Mais s’ils sont transplantés, sans précaution, par une indiscrète fantaisie ou par une brusque violence, ils ne tardent pas à périr, ou, s’ils végètent, ils ressemblent à ces herbes folles qui ne vivent qu’aux dépens de la moisson, et l’étoufferaient sans la main qui les arrache. […] Ces folies ne devaient pas avoir plus de chance de vivre que la création des mots composés, Bacchus cuissené, nourrit-vigne, aime-pampre-enfant. […] Car ils en interdisent l’abord aux profanes, qui ne peuvent attacher aucune idée à ces vocables dont les hellénistes tiennent seuls la clef2 En examinant de près les écrivains de cette époque, on pourra surprendre l’influence du grec dans certaines tournures ou expressions, entre autres dans l’emploi des substantifs formés soit avec des adjectifs, comme le clair, le chaud, l’efficace, le subit (pour clarté, chaleur efficacité, soudaineté), soit avec des infinitifs, comme l’imaginer, le vivre, le partir, le mourir, le dormir, le chanter, le vouloir, le taire, le médire et le philosopher.
Le cardinal de Bernis, dans son Épître sur les mœurs, après avoir fait un parallèle ingénieux du siècle des Bayard et de celui où il vivait, peint d’une manière très vraie et très intéressante l’inconstance des Français, asservis aux caprices de la mode. […] Les sources du riant, dans la fable, sont : 1° De transporter aux animaux des dénominations et des qualités qui ne se donnent qu’aux hommes : Certain renard gascon ; une Hélène au beau plumage ; Sa Majesté fourrée ; un citoyen du Mans, chapon de son métier ; Monsieur du Corbeau ; 2° De comparer de petites choses à ce qu’il y a de plus grand ; de mesurer les grands intérêts par les petits : Deux coqs vivaient eu paix : une poule survint, Et voilà la guerre allumée. […] Quant à la vraisemblance, le conte, qui aime à vivre de fictions et de mensonges, est plus hardi que l’épopée, dont il est un diminutif, et franchit, quand il le veut, les bornes du possible et du vraisemblable.
L’humanité présente un intérêt beaucoup plus général, et qui doit vivre autant que le genre humain. […] Les mœurs locales consistent dans le ton et les manières qui conviennent au siècle où ont vécu les personnages, et la nation à laquelle ils appartiennent. […] Josué, Élie, Jérémie, Daniel, tous ces prophètes enfin qui vivent maintenant d’une éternelle vie, ne pourraient-ils pas faire entendre dans un poème leurs sublimes lamentations ?
Ajoutons que Jocelyn gardera sa place à côté de Paul et Virginie : cette épopée domestique et intime est peut-être la seule que comporte notre pays, surtout dans le siècle où nous vivons. […] Mais cet homme est allé se reposer dans l’éternité, où son âme vivait d’avance, et il a fait ici-bas ce qu’il y avait de mieux à y faire.
Il dit ailleurs : « Ce qui multiplie les libelles est la faiblesse de les craindre ; ce qui fait vivre les sottises est la sottise de les défendre. » 1.
« Il vivait, comme il pensait, abrité.
Quelle espérance de vivre en repos si tous ces défauts nous ébranlent, nous troublent, nous renversent et font sortir notre âme de son assiette ?
Enfin les messieurs revenaient, et ce moment si attendu n’apportait pas un grand changement dans la manière d’être des femmes : les hommes continuaient leur conversation auprès de la cheminée ; les femmes restaient dans le fond de la chambre, distribuaient les tasses de thé ; et quand l’heure du départ arrivait, elles s’en allaient avec leurs époux, prêtes à recommencer le lendemain une vie qui ne différait de celle de la veille que par la date de l’almanach et par la trace des années, qui venait enfin s’imprimer sur le visage de ces femmes comme si elles eussent vécu pendant ce temps.
« Dans de grandes huttes qu’on appelle maisons, on voit des animaux qu’on appelle hommes, qui vivent le plus cordialement du monde pêle-mêle avec d’autres animaux domestiques.
Nul ne peut être heureux s’il veut vivre en coupable. […] Cette forme de la poésie latine du moyen âge, si calomniée, plutôt par l’ignorance que par l’esprit du système, déjà imitée en français, au xiie siècle, par Alexandre de Paris et par Hélinant, son confrère en poésie, continua à vivre dans les œuvres de Ronsard, de Malherbe, de Corneille, de Racine, et elle s’est vue rajeunir dans tous les détails de ses rythmes variés sous la plume de Lamartine et des autres poètes lyriques du xixe siècle. […] : Grâce à lui vous vivez ; grâces à vous je meurs.
. — Ces hommes pleins d’un noble orgueil, et tous ceux, en général, qui ont brillé par des qualités supérieures, se sont vus en butte, pendant qu’ils vivaient, à l’injustice, et souvent aux persécutions de leurs contemporains. […] Dans les vastes forêts où nous vivons, ne nous est-il pas permis d’ignorer qui tu es, d’où tu viens ?
La religion ne souffre pas que, à la face des autels et au milieu des saints mystères, on fasse l’éloge d’un homme qui a toujours mal vécu. […] Rien de grand, rien de sublime n’éveille leurs désirs ; ils ne pensent qu’à ce qui peut les faire vivre. Ils sont avares, car l’argent est nécessaire pour vivre, et l’expérience leur a fait voir combien il est aisé de perdre et difficile d’acquérir. […] Il voudrait ne vivre que de réflexions, ne se nourrir que d’évidence ; il abattrait, comme le tyran de Rome, la tête des fleurs qui s’élèvent au-dessus des autres. […] Telle est la scène du monde : nous sortons du néant pour vivre ; à peine entrés dans la vie, nous revenons au néant.
Mais la perfection du style, qui fait vivre les ouvrages, recommande au plus haut point le livre de La Rochefoucauld.
Oui, nous pouvons, en toute sécurité, nous rendre ce témoignage que le fond des idées nous a préoccupé à l’égal de la forme ; nous serons donc récompensé d’un travail souvent pénible, si les jeunes lecteurs de notre recueil comprennent bien cette leçon écrite à toutes ses pages, à savoir que le goût et la conscience se confondent, et que les pensées dignes de vivre procèdent toujours d’un caractère élevé, d’une volonté vaillante, d’un cœur honnête, d’un esprit droit et d’une âme saine.
Oui, nous pouvons, en toute sécurité, nous rendre ce témoignage que le fonds des idées nous a préoccupé à l’égal de la forme ; nous serons donc récompensé d’un travail souvent pénible, si les jeunes lecteurs de notre recueil comprennent bien cette leçon écrite à toutes ses pages, à savoir que le goût et la conscience se confondent, et que les pensées dignes de vivre procèdent toujours d’un caractère élevé, d’un volonté vaillante, d’un cœur honnête, d’un esprit droit et d’une âme saine.
Les hommes ordinaires, ceux qui vivent d’idées positives, et se renferment dans les choses et les intérêts matériels, ne portent guère leurs pensées au delà du monde visible qui les entoure.
Multipliez vos jours, comme les cerfs et les corbeaux que la fable ou l’histoire de la nature fait vivre durant tant de siècles ; durez autant que ces grands chênes sous lesquels nos ancêtres se sont reposés, et qui donneront encore de l’ombre à notre postérité ; entassez dans cet espace qui paraît immense, honneurs, richesses, plaisirs : que vous profitera cet amas, puisque le dernier souffle de la mort, tout faible, tout languissant, abattra tout à coup cette vaine pompe avec la même facilité qu’un château de cartes, vain amusement des enfants ?
Voici celle de notre vieux satirique Regnier, qui la fit aussi lui-même : J’ai vécu sans nul pensement, Me laissant aller doucement À la bonne loi naturelle, Et si m’étonne fort pourquoi La mort osa songer à moi, Qui ne songeai jamais à elle.
Après avoir vécu avec une magnificence extrême, et avoir fait pour plus de quatre millions de dettes, tout fut payé, soit de son vivant, soit après sa mort. » (Abrégé chronologique de l’Histoire de France, IIIe race, 1676.)
A chaque mouvement, ne faut-il pas songer à la veille, au lendemain, à ses flancs, à ses derrières ; mouvoir tout avec soi, munitions, vivres, hôpitaux et tous ces éléments si divers, si mobiles, qui changent, se compliquent sans cesse, les combiner au milieu du froid, du chaud, de la faim et des boulets ?
C’est que, pour se pousser à cet état, et pour se faire jour au travers de tous les obstacles qui nous en ferment les avenues, il faut entrer en guerre avec des compétiteurs qui y prétendent aussi bien qus nous, qui nous éclairent2 dans nos intrigues, qui nous dérangent dans nos projets, qui nous arrêtent dans nos voies ; qu’il faut opposer crédit à crédit, patron à patron, et pour cela s’assujettir aux plus ennuyeuses assiduités, essuyer mille rebuts, digérer mille dégoûts, se donner mille mouvements, n’ètre plus à soi, et vivre dans le tumulte et la confusion.
La bassesse voit et sent d’après les instincts d’une nature dégradée, elle résulte d’un caractère sans dignité, ou de l’habitude de vivre et de converser avec des hommes grossiers. […] Quand Pyrrhus promet à Andromaque de relever les murs de Troie et d’y couronner Astyanax, la veuve d’Hector lui répond : Seigneur, tant de grandeurs ne nous touchent plus guère ; Je les lui promettais tant qu’a vécu son père. […] Ce sentiment est naturel dans la situation où se trouve la mère d’Astyanax ; mais si elle n’était point captive, si son Hector vivait encore, elle ne renoncerait pas à voir monter son fils sur le trône. […] Enfin les lettres de Joseph de Maistre, qui ont été publiées de nos jours, renferment de charmants badinages avec divers membres de sa famille et d’intéressantes discussions sur tous les grands événements de l’époque où il a vécu. […] 2º La poésie est aussi la sœur de la musique ; car si elle ne peut se passer d’images, elle ne saurait pas davantage vivre sans harmonie.
Pour moi, je vivrai pour vous être à jamais attaché avec la plus respectueuse et la plus tendre reconnaissance.
Toutes vos dettes sont payées ; vous pouvez vivre délicieusement sans en faire de nouvelles.
Après avoir vécu avec une magnificence extrême, et avoir fait pour plus de quatre millions de dettes, tout fut payé, soit de son vivant, soit après sa mort. » (Abrégé chronologique de l’Histoire de France, IIIe race, 1679.)
Si vous avez résolu de ne point cesser vos querelles, trempez vos glaives dans mon sang glacé : j’ai vécu trop longtemps ; heureux qui meurt sans voir ses compatriotes malheureux et malheureux par leur faute. […] « Puissé-je vivre assez longtemps, conserver assez de verve pour chanter tes exploits ! […] On dit par réversion : « Il ne faut pas vivre pour manger, mais manger pour vivre. » C’est par réversion encore qu’un orateur sacré a pu dire : « Nous ne devons pas juger des règles et des devoirs par les mœurs et les usages, mais nous ne devons pas juger des mœurs et des usages par les règles et les devoirs. […] On dit bien : Vivre de son travail, pour de ce que l’on gagne en travaillant. […] Racine de même : C’en est fait, Madame, et j’ai vécu.
Un paysan, après avoir donné tout son bien à ses quatre enfants, qu’il avait établis, allait vivre chez eux successivement les quatre saisons de l’année : Et vous traitent-ils bien ? […] Vous m’eussiez vu dans les plus effroyables montagnes du monde, au milieu de douze ou quinze hommes les plus horribles que l’on puisse voir, dont le plus innocent en a tué quinze ou vingt autres, qui sont tous noirs comme des diables, et qui ont les cheveux qui leur viennent jusqu’à la moitié du corps ; chacun eux ou trois balafres sur le visage, et deux pistolets et deux poignards à la ceinture ; ce sont les bandits qui vivent dans les montagnes des confins du Piémont et de Gènes. […] Il faudrait longer les précipices effroyables, gravir les glaciers immenses, surmonter les neiges éternelles, vaincre l’éblouissement, le froid, la lassitude, vivre dans cet autre désert, plus aride, plus sauvage, plus désolant que celui de l’Arabie, et trouver des passages au travers de ces rocs entassés jusque dix mille pieds au-dessus du niveau des mers.
Mesme le jour devant1, comme elle exhortoit ses gens, elle dict au serviteur, puisque Dieu l’avoit conduit en une eglise chrestienne, qu’il advisast d’y vivre sainctement.
Le sieur de Rieux, ancien petit commis des vivres, avait obtenu des Seize, par ses intrigues, la garde du château de Pierrefonds, pris par les ligueurs en 1588.
Voici le remède de cette maladie : « Les âmes justes qui vivent dans l’ordre trouvent dans l’ordre le remède de l’ennui.
. — Vivre de son travail, c’est-à-dire de ce que l’on gagne en travaillant. — Étudier Cicéron, lire Virgile, c’est-à-dire les ouvrages de Cicéron et de Virgile. — On dit Israël, Jacob, Juda, pour désigner le peuple hébreu dont ces hommes étaient les patriarches. — On prend encore les noms des dieux du paganisme pour les choses dont ils sont regardés comme les inventeurs ou auxquelles ils président : ainsi on dit Cérès, pour le blé, les moissons, le pain ; Vulcain pour le feu ; Mars, pour la guerre ; Apollon, pour la poésie ; Neptune, pour la mer, etc. […] Ainsi l’on dit : il a été, il a vécu, pour dire qu’un homme est mort. […] Et puisse-t-il, l’amour et l’orgueil de sa mère, Faire dire au Troyens consolés de son père : « Hector, tant qu’il vécut, des Troyens fut l’appui. […] je satisfais à vos plus tendres désirs, quand je célèbre ce monarque ; et ce cœur, qui n’a jamais vécu que pour lui, se réveille tout poudre qu’il est, et devient sensible, même sous le drap mortuaire, au nom d’un époux si chéri.
Avouez-le de bonne foi, Vous tisonnez tout comme moi… Ce savant, par exemple, attaché sur son livre, Mais qui n’invente rien, ne dit rien de nouveau, Des Auteurs qu’il regratte et qu’il vend à la livre, Croit égaler la gloire, et que son nom doit vivre Comme le leur, au-delà du tombeau. […] Magnifique dans sa dépense et ses largesses, il vécut dans une splendeur qui effaça la magnificence royale.
Qu’est-ce donc que l’instant où l’on cesse de vivre ? […] L’action est préparée dans cette scène par des discours relatifs à la façon de vivre de chacun de ces deux personnages. […] Ariste dit qu’il veut s’abandonner à la foi de celle qu’il aura épousée, et qu’il prétend vivre toujours comme il a vécu. […] Elle vivra pour un autre que lui. […] De la façon enfin qu’avec toi j’ai vécu, Les vainqueurs sont jaloux du bonheur du vaincu.
Or, ces gens-là ne forment point assurément le plus grand nombre ; donc, tandis que vous vivez comme la multitude, il est de foi que vous ne devez pas prétendre au salut.
On ne sait rien de précis sur l’auteur, ni sur l’époque où il vécut.
Elle voit certaines gens, elle prend des bouillons, parce que Dieu le veut ; elle n’a aucun repos ; sa santé, déjà très-mauvaise, est visiblement altérée : pour moi, je lui souhaite la mort, ne comprenant pas qu’elle puisse vivre après une telle perte.
Depuis ce temps, il a vécu pour la gloire et pour le salut de l’Etat.
: L’empire d’Alexandre était [trop] grand (pour qu’il pût subsister longtemps après la mort de ce grand homme) La phrase, enfin, qui est composée de plusieurs membres tellement liés entre eux que le sens général demeure suspendu jusqu’à la dernière qui vient la compléter, s’appelle Période, telle que : « Peut-être devons-nous regretter ces temps d’une heureuse ignorance, où nos aïeux moins grands, mais moins criminels, sans industrie, mais sans remords, vivaient pauvres et vertueux, et mouraient dans le champ qui les avait vus naître. » On confond souvent à tort le nom de phrase avec celui de proposition.
Retiré à Saint-Jean-d’Angély, chassé de cet asile, il s’enfuit à Genève ; condamné à mort par le parlement, il se maria pour prouver qu’il vivait encore.
Voilà comme quoi1 il y a des changements dangereux ; et quand notre jeune ami aura autant vécu que nous, il n’aura pas meilleure opinion que nous de ceux qui veulent réformer le monde.
Comme un vieillard, il ne prend plus de part aux agitations qui l’environnent : il a vécu dans un autre siècle.
Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre : C’est Dieu qui nous fait vivre, C’est Dieu qu’il faut aimer.
Je lui souhaite la mort, ne comprenant pas qu’elle puisse vivre après une telle perte. » Les lettres familières forment une partie essentielle des, relations de famille et des rapports de société ; on ne saurait donc trop y exercer la jeunesse, et surtout les jeunes personnes. […] puisqu’il faut passer sa vie à pleurer ceux qui nous sont chers, à pleurer les uns morts, les autres peu dignes de vivre, que je la trouve peu regrettable à tous égards ! […] C’est vivre que cela.
Vivre, et ses composés revivre, survivre, font au participe, vécu. […] Il faut dire, je vécus, je survécus.
Il n’a point aimé la paix, pour vivre dans l’oisiveté, et il n’a point aimé la guerre, pour satisfaire son ambition. […] Cet orateur vivait dans le cinquième siècle avant l’ère chrétienne. […] Après avoir comparé le grand Corneille aux Eschyle, aux Sophocle, aux Euripide, dont la fameuse Athènes, dit-il, ne s’honore pas moins que des Thémistocle98, des Périclès99, des Alcibiade100, qui vivaient en même temps qu’eux, il continue ainsi : « Oui, monsieur, que l’ignorance rabaisse tant qu’elle voudra l’éloquence et la poésie, et traite les habiles écrivains de gens inutiles dans les états, nous ne craindrons point de dire, à l’avantage des lettres, et de ce corps dont vous faites maintenant partie : du moment que des esprits sublimes passant de bien loin les bornes communes, se distinguent, s’immortalisent par des chefs-d’œuvre comme ceux de monsieur votre frère, quelque étrange inégalité que durant leur vie la fortune mette entre eux et les plus grands héros, après leur mort cette différence cesse.
La Métonymie transporte le nom d’une chose à une autre chose distincte, mais que l’esprit est disposé à confondre : Elle consiste à prendre : 1° La cause pour l’effet, comme : vivre de son travail, c’est-à-dire de ce que l’on gagne en travaillant ; Racine, Corneille, Rollin, pour les œuvres de Racine, de Corneille, de Rollin. […] Si tu dois être juste, puissé-je vivre encore assez pour contempler les vertus. […] Si l’un eût vécu vingt ans de plus, le système de l’Europe était changé.
Aussi toutes les peuplades (sauf peut-être quelques misérables tribus hottentotes, races inférieures, voisines du babouin, comme les Boschimans, qui logent dans des trous, vivent de sauterelles et d’œufs de fourmis, et n’ont pour tout langage qu’une sorte de gloussement inarticulé), aussi, dis-je, toutes les peuplades ont leurs orateurs qui les traînent à leur suite avec cette chaîne d’or de la persuasion, par laquelle les Gaulois, nos ancêtres, figuraient l’irrésistible ascendant de l’éloquence. […] Mais à voir aussi leur crainte de la honte, leur amour de la gloire, leur constance dans la douleur, la dignité de leur langage et de leur maintien, on sent des hommes qui, nés libres, savent qu’ils doivent vivre et mourir libres sous l’œil de leurs égaux. […] Le combat n’a plus pour théâtre un petit coin de l’Europe, mais l’univers tout entier ; il ne s’agit plus de la prééminence de la Grèce, mais d’un intérêt bien plus vaste, du droit qu’a tout homme de vivre et de mourir libre dans le pays de ses pères.
En le forçant à vivre coupable, vous le forcerez à vivre malheureux. […] Elle fait vivre les objets inanimés, elle leur communique l’âme, le sentiment, la volonté : — Que faisait ton épée sur le champ de Pharsale ?
Je comprends par moralité celle du citoyen, de l’homme d’honneur, de l’homme actif et pratique destiné à vivre et à communiquer avec les autres hommes, celle qui nous donne une idée saine de nos droits comme de nos devoirs, qui inspire l’amour de la vérité, de la justice, de l’humanité, et cette dignité de bon goût qui repousse également la pruderie hypocrite et les sophismes de l’impudeur.
De maximes, ils ne s’en chargent pas ; de principes, encore moins : ils vivent à l’aventure, poussés et entraînés par le vent de la faveur et par l’attrait des richesses. […] Si vous êtes si touchés de curiosité, exercez-la du moins en un sujet noble : voyez un heureux, contemplez-le dans le jour même où il a été nommé à un nouveau poste, et qu’il en reçoit les compliments ; lisez dans ses yeux, et au travers d’un calme étudié et d’une feinte modestie, combien il est content et pénétré de soi-même ; voyez quelle sérénité cet accomplissement de ses désirs répand dans son cœur et sur son visage ; comme il ne songe plus qu’à vivre et à avoir de la santé ; comme ensuite sa joie lui échappe, et ne peut plus se dissimuler ; comme il plie sous le poids de son bonheur ; quel air froid et sérieux il conserve pour ceux qui ne sont plus ses égaux ; il ne leur répond pas, il ne les voit pas : les embrassements et les caresses des grands, qu’il ne voit plus de si loin, achèvent de lui nuire2 : il se déconcerte, il s’étourdit ; c’est une courte aliénation3.
Parmi ces bois et ces hameaux C’est là que je commence à vivre. […] Toi, mon dernier enfant, souffre ma plainte amère ; Le ciel n’enferme pas tout l’amour de ta mère : A vivre loin d’Edgard je puis m’accoutumer.
Elle avait vécu de sa vie, elle faillit mourir de sa mort.
La vérité des caractères et des mœurs peut seule donner à un poème l’originalité qui le fasse vivre.
— Sicos1 est l’île heureuse où nous vivons, mon père.
Michelet : « Oiseaux-mouches et colibris vivent impunément dans ces brillantes solitudes où tout est danger, parmi les plus venimeux insectes, et sur les plantes lugubres dont l’ombre seule fait mourir.
Ils y verront comment le fils d’un pauvre artisan, ayant lui-même travaillé longtemps de ses mains pour vivre, est parvenu à la richesse à force de labeur, de prudence et d’économie ; comment il a formé tout seul son esprit aux connaissances les plus avancées de son temps, et plié son âme à la vertu par des soins et avec un art qu’il a voulu enseigner aux autres ; comment il a fait servir sa science inventive et son honnêteté respectée aux progrès du genre humain et au bonheur de sa patrie.
Hommes de la cour, qui fréquentent la cour, qui vivent auprès des princes. […] C’est le contenant pour le contenu ; les siècles à venir pour les hommes qui vivront alors. […] La péroraison de la Milonienne offre un exemple de pathétique tantôt tendre, tantôt véhément : « Pour moi, juges, mon cœur se déchire, mon âme est pénétrée d’une douleur mortelle, lorsque j’entends ces pâte rôles que chaque jour Milon répète devant moi : “Adieu, dit-il, adieu, mes chers concitoyens, adieu ; qu’ils vivent en paix ; qu’ils soient heureux ; que tous leurs vœux soient exaucés ; qu’elle se maintienne, cette ville illusoire, cette patrie qui me sera toujours chère, quelque traitement que j’en éprouve ; que mes concitoyens jouissent sans moi d’un repos qu’ils me doivent, puisque je n’en peux jouir avec eux. […] Et dans Phèdre : « Prenez garde, seigneur, vos invincibles mains « Ont de monstres sans nombre affranchi les humains ; « Mais tout n’est pas détruit, et vous en laissez vivre, « Un… votre fils, seigneur, me défend de poursuivre : « Instruite du respect qu’il veut vous conserver, « Je l’affligerais trop, si j’osais achever. […] vous vivrez éternellement dans ma mémoire : votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface.
Je les préviens donc que cette douceur, dont on a pu me reprocher l’excès, n’a ici d’autre but que de mettre leur perversité dans tout son jour ; mais que rien ne me peut faire oublier que c’est ici ma patrie, que j’y suis consul, et que mon devoir est de vivre avec mes concitoyens, ou de mourir pour eux. […] Mais d’autres lois portent qu’on ne fera point mourir les citoyens condamnés, et qu’on leur permettra de vivre dans l’exil.
« Tant que nous sommes détenus dans cette demeure mortelle, nous vivons assujétis aux changements, parce que, si vous me permettez de parler ainsi, c’est la loi du pays que nous habitons. — Mais aussitôt qu’on cesse pour nous de compter les heures, et de mesurer notre vie par les jours et par les années, sortis des figures qui passent et des ombres qui disparaissent, nous arrivons au règne de la vérité, où nous sommes affranchis de la loi des changements ».
Sans cesse il vient accuser de témérité, et lier par de timides conseils la noble hardiesse du pinceau créateur : naturellement scrupuleux, il pèse et mesure toutes ses pensées, et les attache les unes aux autres par un fil grossier qu’il veut toujours avoir à la main ; il voudrait ne vivre que de réflexions, ne se nourrir que d’évidence ; il abattrait, comme ce tyran de Rome, la tête des fleurs qui s’élèvent au-dessus des autres : observateur éternel, il vous montrera tout autour de lui des vérités, mais des vérités sans corps, pour ainsi dire, qui sont uniquement pour la raison, et qui n’intéresseraient ni les sens ni le cœur humain.
Qui veut voler par les mains et les bouches des hommes, doit longuement demeurer en sa chambre ; et qui désire vivre en la mémoire de la postérité doit, comme mort en soi-même, suer et trembler maintes fois, et endurer la faim, la soif et de longues veilles.
Voici un joli sonnet du poëte du Bellay (1492-1560) sur son village natal, le petit Liré : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage Ou comme cettuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné plein d’usage et raison Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Il découvre à nu les inquiétudes et les peines d’une âme ennuyée de tout et mal satisfaite de soi-même, abandonnée de Dieu et des hommes, qui a perdu jusqu’à ses propres désirs, qui ne peut ni vivre ni mourir.
je vis, et je me réjouis de vivre, puisque je vois Asprénas accusé ! […] Voici comme Cicéron le fait parler105 : « Que les Romains, dit-il, que mes concitoyens vivent heureux ! qu’ils vivent dans la gloire et la sécurité ! […] Puissent mes concitoyens y vivre paisibles ! […] Fléchier, dans le même éloge : « Puissances ennemies de la France, vous vivez ; et l’esprit de la charité chrétienne m’interdit de faire aucun souhait pour votre mort.
Indigne également de vivre et de mourir, On l’abandonne aux mains qui daignent le nourrir.
» En effet, Romains, sans qu’il soit nécessaire de vous rappeler ici le sort de chacun en particulier, vous pouvez, d’un coup d’oeil, voir ceux qui, de concert avec le sénat, ont relevé la république abattue, l’ont délivrée d’un brigandage domestique ; vous pouvez, dis-je, les voir plongés dans la tristesse, revêtus d’habits de deuil, traduits en justice, exposés à vivre loin de leur patrie, de leurs enfants ; à rester privés de leur ville, de leur réputation, de toute leur existence : tandis que ceux qui ont attaqué, confondu, violé, détruit tous les droits divins et humains, ne se contentent pas de paraître en public avec un air satisfait, triomphant ; mais, sans y être forcés, absolument tranquilles pour eux-mêmes, ils se plaisent à précipiter dans le péril les citoyens les plus fermes et les plus courageux.
Walter Scott, le barde écossais, a fini par d’admirables romans et de mauvaises histoires, et si lord Byron eût vécu plus longtemps, la seconde partie de ses œuvres se composerait sans doute de discours au parlement, de compositions historiques et d’impressions de voyage, comme il est avenu de Lamartine et de Victor Hugo.
Il faut que de mes maux enfin je me délivre : J’ai cent moyens tout prêts pour m’empêcher de vivre, La rivière, le feu, le poison et le fer.
Comme un vieillard, il ne prend plus de part aux agitations qui l’environnent : il a vécu dans un autre siècle.
Et cette admirable conclusion de l’apologie de Socrate, qui termine en disant à ses juges : Il est temps de nous en aller, moi pour mourir, et vous pour vivre 50. […] Mais, quand nous trouverons dans Fléchier des soupirs contagieux qui sortent du sein d’un mourant, pour faire mourir ceux qui vivent ; quand il nous dira d’une grande princesse, qu’elle fut admirée dans un âge où les autres ne sont pas encore connues ; qu’elle eut de la sagesse, dans un temps où l’on n’a presque pas encore de la raison ; qu’on lui confia les secrets les plus importants, dès qu’elle fut en âge de les entendre ; que son naturel heureux lui tint lieu d’expérience, et qu’elle fut capable de donner des conseils, dans un temps où les autres le sont à peine d’en recevoir, etc. ; qui ne voit dans tous ces exemples la vérité sacrifiée à la démangeaison de faire contraster les mots ?
Ils vivront, si vous continuez d’en avoir un soin charitable ; mais, je vous le déclare devant Dieu, ils seront tous morts demain, si vous les délaissez. » « Cette conclusion, dit M.
Connaissez-vous rien de plus grand que l’antithèse de Socrate s’adressant à ses juges : « Maintenant retirons-nous, moi pour mourir, et vous pour vivre ; » rien de plus touchant que celle d’Hérodote : « Préférez toujours la paix à la guerre ; car pendant la paix, les enfants ensevelissent leurs pères, et pendant la guerre, ce sont les pères qui ensevelissent leurs enfants ; » rien de plus gracieux que celle de Quinault : Vous juriez autrefois que cette onde rebelle Se ferait vers sa source une roule nouvelle, Plus tôt qu’on ne verrait votre cœur dégagé : Voyez couler ces flots dans cette vaste plaine, C’est le même penchant qui toujours les entraîne ; Leur cours ne change point, et vous avez changé… L’antithèse est la vraie expression du sentiment, toutes les fois que l’esprit est tellement frappé d’un contraste qu’il ne peut le rendre d’une autre manière.
Pour moi, s’il m’est permis, après tous les autres, de venir rendre les derniers devoirs à ce tombeau, ô Prince, le digne sujet de nos louanges et de nos regrets, vous vivrez éternellement dans ma mémoire ; votre image y sera tracée, non point avec cette audace qui promettait la victoire ; non, je ne veux rien voir en vous de ce que la mort y efface ; vous aurez dans cette image des traits immortels : je vous y verrai tel que vous étiez à ce dernier jour sous la main de Dieu, lorsque sa gloire sembla commencer à vous apparaître.
Cette vie, que nous ne possédons jamais que par diverses parcelles qui nous échappent sans cesse, se nourrit et s’entretient d’espérance ; l’avenir, nous ne le tenons que par espérance, et jusques au dernier soupir, c’est l’espérance qui nous fait vivre : et puisque nous espérons toujours, c’est un signe très-manifeste que nous ne sommes pas dans le lieu où nous puissions posséder les choses que nous souhaitons.
Vivre pour l’art, c’est renaître, c’est se renouveler comme la nature, qui, sans cesse, renouvelle ses aspects.
C’est ce que Cicéron appelle des gens qui vivent au jour la journée, sans nulle provision : malgré tous leurs efforts, leurs discours paraissent toujours maigres et affamés. […] « Je m’étonne, dit-il encore en faveur de Paris, que quelqu’un le trouve imprudent d’avoir voulu vivre avec celle pour qui tant de demi-dieux voulurent mourir. » C. […] puisque le destin nous voulait séparer, C’était à toi de vivre, à moi seul d’expirer. […] Il accourcissait presque tous ses contes, et déchirait les trois quarts d’un gros recueil d’œuvres posthumes, imprimées par ces éditeurs qui vivent des sottises des morts. […] Il vaut mieux, sans doute, vivre sous un bon roi d’un peuple éclairé et opulent, quoique malin et raisonneur.
Vous nommez le bourreau l’exécuteur des hautes œuvres, euphémisme ; autrefois, quand un pauvre demandait l’aumône, et qu’on ne pouvait ou qu’on ne voulait pas la lui faire, on lui répondait : Dieu vous assiste, euphémisme ; il a vécu, disaient les anciens, pour il est mort, euphémisme, c’est-à-dire périphrase ou métalepse.
Enfin, descendons au fond de notre âme, pour y sentir palpiter et vivre cette partie immortelle de nous-mêmes, qui nous rapproche de Dieu.
Quelque temps après, notre père nous dit : Retournez en Égypte, et achetez-nous des vivres.
Mais on la retient à la vie ; Vivre, ah !
Elle voit certaines gens, elle prend des bouillons1, parce que Dieu le veut ; elle n’a aucun repos ; sa santé, déjà très-mauvaise, est visiblement altérée ; pour moi, je lui souhaite la mort, ne comprenant pas qu’elle puisse vivre après une telle perte2.
Il dit ailleurs : « Ce qui multiplie les libelles est la faiblesse de les craindre ; ce qui fait vivre les sottises est la sottise de les défendre » 1.
Il descendait de Robert Blair, chapelain de Charles Ier et l’un des ministres les plus zélés et les plus distingués de l’époque où il vivait. […] Il avait vécu quatre-vingt-deux ans huit mois et vingt jours. […] Ils vivaient errants et dispersés, n’avaient aucune connaissance du cours naturel des choses, et chaque jour se trouvaient en relation avec des objets nouveaux pour eux. […] Ces peuples ne firent pas ce que les Saxons avaient fait en Angleterre, ils ne chassèrent pas les habitants, ils vécurent au contraire avec eux ; la langue du pays devint alors un composé de ce latin corrompu et du dialecte teutonique que parlaient les vainqueurs. […] Il est évident que tout ce qui concerne l’harmonie du langage est bien plus négligé à l’époque où nous vivons, et ce n’est pas sans motifs que nous n’avons que fort peu de règles à cet égard.
Le style fait vivre les œuvres de l’esprit : Les ouvrages bien écrits, a dit Buffon, seront les seuls qui passeront à la postérité. […] Ce vers signifie que les Templiers avaient cessé de vivre. […] Cicéron annonçant au peuple la mort des complices de Catilina : Ils ont vécu pour ils sont morts. […] Mais elle était du monde où les plus belles choses Ont le pire destin ; Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, L’espace d’un matin. […] Malgré des essais qui vivent encore aujourd’hui, grâce à quelques situations vraiment tragiques comme dans le Wenceslas de Rotrou, elle n’atteignit son apogée qu’avec Le Cid.
Je l’ai gardé longtemps dans cette île, il n’a tenu qu’à lui d’y vivre avec moi dans un état immortel ; mais l’aveugle passion de retourner dans sa misérable patrie lui fit rejeter tous ces avantages. […] Ce grand peuple espagnol aux membres énervés, Qui s’est couché dans l’ombre et sur qui vous vivez, Expire dans cet antre où son sort se termine, Triste comme un lion mangé par la vermine !
, v. 343), qui fait goûter et vivre les ouvrages : Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci.
Que d’accent et d’autorité dans ces confidences d’un maître qui a le droit de se dire : Excelle et tu vivras !