La troisième4 sorte de critique choisit, parmi tous les objets d’étude qu’offrent les lettres, une question qu’elle traite à fond, en prenant grand soin de n’en avoir pas l’air. […] Ces leçons, devenues des livres, ont gardé dans leurs parties les plus solides les qualités du grand style ; et, dans tout ce qui n’est que brillant, elles en ont encore les grands airs.
Tu es donc, marquis, de ces messieurs du bel air qui ne veulent pas que le parterre ait du sens commun, et qui seraient fâchés d’avoir ri avec lui, fût-ce de la meilleure chose du monde ? […] si même toute la terre n’est qu’un atome suspendu en l’air, et si vous écoutez ce que je vais dire ? […] Souvent il porte ses coups en l’air, comme un taureau furieux qui, de ses cornes aiguisées, va se battre contre les vents258. […] Ni les sables brûlants, ni les déserts, ni les montagnes, ni la distance des lieux, ni les tempêtes, ni les écueils de tant de mers, ni l’intempérie de l’air, ni le milieu fatal de la ligne où l’on découvre un ciel nouveau, ni les flottes ennemies, ni les côtes barbares, ne peuvent arrêter ceux que Dieu envoie. […] Après le souper, quand la soirée était belle, nous allions encore tous ensemble faire quelque tour de promenade sur la terrasse pour y respirer l’air du lac et la fraîcheur.
1° devant e, dans āer, l’air ; āerius, aérien.
Et, sans mêler à l’or l’éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements ; Telle, aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle.
Sa vue a ranimé mes esprits abattus ; Mais lorsque, revenant de mon trouble funeste, J’admirais sa douceur, son air noble et modeste, J’ai senti tout à coup un homicide acier Que le traître en mon sein a plongé tout entier. […] Je l’ai vu : son même air, son même habit de lin, Sa démarche, ses yeux, et tous ses traits enfin ; C’est lui-même. […] C’est quelque air d’équité qui séduit et qui plaît.
S’il y avait un coquin, un fourbe insigne, un débauché fameux, quelqu’un qu’on haïssait, on prenait son nom, son air, sa démarche, sa manière de s’habiller, et on le jouait sur le théâtre. […] Un peu plus tard on pensa à varier le spectacle : on voulut représenter des personnages mythologiques ou surhumains : il fallut les faire voler dans l’air, y soutenir des monstres, y bâtir des palais enchantés, produire enfin toutes sortes de changements à vue. […] Les comédies-vaudevilles, ou plus brièvement, comme on dit aujourd’hui, les vaudevilles, sont des comédies d’un genre léger, entremêlées de couplets, de petits duos, de petits trios, le plus souvent sur des airs connus.
Tout est plein de fenêtres, de roses et de pointes ; la pierre semble découpée comme du carton : tout est à jour, tout est en l’air. […] Ni les sables brûlants, ni les déserts, ni les montagnes, ni la distance des lieux, ni les tempêtes, ni les écueils de tant de mers, ni l’intempérie de l’air, ni le milieu fatal de la ligne où l’on découvre un ciel nouveau, ni les flottes ennemies, ni les côtes barbares ne peuvent arrêter ceux que Dieu envoie1. […] Nous recevons sans cesse et à tout moment une raison supérieure à nous, comme nous respirons sans cesse l’air, qui est un corps étranger, ou comme nous voyons sans cesse tous les objets voisins de nous à la lumière du soleil, dont les rayons sont des corps étrangers à nos yeux.
Enfin, après avoir fait encore quelques tours dans mon jardin, ou chanté quelque air sur mon épinette, je trouvais dans mon lit un repos de corps et d’âme cent fois plus doux que le sommeil même. […] La vue de la campagne, la succession des aspects agréables, le grand air, le grand appétit, la bonne santé que je gagne en marchant, la liberté du cabaret, l’éloignement de tout ce qui me fait sentir ma dépendance, de tout ce qui me rappelle à ma situation, tout cela dégage mon âme, me donne une plus grande audace de penser, me jette en quelque sorte dans l’immensité des êtres pour les combiner, les choisir, me les approprier à mon gré, sans gêne et sans crainte. […] Il avait fait très-chaud ce jour-là ; la soirée était charmante ; la rosée humectait l’herbe flétrie ; point de vent, une nuit tranquille ; l’air était frais sans être froid ; le soleil, après son coucher, avait laissé dans le ciel des vapeurs rouges dont la réflexion rendait l’eau couleur de rose ; les arbres des terrasses étaient chargés de rossignols, qui se répondaient de l’un à l’autre.
voyez l’Éternel Prendre au sein de la nuit un air plus solennel.
On peut avoir tout ensemble un air sérieux dans l’esprit, et dire souvent des choses agréables et enjouées. […] La douceur de l’esprit est un air facile et accommodant, et qui plaît toujours quand il n’est point fade. […] Tout est couvert d’un air gai, vous diriez qu’on ne songe qu’à s’y divertit202. […] Elle entra dans le petit cabinet avec M. le duc d’Orléans, duquel l’activité et l’air turbulent marquaient plus l’émotion du spectacle que tout autre sentiment. […] Monseigneur le duc de Bourgogne pleurait d’attendrissement et de bonne foi, avec un air de douceur, des larmes de nature, de religion, de patience.
Toutes ces choses ont passé comme l’ombre, comme un courrier qui se hâte, comme un vaisseau qui fend les ondes et dont on ne trouve plus la trace, comme un oiseau qui divise l’air sans qu’on puisse remarquer où il a passé, comme une flèche lancée vers son but, sans qu’on en reconnaisse de vestige. […] Elle excitait ceux qui l’accompagnaient à espérer en Dieu y qui faisait toute sa confiance ; et, pour éloigner de leur esprit les funestes idées de la mort qui se présentait de tous côtés, elle disait, avec un air de sérénité qui semblait déjà ramener le calme, que les reines ne se noyaient pas. […] Autant de siècles, autant de nouvelles extravagances sur l’immortalité et la nature de l’âme : ici, c’était un assemblage d’atomes ; là, un feu subtil ; ailleurs, un air délié ; dans une autre école, une portion de la Divinité. […] Mais on ne peut disconvenir que ces grâces n’aient un air d’affectation, et que cet orateur ne laisse quelquefois à désirer du côté de l’onction et de la chaleur.
Ce n’est pas tout : il a la physionomie, la taille, un grand air, une voix pleine et sonore. […] Les orateurs attiques, et surtout Lysias, excellent à dissimuler l’art de leurs récits sous un air de candeur et de désintéressement qui fait illusion : imitez leur savante simplicité. […] Il a moins l’air de reculer que de choisir volontairement son poste. […] Quant à la prononciation, qui est la manière d’accentuer les mots, elle nous est transmise comme un héritage : nous la recevons, bonne ou vicieuse, de nos parents, de nos nourrices, de nos compagnons d’enfance : nous la respirons, pour ainsi dire, avec l’air qui nous environne.
Il y a un art d’embellir les vices et de leur donner un air de noblesse et d’élévation. » (Fontenelle, Réflexions sur la Poétique, §xvi, xvii.)
Un air de joie et de divine allégresse anime sa parole.
Je me souviendrai toute ma vie d’avoir vu cette tête qui nageait dans le sang, ces yeux fermés et éteints, ce visage pâle et défiguré, cette bouche entrouverte qui semblait vouloir encore achever des paroles commencées, cet air superbe et menaçant que la mort même n’avait pu effacer. […] Là, tous les airs de la ville seraient oubliés ; et, devenus villageois au village, nous nous trouverions livrés à des foules d’amusements divers, qui ne nous donneraient chaque soir que l’embarras du choix pour le lendemain. […] D’un mal contagieux tout fuit épouvanté ; Isaure sans effroi brave un air infecté.
Cette manière de parler, que l’on appelle théâtrale ou emphatique, donne au discours un air d’affectation qui lui ôte beaucoup de son agrément et de son expression. […] Pour éviter cet inconvénient, il faut, autant que possible, aspirer, avant de commencer une phrase, autant d’air qu’on en aura besoin pour aller jusqu’au bout. […] L’orateur doit compter assez sur lui-même pour prendre un air d’assurance fondée, non pas sur les illusions de l’amour-propre, mais sur la persuasion intime de la justice et de la vérité de ce qu’il avance ; et ce sentiment n’est pas celui qui contribue le moins à produire la persuasion. […] Ils ont su, par de ridicules et fastidieuses dissertations fondées sur une soumission aveugle à l’autorité, donner au sujet le plus simple un air si mystérieux, qu’il est devenu fort difficile pour un grand nombre de lecteurs de bien concevoir ce que c’est qu’un poème épique. […] Enfin, lorsqu’il sort pour combattre, c’est avec un air de gaîté et d’assurance, assimilé, par une des plus belles comparaisons de l’Iliade, à celui d’un coursier qui bondit et s’élance dans les flots.
Il faut beaucoup d’art pour donner au style cet air naturel. […] Cochin avait un air austère et imposant qui lui donnait quelque ressemblance avec Démosthène ; Lenormand, un air noble, intéressant, qui rappelait la dignité de Cicéron. […] Ces précautions donneront à leurs discours un air de fierté et de vigueur qui est un puissant instrument de persuasion. […] Il y a des cas cependant où il est louable de se présenter, dès le premier bord, d’un air fier et d’un ton hardi : lorsqu’on s’élève, par exemple, pour défendre une cause qui a été avilie et décriée par la clameur publique, un air modeste pourrait être pris pour un aveu. […] Il est difficile, dans ce genre, que l’exorde formel n’ait pas un air de raideur.
Un jour, je lui en parlai : — Ma maison est prête, me dit-il en me menant sur la place, et il me montre d’un air joyeux ses pierres taillées, ses poutres équarries, ses planches sciées et rabotées ; — vous voyez, me disait-il, ma maison est prête, il ne reste plus qu’à la bâtir.
L’adjectif sentimental, que notre langue a emprunté de celle des Anglais, est un de ces mots que l’on prodigue d’autant plus volontiers, qu’il a toujours l’air de signifier quelque chose, et qu’il couvre heureusement le vide absolu d’idées, et le défaut de justesse dans l’application, il ne sera pas hors de propos de remarquer ici que la fortune de tous ces grands mots qui disent tant en apparence, pour signifier quelquefois si peu dans le fond, date précisément de l’époque où l’on a commencé à substituer le jargon au raisonnement suivi, et l’emphase des mots au sentiment, qui s’exprime toujours d’autant plus simplement, qu’il est plus vrai. […] Cette dernière comparaison n’est point dans l’original ; mais elle est si bien dans la manière antique, elle se reproduit si fréquemment dans les écrivains sacrés, qu’elle n’a point ici l’air étrangère, et qu’elle est bien loin de défigurer ce beau morceau.
Chapuis m’apprend que votre santé est bien mauvaise ; il faudrait la venir rétablir dans l’air natal, jouir de la liberté, boire avec moi du lait de nos vaches, et brouter de nos herbes1. […] Ces arguments sont très-bons ; mais ils ont trop l’air de n’envisager la question que sous le rapport de l’utile.
Dans une autre lettre à madame de Senfft, je lis encore : « Je prends un plaisir extrême à voir cette vie passer comme l’oiseau qu’on entrevoit à peine, et qui ne laisse point de trace dans les airs ; et quand après cela j’arrête mes regards sur cette immense éternité, fixe, immobile, vaste comme mon cœur, inépuisable comme ses désirs, je voudrais m’élancer dans ses profondeurs.
Parmi tant d’huîtres toutes closes Une s’était ouverte, et baillant au soleil Par un doux zéphir réjouie, Humait l’air, respirait, était épanouie, Blanche, grasse et d’un goût à la voir non pareille. […] « Sa férocité était extrême et se montrait en tout : c’était une meule toujours en l’air, et dont ses amis n’étaient jamais en sûreté ». […] Jupiter, voyant nos fautes, Dit un jour, du haut des airs : Remplissons de nouveaux hôtes Les cantons de l’univers Habités par cette race Qui m’importune et me lasse. […] Éperdu, l’œil fixe sur quiconque était roi, Comme un aigle arrivé sur une haute cime, Il cria, tout joyeux, avec un air sublime : « L’avenir ! […] Il recommande d’abord la grandeur et l’intérêt du sujet : D’un air plus grand encor la poésie épique, Dans le vaste récit d’une longue action, Se soutient par la fable, et vit de fiction.
Représentons-nous Massillon dans la chaire, prêt à faire l’oraison funèbre de Louis XIV, jetant d’abord les yeux autour de lui, les fixant quelque temps sur cette pompe lugubre et imposante qui suit les rois jusques dans ces asiles de mort où il n’y a que des cercueils et des cendres, les baissant ensuite un moment avec l’air de la méditation, puis les relevant vers le ciel, et prononçant ces mots d’une voix ferme et grave : Dieu seul est grand, mes frères ! […] C’était alors que le barreau devenait une arène intéressante par le contraste des deux athlètes, l’un plus vigoureux et plus ferme, l’autre plus souple et plus adroit ; Cochin, avec un air austère et imposant, qui lui donnait quelque ressemblance avec Démosthènes ; Le Normand, avec un air noble, intéressant, qui rappelait la dignité de Cicéron. […] Dans tous les cas, qu’on se souvienne que tout est faux, hors du naturel ; l’air, la voix, le geste, rien ne doit être forcé.
Ainsi, l’on verra dans les plaines de l’air paître les cerfs légers, la mer laisser les poissons à sec sur le rivage, avant que son image s’efface de mon cœur. […] Une montagne d’eau qui s’élève dans les airs : …. […] Un air pur remplit ces beaux lieux, et les colore de la plus douce lumière. […] La première surtout, pectora quorum inter fluctus arrecta, figure très-bien le cou allongé des reptiles qui domine sur les eaux et se redresse dans l’air.
C’est une véritable curiosité que de le voir saluer un ministre ; ses épaules se plient dès qu’il l’aperçoit, avec une promptitude et une activité tout à fait amusantes ; et quand il se relève, il le regarde avec un air si obligeant, si affectueux, je dirais presque si attendri1, que je ne doute pas qu’il n’ait vraiment aimé tous ceux qui ont eu du crédit à la cour d’Espagne depuis trente ans.
Son style a grand air.
Je vous prêcherai donc éternellement cet art d’écrire que Despréaux a si bien connu et si bien enseigné, ce respect pour la langue, cette liaison, cette suite d’idées, cet air aisé avec lequel il conduit son lecteur, ce naturel qui est le fruit de l’art, et cette apparence de facilité qu’on ne doit qu’au travail. […] Il faut que vos diamants soient bien mis en ordre, sans quoi vous auriez un air gêné avec le diadème en tête. […] Chapuis m’apprend que votre santé est bien mauvaise ; il faudrait la venir rétablir dans l’air natal, jouir de la liberté, boire avec moi du lait de nos vaches et brouter de nos herbes1.
Mais j’aperçois venir madame la comtesse De Pimbesche… Soudain le mont liquide élevé dans les airs Retombe… 2° Lorsqu’il y a une suspension subite dans le sens, lorsqu’on s’interrompt soi-même, ou que dans le dialogue on est interrompu par un autre : Faut-il qu’en ce moment un scrupule timide Perde… Mais quel bonheur nous envoie Atalide ? […] Cette marche, un peu lourde et monotone, exige qu’on ne fasse jamais rimer deux vers masculine avec deux vers féminins qui se suivent, comme dans l’exemple suivant : On voit en un instant des abîmes ouverts, De noirs torrents de soufre épandus dans les airs, Des bataillons entiers par ce nouveau tonnerre Emportés, déchirés, engloutis sous la terre. […] ; Le roi des cieux et de la terre Descend au milieu des éclairs : Sa voix, comme un bruyant tonnerre, S’est fait entendre dans les airs.
Les éléments, le feu, l’air, et la terre, et l’eau, Enfoncés, entassés, ne faisaient qu’un monceau, Une confusion, une masse sans forme, Un désordre, un chaos, une cohue énorme : Unus erat toto naturœ vultus in orbe Quem Grœci dixere chaos, rudis indigestaque moles 3. […] La compagnie des méchants est aussi nuisible à la santé de l’âme que l’air vicié à celle de nos corps.
Il m’est aussi impossible d’aller chez quelqu’un dans des vues d’intérêt qu’il m’est impossible de rester dans les airs. […] « Beaucoup de douceur, assez de gaieté, une égalité parfaite, un air de simplicité et de bonhomie qui, vu la réputation qu’il s’est déjà faite, lui forme un intérêt particulier. » 1.
La sublimité de son discours ne laissera pas à l’auditeur transporté hors de lui-même, le temps et la liberté de remarquer ses défauts : ils seront cachés dans l’éclat de ses vertus ; on sentira son impétuosité, mais on ne verra point ses démarches : on le suivra comme un aigle dans les airs, sans savoir comment il a quitté la terre ».
Il s’approcha de moi d’un air empressé : « Seigneur écolier, me dit-il, je viens d’apprendre que vous êtes le seigneur Gil-Blas de Santillane3, l’ornement d’Oviédo, et le flambeau de la philosophie.
Son air était plus sérieux encore que de coutume.
Il ne voit, dans les feuilles qui tombent, qu’un engrais pour la terre ; dans les vents qui agitent les forêts, que des courants destinés à purifier l’air que nous respirons ; dans la pluie qui inonde les champs, que des eaux qui vont alimenter les ruisseaux voisins et faire mouvoir les usines.
. — Anima (même racine), vent, souffle, vie, l’air que nous respirons. […] L. — Spiritus (de spirare), air, souffle, respiration. […] Aura lenis, un air doux. — Ventus, le vent en général, air poussé d’un lieu à un autre avec plus ou moins de violence. — Flatus (de flare, souffler), souffle, médiocre agitation de l’air. — Flamen, vent impétueux, s’emploie en poésie. […] Nubes, nuée, désigne une grande quantité de vapeurs répandues dans l’air, et promettant de l’orage. — Nimbus, nuage, désigne un amas de vapeurs, un nuage très-condensé. — Nebula (de νεφελη, nuage), vapeur sombre et élevée. […] — Salubritas, salubrité, se dit de l’air, des aliments, des lieux habités.
Le mouvement d’un oiseau qui plane dans les airs est très beau ; mais la rapidité de l’éclair qui sillonne les cieux est imposante et magnifique.
La gloire du bel air n’a rien qui me……… chatouille.
Le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit, avec un air de vengeance et de fureur, de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont entraînés par le cours fatal, l’insulter en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa justice et de sa colère.
Sa puissance de travail se dérobe sous un air de facilité courante.
Et n’est-ce pas (je ne ferai point ici de difficulté de le dire, non pour décréditer la piété, à Dieu ne plaise, mais pour condamner hautement les abus qui s’y peuvent glisser, et qui s’y sont glissés de tout temps), n’est-ce pas par la voie d’une fausse piété, qu’on a vu les plus faibles sujets s’élever aux plus hauts rangs ; les hommes les moins dignes de considération et de recommandation être néanmoins les plus recommandés et les plus considérés, et, sans d’autres titres ni d’autre mérite qu’un certain air de réforme, emporter sur quiconque la préférence, et s’emparer des premières places ?
Une campagne aride, hérissée de ronces et d’épines, et un coteau riant, couvert des fruits et de moissons, un reptile qui se traîne dans la fange des marécages, et un aigle qui plane au sommet des airs ; le caractère d’un Néron, l’opprobre du genre humain, et celui d’un Titus, les délices de son peuple ; le caractère du menteur, lâche et impudent, et celui de l’ami ferme et courageux de la vérité, tiennent également à la belle nature, lorsqu’ils sont bien imités, c’est-à-dire, représentés avec tous les traits qui les rendent parfaits chacun dans son espèce.
Vingt et un janissaires se jettent aussitôt sur lui ; il jette en l’air son épée pour s’épargner la douleur de la rendre.
Je ne sais comment vous pourriez tant aimer l’air d’Italie, avec lequel on respire si souvent la peste, et où toujours la chaleur du jour est insupportable4, la fraîcheur du soir malsaine, et où l’obscurité de la nuit couvre des larcins et des meurtres.
L’épopée, la tragédie, la comédie, le dithyrambe, la plupart des airs de flûte et de cithare, toutes ces espèces sont, en général, des imitations. […] Par exemple, dans les airs de flûte ou de cithare, ou autres genres pareils, comme le chalumeau, il y a le chant et le rythme. […] Ces différences peuvent se trouver dans la danse, dans les airs de flûte et de cithare, dans les discours, soit en prose, soit en vers, sans accompagnement de chant.
D’un air plus grand encor, la poésie épique, Dans le vaste récit d’une longue action, Se sourient par la fable et vit de fiction. […] Tout cela doit se faire d’une manière simple et naturelle, sans étude et sans affectation ; l’air, l’extérieur, le geste, le ton, le style, tout doit respirer je ne sais quoi de doux et de tendre, qui parte du cœur et qui aille droit au cœur. […] Il leur donne un air si simple, si facile, si familier, que tout homme est tenté de se dire : « Voilà ma pensée ; j’en allais dire autant. » Ce n’est plus Bossuet ou Fénelon, Corneille ou Racine, Molière ou La Fontaine qui parlent, c’est l’homme même. […] Ces mouvements vifs et passionnés de la pensée, ces transformations du sens et de l’usage ordinaire des mots qui donnent au langage et au style un air nouveau, sont ce qu’on appelle les figures. […] « Sa férocité était extrême, et se montrait en tout : c’était une meule toujours en l’air, et dont ses amis n’étaient jamais en sûreté. » (Portrait de M. le Duc.)
L’un paraît agir par des réflexions profondes, et l’autre par de soudaines illuminations ; celui-ci, par conséquent plus vif, mais sans que son feu eût rien de précipité ; celui-là, d’un air plus froid, sans avoir jamais rien de lent, plus hardi à faire qu’à parler, résolu et déterminé au-dedans, lors même qu’il paraissait embarrassé au-dehors.
Les rimes masculines sont celles des mots qui se terminent par un son plein ou une syllabe sonore, comme nous et loups, grands et enfants, air et enfer.
« Le juste regarde sa vie, tantôt comme la fumée qui s’élève, qui s’affaiblit en s’élevant, qui s’exhale et s’évanouit dans les airs ; tantôt comme l’ombre qui s’étend, se rétrécit, se dissipe : sombre, vide et disparaissante figure » !
Dans le dolendum est d’Horace, je ne vois point de larmes, mais plutôt cet air et ce langage triste qui doivent nous en arracher à nous spectateurs, auditeurs, lecteurs, troupe de pleureurs, comme les appelle Diderot, qu’il chasse de la scène pour les reléguer au parterre.
Ce commerce continuel de mensonges ingénieux pour se tromper, injurieux pour se nuire, officieux pour se corrompre ; cette hypocrisie universelle, par laquelle chacun travaille à cacher de véritables défauts ou à produire de fausses vertus ; ces airs mystérieux qu’on se donne pour couvrir son ambition ou pour relever son crédit : tout cet esprit de dissimulation et d’imposture ne convint pas à sa vertu.
s’écria l’écolier, j’entends retentir l’air de cris et de lamentations ; viendrait-il d’arriver quelque malheur ?
Dans son premier sens, qui n’est guère usité, il signifie souffle, air, et, par analogie, respiration, vie.
Vous n’aviez aucun air de vous en apercevoir ; moi, piqué de cela, j’allais vous quereller, quand vous m’avez prévenu fort joliment : j’aime vos reproches, et vous avez mieux répondu à mon silence que peut-être vous n’eussiez fait à mes lettres. […] Les roulements des chars, les coursiers qui hennissent, Les ordres répétés qui dans l’air retentissent, Ou le bruit des drapeaux soulevés par les vents, Qui, dans les camps rivaux flottant à plis mouvants, Tantôt, semblent enflés d’un souffle de victoire, Vouloir voler d’eux-mêmes au-devant de la gloire, Et tantôt, retombant le long des pavillons, De leurs funèbres plis couvrir leurs bataillons. […] Toutes les expressions sont bien choisies : réseaux pour filets ; les campagnes du ciel, périphrase poétique pour les airs.
Telles sont les lignes suivantes tirées de Guénaut de Montbelliard, dans la description qu’il fait de l’hirondelle : Toujours maîtresse de son vol dans sa plus grande vitesse, elle en change à tout instant la direction ; elle semble décrire au milieu des airs un dédale mobile et fugitif, dont les routes se croisent, s’entrelacent, se fuient, se rapprochent, se heurtent, se roulent, montent, descendent, se perdent et reparaissent pour se croiser, se rebrouiller encore en mille manières, et dont le plan, trop compliqué pour être représenté aux yeux par l’art du dessin, peut à peine être indiqué à l’imagination par le pinceau de la parole. […] La Prosopographie peint l’extérieur des objets, le visage, l’air, le maintien d’un homme ou d’un animal, de manière à le rendre, pour ainsi dire, présent. Portrait de Bocchoris mourant Je me souviendrai toute ma vie d’avoir vu cette tête qui nageait dans le sang ; ces yeux fermés et éteints, ce visage pâle et défiguré, cette bouche entr’ouverte qui semblait encore achever des paroles commencées, cet air superbe et menaçant que la mort même n’avait pu effacer.
Ils la passent en plein air, soit à s’exercer dans les palestres, soit à écouter leurs orateurs sur la place publique, soit à flâner dans le port en attendant des nouvelles, soit à applaudir dans les théâtres les œuvres de leurs poëtes et de leurs musiciens. […] Tout ce qui peut frapper des âmes pieuses et des imaginations crédules, une vision divine, une voix entendue dans les airs, — moins que cela, un songe, un mot d’heureux augure échappé au hasard, — moins que cela encore, l’éternuement d’un soldat, le vol d’une chouette au moment d’un combat, tous ces incidents que la superstition commente et que la peur grossit, deviennent des instruments de ses desseins et des auxiliaires de sa politique. […] Point de ces divisions arbitraires auxquelles ont recours les orateurs médiocres, soit pour aider leur mémoire, soit pour masquer sous un air de méditation apprêtée la pauvreté de leur conception ; mais un développement simple, aisé, abondant, qui coule du sujet comme un fleuve de sa source.
De leurs hennissements font retentir les airs, Et, partant de la main, devancent les éclairs. […] De quel front cet ennemi de Dieu Vient-il infecter l’air qu’on respire en ce lieu.
Car sa vanité même n’a rien qui choque : elle a grand air, et justifie cette fière devise : « Nos vies et nos biens sont au roi, l’âme est à Dieu, l’honneur est à nous ; non, sur mon honneur mon roi ne peut rien. » Il fut de ces gentilshommes pour qui toute chaude affaire était une fête.
S’il lui prête sa naïveté, n’exagérons cependant pas la portée de cet éloge, et l’illusion qui vient ici pour un lecteur moderne de l’effet produit par un idiome vieilli dont le babillage a comme un air d’enfance.
Quand une fille aura du bon sens avec une grande piété, elle sera bonne pour tout ; elle sera fidèle à tous ses devoirs, et elle mettra en œuvre tout ce qu’elle aura de talents naturels pour se façonner ; elle vaudra mieux qu’un bel esprit plein de ses pensées et de ses idées en l’air : ce bon sens simple, quand il serait grossier et mal poli, plaira plus aux gens même du monde qu’un caractère plus délicat, mais moins vrai et moins désabusé de soi-même.
Rousseau, fait un rapprochement habile et plein d’effet entre ce poète et Orphée : Quand le premier chantre du monde Expira sur les bords glacés Où l’Hèbre, effrayé, dans son onde Reçut ses membres dispersés, Le Thrace, errant sur les montagnes, Remplit les bois et les campagnes Du cri perçant de ses douleurs ; Les champs de l’air en retentirent, Et dans les antres qui gémirent Le lion répandit des pleurs.
Ce qui donne aux personnages allégoriques un air faux et ennuyeux, c’est qu’ils manquent de vraisemblance, et qu’ils ne peuvent jamais faire une illusion complète.
C’est là ce qui m’a donné cet air de philosophie, qu’on dit que je conserve encore ; car je devins stoïcien de la meilleure foi du monde, mais stoïcien à lier ; j’aurais voulu qu’il m’arrivât quelque infortune remarquable, pour déchirer mes entrailles, comme ce fou de Caton qui fut si fidèle à sa secte3.
Son air était plus sérieux encore que de coutume.
La description du Temple du goût donne une idée très juste du goût exquis qui doit régner dans un ouvrage : Simple en était la noble architecture : Chaque ornement, à sa place arrêté, Y semblait mis par la nécessité : L’art s’y cachait sous l’air de la nature ; L’œil satisfait embrassait sa structure, Jamais surpris et toujours enchanté.
N’avez-vous jamais entendu les jeunes oiseaux gazouiller d’une voix incertaine et s’essayer difficilement à leurs premiers airs ?
Cousin, par leurs airs d’importance, par leur affectation de capacité et de profondeur et par leurs discours ténébreux. » 1.
Aussi la France, sous son règne, ne se ressent en rien ni de l’air grossier de nos pères, ni de la rudesse qu’une longue guerre apporte d’ordinaire avec soi : on y voit briller une politesse que les nations étrangères prennent pour modèle et s’efforcent d’imiter.
Sa puissance de travail se dérobe sous un air de facilité courante.
Si l’orateur choquait dès le début par un air de présomption, il lui serait difficile de détruire les préventions qu’il aurait soulevées contre lui. […] Baissée, elle donne un air bas ; haute, un air d’orgueil et de suffisance. […] Quand la vérité se présente sous un air trop négligé, peu d’hommes sont capables de la goûter et de l’embrasser. […] Un air empoisonné de factions et de révoltes gagna le cœur de l’État et se répandit dans les parties les plus éloignées. […] Sans s’en apercevoir, ils ont un air presque effronté.
Enfin, ne court-on point risque de paraître gauche et empesé sous cet habit d’emprunt, qu’on ne revêt cependant que pour se donner un air naïf et dégagé ?
On prétend qu’en sanscrit le mot employé pour désigner la grenouille signifie littéralement sauteur ; pour l’abeille, suce-fleur ; pour l’oiseau, hôte de l’air ; pour le nuage, verse-eau, et ainsi de suite.
De la contrainte rigoureuse Où l’esprit semble resserré, Il reçoit cette force heureuse Qui l’élève au plus haut degré : Telle, dans les canaux pressée, Avec plus de force élancée, L’onde s’élève dans les airs ; Et la règle, qui semble austère, N’est qu’un, art plus certain de plaire, Inséparable des beaux vers, La Faye.
Si d’ailleurs quelque endroit plein chez eux d’excellence Peut entrer dans mes vers sans nulle violence, Je l’y transporte, et veux qu’il n’ait rien d’affecté, Tâchant de rendre mien cet air d’antiquité.
Ce qui charme encore dans la personne de l’orateur, ce qui lui concilie les esprits et les cœurs, c’est la décence, la modestie, un ton de voix doux, un air de visage qui annonce la candeur, une action qui caractérise la facilité des mœurs, une phrase naturelle, coulante, sans pompe, sans emphase ; c’est la modération unie, quand le devoir l’exige, à une fermeté convenable, à cette chaleur généreuse qu’inspire l’amour de la justice et de la vertu, à cette sainte indignation contre le vice, la fraude, l’imposture ; c’est le respect du malheur, de l’âge, des dignités, de l’autorité, etc. […] Les sens extérieurs, l’air du visage, le ton de la voix sont les principaux agens de cette communication.
Il y a quatre éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre. Le feu est chaud ; l’eau est liquide et potable ; l’air est respirable. […] Les vents sont produits par le mouvement de l’air. […] La terre est suspendue dans l’air répandu de toutes parts autour d’elle. […] Certains animaux naissent sur la terre, d’autres dans l’eau, d’autres dans l’air ; mais chez tous la vie est entretenue par l’air qu’ils respirent. — 2.
Il fit passer le fleuve Alphée à travers les étables du roi Augias, roi d’Élide dans le Péloponèse (aujourd’hui la Morée), parce que l’air était infecté du fumier qui y croupissait depuis trente ans. […] I Iris, fille de Thaumas, suivant la fable, et messagère de Junon, qui pour la récompenser de ses bons services, la métamorphosa en arc, et la plaça dans l’air sous les nuages.
Le peintre repousse sa lumière par des ombres vigoureuses ; mais c’est du même soleil ou du même flambeau que proviennent les ombres et les lumières ; pour les unir, il cherche à imiter cette transition d’une teinte à l’autre que l’air ambiant produit dans la nature, et si ses couleurs crient, si ses jours papillotent, c’est qu’il a violé ou ignoré les principes de son art.
Les récits les plus étranges deviennent admissibles, dans l’histoire, dès qu’on échelonne convenablement les circonstances et les moyens d’exécution ; dans le poëme et le roman ; dès qu’on y sème ces détails de la vie commune et positive qui leur donnent un air de franchise, et les font descendre des régions de la fiction dans celles de la réalité.
Pendant qu’avec un air assuré il s’avance pour recevoir la parole de ces braves gens, ceux-ci, toujours en garde, craignent la surprise de quelque nouvelle attaque ; leur effroyable décharge met les nôtres en furie.
Sainte-Beuve a dit : Massillon a un air d’effusion et d’abondance comme d’une fontaine coulant sur une pente très-douce.
Son style a grand air ; on croirait entendre un personnage du dix-septième siècle1.
Comme la nouveauté plaît à tous les hommes, il faut s’efforcer d’être neuf et de donner un air de jeunesse aux circonstances, aux couleurs et aux images qui paraissent avoir été épuisées par les écrivains. […] La prosopographie (πρόσωπον, figure) est une description qui a pour objet de représenter les traits extérieurs, l’air, le maintien, la pose d’un être animé quelconque, homme ou animal. […] Rien, en effet, n’est plus propre à blesser et à aigrir qu’un ton dur et hautain, ou un air d’insensibilité et d’indifférence.
Sa taille était haute et son air vénérable.
L’antiquité vivait en plein air ; aux rayons étincelants du soleil, on sous les frais ombrages des jardins publies et privés, le Grec, à la fois ingénieux et loquace, pensait tout haut.
Ne sentez-vous pas l’air du printemps dans ces lignes : « Il fait un temps charmant ; nous sommes tellement parfumés de jasmins et de feuilles d’oranger que, par cet endroit, je crois être en Provence. » Mais nous n’en finirions pas, si nous voulions recueillir tous les détails pittoresques de sa correspondance.
Si les mots, il alla à Athènes, m’offensent l’oreille, il est probable que les Latins du siècle d’Auguste ne trouvaient rien de pénible dans ces vers de Virgile78 : Arma amens capio… Flumina amem sylvasque inglorius… Une voyelle brêve suivie d’une longue et réciproquement ne déplaisait pas à Quintilien, il trouvait même un certain air de grandeur à des phrases comme celle-ci : pulchra oratione acta omnino jactare.