Les influences qui dominent, au contraire, le dix-huitième siècle seront : la philosophie sceptique, l’imitation des littératures étrangères et la réforme politique. […] Grâce à cette liberté nouvelle des études, à la connaissance plus approfondie de l’histoire et de l’antiquité, au contact plus fréquent avec l’étranger, la critique est devenue une des plus brillantes parties de notre littérature. […] Mais Platon demandait si l’on pouvait nommer un seul homme, citoyen ou étranger, esclave ou libre, à commencer par ses propres enfants, que Périclès eût rendu par ses soins plus sage et plus homme de bien. […] Sur « une foule d’objets qui vous sont étrangers dans mes interrogatoires, vous ne pouvez savoir si mes réponses sont fausses ou vraies. […] Les métaphores des poètes étrangers ont toujours un degré de plus que les nôtres, et leur poésie est plus haute en couleur.
Il divisait les lieux en internes ou intérieurs, pris dans le sujet même et ressortant uniquement de l’examen de l’idée ; et extrinsèques ou externes, qui, sans être étrangers au sujet, n’en proviennent point d’une manière aussi directe, mais lui arrivent en quelque sorte du dehors. […] Ipse dixit est parfois un argument bien fort, surtout si cet ipse est un mort ou un étranger. […] Aussi voyons-nous non-seulement que les orateurs sèment leurs discours des sentiments des poëtes, mais que les philosophes même, eux qui méprisent si fort tout ce qui est étranger à leurs études, daignent emprunter quelquefois l’autorité d’un vers cité à propos. » Instit. orat.
D’un air indifférent une femme est venue, Du château, maintenant, habitante inconnue ; Et, comme un étranger qui, passant, curieux, Pour la première fois visiterait ces lieux, M’introduit dans l’enceinte, hélas ! […] Cette république ignorée, Que cherche à peine l’étranger, Mériterait d’être illustrée Par les refrains de Béranger.
Il ne se repose jamais hors de soi, et ne s’arrête dans les sujets étrangers que comme les abeilles sur les fleurs1, pour en tirer ce qui lui est propre. […] Il est inconstant, et, outre les changements qui viennent des causes étrangères, il y en a une infinité qui naissent de lui et de son propre fond.
Alors on ne pourra plus dire que je t’ai rejeté parmi des étrangers ; je n’aurai fait que t’inviter à rejoindre tes amis. […] Il est un point cependant où le vainqueur de l’étranger a l’avantage sur le vainqueur de ses concitoyens. […] Elle n’est nouvelle ni pour vous ni pour le peuple romain, et elle s’est répandue chez les nations étrangères, jusqu’aux extrémités du monde. […] Secourez, juges, la religion de nos alliés, conservez la vôtre ; car cette religion ne vous est ni étrangère, ni opposée à votre culte. […] Qui crut que le sort de ces malheureux lui était étranger, et qu’il ne s’agissait point d’un péril dont tout le monde était menacé ?
Il faut toute la force de l’habitude prise pour nous rendre insensible à ce ridicule ; mais tous les étrangers qui visitent nos écoles et nos lycées en sont frappés et ne peuvent se défendre de déplorer cet usage ou d’en rire. […] De ce jour, l’esclave, le faible, le pauvre, l’étranger, devinrent les égaux et les frères du maître, du puissant, du riche, du citoyen. […] Étranger à toute agitation intérieure, à toute ambition spontanée et superbe, Washington n’allait point au-devant des choses, n’aspirait point à l’admiration des hommes. […] … Pourquoi t’ai-je envoyé sur la terre étrangère ?... […] Chacun, sans nuire à l’autre, a sa proie à ronger : Tarquin a le sénat, le peuple a l’étranger.
Hugo, dans un manifeste célèbre (Préface de Cromwell), a dit en parlant du grotesque : « Voilà un principe étranger à l’antiquité, un type nouveau introduit dans la poésie et, comme une condition de plus dans l’être modifie l’être tout entier, voilà une forme nouvelle qui se développe dans l’art. […] Mais comme il a servi de texte à une foule de discussions qui n’ont pas été sans influence sur l’art dramatique, particulièrement en France, on lira peut-être avec intérêt quelques extraits des controverses qui s’y rapportent : « Il suffit, dit Lopez de Véga, de s’attacher à l’unité d’action et d’éviter l’épisode, en sorte qu’il n’y ait rien d’étranger et qui nous tire du sujet principal c’est-à-dire qu’on n’en puisse détacher aucune partie, sans que la pièce tombe en ruine.
Que les caractères particuliers soient bien marqués et parfaitement soutenus jusqu’à la fin ; que le dénouement soit amené naturellement et par degrés, et sorte du seul fond des événements, autant qu’il est possible, sans l’intervention de personnages étrangers à ce qui précède. […] Aussi est-ce le temps des Mémoires et des souvenirs de toute sorte ; et l’intérêt de ces bruits de salon a été tel, que des souverains étrangers ont entretenu à grands frais, à Paris, des correspondants pour être mis au courant de tout ce qui se passait dans les bonnes compagnies.
Il se termine par des Éléments de Rhétorique convenant à tout le monde, mais spécialement destinés aux jeunes personnes qui ne voudraient point rester étrangères à cette science. […] À mesure que les siècles s’écoulèrent, les hommes devinrent étrangers les uns aux autres, puis cherchèrent à établir entre eux des communications utiles : le commerce, les arts, les richesses, la paix, la guerre, les alliances furent autant de sources d’où jaillirent de nouvelles idées, et de là de nouvelles expressions qui constituèrent des idiomes particuliers : ici un objet était connu sous un certain nom ; là il prenait et admettait une dénomination différente, et ainsi les langues se multiplièrent.