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138. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Ses principaux représentants sont aussi les plus grands écrivains du siècle : Voltaire, Diderot, Montesquieu, Rousseau. […] Madame Sand est un plus grand, plus sûr et plus ferme écrivain que Balzac ; elle ne tâtonne jamais dans l’expression. […] Cette troisième période, dont nous renonçons à tracer les limites, nous présenterait, d’ailleurs, deux sortes d’écrivains. […] Il est naturel, on l’a remarqué, qu’un grand écrivain prenne plus ou moins pour type involontaire son propre talent. […] L’année 1789 montra le talent de Rivarol sous une forme nouvelle, celle d’écrivain politique.

139. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Les Pensées, quoique restées imparfaites, ont mis le comble à la gloire de Pascal comme écrivain. […] Jugement sur quelques écrivains français. […] Ce sont nos excellents écrivains qui ont fait ce changement. Mais qui a protégé, employé, encouragé ces excellents écrivains ? […] Ces écrivains n’ont point de style, ou, si l’on veut, ils n’en ont que l’ombre.

140. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Malherbe 1555-1628 » pp. 302-309

Rappelons ces vers de Boileau : il faut les savoir par cœur : Enfin, Malherbe vint ; et le premier, en France, Fit sentir dans les vers une juste cadence, D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit la muse aux règles du devoir, Par ce sage écrivain la langue réparée, N’offrit plus rien de rude à l’oreille épurée ; Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber. […] Maynard (1583-1646) adressait à Malherbe ce dizain : Un rare écrivain comme toi Devrait enrichir sa famille, D’autant d’argent que le feu roi En avait mis dans la Bastille.

141. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

L’imitateur se transforme tellement en l’auteur imité, qu’ils ne paraissent être qu’un seul et même écrivain, quoiqu’on ne puisse désigner aucun trait particulier que l’un ait emprunté de l’autre. […] Homère lui-même, a vraisemblablement imité les écrivains qui l’ont précédé, et qui ne nous sont point parvenus. […] Si l’écrivain imite une suite de pensées, il les tourne de manière qu’il paraît les avoir tirées de son propre génie. […] Je croirais même qu’elle pourrait échapper à l’homme, dont le discernement et le goût n’auraient été ni exercés ni cultivés par une lecture réfléchie de ces deux écrivains. […] Il s’ensuit de la réflexion de ce judicieux écrivain, que l’orateur doit imaginer vivement, pour se pénétrer des passions qu’il veut exciter.

142. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

Courier 1773-1825 [Notice] Helléniste et écrivain politique, Paul-Louis Courier fut avant 1815 un officier d’artillerie, peu soucieux de gloire militaire, peu discipliné, assez récalcitrant, et plus passionné pour l’étude du grec que pour son métier de soldat. […] Grand lecteur de Rabelais, d’Amyot et de Régnier, idolâtre du siècle de Louis XIV, écrivain châtié, savant et scrupuleux, il a une finesse littéraire qui fait le régal des gourmets.

143. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

C’est à l’école des anciens que s’étaient formés et perfectionnés nos plus grands écrivains. […] Molière est de plus un grand écrivain. […] Mais que ne sait pas se faire pardonner un aussi charmant écrivain ? […] C’est à la fois le plus naïf et le plus raffiné des écrivains du dix-septième siècle. […] Craindre ces écrivains !

144. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

En vain vous me frappez d’un son mélodieux, Si le terme est impropre, ou le tour vicieux : Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme, Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme, Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain. […] ce ne sont pas de tels hommes qui seront jamais exposés à produire mille ouvrages frivoles, pour avoir Trafiqué du discours et vendu des paroles ; mais ce sont eux qui auront le droit de dire à tous les écrivains de leur temps et des temps à venir : Travaillez pour la gloire, et qu’un sordide gain Ne soit jamais l’objet d’un illustre écrivain. […] Il pourra bien railler agréablement Chapelain sur son âpre et rude verve et ses douze fois douze cents méchants vers ; mais lui-même (on peut l’affirmer sans crainte) n’aurait jamais été capable de traiter dignement cette sainte légende de Jeanne d’Arc, où le merveilleux est l’histoire même, et qui est peut-être le plus beau sujet de poème épique qui soit au monde. — Mais une pareille matière demanderait l’âme et la lyre d’un Lamartine. — D’un autre côté, il semble que Boileau aurait pu aborder d’autres genres plus voisins du sien, la haute comédie, par exemple, et, marchant sur les traces de l’écrivain qui, selon lui, honorait le plus le règne de Louis XIV, composer peut-être, qui sait ?

145. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

Ce sont, ont dit les uns, des morceaux de luxe, des ornements parasites, où brille le talent de l’écrivain, mais où la vérité et les convenances historiques sont également violées. […] Ce témoignage unanime, ces honneurs solennellement rendus, par un peuple poli et déjà éclairé, à l’écrivain qui venait d’enlever ses suffrages en enchantant ses oreilles, donnèrent aux ouvrages d’Hérodote un grand caractère d’autorité dans la Grèce, et auraient dû rendre les critiques modernes moins prompts à reléguer, sans examen, au nombre des fables, tout ce qui n’avait pas avec nos petites idées la conformité la plus exacte. […] Au surplus, ces morceaux d’opposition ouvrent un champ si favorable à l’éloquence du style, que les grands écrivains n’ont jamais manqué de s’en emparer, quand leur sujet les présentait naturellement.

146. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VII. De l’Harmonie imitative. »

Dans les écrivains du second ordre, au contraire, tout présente les traces pénibles d’efforts rarement heureux ; et ce rapprochement involontaire, mais perpétuel, de la nature, grande et belle sans effort, et de l’art qui se tourmente infructueusement pour l’imiter mal, altère sensiblement quelquefois le plaisir que pourraient nous faire les plus beaux morceaux de poésie moderne. […] Mais nous en avons dit assez pour apprendre aux jeunes gens dans quel esprit ils doivent lire, comment il faut admirer les grands écrivains, et pour les ramener, s’il est possible, au goût et à l’étude raisonnés des anciens.

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