Une plaine immense a sans doute quelque chose d’imposant ; mais une montagne, dont nos yeux mesurent à peine la hauteur ; mais un précipice, une tour élevée, d’où nous considérons les objets qu’elle domine, excitent une sensation bien plus vive.
Ce qu’on appelle esprit peut être de quelque usage au barreau, lorsqu’il ne consiste toutefois que dans une réplique vive et animée, dans une saillie du moment, dans une de ces réponses qui portent des coups d’autant plus sûrs, qu’ils sont plus imprévus, et que l’adversaire, frappé comme de la foudre, a laissé à l’audience tout le temps d’apprécier la réponse, avant qu’il ait eu celui de lui trouver une réplique.
Écrivain sans le savoir, il a la source vive, l’esprit alerte, de la gaieté, de l’entrain, des saillies gauloises, un bon sens gascon, une familiarité souriante, un brave langage, de la rondeur et du piquant, des accents de cœur, et la concision expressive de cette parole agissante qui n’a pas de temps à perdre.
Origène ne se bornait point à instruire de vive voix ses disciples : il composait des ouvrages qui ont assuré l’immortalité à son nom, et à la religion, des partisans de sa morale, dans tous les temps.
Voiture a été proclamé le père de l’ingénieuse badinerie, et personne n’a plaisanté plus agréablement, soit qu’il raconte les aventures de son voyage aérien, pendant que, lancé par quatre gaillards dont les bras vigoureux l’enlèvent de sa couverture par delà les nues et le mettent aux prises avec un bataillon de grues qui le prennent pour un pygmée ; soit que, par l’entremise du plus muet des poissons, il donne les éloges les plus vifs et les plus délicats à son compère le brochet, duc d’Enghien, vainqueur de Rocroy ; soit que de la terre d’Afrique, aride nourricière des monstres, il en voie à mademoiselle Paulet, à la lionne de l’hôtel de Rambouillet, des nouvelles de ses terribles parents du désert ; soit qu’il prenne parti pour la conjonction car en grand danger d’être proscrite.
Napoléon 1696-1821 [Notice] Toute âme supérieure, au moment où elle s’anime, peut se dire maîtresse de la parole : car une pensée forte et vive emporte nécessairement avec elle son expression.
C’est ramasser toutes ses forces, c’est unir tout ce qu’elle a de plus redoutable que de joindre, comme elle fait, aux plus vives douleurs l’attaque la plus imprévue. […] Ce trait est parfaitement historique : Condé avait le regard si vif et si perçant, comme l’attestent les contemporains, qu’on avait peine à en soutenir l’éclat.
La pudeur La pudeur est on ne sait quelle peur attachée à notre sensibilité, qui fait que l’âme, comme la fleur, son image, se replie et se recèle en elle-même, tant qu’elle est délicate et tendre, à la moindre apparence de ce qui pourrait la blesser par des impressions trop vives ou des clartés prématurées.
Le besoin de faire mieux à l’avenir, si je ne me trompe ; il ne s’agit ni de le rendre malheureux d’un tort irréparable, ni de l’accabler sous le poids des regrets : il faut associer pour lui à l’idée de sa faute un vif désir de la réparer, et la certitude qu’il y parviendra, s’il le veut.
Sa parole ne se gonfle pas ; elle est simple, naturelle et vive comme sa pensée même.
Puissent ces vénérables pontifes, ainsi que tous ceux qui ont bien voulu encourager nos efforts, daigner agréer l’expression de notre bien vive reconnaissance !
Il y a même cela de plus déraisonnable en ce point, qu’en se mettant en colère contre les saisons on ne les rend ni plus ni moins incommodes, au lieu que l’aigreur que nous concevons contre les hommes les irrite contre nous et rend leurs passions plus vives ou plus agissantes1.
Pour employer le pathétique avec succès, il faut être doué d’une imagination vive, d’une sensibilité exquise, et d’un grand discernement. […] L’énergie sert à exprimer avec chaleur une pensée forte ou vive. […] La véhémence est l’énergie continuée ; elle emploie souvent les interrogations, les répétitions, les apostrophes et toutes les figures vives. […] Quelquefois l’image est dans un mot, mais le plus souvent elle est dans une description courte et vive. […] On comprend sous le nom générique de narration toutes ces compositions de médiocre étendue, qui consistent en un récit plus ou moins vif et animé, et qui n’admettent qu’accessoirement le discours direct et le dialogue.
Il faut, dit-il, choisir un genre d’écrire qui soit agréable et qui plaise à l’auditeur, de sorte néanmoins que cet agrément, ce plaisir ne viennent point enfin à lui causer du dégoût ; car c’est l’effet que produisent ordinairement les choses qui frappent d’abord les sens par un vif sentiment de plaisir, sans qu’on puisse trop en rendre raison. […] La familiarité et la simplicité de la conversation permettent souvent le pathétique ; on s’attendrit volontiers en parlant de ses intérêts ; une larme ou seulement l’expression vive de la douleur sur les traits du visage, est plus éloquente que toute une argumentation. […] Nous ferons sur nos auditeurs une impression d’autant plus vive quelle sera plus naturelle, et il leur semblera entendre la voix du personnage que nous imiterons. […] Dans le moment où une troupe marche, où un coursier impétueux arrive, le vers doit être vif et précipité, et c’est méconnaître les lois du plus simple bon sens que d’arrêter court le rhythme par la césure.
Les arts exilés de ces belles contrées, vinrent établir leur empire dans Rome, et y brillèrent du plus vif éclat sous César et sous Auguste.
Adieu à un ami 2 Je pose la plume, mon cher ami ; je n’ai fait, vous le voyez, que rassembler des fragments de correspondance, recueillir des renseignements dignes de foi, retracer quelques faits, et exprimer des sentiments que quinze années n’ont point affaiblis, et qui sont encore dans mon âme aussi vifs, aussi profonds qu’ils l’ont jamais été.
Si son style n’a pas la brièveté vive, brusque et impérieuse de Napoléon, s’il n’a pas la pétulance guerroyante, et l’entrain gascon d’Henri IV, il excelle par la tenue et la solidité.
Doué d’une sensibilité irritable qui prenait feu sur toute question ; d’une intelligence vive, rapide et capricieuse qui effleurait les sujets les plus divers ; d’un bon sens prompt à l’ironie fine et légère, il eut le génie de la malice, mais manqua trop souvent de cette délicatesse dont le tact avertit des occasions qui comportent la plaisanterie ou le sérieux. […] Voltaire disait ailleurs, dans une lettre à Brossette, en parlant de Racine et Boileau : « Je regarde ces deux grands hommes comme les seuls qui aient en un pinceau correct, qui aient toujours employé des couleurs vives, et copié fidèlement la nature. […] Le reproche est aussi vif que l’intérêt est affectueux.
Ce sont les pensées les plus nobles et les plus hardies, les expressions les plus magnifiques et les plus animées, les métaphores les plus riches et les plus brillantes, les figures les plus vives et les plus pompeuses, les tours les plus nombreux et les plus variés, l’harmonie la plus agréable et la plus séduisante. […] Quand, pénétré d’un sentiment, agité d’une passion, il s’y livre tout entier, et les exprime avec le plus vif enthousiasme, c’est la poésie lyrique.
Je cherche en vain une issue dans ces solitudes ; trompé par un jour plus vif, j’avance à travers les herbes, les orties, les mousses, les lianes et l’épais humus composé des débris de végétaux ; mais je n’arrive qu’à une clairière formée par quelques pins tombés. […] Cette correspondance établie par des sons religieux entre les deux plus grands monuments de Rome païenne et de Rome chrétienne me causa une vive émotion : je songeai que l’édifice moderne tomberait comme l’édifice antique ; je songeai que les monuments se succèdent comme les hommes qui les ont élevés ; je rappelai dans ma mémoire que ces mêmes Juifs, qui, dans leur première captivité, travaillaient aux pyramides de l’Égypte et aux murailles de Babylone, avaient, dans leur dernière dispersion, bâti cet énorme amphithéâtre.
Napoléon Ier 1769-1821 [Notice] Toute âme supérieure, au moment où elle s’anime, peut se dire maîtresse de la parole ; car une pensée ferme et vive emporte nécessairement avec elle son expression. […] Après avoir rattaché votre âme au monde par l’amour filial et l’amour maternel, appréciez pour quelque chose l’amitié et le vif intérêt que je prendrai toujours à la femme de mon ami.
Il en est de même du goût interne : sa délicatesse se reconnaît à sa prompte et vive sensibilité pour les traits les plus délicats, les plus compliqués, les plus difficiles à saisir.
C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».
Elle ne se fait point par récit, mais par une représentation vive, qui, excitant la pitié et la terreur, purge et tempère ces sortes de passions, c’est-à-dire qu’en émouvant ces passions, elle leur ôte ce qu’elles sont d’excessif et de vicieux, et les ramène à un état modéré et conforme à la raison. »Racine lisait δρώντος, et non δρώντων.
On se rappellera que le goût de ces souvenirs mythologiques était beaucoup plus vif chez nos pères qu’il ne l’est demeuré parmi nous.
La légèreté dans le comique, une ironie tempérée de belle humeur et de bonhomie, l’agilité du récit, des mots vifs et piquants, nulle prétention, l’horreur du solennel et du faux, le bon sens, la franchise, le naturel, une langue nette et saine : tels sont ses traits distinctifs.
En voyant peint si au vif ce qu’ils ont senti, ils s’exercent à sentir vivement.
En revanche, notre plus vif plaisir a été de signaler les pages où l’homme se montre sous l’écrivain, où le style est la personne même trahissant son caractère, et laissant parler son cœur avec ce naturel, cet abandon, cette bonne foi qui ne sent ni l’encre ni le papier.
Pour comprendre son originalité, rappelons-nous que cet homme de bien, attaché à tous ses devoirs jusqu’au scrupule ; que ce père si tendre et cet ami si dévoué reçut de la nature une âme ardente, une sensibilité inquiète, irritable, maladive et presque féminine, comme le prouvent ses vives épigrammes, ses lettres à Nicole, sa préface de Britannicus, et la fin de sa vie.
Pour trouver cet objet, il revient sur ses pas, il s’élance dans l’avenir, il le cherche en lui-même, il le demande à la société, à la nature, aux choses invisibles ; et, si quelquefois il croit apercevoir quelque reflet de ce bien suprême, de cette beauté inaltérable qu’il a rêvée, c’est un de ses plaisirs les plus doux, une de ses plus vives jouissances que de le contempler.
Je pense pourtant que, si l’on cultive la vertu, c’est pour que les gens de bien soient dans une situation meilleure que les méchants ; de même, ceux qui s’abstiennent des plaisirs présents qui leur sont offerts, n’agissent pas ainsi pour n’avoir jamais aucune jouissance, mais au contraire pour goûter ensuite des joies plus vives dues à leur modération. […] Pour moi, je n’ai jamais pu croire que l’âme vive, tant qu’elle est dans le corps de l’homme, et qu’elle meure, quand elle en est sortie, ni qu’elle devienne inintelligente, en se séparant d’un corps sans intelligence. […] Mon plus vif regret est d’avoir à combattre un général sans mérite, sans capacité militaire, un homme vil qui, au milieu de trésors entassés, convoite encore de nouvelles richesses, et qui jamais ne s’est mesuré avec des hommes de cœur. […] Il avait été proposé d’admettre les affranchis au nombre des citoyens romains : — une vive opposition se manifesta au Sénat. […] Quand ton père établit un pont sur l’Ister, les Scythes firent les plus vives instances auprès des Ioniens pour que ce pont fût coupé.
Ne placet Dieu ne ses sainz ne ses angeles4 Apres Rolant que jo vive remaigne ! […] Don Juan. — Vous avez un fonds de santé admirable, des lèvres fraîches, un teint vermeil, et des yeux vifs. […] Le soleil, quand il se lève, nous avertit de son immense bonté, puisqu’il ne se lève pas plus tard, ni avec des couleurs moins vives, pour les ennemis de Dieu que pour ses amis. […] Toutes les pensées de ceux-ci sont des distractions ; ils ne sont jamais où ils doivent être ; on ne peut même les toucher jusqu’au vif par les corrections : ils écoutent tout et ne sentent rien. […] En 1718, il fit représenter sa tragédie d’Œdipe, dont le succès fut très vif.
Sa prose se recommande par un tour net et vif, admirablement approprié au génie de notre langue.
Les Grecs et les Latins n’ont rien en ce genre de si parfait : car il comprend ensemble tout ce qu’il y a de beau dans l’ode pour la magnificence du style, et tout ce que l’épigramme a de grâce pour sa brièveté. » Ce qui est dit ici de la magnificence de l’ode et de la brièveté de l’épigramme manque assurément d’exactitude ; mais il est vrai qu’on cherche à mettre à la fin du sonnet, et même dans ses différentes sections, quelque pensée vive et ingénieuse, comme dans les épigrammes et les madrigaux dont nous parlerons tout à l’heure.
Elle n’a pu venir en lui de la fécondité de son imagination, qui n’est rien moins que vive ; je ne la puis donner à la stérilité de son jugement ; car, quoiqu’il ne l’ait pas exquis dans l’action, il a un bon fonds de raison.
Ce qui fit un héros du prince de Condé J’appelle le principe de ces grands exploits cette ardeur martiale qui ; sans témérité ni emportement, lui faisait tout oser et tout entreprendre ; ce feu qui, dans l’exécution, lui rendait tout possible et tout facile ; cette fermeté d’âme que jamais nul obstacle n’arrêta, que jamais nul péril n’épouvanta, que jamais nulle résistance ne lassa, ni ne rebuta ; cette vigilance que rien ne surprenait ; cette prévoyance à laquelle rien n’échappait ; cette étendue de pénétration avec laquelle, dans les plus hasardeuses occasions, il envisageait d’abord tout ce qui pouvoit ou troubler, ou favoriser l’événement des choses : semblable à un aigle dont la vue perçante fait en un moment la découverte de tout un vaste pays ; cette promptitude à prendre son parti, qu’on n’accusa jamais en lui de précipitation, et qui, sans avoir l’inconvénient de la lenteur des autres, en avait toute la maturité ; cette science qu’il pratiquait si bien, et qui le rendait si habile à profiter des conjonctures, à prévenir les desseins des ennemis presque avant qu’ils fussent conçus, et à ne pas perdre en vaines délibérations ces moments heureux qui décident du sort des armées ; cette activité que rien ne pouvait égaler, et qui, dans un jour de bataille, le partageant, pour ainsi dire, et le multipliant, faisait qu’il se trouvait partout, qu’il suppléait à tout, qu’il ralliait tout, qu’il maintenait tout : soldat et général tout à la fois, et, par sa présence, inspirant à tout le corps d’armée, jusqu’aux plus vils membres qui le composaient, son courage et sa valeur, ce sang-froid qu’il savait si bien conserver dans la chaleur du combat, cette tranquillité dont il n’était jamais plus sûr que quand on en venait aux mains, et dans l’horreur de la mêlée ; cette modération et cette douceur pour les siens, qui redoublaient à mesure que sa fierté pour l’ennemi était émue ; cet inflexible oubli de sa personne, qui n’écouta jamais la remontrance, et auquel constamment déterminé, il se fit toujours un devoir de prodiguer sa vie, et un jeu de braver la mort ; car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait, au moment que je parle, du prince que nous avons perdu ; et voilà ce qui fait les héros1.
Il s’échauffe facilement ; qu’on le compte parmi ceux dont le caractère est vif. […] On peut rapprocher cette tirade d’une lettre fort vive que Joseph de Maistre adresse à sa fille sur le même sujet.
Le devoir fait, légers comme de jeunes daims, Nous fuyions à travers les immenses jardins, Éclatant à la fois en cent propos contraires, Moi, d’un pas inégal je suivais mes grands frères ; Et les astres sereins s’allumaient dans les cieux ; Et les mouches volaient dans l’air silencieux ; Et le doux rossignol, chantant dans l’ombre obscure, Enseignait la musique à toute la nature ; Tandis qu’enfant jaseur, aux gestes étourdis, Jetant partout mes yeux ingénus et hardis, D’où jaillissait la joie en vives étincelles, Je portais sous mon bras, noués par trois ficelles, Horace et les festins, Virgile et les forêts, Tout l’Olympe, Thésée, Hercule, et toi, Cérès, La cruelle Junon, Lerne, et l’hydre enflammée, Et le vaste lion de la roche Némée.
On peut rapprocher ce passage de quelques idées de Bossuet (dans sa lettre sur l’éducation du grand Dauphin) : ce grand homme voulait aussi que l’éloquence « ne fût pas une discoureuse, dont les paroles n’ont que du son ; qu’elle ne fût pas enflée et vide de choses, mais saine et vigoureuse ; qu’elle ne fût pas fardée, mais qu’elle eût un teint naturel et une vive couleur, et, pour tout éclat, celui qui sort de la vérité même ».
Ce verbe fort goûté de Montaigne et de Pascal a, peu après eux, presque entièrement cessé d’être en usage, quoiqu’il fût plus vif et plus gracieux que tromper.
Si nous le considérons selon la nature, c’est un feu qu’une maladie et qu’un accident amortissent sensiblement ; c’est-un tempérament délicat qui se dérègle, une heureuse conformation d’organes qui s’usent, un assemblage et un certain mouvement d’esprits6 qui s’épuisent et qui se dissipent ; c’est la partie la plus vive et la plus subtile de l’âme qui s’appesantit, et qui semble vieillir avec le corps ; c’est une finesse de raison qui s’évapore, et qui est d’autant plus faible et plus sujette à s’évanouir, qu’elle est plus délicate et plus épurée.
L’aîné de ces enfants, né grave, studieux, Lisait et méditait sans cesse ; Le cadet, vif, léger, mais plein de gentillesse, Sautait, riait toujours, ne se plaisait qu’aux jeux1.
Elle n’a pu venir en lui de la fécondité de son imagination, qui n’est rien moins que vive ; je ne la puis donner à la stérilité de son jugement ; car, quoiqu’il ne l’ait pas exquis dans l’action, il a un bon fonds de raison.
Elles sont à l’action ce que les couleurs sont au dessin : les couleurs les plus vives répandues sur une table feraient moins d’effet qu’un simple crayon qui donne la figure. […] C’est pour cela que la poésie demande une imagination vive ou une âme susceptible d’enthousiasme : l’une peint fortement, l’autre sent de même. […] La tragédie ayant tout ce qui est dans l’épopée (car elle aurait même son vers si elle voulait), elle a de plus qu’elle le chant et le spectacle qui causent le plus grand plaisir et le plus vif.
3° Dans les sujets qui appartiennent au sentiment, où l’écrivain cherche à toucher, le style doit être doux, Insinuant, vif, animé et pathétique. Le style est doux et insinuant, quand il fait concevoir et sentir les choses sans efforts ; vif et animé, quand les idées sont pressées et se succèdent avec rapidité ; pathétique, lorsqu’il remue, agite, transporte. […] À peine une mince fumée bleue, venant à trembloter derrière le feuillage, lui annoncerait le voisinage d’un toit de chaume, et, s’il apercevait, derrière le feuillage, les noyers de la colline, la flèche d’une petite église, au bout de quelques pas il découvrirait une campanille de tuiles rongées par la mousse, douze maisonnettes éparses entourées de leurs vergers et de leurs chènevières, un ruisseau avec son pont formé de trois soliveaux, un cimetière d’un aspect carré, fermé par une haie vive, quatre ormeaux en quinconce et une tour ruinée.
Gallicisme vif et expressif. […] Il a été sensible même à l’humble beauté d’un potager rustique, à l’agrément d’un petit jardin propret, bien entretenu, plein de plantes utiles, avec le clos attenant, la haie vive et verte, la bordure de serpolet, et les fleurs bourgeoises qui feront un bouquet à la ménagère. […] Un homme pour qui l’on est « à bout de bronze et d’encens » finit par se dire que choses et gens sont faits pour le servir. « Nous avons percé la nue des cris de vive le roi !
Autrefois, il n’entrait dans ce vers que des iambes : c’est depuis de temps, que, pour arriver à l’oreille moins vif et moins sautillant, il admit le grave spondée au partage de ses droits paternels ; mais sa complaisance n’alla point jusqu’à céder au nouveau-venu la seconde ni la quatrième place. […] Celui-ci aime le demi-jour, celui-là veut une vive lumière, car il défie le regard perçant de la critique ; l’un n’a réussi qu’une seule fois, l’autre, dix fois exposé, charmera toujours. […] 905J’ordonnerai (je conseillerai) 906au peintre-de-caractères habile 907d’observer-avec-soin 908le tableau de la vie et des mœurs, 909et de tirer de-là 910des expressions (des images) vives.
Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre, et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes ; on nous fait même plaisir de nous en décharger : c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage.
. — Le dilemme est une suite d’enthymèmes présentés sous une forme vive et pressante.
Vive ergo moribus præteritis, loquere verbis præsentibus, atque id quod a C.
Harmonie du Style, dans un raisonnement vif et pressé.
Si nous le considérons selon la nature, c’est un feu qu’une maladie et qu’un accident amortissent sensiblement ; c’est une heureuse conformation d’organes qui s’usent ; c’est la partie la plus vive et la plus subtile de l’âme, qui s’appesantit, et qui semble vieillir avec le corps ; c’est une finesse de raison qui s’évapore, et qui est d’autant plus faible et plus sujette à s’évanouir, qu’elle est plus délicate et plus épurée.
Que l’action marche avec rapidité ; que le style soit vif et plein de chaleur, qu’il varie suivant les situations des personnages.
Ainsi, quand on dit ignis amoris, le feu de l’amour ; ignis iræ, le feu de la colère ; le mot ignis n’offre plus à l’esprit l’idée d’un feu matériel ; mais il peint sous une forme sensible l’ardeur d’une âme qui éprouve de vifs sentiments d’amour ou de colère.
L'ellipse rend le discours plus vif, plus animé, plus concis ; elle donne plus de grâce au style et plus d’intérêt à la pensée. […] L'imagination se plaît ainsi à grossir les objets, et, selon qu’elle est plus ou moins vive, le langage est aussi plus ou moins hyperbolique. […] Id. — Velox, vif, qui va vite, tant au physique qu’au moral. […] Virg. — Alacer, gai, vif, prompt, actif. […] Cic. — Formidare se dit d’une crainte vive et continuelle.
Il en est des âmes comme du royaume de Dieu, elles appartiennent à celui qui les enlève de vive force. […] L’orateur, dont l’imagination est plus vive, imitera l’artiste égyptien : il supprimera les rapports, et, rapprochant les deux termes, il dira : La vie est un combat. […] Dans l’argumentation philosophique, les preuves sont les matériaux inertes de la discussion ; dans le discours, ce sont des forces vives, des auxiliaires intelligentes de la persuasion.
En définitive, le jeune homme sortira-t-il de cette lecture avec de meilleurs sentiments et un plus vif désir d’être homme de bien ?
Pascal a passé vite sur la terre ; mais pendant cette courte apparition, il a entrevu la beauté parfaite, il s’y est attaché de toutes les puissances de son esprit et de son cœur, et il n’a rien laissé sortir de ses mains qui n’en portât la vive marque.
Une nuit que Phébus, jaloux de les surprendre, À l’insu de Thétis près d’elles vint se rendre, La sensible Érato voulut chanter l’amour ; Pour la tendre amitié Calliope eut son tour, Et la vive Thalie au folâtre sourire Joignit son luth badin à leur touchante lyre. […] Tout ce qu’on lui permet dans ce cas, c’est de jeter en passant des réflexions courtes et vives, qui paraissent naître des faits et s’être présentées d’elles-mêmes ; mais les exemples parlent assez haut, et les actions que font ses héros, et les jugements qu’il en fait porter à ses lecteurs, sont précisément le langage qui lui convient136.
C’est beaucoup de ramener les esprits ; des reproches vifs et amers n’ont presque jamais d’autre effet qu’une rupture ouverte.
Un de ces enfants est fort gentil, vif, éveillé, questionneur ; il voulait tout voir, tout savoir.
On ne se contente pas de la simple raison, des grâces naïves, du sentiment le plus vif, qui l’ont la persuasion réelle ; on va au delà du but par amour-propre. » Lettre à MM. de l’Académie française.
C’est à Athènes, à Rome, à Florence, en Angleterre, en France, à l’éclat des plus vives lumières, par l’enseignement des plus grands spectacles, sous la protection de la liberté de l’État ou de l’indépendance de la pensée, que se sont formés les maîtres dans l’art de l’histoire.
Très reconnaissante des services, elle aimait à prévenir les injures par sa bonté ; vive à les sentir, facile à les pardonner.
Car tout cela est le vif portrait que chacun de vous se fait du prince que nous avons perdu, et voilà ce qui fait les héros. » L’effet.
En somme, quelle que soit l’inégalité de ce style, il a au plus haut point le cachet de l’esprit français ; il est vif, pittoresque, lucide, ému, impétueux.
. ; et celui-ci s’en applaudissait, parlant toujours de son maître et de son roi avec un vif enthousiasme, et ne rendant pas moins justice à son goût qu’à sa douceur et à sa bonté.
— Cette lettre contient de vifs reproches, la disposition est en gradation ascendante.
Thiers mérite d’être appelé notre historien national ; car dans les œuvres monumentales que nous devons à sa plume infatigable circule l’éloquence d’une âme française qui, vivement émue par toutes les joies ou toutes les douleurs du citoyen, fait tressaillir les fibres les plus vives du patriotisme populaire.
Les autres doivent se traduire le plus ordinairement en classe, de vive voix, comme développement et commentaire de la leçon du jour. […] L’Indien Calanus fut brûlé vif. — 12. […] Le dégoût suit de près les plaisirs les plus vifs. — 11.
Voilà pourquoi l’amour si vif, si brûlant dans Racine, est si froid et si languissant dans Campistron, son imitateur.
Pendant son absence, le tribun Sextius, de concert avec Pompée, et tous les bons citoyens, s’occupèrent si efficacement de son retour, qu’il fut en effet rappelé par un décret du sénat, et reçu par toutes les classes de citoyens, avec les démonstrations de la joie la plus vive et la plus sincère.
Dumarsais donne des figures une idee juste au fond, mais qui pourrait être mieux présentée : « Les figures, dit-il, sont des manières de parler distinctement des autres par une modification particulière, qui fait qu’on les réduit chacune à une espèce à part, et qui les rend ou plus vives, ou plus nobles, ou plus agréables que les manières de parler qui expriment le même fond de pensée, sans avoir d’autre modification particulière. » Préférez-vous la définition de M.
Peindre, c’est non-seulement décrire les choses, mais en représenter les circonstances d’une manière si vive et si sensible, que l’auditeur s’imagine presque les voir.
Villemain dit à ce sujet : « Si nul publiciste n’a plus de sens et de justesse que lui, nul écrivain aussi n’a plus de trait et de saillie. » Il faut même ajouter que sa vive expression, son tour ingénieux et pittoresque, ont trompé beaucoup de lecteurs sur le sérieux et la solidité de ses réflexions.
L’amitié tendre et vive y fait briller ses feux Qu’en vain veut imiter, dans son zèle perside, La trahison, que suit l’envie au teint livide.
Descartes a toujours conservé un vif sentiment de reconnaissance pour ses maîtres.
Promptement excité par la tribune et la présence de ses contradicteurs, son esprit s’enflammait : d’abord ses premières vues étaient confuses, ses paroles entrecoupées, ses chairs palpitantes, mais bientôt venait la lumière ; alors son esprit faisait en un instant le travail des années ; et à la tribune même, tout était pour lui découverte, expression vive et soudaine.
Robinson, lui exprima en termes vifs et brillants la reconnaissance de l’assemblée pour les services qu’il avait rendus à son pays.
Attaché aux erreurs de Calvin, il les défendit avec tant d’opiniâtreté, qu’on l’appelait le pape des huguenots ; et lorsque Henri IV abjura cette hérésie, Mornai osa lui en faire de très vifs reproches et se retira d’auprès de sa personne. […] Durant ces querelles, qui ne furent pas moins longues que vives, ce monarque étant en Normandie dans son château de Bure, près de Caen, s’écria un jour dans un excès de colère : Est-il possible qu’aucun de ceux que j’ai comblés de bienfaits, ne me venge pas d’un prêtre qui trouble mon royaume !
« Une légère discussion sur le fait, une explication propre à l’atténuer, un recours à l’intention que l’on a eue, une protestation renouvelée de respect et d’attachement, un vif regret d’avoir pu déplaire, un désir bien prononcé de renouveler les bonnes grâces perdues, voilà quels doivent être à peu près les éléments d’une lettre d’excuses. »(Philippon.) […] Les lettres de devoir exigent surtout la politesse, le ton du monde, le tact des convenances, des idées justes, les images vives ou agréables, des traits d’esprit sans recherche.
Comme les poètes, dans leurs ouvrages, se proposent principalement de plaire, de toucher, d’élever l’âme et de lui inspirer de grands sentiments, on leur permet des pensées plus nobles et plus hardies, des expressions plus magnifiques et plus animées, des tours plus nombreux et plus variés, des métaphores plus riches et plus brillantes, des figures plus vives et plus pompeuses, une harmonie plus agréable et plus séduisante, des épithètes plus libres et plus éclatantes. […] Sur ce roc taillé dans le vif Par bon ordre on retient captif Esprit libertin, cœur rétif… II.
On accourut à cette cause de tous les pays de la Grèce, comme à un spectacle extraordinaire ; et c’en était un en effet, de voir aux prises les deux plus grands orateurs de leur siècle, ministres tous deux, et souvent employés l’un et l’autre dans les affaires de leur ville et de leur nation ; animés tous deux par leur intérêt personnel, et par l’animosité la plus vive.
Habituez-vous d’abord à vous faire une idée vive et précise du sujet que vous aller traiter.
Boileau a dit encore à propos du récit : Soyez vif et presse dans vos narrations ; et Horace à propos de la thèse : Quicquid præcipies, esto brevis… Je reviendrai sur la précision, quand il sera question du style.
Il sait concilier le goût que les hommes ont pour l’apparence même de la vérité avec le plaisir que la surprise leur cause, et il tempère avec tant d’art le mélange de ces deux sortes de satisfaction, qu’en trompant leur attente il ne révolte point leur raison ; la révolution de la fortune de ses héros n’est ni lente ni précipitée, et le passage de l’une à l’autre situation étant surprenant sans être incroyable, il fait sur nous une impression si vive par l’opposition de ces deux états, que nous croyons presque éprouver dans nous-même une révolution semblable à celle que le poëte nous présente. » Enfin le dénoûment doit être rarement pris en dehors de l’action, et s’il en est ainsi, que l’intervention de l’agent étranger et supérieur soit toujours justifiée par la nécessité : Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus.
« Ces ornements supposent dans la voix une véhémence qu’on ne doit attendre ni exiger de lui ; il sera simple dans son débit comme dans son style… Son action ne sera ni tragique ni théâtrale ; avec des gestes modérés et l’air du visage, il produira une vive impression ; et sans grimace, il fera voir naturellement dans quel sens il faut l’entendre…, etc. » Il en est de même à propos des autres genres de style.