C’est une époque bien glorieuse pour les lettres françaises, et qui justifie bien heureusement ce qu’un ancien a dit de l’étude des belles-lettres en général, qu’elles ne laissaient rien de barbare dans le cœur qui les aimait : Emollit mores, nec sinit esse feros.
Il y avait donc une ponctuation dans les manuscrits dès cette époque, où cependant on n’en voit pas la moindre trace sur les inscriptions et Aristophane de Byzance n’est pas l’inventeur de la ponctuation : il n’a fait qu’en mieux déterminer les signes et les règles.
C’était, du reste, l’époque où Montaigne parlait latin à six ans, où Juste-Lipse composait des poëmes à neuf ans, où d’Aubigné traduisait, à huit ans, des dialogues de Platon.
Joubert 1754-1824 [Notice] Né en 1754, Joubert traversa l’époque orageuse de la Révolution, sans avoir jamais subi l’influence des passions politiques.
Cet éloge, entièrement fondé sur des faits racontés avec cette belle simplicité qui se contente d’exposer ce qui n’a pas besoin d’être orné, renferme les événements les plus remarquables du règne de Louis XV, jusqu’à l’époque où l’auteur écrivait.
Les grands écrivains de cette époque ont l’air d’être ses contemporains.
[Notice] Mézeray, bien que son style eût conservé, dans notre époque littéraire la plus polie, quelque chose de la négligence gauloise, n’a pas encore été surpassé comme historien de la monarchie française.
Il faut qu’il établisse clairement et les dates et la coïncidence des faits ; mais il n’est pas obligé d’interrompre un récit pour nous apprendre ce qui se passait dans un autre endroit à la même époque. […] Les peuples ne se ressemblent jamais plus qu’à l’époque de la formation des sociétés. […] Tel était l’usage à cette époque de la société où le même homme était laboureur, maçon, guerrier et homme d’État. […] C’est ce qu’il faut toujours observer lorsqu’on entreprend de juger les productions d’un poète étranger ou qui vivait à une époque déjà loin de nous. […] L’action, en outre, se passe dans une contrée et à une époque assez éloignées pour permettre que les traditions fabuleuses et les fictions viennent se mêler à la vérité historique.
À d’autres temps, la théorie commode de l’art pour l’art ; tout dans notre époque, le mal comme le bien, tout nous avertit que l’éducation morale est la grande affaire de l’humanité, le salut ou la perte de l’avenir. […] À de certaines époques, soit que les émancipations aient été déraisonnablement refusées ou retardées, soit que les progrès aient été trop rapides, la société semble, non plus s’amender et se perfectionner, mais elle est dissoute, pour se renouveler et s’établir sur des bases qui ne reposent plus dans le passé. […] Et ce ne fut pas seulement le sentiment intime et comprimé des inférieurs qui conserva en dépôt cette vérité : la religion, à toute époque, ne cessa point de la proclamer. […] Washington a été le représentant des besoins, des idées, des lumières, des opinions de son époque ; il a secondé, au lieu de contrarier, le mouvement des esprits ; il a voulu ce qu’il devait vouloir, la chose même à laquelle il était appelé ; de là la cohérence et la perpétuité de son ouvrage. […] Introduit de bonne heure dans la carrière des honneurs par le crédit de sa famille, il ne put s’y maintenir longtemps que par sa propre habileté ; car, dans notre époque d’extrême agitation et de vaste concurrence, ce n’était pas à l’aide des souvenirs et des ancêtres qu’on s’élevait, se soutenait, se relevait après avoir été renversé.