achilles, Croit que l’on fait des vers comme l’on prend des villes. […] Macduff tombe dans une douleur morne : son ami veut le consoler, il ne l’écoute point ; et méditant sur le moyen de se venger de Macbeth, il ne dit que ces mots terribles : Il n’a point d’enfants ! […] Après avoir découvert la conjuration de Cinna, Auguste, lorsqu’il pourrait faire périr son ennemi, non seulement lui pardonne, mais encore lui dit : Soyons amis, Cinna, c’est moi qui t’en convie. […] Cependant, si le sens roule principalement sur des mots de cette espèce, comme dans la phrase suivante, ces mots méritent une place importante : Dans leur prospérité, mes amis n’entendront jamais parler de moi ; dans leur adversité, toujours.